Abbaye d'Aubazine

Abbaye d'Aubazine
Abbaye d'Aubazine
Image illustrative de l'article Abbaye d'Aubazine
Présentation
Culte Catholique romain
Type ancienne abbaye
Rattaché à Ordre de Citeaux
Début de la construction XIIe siècle
Style(s) dominant(s) architecture romane
Protection  Classé MH (1840)
 Classé MH (1988)
Site web abbaye.aubazine.com
Géographie
Pays France
Région Limousin
Département Corrèze
Ville Aubazine
Coordonnées 45° 10′ 27″ N 1° 40′ 10″ E / 45.17416667, 1.66944444445° 10′ 27″ Nord
       1° 40′ 10″ Est
/ 45.17416667, 1.669444444
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Abbaye d'Aubazine

L'abbaye d'Aubazine ou d'Obazine[1] est une ancienne abbaye double cistercienne située en Corrèze (diocèse de Tulle), sur la commune d'Aubazine.

Cette abbaye fait l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques depuis le 13 octobre 1988 pour les bâtiments conventuels et 1840 pour l'abbatiale[2].

Sommaire

Historique

L'histoire des débuts de l'abbaye est connue grâce à deux textes du XIIe siècle :
- La Vita sancti Stephani Obasiniensis, élaborée par un moine de l'abbaye entre la mort d'Étienne de Vielzot en 1159 jusqu'en 1190,
- Le Cartulaire de l'abbaye cistercienne d'Obazine donnant l'évolution du patrimoine de l'abbaye entre 1130-1140 jusque vers 1200.

Deux prêtres, Étienne de Vielzot (saint Étienne d'Obazine), et Pierre, viennent de la haute Corrèze pour installer un ermitage près du village de Vergonzac. De nombres disciples, hommes et femmes, deviennent des disciples. L'évêque de Limoges, Eustache (Eustorge?), reconnaît la communauté en 1127. Ils construisent un monastère sur des terres octroyées par le vicomte Archambault.

La communauté continuant à croître, le problème de son organisation se pose. La règle la plus proche des objectifs initiaux serait celle des Chartreux. Étienne rencontre en 1135 l'abbé Guigues de la Grande-Chartreuse, mais les effectifs de la communauté sont trop importants pour lui appliquer cette règle. Guigues lui conseille de se rapprocher de l'Ordre cistercien.

Il va en fait fonder deux abbayes, une abbaye d'hommes dont les bâtiments sont situés sur le versant sud de la colline, et une abbaye de femmes, au fond du vallon de Coyroux. Le monastère de femmes est sous l'autorité canonique de l'abbé d'Obazine.

Logis abbatial

En 1142, Étienne reçoit l'habit religieux cistercien devant Gérald, évêque de Limoges. Il demande à l'abbaye cistercienne de Dalon de leur envoyer des moines pour leur communiquer le mode de vie cistercien.

Il obtient l'affiliation de l'abbaye à l'ordre de Cîteaux en 1147, après avoir soutenu la création d'un monastère de femmes au Coyroux. Étienne donne l'assurance au Chapitre Général de Cîteaux de soumission du monastère de religieuses et la visite des abbés de Cîteaux, de La Cour-Dieu et de Bellaigue. Le nombre de moines ne cessant pas de croître, l'abbaye fait plusieurs fondations.

La première pierre de l'église a été bénie "le vendredi d'avant les Rameaux 1156" à proximité de l'ancien monastère. Une inscription dans une chapelle donnait une date de consécration de l'autel en 1176. Une autre, refaite au XIXe siècle, précisait que la dédicace de l'autel avait été fait par Guarin de Gallardon, archevêque de Bourges, Gérald, évêque de Limoges.

Parmi les plus célèbres abbés d'Obazine, on peut citer les premiers qui ont favorisé l'essor de l'abbaye et sa notoriété : Étienne de Vielzot fondateur d'Obazine (fin XIe-1159), Géraud Ier (fait rédiger la vie d'Étienne, mort en 1164), Robert (très actif pour développer Obazine, il fit continuer la vie du fondateur et a, semble-t-il, renoncé à la charge d'abbé vers 1188), Géraud II de Gourdon (mentionné par l'auteur de la vie de saint Étienne, encore en fonction en 1204).

Au XVIIe siècle, l'abbaye compte près de 300 religieux. Des moines bâtisseurs venus de Bourgogne agrandissent le dortoir qui est aujourd'hui le plus vaste bâtiment de l'abbaye. Pour assurer le quotidien de l'abbaye, les cisterciens d'Obazine fondèrent des granges en Limousin et en Quercy. Ces domaines agricoles étaient plus ou moins spécialisés selon leur site d'implantation. Autour de la cité de pèlerinage de Rocamadour, leurs granges fournissaient la ville sainte, ou expédiaient leurs productions vers leur cellier de Martel, qui les vendait là ou qui les faisait acheminer vers Obazine. Ce fut une véritable entreprise d'encerclement opérée par Obazine avec des implantations aux Alix, à Calès, à Bonnecoste, à Couzou, à Carlucet, près de Séniergues, puis à La Pannonie.

