Chèvre de Mendès

Chèvre de Mendès

Baphomet

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Baphomet, image par Eliphas Lévi, 1854

Baphomet est le nom donné par certains occultistes du XIXe siècle à l'idole mystérieuse que les chevaliers de l’ordre du Temple furent accusés, à tort ou à raison, de vénérer. Le plus souvent représentée par la tête d'un homme barbu, l'idole était vénérée mais également crainte pour sa laideur.

Le personnage de Baphomet est à présent récurrent dans le domaine des jeux vidéo.

Sommaire

Contexte historique

Article détaillé : Ordre du Temple.

Le pape Urbain II prêcha la première croisade le 27 novembre 1095, dixième jour du concile de Clermont. La motivation du pape à voir une telle expédition militaire prendre forme venait du fait que les pèlerins chrétiens en route vers Jérusalem étaient régulièrement victimes d'exactions voire d'assassinats[1]. C'est le 23 janvier 1120, lors du concile de Naplouse[2] que naquit, sous l'impulsion d'Hugues de Payns et Geoffroy de St-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon qui avait pour mission de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident depuis la reconquête de Jérusalem.

Il œuvra pendant les XIIe et XIIIe siècles à l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête. Afin de mener à bien ses missions et notamment d'en assurer le financement, il constitua à travers toute l'Europe chrétienne et à partir de dons fonciers, un réseau de monastères appelés commanderies. Cette activité soutenue fit de l'ordre un interlocuteur financier privilégié des puissances de l'époque, le menant même à effectuer des transactions sans but lucratif avec certains rois ou à avoir la garde de trésors royaux.

Après la perte définitive de la Terre sainte en 1291, l'ordre fut victime de la lutte entre la papauté et Philippe le Bel et fut dissous par le pape Clément V le 13 mars 1312[3] à la suite d'un procès en hérésie[4] : les Templiers sont accusés de vénérer une idole, Baphomet.

Étymologie et sémantique

Origine du nom

Un frère occitan de Montpezat, Gaucerant, avoua avoir adoré une « image bafométique » qui, en langue d'oc, est une déformation de Mahomet, comme le prouve un poème de 1265, Ira et Dolor : « E Bafomet obra de son poder » (« Et Mahomet fait briller sa puissance »). Le terme « Baphomet » n'a jamais été prononcé par les accusateurs ni par les Templiers, mais seulement sous sa forme adjectivale « baphométique » ou « bafométique »[5].

Le témoignage du frère Gaucerant n'en fut pas moins à l'origine d'un malentendu qui permit aux auteurs et occultistes des siècles suivants de bâtir le terme « Baphomet », donnant lieu à tous les fantasmes possibles et imaginables. Par la suite, durant le procès des Templiers, Baphomet est retranscrit dans les minutes comme « figura Baffometi » ou « Baphomet ».

Signification du terme

Dès lors, plusieurs autres étymologies furent proposées : Baphe-métous, baptême de sagesse ; Bios-phos-métis, vie-lumière-sagesse ; Bapho ou Bafo, nom d'un port de Chypre dont le Temple fut très peu de temps le propriétaire ; Abufihamat, corruption de l'expression arabe "le Père de la compréhension", Maphomet "L'Incompris", ou encore de l'arabe Ouba el-Phoumet, "Père de la bouche" ; etc.

Hugh Schonfeld pensa qu'il s'agissait d'un mot codé. En effet, en appliquant le code Atbash (système de cryptage très ancien) au mot Baphomet, on obtient sophia, qui signifie « sagesse » en grec. Selon son interprétation, en vénérant Baphomet, les Templiers auraient voué en vérité un culte au principe de sagesse… ou aussi à la gnose.

Pierre Klossowski, dans ses Notes et éclaircissements à son roman de 1965 préfère y voir le Basileus philosophorum métallicorum : le souverain des philosophes métallurgistes, c'est-à-dire des alchimistes.

Description

Représentations

La représentation de Baphomet pourrait être inspirée du visage imprimé sur le Saint-Suaire de Turin. De nombreuses suppositions sur son véritable visage ont été effectuée : ainsi, on lui attribue le visage barbu de l'église de Templecombe à Somerset[4]. À Paris dans le 4e arrondissement, on trouve un diable sur le tympan du porche de l’église Saint-Merri. Il fut sculpté entre 1841 et 1843. Certains y voient l'image d'un Baphomet[6].

Toutefois, l'idole possiblement vénérée par les Templiers est de forme très diverses selon les témoignages recueillis durant les procès : tantôt très grande, tantôt tenant dans une poche, parfois en bois, en os ou en métal, sous la forme d'une statue ou d'une toile de peinture, l'idole représente souvent une tête d'homme barbu mais peut également être un lion à tête de femme, ou un visage presque humain pâle avec des cheveux frisés. Les inquisiteurs recherchèrent activement des têtes en bois ou en métal représentant Baphomet, qui auraient été nombreuses. Même les membres haut placés de l'Ordre du Temple, tels que Hugues de Pairaud, furent incapables de décrire la tête, expliquant qu'elle était trop hideuse pour être décrite, ou bien qu'ils étaient trop loin pour la voir[4].

Dans le même ordre d'idée d'allusion à la symbolique du ternaire, une clé de voûte représentant trois faces humaine à la bouche ouverte fut découverte dans une salle de la forteresse de Tomar. Seuls, des experts ont pu avoir accès à la partie du château qui la contient. Cette salle est interdite au public[7].

