Casse du siècle

Casse du siècle

Plusieurs vols d'importance inhabituelle ont été dénommés casse du siècle. L'expression est aussi régulièrement utilisée par des opposants à une politique économique d'un État ou d'une grande entreprise.

Sommaire

Les « casses du siècle »

Saint-Nazaire

Le 3 juillet 1986, un gros hold-up contre l'agence de la Banque de France à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le «casse du siècle» avec un butin de 88 millions de francs (21,4 millions d'euros actuels [1] ), moins inventif que la percée des coffres de la Société générale de Nice via les égouts en 1976, signée Albert Spaggiari, mais deux fois plus lucratif.

La nuit du 3 au 4 juillet, dix hommes cagoulés et armés déboulent dans l'appartement de fonction du caissier Roger Camus, au-dessus de la Banque de France à Saint-Nazaire : «Ne bougez pas, ce qu'on veut c'est l'argent.» Un coup de feu part. Une balle se loge dans le flanc du caissier : «On avait ordre de ne pas tirer, dit un gangster. Ne vous inquiétez pas, je suis le chef, tout ira bien». Il aide Mme Camus à soigner le blessé. Equipés de talkies-walkies et d'un scanner branché sur les ondes policières, les braqueurs retiennent en otages les cinq membres de la famille puis à 7 h 45, montent au 2e étage chercher le directeur. Le gang et les deux «huiles» de la banque descendent à l'agence au rez-de-chaussée, entrent dans la salle des coffres à 8 h 45 et font porter par les employés otages quatorze sacs en toile de jute de 25 kilos chacun jusqu'à une R 18, et deux fourgonnettes volées qu'ils ont garées à l'arrière de la banque. Ils emportent 88 574 000 francs et 6 380 dollars. «C'est le plus gros braquage depuis la Libération», a rappelé à la barre l'enquêteur Bernard Mondon, de l'Office central de répression du banditisme (OCRB,) qui suspecte à tort Action Directe d'avoir pratiqué là «une action de récupération prolétarienne». Du coup, l'enquête atterrit chez le juge antiterroriste Gilles Boulouque. Pour remonter aux braqueurs, l'OCRB décide de pister les 409 000 billets volés à la Banque de France acheminés par des passeurs de fonds vers la Belgique et la Suisse.

«Passequoi». Le 9 juillet 1986, Libération reçoit un tract de revendication du casse signé «Des braqueurs funambules» ainsi que 20 000 francs en coupures usagées de 200 : «Pour soutenir la politique sécuritaire de Pandore et Passequoi (sic), faire parvenir ces billets troués pour les aider à construire leurs commissariats, leurs prisons et payer leurs indics avec 4 trous», dit le texte. Les voleurs anarchistes jurent «ne pas être membres d'Action directe» et disent que «l'insécurité, ce n'est pas le grand banditisme ou ceux qui luttent contre un ordre établi» mais «c'est le chômage, le désespoir, la misère organisée et ses conséquences, drogue, Ricard et ses trafics». Le 15 juillet, le caissier hospitalisé reçoit un colis avec deux films Les Ripoux et Les Aventuriers de l'arche perdue, des cigares et du parfum Chanel n° 5 pour Madame ainsi qu'un mot : «Encore toutes nos excuses pour cette nuit éprouvante.»

Longtemps en panne, l'enquête décolle grâce à deux «photomatons» de porteurs de sacs à dos pris à la frontière suisse par un douanier : «On identifie Ahmed Bekkouche chef du commando de droit commun et Claudio Lavazza, un dangereux Italien de Prima Linea, recherché pour plusieurs assassinats en Italie, le chef du commando terroriste», témoigne l'ex-enquêteur de l'OCRB Dominique Tauziède.

