Christine Jorgensen

Christine Jorgensen

Christine Jorgensen (né George William Jorgensen Jr. le 30 mai 1926 dans le Bronx, à New York, États-Unis, décédée le 3 mai 1989) est devenue célèbre pour avoir été la première personne mondialement connue à avoir subi une opération chirurgicale de réassignation sexuelle (dans son cas homme vers femme).

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Seul enfant de George William Jorgensen Sr., artisan-menuisier, et de son épouse, née Florence Davis Hansen, Christine passa son enfance dans le Bronx et, plus tard, se décrivit en disant qu'elle avait été un « petit blondinet fragile et introverti qui fuyait les bagarres et les jeux brutaux ».

Elle reçut son diplôme à la Christopher Columbus High School en 1945 et peu de temps après fut incorporée dans l'armée.

Une fois libérée des obligations militaires, elle suivit des cours au Jorgensen Mohawk College, à Utica, dans l'État de New-York, dans une école de photographie à New Haven, dans le Connecticut, et dans la Manhattan Medical and Dental Assistant School à New York, dans l'État de New York. Un court moment elle travailla pour Pathé News.

Chirurgie sexuelle

Une fois revenue à New York, après son service militaire, elle se préoccupa de plus en plus de ce qu'une rubrique nécrologique devait appeler « l'insuffisance de son développement physique masculin ». Elle entendit parler alors de la possibilité d'une chirurgie de réassignation sexuelle et commença à prendre de sa propre initiative une hormone féminine, l'éthinylestradiol, et elle étudia son cas avec l'aide du Dr Joseph Angelo, le mari d'une de ses camarades de classe lorsqu'elle fréquentait la Manhattan Medical and Dental Assistant School. Elle décida d'aller en Suède, où elle avait trouvé les seuls médecins dans le monde qui pratiquaient à l'époque ce genre de chirurgie mais, lors d'une escale à Copenhague pour rendre visite à des parents, elle rencontra le Dr Christian Hamburger, chirurgien danois et spécialiste dans la chirurgie de réassignation sexuelle. Elle finit par rester au Danemark et sous le contrôle du Dr Hamburger fut autorisée à commencer la thérapie de substitution hormonale pour subir ensuite une série d'interventions chirurgicales. Au cours de cette première série d'interventions à Copenhague, elle fut castrée. Selon une notice nécrologique : «Avec l’autorisation spéciale du ministre danois de la justice, on enleva d'abord ses testicules, puis un an plus tard son pénis insuffisamment développé. Techniquement elle n'était qu'un eunuque, mais elle reçut à fortes doses des hormones, qui provoquèrent des changements dans les contours de son corps et la distribution des graisses. Avec l'aide de l'ambassadeur américain elle put faire changer son passeport pour être reconnue du sexe féminin et commencer sa vie de femme. » Quelques années plus tard, lorsque la procédure devint disponible aux Etats-Unis, Jorgensen obtint une vaginoplastie sous la direction du Dr Angelo et d'un médecin-conseil, Harry Benjamin.

Jorgensen choisit le prénom de Christine en l'honneur du Dr Hamburger et devint une porte-parole pour les transsexuels et des transgenres.

La recherche sur le travail du Dr Hamburger et de ses collègues a découvert une approche plus complexe du transsexualisme et de la chirurgie de réaffectation sexuelle ; selon Transvestism, un article que « les cliniciens danois de Jorgensen, les Drs Christian Hamburger, Georg Stürup et Dahl-Iversen ont écrit pour le Journal of the American Medical Association en 1953. » Les spécialistes danois « Preben Hertoft et Thorkil Sorensen qui ont étudié les dossiers médicaux et interrogé le Dr. Georg Stürup, un psychiatre, affirment que « l'intention première de l'équipe médicale n'était pas de changer un homme en une femme, mais d'aider un homme qui souffrait de ses pulsions homosexuelles ». Hamburger et ses collègues révélèrent leurs préoccupations concernant l'homosexualité avec ce commentaire :« En tout état de cause, d'un point de vue eugéniste, cela ne ferait pas de mal si un certain nombre d'hommes sexuellement anormaux étaient castrés et privés ainsi de leur libido sexuelle. » Cette même enquête a montré que Hamburger et ses collègues s'étaient prononcés contre la création d'un vagin pour que l'intéressée devînt transsexuelle après son opération ; et la spécialiste Christine Crowle y a vu une preuve que l'équipe qui s'était occupée des opérations de réassignation sexuelle « voulait changer le genre de Christine mais non lui permettre d'autres pratiques sexuelles. »

Retentissement

L'affaire fit sensation dans les médias quand, le 1er décembre 1952, le New York Daily News la publia en première page sous le titre « Un ex-GI devient une ravissante blonde », faisant savoir qu'au Danemark elle était devenue la bénéficiaire du premier « changement de sexe ». Ce n'était d'ailleurs pas exact du fait que ce genre d'opération avait déjà été fait par des médecins allemands, pionniers en la matière, à la fin des années 1920 et au début des années 1930. L'artiste danois Lili Elbe et « Dorchen », toutes deux patientes du Dr Magnus Hirschfeld à l'Institut des sciences sexuelles de Berlin, avaient déjà bénéficié d'une telle opération en 1930-31. Dans le cas de Jorgensen, cependant, s'y ajoutait une différence : la prescription de l'hormonothérapie.

