Christ lag in Todesbanden (Bach)

Christ lag in Todesbanden (Bach)
Cantate BWV 4 Christ lag in Todesbanden
Cantate de choral
Titre français Le Christ gisait dans les liens de la mort
Liturgie Pâques I
Création 1707
Auteur(s) du texte

Martin Luther 1524

Texte original

Traduction française de M. Seiler
Traduction française note à note
Traduction française interlinéaire

Effectif instrumental

Soli : S A T B
chœur SATB
Cor, trombone I-III, violon I/II, alto I/II, continuo

Partition complète [PDF]

Partition Piano/Voix [PDF]

Informations et discographie (en)
Informations en français (fr)

Commentaires (en)
La résurrection de Jésus sur une Bible de Luther (1769)

Christ lag in Todesbanden (Le Christ gisait dans les liens de la mort) (BWV 4), est une cantate de Johann Sebastian Bach composée en 1707.

Sommaire

Histoire et livret

Le choral de la cantate est basé sur le choral homonyme de Martin Luther. Dans cette œuvre de jeunesse qui est une des toutes premières cantates qu'il ait composées, Bach a utilisé dans les sept différents mouvements pour voix les paroles inchangées des sept strophes du choral et son air comme cantus firmus tout au long de la pièce.

Bach composa tôt cette cantate chorale, entre 1707 et 1713 si l'on en croit une comparaison du style de la composition avec des manuscrits de cette époque. Il s'agit peut-être d'une pièce de démonstration pour le poste d'organiste à Mühlhausen pour Pâques de 1707. Il était encore dans sa vingtaine, sept ans avant la série des cantates de Weimar commencée en 1714 avec Himmelskönig, sei willkommen, (BWV 182), et quinze ans avant qu'il ne commence un cycle annuel de cantates à Leipzig au milieu de l'année 1724. Comme seules des copies de la période de Leipzig ont été préservées, la date de la première représentation nous est inconnue. La cantate montre des ressemblances avec une composition de Johann Pachelbel basée sur le même choral[1].

Les lectures prescrites du jour étaient 1 Cor. 5:6–8, et Marc 16:1–8, la résurrection de Jésus. Le choral de Luther est un important cantique de Pâques dans le luthéranisme allemand, similaire à Gelobet seist du, Jesu Christ (cantique) pour Noël. Il souligne la lutte entre la vie et la mort. La troisième strophe se rapporte à la « piqûre de la mort » telle que mentionnée dans le 15e verset de la première épître aux Corinthiens. La cinquième strophe se réfère à « Osterlamm », le bouc émissaire. La strophe finale rappelle la tradition de la cuisson et du repas du pain pascal.

A la différence des cantates chorales de Leipzig, le texte du choral demeure inchangé. Introduites par une sinfonia instrumentale, les sept strophes sont disposées en sept mouvements[1].

Structure et instrumentation

La pièce est écrite pour quatre solistes (soprano, contralto, ténor, basse), deux violons, deux altos et basse continue. Cette cantate a été révisée pour son exécution à Leipzig en 1724 et 1725, avec l'ajout d'un cornet et de trois trombones jouent colla parte avec les voix. Le choral final a été ajouté pour l'exécution de 1725. Les parties vocales peuvent être chantées par les solistes ou le chœur puisque l’œuvre est un « Choralkonzert » (concerto choral) dans le style du XVIIe siècle alors que Bach n'a composé de cantates religieuses avec récitatifs et arias qu'à partir de 1714[1].

Il y a huit mouvements :

  1. sinfonia : cordes et continuo
  2. Christ lag in Todes Banden
  3. Den Tod niemand zwingen kunnt
  4. Jesus Christus, Gottes Sohn
  5. Es war ein wunderlicher Krieg
  6. Hier ist das rechte Osterlamm
  7. So feiern wir das hohe Fest
  8. Wir essen und leben wohl

Musique

Comparaison: Victimæ paschali laudes, Christ ist erstanden et Christ lag in Todes Banden (en)

La mélodie de Luther est basée sur un ancien hymne pascal du XIIe siècle, « Christ ist erstanden », qui reprend la texte et la mélodie de la séquence « Victimæ paschali laudes » pour Pâques[2]. Une nouvelle version en fut publiée par Luther en 1524 et adapté par Johann Walter dans son « Wittembergisch Geistlisch Gesangbuch » de (1524). La version de Bach inclue des notes étrangères et des modifications pour conformer le modèle rythmique à une mesure régulière[2].