Glasgow-Londres

L'attaque du train postal Glasgow-Londres. Le 8 août 1963, un gang de 15 personnes arrête le train postal Glasgow-Londres et s'empare d'un butin de 2,6 millions de livres sterling (l'équivalent de 68 millions de dollars actuels). Les membres du gang, dirigés par un dénommé Bruce Reynolds, sont rapidement arrêtés, mais Reynolds ainsi que Ronnie Biggs s'échappent et s'installent au Brésil. Biggs, malade, rentrera en Angleterre en 2001 à l'âge de 71 ans et sera incarcéré. L'argent ne sera jamais retrouvé. Le film Buster de David Green (en) (1988) avec Phil Collins raconte la cavale des membres du gang de Bruce Reynolds suite à l'attaque du train postal Glasgow-Londres. Le scénario du film Le Cerveau de Gérard Oury s'en inspire. Le film Le Pacha de Georges Lautner l'évoque.

Nice

Le 18 juillet 1976, on découvre qu'un gang a pénétré dans la salle des coffres de la Société générale de Nice en passant par les égouts et un tunnel de 8 mètres de long, entièrement creusé à la main pendant près de trois mois. Comme l’agence bancaire n’était pas équipée d’un système d’alarme, le gang a réussi à fracturer 371 coffres et s'est emparé d'un butin estimé à 50 millions de francs (29 millions d'euros, en valeur 2009) [2].

En octobre 1976, la police arrête un certain Albert Spaggiari, un photographe qui finit par avouer être le cerveau du groupe d'une douzaine d'hommes. En mars 1977, il parvient à s'échapper du palais de justice en sautant par la fenêtre du bureau du juge et disparaît en Amérique du Sud, puis revient plus tard en France, pour mourir à Belluno en Italie d'un cancer, en 1989.

Le butin ne sera jamais retrouvé.

En août 2010, 34 ans après les faits, de nombreuses révélations, suffisamment précises pour être fiables, sont apportées sur la préparation du casse, dans un livre écrit par celui qui se présente, sous un pseudo, comme l’organisateur réel. Spaggiari n’aurait fait que lui apporter l’affaire et, pour pouvoir toucher sa part de 10 % du butin, aurait accepté de travailler réellement pendant tout le weekend du casse[3],[4].

Genève

Le dimanche 25 mars 1990, 31.4 millions de francs suisses - soit 220 kg de billets - ont été volés à l'Union des banques suisses (UBS) de Genève. Le butin n'a jamais été retrouvé.

Le gang corse de la « Brise de mer » a été accusé de ce forfait et quatre de ses membres emprisonnés : André Benedetti, Alexandre Chevrière et les frères Joël et Jacques Patacchini. L'enquête montre qu'ils ont disposé de complicités à l'intérieur de la banque.

Zürich

Le « casse postal du siècle » a eu lieu en Suisse le premier septembre 1997, lorsque cinq hommes s'introduisent dans la poste de Fraümunster à Zurich et dérobent 53 millions de francs suisses[5]. Quelques semaines plus tard, ils seront arrêtés par la police, mais la moitié du butin reste, en 2010, introuvable. Les malfaiteurs s'étaient déguisés en postiers : en arrivant à bord d'une camionnette des services postaux, ils dégainèrent et tinrent en respect les employés. Après avoir chargé les caisses remplies d'argent, ils s'enfuirent à bord de la camionnette.

Quelques minutes après le casse, la police arrivait sur les lieux, et retrouvait sur le trottoir face à la poste une dizaine de sacs remplis de billets. Les malfaiteurs expliqueront plus tard que la camionnette était trop petite pour contenir tous les sacs de billets[5].

Anvers

Le 15 février 2003, 123 des 189 coffres du Centre anversois du diamant, un établissement réputé pour ses mesures de sécurité, ont été vidés de leur contenu. Une seule personne sera interpelée dans la foulée : le leader du groupe de cambrioleurs, M. Notarbartolo. Certains de ses complices, selon certains médias, ont été arrêtés en 2007, mais la plupart n'ont pas été identifiés.

Belfast

Le 20 décembre 2005, des malfaiteurs s'emparent dans les coffres de la Northern Bank à Belfast, plus de 36 millions d'euros en billets. Les cambrioleurs, visiblement très organisés, avaient pris en otages pendant deux jours les familles de deux employés de la banque, afin que les deux hommes leur ouvrent le coffre-fort, vidé de son contenu en quelques heures dans une camionnette. La police et plusieurs hommes politiques d'Irlande du Nord et de la République d'Irlande ont accusé la Provisional IRA, déclenchant une crise dans le processus de paix.

