Charles Henri d'Estaing

Charles Henri d'Estaing
Charles Henri d'Estaing Marquis de Saillans
Portrait du comte d'Estaing
Portrait du comte d'Estaing

Surnom Comte d'Estaing
Naissance 24 novembre 1729
au Château de Ravel
Décès 28 avril 1794 (à 64 ans)
à Paris
Origine Royaume de France Royaume de France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume des Français
Drapeau français République française
Arme Infanterie
Pavillon de la marine royale française Marine royale française
La Garde nationale
Grade Amiral de France
Années de service 1746 - 1794
Conflits Guerre de Succession d'Autriche
Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Faits d'armes Bataille de Rocourt
Bataille de Lauffeld
Bataille de Sainte-Lucie
Prise de Sainte-Lucie
Prise de la Grenade
Bataille de la Grenade
Siège de Savannah
Distinctions Ordre du Saint-Esprit
Ordre de Cincinnatus
Autres fonctions Gouverneur de Touraine
Président de la Société des Cincinnati de France
Famille Famille d'Estaing
Blason ville Estaing.svg
D’azur aux trois fleurs de lys d'or et au chef d'or'

Jean Baptiste Charles Henri Hector, comte d'Estaing, né au château de Ravel[1] (Puy-de-Dôme) le 24 novembre 1729 et mort guillotiné à Paris le 28 avril 1794, est un aristocrate et militaire français.

Il débute dans l'infanterie pendant la guerre de succession d'Autriche avant d'entrer dans la Marine royale dans laquelle il sert pendant la guerre de Sept Ans. Fait prisonnier par les Anglais, il est libéré sur parole et reprend les armées dans la mer des Indes. Bon marin et habile courtisan, il est promu lieutenant général des armées navales. Pendant la guerre d'indépendance américaine, il reçoit le commandement une flotte envoyée en aide aux insurgents américains, et échoue devant Rhode Island et le siège de Savannah. Il rentre en France en 1780.

Il reste en France pendant la Révolution française de 1789, et est promu amiral de France en 1792. Cependant, ses prises de position et ses origines lui valent d'être condamné à mort et guillotiné sous la Terreur.

Sommaire

Biographie

Origines et famille

Charles Henri Théodat d'Estaing, marquis de Saillans, seigneur de Ravel, est le fils de Charles-François d'Estaing, marquis de Saillans (1683-1746), et de sa première femme, Marie-Henriette Colbert (1703-1737), descendante d'un frère cadet du Grand Colbert. Il devient l'héritier de la branche aînée de la famille d'Estaing, comte d'Estaing et propriétaire du château d'Estaing, après le décès en 1729 de son cousin François d'Estaing.[réf. nécessaire]

Il épouse, en 1746, Sophie Rousselet de Crozon (1727-1792), petite fille du vice-amiral le marquis de Châteaurenault (1637-1716), qui lui donne un fils unique, décédé accidentellement à l'âge de six ou de douze ans[réf. nécessaire], en tombant du balcon du salon de musique du château de Ravel. N'ayant pas d'enfants, il fait légitimer en 1768 sa demi-sœur Lucie Madeleine d'Estaing (1743 -1826 dont il est le parrain) (et non celui de Lucie-Madeleine d'Estaing (1769-1844)[2]), il lui donne le vicomté de Ravel et en fait son héritière.

Avant la Révolution française

Les débuts pendant les guerres de Succession d'Autriche et de Sept Ans

Pendant la Guerre de Succession d'Autriche, il participe très jeune aux batailles de Rocourt et de Lauffeld en 1746 et 1747. D'abord officier d'infanterie, il obtiendra ensuite de Choiseul d'être transféré à la Marine royale à la même époque que Bougainville.

Prise du vaisseau anglais le Mery par d'Estaing à Mascate en 1759.

