Collegiale Saint-Barnard

Collegiale Saint-Barnard

Collégiale Saint-Barnard

La collégiale Saint-Barnard de Romans-sur-Isère (Drôme).JPG

La collégiale Saint-Barnard est une église de Romans-sur-Isère fondée en 838 par Saint Barnard sur les bords de l'Isère.

La collégiale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840[1].

Sommaire

Historique de l'église

Barnard, archevêque de Vienne, construisit en 838 une abbaye bénédictine au bord de l’Isère, près d’un gué très fréquenté. Il dédia son monastère à Saint Pierre et Saint Paul, puis son propre nom les supplanta au XIIIe siècle. Barnard meurt en 842. Il sera canonisé en 944.

Au IXe siècle, l’abbaye fut dévastée par les Normands. Elle fut reconstruite en 908 et incendiée par Silvion de Clérieux.

Peu à peu les bénédictins cédèrent la place aux chanoines. Une troisième église est élevée au cours du Xe siècle par Léger, archevêque de Vienne (1025-1070) : elle était couverte d’une charpente. Grand bâtisseur dans le diocèse, il fit aussi construire le pont de Romans-sur-Isère, appelé aujourd'hui « Pont Vieux ». L’un de ces successeurs, Étienne, subit l’incendie du monastère et de la ville par Guigues, Dauphin, comte d’Albon, en 1134.

Les vestiges romans aujourd’hui visibles datent de la reconstruction immédiatement postérieure. Cependant une partie des murs incendiés en 1134 furent conservés dans la nef et probablement noyés derrière un nouveau parement que l’on voit aujourd’hui.

Au XIIIe siècle (à partir de 1238 environ), l’archevêque Jean de Bernin fit construire les parties gothiques du transept et du chœur, en beau style para-chartrain dit aussi « gothique bourguignon ». À la fin du XIIIe siècle, on construisit une chapelle au sud du chœur, au XIVe siècle la chapelle Saint Étienne, puis d’autres encore au XVe siècle.

Endommagée au cours des guerres de religion, en 1562 (saccage par le Baron des Adrets) et en 1567, la reconstruction de l’église fut lente et ne commença qu’en 1652 à l’initiative d’un grand bâtisseur : Charles de Lionne, sacristain de la collégiale et principal personnage du chapître après l’abbé. Les travaux furent conduits progressivement du chœur vers la nef et s’achevèrent en 1720 avec l’élégante tribune qui attendit jusqu’en 1843 l’installation des orgues.

La Révolution endommagea de nouveau l’église ainsi que le cloître roman du XIe siècle qui avait déjà probablement été reconstruit au XIIe siècle. On vendit à des particuliers des parties du cloître, des chapelles et le vieux clocher.

Église classée en 1840 par Mérimée; celui-ci ne put empêcher les édiles municipaux de faire détruire le cloître pour construire le quai de l’Isère. Il ne réussit à sauver que momentanément la galerie nord. L’inculte mairie contourna le Service des Monuments Historiques et obtint la destruction de la galerie subsistante en 1863, grâce à des appuis en haut lieu.

Le Pont Vieux fut dynamité en 1940 et l’explosion souffla les vitraux de la collégiale.

Eléments architecturaux

Vue d'ensemble

  • Le clocher, haut de 36 m, est flanqué d’une tour d’escalier hexagonale, qui permet d’accéder aux 4 cloches (dont une de 1610)
  • La première travée de la nef dont le bas est roman (arcatures en plein cintre, minces contreforts)
  • Tout le reste de l'édifice est gothique : grandes baies à triple lancette de la nef et du transept, ouvertures de style flamboyant de la chapelle latérale (chapelle du Saint Sacrement) et du haut du clocher
  • Le matériau utilisé est la molasse locale de couleur jaunâtre, très esthétique mais aussi très friable. Les restaurations récentes ont été réalisées en moellons plus blancs.
  • Le parement roman est visible au sud-ouest ; le mur était renforcé par des arcs de décharge sous lesquels s’ouvraient des fenêtres en plein-cintre, depuis longtemps bouchées.

La façade

La façade et le clocher
Sculptures du portail

Parfaitement symétrique, elle permet de bien apprécier le matériau et la disposition roman/gothique en hauteur. Un auvent repose sur le départ d’un porche disparu. À l’angle nord de la façade, la base du clocher est roman. Le portail roman a été fortement dégradé par les Protestants pendant les Guerres de Religion : toutes les têtes sont brisées.