La cantate commence avec une sinfonia instrumentale qui introduit la première ligne de la mélodie. Les sept strophes sont traitées en sept mouvements mouvements comme autant de variations chorales « per omnes versus » avec la mélodie toujours présente en tant que cantus firmus. Les cordes se divisent en cinq parties, deux violons, deux altos et continuo. La séquence des sept strophes montre une symétrie : chœur – duo – solo – chœur – solo – duo – chœur. A la différence des autres cantates ultérieures de Bach, tous les mouvements sont en mi mineur. Toutes les strophes se terminent sur les mots Alléluia[1]. John Eliot Gardiner définit la disposition qu'a faite Bach de l'hymne de Luther d' « audacieuse et innovante pièce de dramma musica » et observe la façon dont « Bach utilise des racines musicales médiévales » (l'air de l'hymne dérive du plain-chant « Victimae paschali laudes » du XIe siècle) et « sa totale identification à l'esprit et à la lettre du fougueux et dramatique hymne de Luther »[3]. Bach suit « l'idéal de Luther dans lequel la musique donne vie au texte ». Julian Mincham remarque : « La variété des idées et la portée de l'inventivité est incroyable mais elle ne masque jamais la présence du choral »[4].

La première strophe est traitée comme une fantaisie chorale. La soprano chante le cantus firmus en longues notes dépouillées tandis que les voix plus basses chantent un contrepoint libre. Une figure des violons est connue sous le nom de « suspiratio », sanglots qui rappelle « les souffrance du Christ à l'approche de la mort »[3].

La deuxième strophe est un duo entre la soprano et l'alto, « Den Tod niemand zwingen kunnt » (personne ne peut vaincre la mort) traite de l'« humanité impuissante et paralysée alors qu'elle attend le jugement de Dieu sur le pêché ». La musique est presque suspendue sur le premiers mots « den Tod » (mort) tandis que le mot « gefangen » (emprisonné) est marqué d'une forte dissonance de la soprano et de l'alto[3].

Dans la troisième strophe, les ténor sont accompagnés par deux violons obligés. Les violons démontrent comment le Christ cingle les ennemis. La musique s'arrête complétement sur le mot « nichts » (rien). Les violons présentent alors en quatre notes les contours de la croix et font enfn des prouesses dans un concerto festif auquel les ténors ajoutent leur joyeux « Halleluja »[3].

La quatrième strophe « Es war ein wunderlicher Krieg, da Tod und Leben rungen  » (C'était une guerre impressionnante quand la vie et la mort luttaient) est chantée par quatre voix accompagnées du seul continuo. L'opposition entre la vie et la mort est dépeinte comme une scène de Hieronymus Bosch selon Gardiner : Bach fait chanter le cantus firmus par les altos alors que les autres voix se suivent d'abord mutuellement dans une « strette fuguée » avec des entrées échelonnées d'un temps mais disparaissent l'une après l'autre, « comme dévorées et réduites au silence ». Dans l'Halleluja final des quatre voix, la basse descend de près de deux octaves[3].

La cinquième strophe est chantée par les basses seules d'abord accompagnées par une ligne chromatique descendante du continuo. Le choral est repris par les cordes puis les basses déclarent finalement victoire dans les derniers « Halleluja » couvrant deux octaves[3]

La sixième strophe est un duo pour la soprano et le ténor accompagnés du seul continuo. C'est une danse de joie et le mot « Wonnne » (joie) est restitué par des figurations rappelant Purcell, l'Halleluja de fin sur des alternance de triolets et de duolet[3].

La première disposition en quatre parties de la dernière strophe est perdue mais celle qu'il ajouta en 1724 est « superbement entraînante » avec l'Halleluja chanté différemment à chaque fois[3].

Notes et références

  1. a, b, c et d Alfred Dürr. 1971. "Die Kantaten von Johann Sebastian Bach", Bärenreiter
  2. a et b Chorale Melodies used in Bach's Vocal Works / Christ ist erstanden, bach-cantatas.com
  3. a, b, c, d, e, f, g et h John Eliot Gardiner, « Cantatas for Easter Sunday, Easter Monday and Easter Tuesday Georgenkirche, Eisenach », Soli Deo Gloria, 2007
  4. Julian Mincham, « Chapter 42 BWV 4 & BWV 42, each commencing with a sinfonia. », jsbachcantatas.com, 2010

Voir aussi

Liste des cantates de Johann Sebastian Bach


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