Au déclenchement du conflit suivant, il demande à servir sur mer et part en Inde sous le commandement de Thomas Arthur de Lally-Tollendal en 1758. Blessé à Madras en 1758, il est fait prisonnier une première fois par les Anglais, puis libéré sur parole. Malgré la parole donnée, il reprend les armes et fait depuis l'île-de-France, avec deux navires, une brillante campagne corsaire dans le golfe Persique et à Sumatra. Il enlève à Mascate un navire anglais puis entre dans le golfe Persique. Il capture les garnisons anglaises des forts de Gombron et de Bender-Abassi, repousse 8 000 Persans alliés des Anglais, détruit Gombron, attaque les établissements anglais de Sumatra, enlève le fort Marlborough et plusieurs comptoirs fortifiés : Saloma, Manna, Cahors, Groës, Ypou-Pali, Caytone, Sablat, Bautaar, La Haye[3]. Mais à son retour en France, il se fait prendre à nouveau. Cette fois, son compte est scellé. Conformément aux lois de la guerre, il est destiné à la corde. Cependant, réclamé par Versailles en raison de sa naissance, il est libéré et accompagné de propositions de négociations de paix[4]. De retour à Paris en 1762, il obtient de Choiseul d'être promu lieutenant général des armées navales. C'est aussi un excellent courtisan qui sait se faire remarquer de l'entourage royal. Le 1er janvier 1767, il est élevé au Chevalier dans l'ordre du Saint-Esprit.

La Guerre d'indépendance américaine

La canonnade de Sainte-Lucie, le 15 décembre 1778.

En 1774, à la mort de Louis XV, il se trouve sur une liste d'officiers à promouvoir donnée au jeune Louis XVI, alors qu'il est nettement plus jeune que nombre d'officiers de marine à compétences égales[5]. C'est ainsi qu'il reçoit le commandement de l'escadre envoyée en 1778-1779 soutenir les "Insurgents" américains et tous les volontaires français déjà présents, comme le marquis de La Fayette[6].

En 1778, l'escadre française commandée par d'Estaing appareille avec 12 vaisseaux pour intervenir aux Antilles et sur les côtes américaines. Arrivé devant New York au terme d'une interminable traversée, il n'ose pas forcer les passes de la ville qui par ailleurs est défendue par une forte garnison anglaise. Il se porte ensuite sur Newport (août 1778), mais c'est un nouvel échec, même si l'un de ses subordonnés, Suffren réussit à détruire plusieurs frégates anglaises. Mis en difficulté, l'amiral d'Estaing demande des renforts et se replie sur les Antilles. Il ne peut récupérer l'île de Sainte-Lucie malgré une tentative de débarquement en force. C'est un lourd échec et il laisse aussi échapper les 7 vaisseaux de Barrington qu'il a surpris au mouillage, mais qu'il n'ose attaquer alors qu'il en a 12. Trois divisions le rejoignent, placées respectivement sous les ordres du comte de Grasse, de La Motte-Picquet et de Vaudreuil. La division confiée à de Grasse comporte quatre vaisseaux, Le Robuste sur lequel flottait sa marque, Le Magnifique, Le Dauphin et Le Vengeur. D'Estaing dispose d'une puissante flotte (25 vaisseaux) et peut engager de nouveaux combats. Il porte alors ses efforts sur l'île de la Grenade qui est conquise sans coup férir en juillet 1779 et livre une violente bataille navale à l'escadre du vice-amiral Byron venu secourir l'île. Byron est lourdement battu, mais d'Estaing ne saisit pas l'occasion de détruire l'escadre anglaise, malgré les demandes pressantes de Suffren et de La Motte-Picquet. Byron réussit à se replier en prenant en remorque ses vaisseaux démâtés. La destruction de cette importante escadre aurait porté un coup terrible à la Royal Navy et livré à la France toutes les Antilles. Mais d'Estaing, qui reste fondamentalement un homme de l'armée de terre (son corps d'origine) ne perçoit pas la portée stratégique de la maîtrise des mers et ne regarde les escadres que comme des transports de troupes.

La prise de l'île de la Grenade, le 4 juillet 1779 est un authentique succès de d'Estaing, mais sans grande portée stratégique.

Il reçoit en juillet 1779 l'ordre de rentrer en France pour y faire réparer ses vaisseaux, mais il apprend que les insurgés américains, qui venaient de perdre la Géorgie, se trouvent dans une situation désespérée et demandent le secours de la flotte française. D'Estaing décide de se porter à leur secours et fait voile sur la ville de Savannah avec un important contingent de troupes des Antilles. Il réussit à débarquer, mais l'assaut qu'il mène en personne et un échec total. Blessé lui-même aux deux jambes il doit rembarquer ses troupes et il est mis en sérieuse difficulté par le mauvais temps.

Article détaillé : Siège de Savannah.

Subissant de gros dommages, il décide de faire voile vers la France, laissant le commandement des forces navales des Antilles au chef d'escadre de Grasse. Il arrive piteusement sur des béquilles à Brest, en décembre 1779, mais sa popularité considérable lui vaut des acclamations et même une pièce de théâtre au sujet de sa victoire à la Grenade.