Vitrail cistercien de l’abbaye dont les entrelacs ont inspiré le logo de Chanel

Parmi les plus célèbres abbés commendataires d'Obazine, on peut citer François d'Escoubleau de Sourdis, archevêque de Bordeaux (décédé en 1628), et Charles Antoine de La Roche-Aymon, cardinal-archevêque de Reims (1697-1777) à partir de 1729.

En 1731, pour réduire les frais d'entretien, l'abbé commendataire Guillaume Mathurin de Sers fait démolir trois travées de la nef, ce qui la réduit de moitié.

À la Révolution, le monastère fut confisqué. Le nom d'Obazine fut francisé en Aubasine vers la fin du siècle… ce qui explique le soin de la célèbre historienne de l'abbaye, Mme Barrière, d'utiliser la première orthographe.

À partir de 1852, le bâtiment est restauré par Paul Abadie.

En 1895, Coco Chanel est confiée, avec ses deux sœurs, dans un orphelinat installé au XIXe siècle sous les combles de l'abbaye  : elle y mène une vie austère et rigoureuse pendant six années qui marqueront profondément le style révolutionnaire de la future styliste. Elle s'est inspirée de ce lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses (à l'instar de l'architecture de l'abbaye), aux couleurs neutres (noir et blanc comme les uniformes des sœurs et des pensionnaires, beige comme les couleurs des murs) ou pour former son logo (voir les C entrelacés des vitraux)[3].







Liste des abbés

  • 1142-1159 : saint Etienne
  • 1159-1164 : Géraud I
  • 1164-1188 : Robert I
  • 1188-1192 : Géraud II de Gordes
  • 1192-119? : Amélius
  • 119?-1201 : bienheureux Grégoire de Cardaillac
  • 1201-1203 : Robert II
  • 1203-1205 : Guy I
  • 1205-1209 : Géraud III
  • 1209-1232 : Guy II
  • 1233-1241 : Raymond I de Marcillac
  • 1241-1250 : Guillaume I
  • 1250-1255 : Géraud IV
  • 1256-1261 : Guillaume II
  • 1261-1267 : Géraud V
  • 1267-12?? : Jean I
  • 12??-12?? : René I
  • 12??-1278 : Durand
  • 1278-1293 : Jacques
  • 1293-1295 : Guillaume III
  • 1295-1299 : Raymond II
  • 1299-1303 : Bertrand
  • 1303-1310 : Raymond III de Pléaux
  • 1310-1354 : Pierre II de Brudieu
  • 1354-1365 : Jean II
  • 1365-1397 : Jean III
  • 1397-1428 : Pierre III
  • 1429-1460 : Jean IV de Missasione
  • 1460-1466 : Pierre IV de Comborn
  • 1466-1473 : Thibaud
  • 1473-1484 : Pierre V de Gaing
  • 1484-1517 : Jean V de Ventadour
  • 1517-1535 : François I de Lévis-Ventadour
  • 1535-1543 : Pierre V de La Grange
  • 1543-1563 : François II de Neufville de Magnac
  • 1563-1572 : Guillaume IV de Barton de Montbas
  • 1573-1582 : François III de Saint-Amand du Pescher
  • 1583-1596 : Jean VI Le Roy
  • 1596-1608 : Nicolas Longpied
  • 1608-1623 : Ogier de Canolle d’Andron
  • 1623-1628 : cardinal François IV d’Escoubleau de Sourdis
  • 1628-1645 : Henri I d’Escoubleau de Sourdis
  • 1645-16?? : Roger de Buade de Frontenac
  • 16??-1652 : Charles I de Cardaillac de Canolle
  • 1652-1659 : Henri II d’Escoubleau de Sourdis
  • 1659-1686 : François V d’Escoubleau de Sourdis
  • 1686-1723 : Pierre VI Armand Blouin
  • 1723-1724 : Louis de Targny
  • 1724-1728 : François VI de Lescure
  • 1728-1729 : Charles II de Beaupoil de Saint-Aulaire
  • 1729-1731 : cardinal Charles II de La Roche-Aymon
  • 1731-1748 : Henri III François de Labriffe de Ferrières
  • 1748-1768 : Guillaume V Mathurin du Sers
  • 1769-1780 : Marie-Joseph Green de Saint-Marsault
  • 1781-1791 : Jean VII Antoine de Béarn de Béon du Massès de Cazaux

Source : Gallia Christiana

Communautés nouvelles au XXe siècle

Le monastère de la théophanie

Ce monastère a pour origine une communauté de Clarisses du sud de la France partie fonder une communauté au Maroc, à Rabat. Son but était de donner leur vie au monde arabe musulman. Les sœurs, sous l’impulsion de la jeune abbesse Mère Véronique, apprennent alors la langue ( l’Arabe). Dans les années 1950, les sœurs de Rabat partent pour quelques mois former à Nazareth des postulantes. Un bout de terrain est finalement concédé aux sœurs pour fonder un monastère Grec Melkite Catholique, finalement rejointes par les sœurs du Maroc. Elles entrent définitivement dans l'Église melchite et abandonnent les Clarisses.