La sculpture du portail roman est d’inspiration méridionale. Son arrangement est factice, les emplacements des éléments ayant été bouleversés. Chacun des pieds-droits représente deux apôtres, juchés sur des lions, encadrés de colonnettes d’un riche décor antiquisant. On y trouve également des cannelures, feuilles de laurier et rinceaux, éléments du répertoire antique. Les statues du portail représentent les apôtres :

Ces statues, avec leur léger fléchissement des jambes, la finesse et le drapé des vêtements s’apparentent aux sculptures provençales d’Arles et de Saint-Gilles-du-Gard.

Ces pieds-droits proviendraient d’un porche architecturé, à l’image des réalisations méridionales. Ruiné au XVIe siècle, voire déjà à la fin du XIIIe siècle, on recomposa le portail tel qu’il est aujourd’hui. Quoiqu’il en soit, sa sculpture peut être datée du milieu du XIIe siècle.

Les chapiteaux des colonnettes sont surmontés de motifs de palmettes disposés en frise au-dessus de l’abaque. Ils sont historiés :

  • au nord, le Christ et les pèlerins d’Emmaüs (à noter les sacoches en bandoulière),
  • au sud, des personnages combattant des dragons, et une femme au sein nus encadrée par deux serpents, symbolisant la Luxure (ces chapiteaux sont à rapprocher du style bourguignon de la nef).

L'intérieur

Première travée de la nef, triforium

L’église présente aujourd’hui une nef unique de quatre travées, un transept saillant et un chœur profond à abside polygonale. Les parties occidentales de l’église, notamment les parties basses de la nef, sont romanes. Le chœur, le transept et le voûtes de la nef sont gothiques.

La nef romane apparaît jusqu’à la frise à 12 mètre de hauteur, juste au-dessous du triforium. Onze colonnes engagées rythmaient le vaisseau, de part et d’autre. Reposant sur des chapiteaux engagés, une arcature aveugle de dix arcs en plein-cintre couronne l’ensemble. Ces supports sans dosseret constituaient l’unique décoration de l’église. Il n’y avait ni les chapelles percées dans les murs ni les pilastres supportant les ogives gothiques.

Le grand intérêt de Saint-Barnard réside dans la collection de chapiteaux sculptés de la nef. Ils ont tous les mêmes tailloirs et la même mouluration, une doucine sous un filet.

La partie haute de la nef est gothique, avec un triforium, galerie à colonnettes formée de 160 arcades de tracé brisé ; ses chapiteaux sont décorés de fleurs, de feuilles ou de têtes humaines. La voûte d’ogives a été refaite au XVIIe siècle à l’identique.

Le transept, le chœur et l’abside sont entièrement gothiques. Le chœur et l’abside sont richement décorés de peintures du XIVe siècle, géométriquement mais sans symétrie (chevrons, cloches, spirales, damiers…), représentant la Jérusalem céleste : créneaux gardés par des anges (ailes), des saints (auréoles) ou des rois (couronnes).

Les deux portails romans au nord et au sud de la nef.

  • Le portail au sud, à décor floral, ouvre sur la chapelle du Saint Sacrement.
  • Le portail Saint-Jean donne sur un passage, dans une cour privée à droite, où se situait une chapelle aujourd’hui détruite, dans le palais abbatial de Jean de Bernin.

La chapelle du Saint Sacrement

On y entre par une porte du XIIe siècle. Cette chapelle et le résultat de la fusion de deux petites chapelles : la chapelle Saint-Maurice et la chapelle Saint-Étienne. Elle date du XIVe siècle.

  • Une arcade est décorée par des fresques du XVe siècle représentant la légende des saints viennois Exupère, Félicien et Séverin (les trois doms) ; on peut y voir le pont médiéval de Romans-sur-Isère et le palais des papes à Avignon.
  • un élégant pilier central avec chapiteaux à feuillages et masque
  • une Mise au tombeau du XVIIe siècle (statues polychromes)
  • une clé de voûte avec des personnes entrain de lapider Saint-Étienne
  • huit tentures brodées et peintes (fils de soie et de laine sur une toile de lin peinte) en 1555 à partir de cartons du Flamand Jean van Roon ; l’ensemble illustre les mystères de la Passion et de la Résurrection du Christ.

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Notes et références

Bibliographie

  • La Drôme romane, Taulignan, Plein-Cintre éd., 1989, 120 p.
  • Jean-Noël Couriol, 100 sorties pédagogiques dans la Drôme, CDDP de la Drôme, 1998, 304 p. (ISBN 2-86622-466-3)
  • Charles et Françoise Gardelle, Le guide de la Drôme des collines; La manufacture, 1991 (2ème éd.), 302 p.
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