Idée d'une influence orientale

La créature fantasmagorique fait presque immanquablement l'objet d'un engouement chez les individus et groupes qui s'intéressent aux Templiers, en particulier lorsque l'on aborde les prétendues pratiques hétérodoxes qu'ils auraient acquises au Proche-Orient, au contact des cultures déjà en place parmi les états latins d'Orient.

Une autre théorie en fait la tête conservée d'Hugues de Payns, selon un témoignage d'un frère templier conservé dans les archives du Vatican[8]. Cependant, rien ne permet de donner foi à ce témoignage, non plus qu'il est possible de l'infirmer ou de vérifier l'existence réelle de ce témoignage (passé par l'historien Heinrich Finke, lui-même cité par l'abbé Pétel.

Culte autour de Baphomet

Le culte de Baphomet avait lieu durant les rites secrets des Templiers. L'effigie de Baphomet était sortie et montrée à tout le monde, sous la lumière de bougies noires. Très laide, elle provoquerait l'effroi en la voyant. Durant certains rites, les Templiers embrassaient la tête puis l'entourait de cordelettes ; celles-ci étaient par la suite portées autour d'eux-mêmes. Cette pratique serait issue d'une coutume palestinienne qui voulait que ces cordelettes aient des propriétés magiques telles que la guérison des malades[4].

Le culte de Baphomet serait à rapprocher du johannisme qui consiste à renier le Christ pour ensuite mieux le servir[9].

Baphomet dans les arts

La figure de Baphomet a été reprise au XIXe siècle par certaines personnalités du mouvement de l'occultisme et de l'hermétisme. Par la suite le personnage de Baphomet fait de nombreuses apparitions dans les films, les jeux-vidéos et les jeux de rôle, en tant que méchant démoniaque à vaincre.

Le mythe de Baphomet a été repris dans un jeu vidéo sur les Templiers : Les chevaliers de Baphomet. Le personnage de Baphomet a été repris dans un jeu vidéo en ligne, où il est désigné comme le mal absolu : Ragnarok Online. Le personnage de Baphomet apparaît dans le jeu-vidéo "Shin Megami Tensei: Lucifer's Call" dans lequel il fait partie des nombreux démons recrutables et jouables dans l'équipe du héros. Son design semble directement inspiré de l'illustration d'Eliphas Lévi. Le Baphomet apparaît également dans le jeu Darklands de Microprose. Le Baphomet apparaît aussi dans le jeu-vidéo online nommé Lineage : il y est considéré comme un démon. On peut y retrouver aussi Beleth qui serait un frère ou une sœur de Baphomet. Le Baphomet se retrouve également dans le jeu d'aventures Post Mortem édité par la société Microïds. Baphomet joue le rôle de boss de fin du jeu Silent Hill et se nomme Incubus.

Le Baphomet apparaît aussi dans le manga de Kentaro Muira Berserk, de la dark fantasy et où des sectes lui vouent un culte bestialement sexuel. Baphomet apparaît en artwork de l'album In Sorte Diaboli de Dimmu Borgir.

Baphomet apparaît en tant que dieu du peuple de la nuit dans le film Cabal (Nightbreed) de Clive Barker, tiré du roman Cabal de ce dernier. Dans le film d'épouvante américain Return to House on Haunted Hill, suite non distribuée sur le sol français de La Maison de l'Horreur, la statuette de Baphomet est le cœur du sinistre hôpital psychiatrique à l'abandon.

« Streaks of blood (Baphomet) » est une chanson de Dying Fetus sur l'album Grotesque Impalement.

Baphomet est un prince démon dans l'univers de Donjons et Dragons, et règne sur la 600e strate des Abysses (plan) .

Notes / Références

  1. René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem Tome 1 : 1095-1130 L'anarchie musulmane, réédition 2006, édition Perrin, page 74
  2. Simonetta Cerrini, La révolution des Templiers, pages 86-87, 2007, Perrin
  3. Date à laquelle le pape Clément V fulmina la bulle Vox in excelso, officialisant la dissolution de l'ordre du Temple
  4. a , b , c  et d (fr) Elmar Gruber, Peter Fiebag, Les grands mystères de ce monde, France Loisirs (ISBN 2-7441-6316-3) 
  5. Article Le Baphomet par Bernard Marillier (vérifié le 19 mars 2007)
  6. Georges Poisson, Histoire de l'Architecture à Paris, Paris, 1997, p. 443. L'auteur précise que cette sculpture date de la restauration menée dans les années 1841-1843.
  7. Documentaire Arte
  8. Le témoignage d'Etienne de Troyes, qui serait contenu dans les archives du Vatican, explique que "cette tête m'a paru être de chair depuis le sommet jusqu'au nœud du cou, avec des cheveux blancs, sans placage d'or ni d'argent. La face était également de chair ; elle m'a paru très livide et très pâle, avec une barbe de poils noirs et blancs, semblable à celle des Templiers. J'ai ouï dire que cette tête était celle du premier grand maître du Temple, Hugues de Paynes (sic). Du nœud du cou jusqu'aux épaules inclusivement, elle était incrustée d'or, d'argent et de pierres précieuses".
  9. (fr) Pierre Ripert, Dictionnaire du diable des démons et sorciers, Maxi-Poches Références, 2003 (ISBN 2743432829) 

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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