Lorsque Jorgensen revint à New York en février 1953, elle devint sur-le-champ une célébrité. On discuta sérieusement pour savoir si elle cacherait son histoire à la presse, mais quoi qu'il en soit, la publicité fut pour elle un tremplin qu'elle utilisa pour devenir encore plus célèbre. L'animateur de radio new-yorkais Barry Gray lui demanda si elle était choquée par les plaisanteries des années 1950 du genre « Christine Jorgensen est allée à l'étranger, et elle en est revenue une gonzesse[1] » la choquaient, elle se contenta de rire et répondit que cela ne lui faisait rien. Malgré tout, on put voir dans une autre occasion que certaines questions pouvaient l'offenser : elle parut un jour au Dick Cavett Show et Cavett l'interrogea grossièrement sur le statut de sa vie amoureuse avec son « épouse ». Elle tourna les talons, et comme elle était la seule invitée prévue, Cavett dut passer le reste de l'émission à tenter d'expliquer qu'il n'avait nullement voulu l'offenser.

La suite de sa vie

Par la suite, elle voulut se marier avec John Traub, un statisticien employé par un syndicat, mais les fiançailles furent rompues. En 1959, elle annonça ses fiançailles avec Howard J. Knox, qui travaillait comme employé de bureau à Massapequa (État de New York), où son père avait fait construire une maison pour elle après son opération de réassignation, mais le couple n'arriva pas à obtenir une autorisation de mariage parce que l'acte de naissance de Jorgensen la présentait encore comme un homme. Dans un reportage consacré à la rupture de fiançailles, le New York Times remarquait que Knox avait perdu son emploi à Washington, D.C., après que ses fiançailles avec Christine Jorgensen eurent été connues. Pendant les années 1970 et les années 1980, elle visita des campus universitaires et d'autres endroits pour parler de ses expériences. Elle était connue pour sa franchise et sa façon intelligente de se montrer polie, et elle réclama un jour des excuses au vice-président américain, Spiro T. Agnew, quand il eut appelé un autre homme politique « la Christine Jorgensen du Parti Républicain ».

Elle travailla aussi comme actrice et comme artiste de night-clubs et enregistra un certain nombre de chansons. Dans les théâtres d'été (Summer stock theatres) , elle joua le personnage de madame Rosepettle dans la pièce Oh Dad, Poor Dad, Mama's Hung You in the Closet and I'm Feelin' So Sad. Dans un night-club elle chanta plusieurs chansons, dont I Enjoy Being a Girl et à la fin changea rapidement de costume pour apparaître dans celui de Wonderwoman : mais, comme elle avait recommencé plus tard, Warner Communications, qui était propriétaire du copyright pour le personnage de Wonderwoman, exigea qu'elle cessât de se servir de ce personnage, elle le fit en le remplaçant par un autre qu'elle avait inventé elle-même : Superwoman, qui se signalait par la présence d'une grande lettre « S » sur sa cape. Elle continua ses représentations, jouant au Freddy's Supper en haut de la rive est de Manhattan au moins jusqu'à l'automne 1982, date à laquelle elle se produisit deux fois à Hollywood : une fois au Backlot Theatre, aujourd'hui fermé, qui était à côté de la discothèque Studio One, et ensuite au restaurant Frog Pond, fermé lui aussi maintenant. Le spectacle fut enregistré et rendu disponible comme album sur iTunes. En 1984, elle revint à Copenhague pour réaliser son spectacle et fut présentée dans le film documentaire danois sur les transsexuels réalisé par Teit Ritzau : Paradiset ikke til salg (Le Paradis n'est pas à vendre).

En 1989, l'année de sa mort, elle dit qu'elle avait donné à la révolution sexuelle « un coup de pied au derrière pour la faire aller plus vite ». Elle mourut à 62 ans d'un cancer de la vessie et des poumons.

Sources

Notes

  1. Jeu de mots intraduisible : « Christine Jorgensen went abroad, and came back a broad » ; « abroad » signifiant « à l'étranger » et « a broad » voulant dire « une femme » en langue très familière.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Christine Jorgensen de Wikipédia en français (auteurs)

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