Mais en raison du conflit Israélo-arabe, les sœurs cherchent un endroit neutre, et s'installent en 1963 à l’abbaye d’Aubazine qui n’était plus habitée depuis trois ans[4].

En 1987, la supérieure décide de se retirer des bâtiments et laisse la Communauté du Verbe de Vie s’installer en tant que locataire à leur place. Les sœurs s'installent dans une ferme attenante où à partir de 1987, elles aménagent une chapelle. Tous les murs sont recouverts de fresques byzantines peintes par Juan Echenique.

Le monastère de la transfiguration

Le 14 septembre 1966, deux moines de l'Abbaye de Bellefontaine, Frère Placide Desseille et le frère Dominique (qui deviendra le Père Seraphim), en recherche d'un rapprochement avec la tradition de l'Orient et l'orthodoxie adoptent le rite byzantin et fondent le monastère de la Transfiguration à Aubazine[5].

Ils sont rejoints pas plusieurs moines. Ils disposaient d’un terrain boisé de sept hectares attenant à l'abbaye Saint-Étienne, au flanc d’une colline et y construisent peu à peu une chapelle en bois, un bâtiment communautaire comprenant la cuisine, le réfectoire, la bibliothèque, un bâtiment destiné aux hôtes de passage, un atelier et des cabanes séparées servant de cellules pour les membres de la communauté. La vie menée est cénobitique, les offices à l’église, les repas et toutes les ressources étant communautaires[5].

Au bout de 10 ans, en 1976, il décident de devenir orthodoxes, en se rapprochant du monastère de Simonos Petra, au Mont Athos. Ils sont alors rebaptisés, réordonnés, ce qui est source d'un certain scandale au sein de l'Église catholique. L'évêque leur demande alors de quitter Aubazine. Une partie des ermitages est alors démontée[5].

Le Père Placide Desseille est aujourd'hui Archimandrite du monastère Saint-Antoine-le-Grand, le Père Séraphim est ermite au fort de l'île de Porquerolles

La communauté du Verbe de Vie

Entre 1986 et juillet 2010[6], la Communauté du Verbe de Vie, issue du Renouveau charismatique résidait à Aubazine, dans l'abbaye historique.

De 2007 à 2009, un grand spectacle, Étienne d'Obazine, a été mis en scène par plusieurs associations du village, dont la communauté du Verbe de Vie[7].

Le transfert de propriété de l'abbaye à l'Église melchite du Liban, et la fin du bail ont conduit le propriétaire à fixer de nouvelles conditions de location jugées trop élevées par le locataire. Le Verbe de Vie a quitté l'abbaye en juillet 2010, et les sœurs melchites propriétaires, annoncent souhaiter ouvrir davantage l'abbaye aux visiteurs et chercher une nouvelle communauté[8].

Patrimoine

  • L'église possède une armoire du XIIe siècle, une des plus anciennes de France. Cette armoire a été étudiée par Viollet-le-Duc.
  • Les vitraux cisterciens sont célèbres.
  • Le tombeau de saint Étienne du XIIIe siècle en calcaire oolithique ciselé, surmonté du gisant du moine fondateur grandeur nature, le monument funéraire a été offert par le roi Louis IX.
  • Des stalles sculptées du XVIIIe siècle.
  • L'église possédait un trésor d'orfèvrerie limousine qui a été volé en 1905.

Philatélie

Spectacle : « Lumières cisterciennes »

  • L'histoire d'Étienne, nous est connu par le récit d'un moine anonyme, mais contemporain d'Étienne. Peu après la mort du Saint fondateur le 8 mars 1159, à l'invitation de ses supérieurs et pères, il rédige d'une plume caustique la vie, l'œuvre, la fondation des 2 monastères, celui des hommes mais aussi celui des femmes de Coyroux, et la mort d'Étienne d'Obazine. Ce récit sert de trame à la narration du spectacle "Lumières cisterciennes", créé par Thierry Chenavaud en 2007, sur une idée de Geneviève Cantié. Il est désormais présenté chaque été, durant 3 soirs, le 3e week-end de juillet.

Sources et références

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Bibliographie

  • Geneviève Cantié, Éric Sparhubert, Obazine, abbaye, dans Congrès archéologique de France, 163e session, Corrèze, 2005, Société française d'archéologie, Paris, 2007, p. 251-270
  • M. Banchereau, Obasine, dans Congrès archéologique de France, 84e session, Limoges, 1921, Société française d'archéologie, Paris, 1923, p. 347-365

Voir aussi

Articles connexes



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