Son action durant la première période de la guerre d’indépendance américaine est vigoureusement contestée par ses subordonnés, qui ont eu pour leur part un rôle glorieux au combat. Tous conviennent dans leurs lettres de l'inexpérience de leur vice-amiral. Simultanément, les navires flambant neufs lancés par le ministre Sartine depuis 1775 permettent aux Français de battre régulièrement les Anglais chaque fois que d'Estaing n'est pas impliqué dans le combat.

Il rentre à Versailles où il est accueilli en héros sur ses béquilles, sa victoire à la Grenade ayant fait oublier tout le reste. Il est reçu par le roi, couvert d'éloges et on compose même un opéra pour lui... Néanmoins, pour la suite de la guerre, il ne joue plus qu'un rôle secondaire, même si on le retrouve encore en 1780 en Atlantique à la tête d'une forte escadre pour aider les Espagnols entrés en guerre aux côtés de la France. Charles Henri d’Estaing est nommé gouverneur de Touraine. Il participe à l’assemblée des notables de 1787, où il soutient la politique de Charles Alexandre de Calonne, puis à celle de 1788. Le traité de commerce de Calonne avec l'Angleterre est perçu comme un marché de dupes : l'Angleterre de William Pitt n'ayant eu de cesse de se venger du roi de France pour lui avoir fait perdre ses colonies d'Amérique, le traité ne serait qu'une couverture pour mieux préparer cette vengeance. La révolution de 1789, en détruisant la royauté française et sa marine, permet aux Anglais d'asseoir définitivement leur influence sur le monde.

Sous la Révolution française

Nommé commandant de la garde nationale de Versailles après la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, il ne réprime pas la foule le 5 et le 6 octobre 1789 et accompagne le roi à Paris. Peu après, il démissionne de ses fonctions.

Il participe à la Fête de la Fédération en uniforme national, le 14 juillet 1790, désapprouve la fuite à Varennes, en juin 1791, prête volontairement le serment civique, brigue en vain le ministère de la Marine et obtient seulement le titre d’Amiral de France en janvier 1792. Convoqué comme témoin au procès de Marie-Antoinette en octobre 1793, il déclare avoir eu à se plaindre de la reine mais n’ose pas trop la charger. Arrêté en mars 1794, il est inculpé de complicité dans une prétendue « conspiration du 6 octobre ». Se sachant condamné à mort, il refuse de se défendre, énumère ses états de service et conclut par cette phrase restée célèbre : « Quand vous aurez fait tomber ma tête, envoyez-la aux Anglais, ils vous la paieront cher. » Il est guillotiné le 28 avril.

Galerie

Notes et références

  1. Un extrait de son acte de baptême, conservé aux archives du château, le certifie baptisé en l'église du village le 26 novembre 1729.
  2. Comme il est dit dans la généalogie Giscard d'Estaing
  3. Jean Meyer, p.575.
  4. Archives Ministère des Affaires Etrangères, Correspondance Politique Espagne, Tome 536, mémoire récapitulatif du duc de Choiseul, au marquis de Grimaldi du 17 avril 1762 qui résume la libération du Comte d'Estaing
  5. Etienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, éditions Tallandier, 2002.
  6. Le Congrès des États-Unis, en novembre 1778, lui adresse le témoignage de reconnaissance suivant : « Monsieur son Excellence le comte d'Estaing a constamment agi en brave et sage officier ; son Excellence, les officiers, matelots, soldats sous ses ordres, ont rempli tout ce à quoi les États-Unis pouvaient s'attendre de l'expédition et qu'ils ont tous de puissants titres à l'estime des amis de l'Amérique. »

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Marc Van Hille, Charles-Henri d'Estaing, amiral de France et franc-maçon,
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, éditions Tallandier, nouvelle édition revue et augmentée, 2002.
  • Étienne Taillemite, Louis XVI ou le navigateur immobile, éditions Payot, 2002.
  • Jean Meyer, Dictionnaire d'Histoire Maritime, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, 2002
  • Jacques Michel, La vie aventureuse et mouvementée de Charles-Henri, comte d'Estaing, 1724-1794, Inter-Impression, 1976 - 455 pages
  • Jean Joseph Robert Calmon-maison, L'Amiral D'Estaing (1729-1794), BiblioLife, 2009 - 528 pages
  • Léon Guérin, Les marins illustres de la France sur Google Livres, Belin-Leprieur, 1845, p. 595 et suivantes

Articles connexes

Liens externes


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