Tonbridge

La Banque d'Angleterre a passé plusieurs jours, et 2 nuits, à compter le butin de ces bandits encore mystérieux. Dans la nuit du 21 au 22 février 2006, presque 80 millions d'euros ont disparu du dépôt de la Banque d'Angleterre. Les braqueurs, pas encore identifiés, ont fait preuve de beaucoup d'organisation. C'est le 21 février dans la soirée qu'ils sont passés à l'action. Le directeur du dépôt de Tonbridge rentre après une journée de travail mais une voiture de police l'interpelle. Sauf que les quatre occupants du véhicule menottent le fonctionnaire et lui mettent une cagoule. Leurs camarades sont déjà devant la maison du directeur et enlèvent sa famille. Tandis qu'une des deux équipes de malfaiteurs « garde au frais » la famille du directeur, lui est sequestré, et il est contraint d'ouvrir les grilles de son dépôt avant le petit matin. L'équipe, armée jusqu'aux dents, réussit à pénétrer dans le dépôt, malgré la présence d'une douzaine de gardiens. Ils sont tous neutralisés et séquestrés dans un coin du dépôt. Pendant ce temps, les braqueurs remplissent leur camion de billets de banque. L'opération aura duré en tout une heure, et les malfaiteurs s'envolent. Quelques heures plus tard, les employés réussissent à se libérer et à donner l'alerte. Déjà surnommé le « casse de la Securitas » (du nom de la firme qui assure la sécurité des dépôts de la Banque d'Angleterre). Pour plus de détails, voir [2]. Pour une chronologie des évènements, voir (en) [3].

Zurich

Le 10 février 2008, 4 peintures de Cézanne, Van Gogh, Degas et Monet sont dérobées dans le musée de la Fondation Collection E.G. Bührle de Zurich lors d'un vol à main armée. La valeur totale des 4 tableaux est estimée à 115 millions d'euros[6].

Paris

85 millions d'euros dérobés chez le joaillier parisien Harry Winston.

Le 5 décembre 2008, quatre individus armés, dont trois étaient déguisés en femme, ont fait irruption, peu après 17 h 30, dans la boutique de l'avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement de Paris. Selon le Parquet, ils étaient visiblement très bien renseignés puisqu'ils connaissaient les noms de certains employés présents et les caches discrètes où étaient déposés des bijoux qui n'étaient pas exposés. Ils ont exhibé des armes et menacé la quinzaine d'employés et de clients présents. Ces derniers ont ensuite été répartis "sans ménagement" dans un coin de la bijouterie et des employés ont été frappés. Les braqueurs - parlant apparemment français, selon certains témoins - ont alors rassemblé et mis dans les sacs, en un temps record, les bijoux. Ils "connaissaient apparemment les lieux", affirme une source policière. La petite bande a ensuite pris la fuite, sans tirer un seul coup de feu

Lyon

Le 5 novembre 2009, un convoyeur de fonds, Toni Musulin, détourne 11,6 millions d'euros à bord de son fourgon, à Lyon. Il a faussé compagnie à ses collègues après un important chargement à la Banque de France. Le fourgon est rapidement retrouvé vide par la Police, qui découvre également à proximité environ 9 millions d'Euros dans un garage loué sous une fausse identité par le convoyeur lyonnais. L'homme se rendra peu après à la police de la Principauté de Monaco.

Paris

Le 20 mai 2010, 5 tableaux sont volés au Musée d'art moderne de la Ville de Paris. Les œuvres Le Pigeon aux petits pois de Picasso, La Pastorale de Matisse, L'Olivier près de l'Estaque de Braque, La Femme à l'éventail de Modigliani et Nature morte aux chandeliers de Léger ont une valeur cumulée estimée de 100 millions d'euros. Le vol a été constaté jeudi 20 mai vers 6 h 50, avant l'ouverture des portes de l'établissement situé dans le 16e arrondissement de Paris. Les responsables du musée ont constaté qu'une vitre avait été brisée et un cadenas cisaillé[7].

Autres vols célèbres

En 1911, le tableau La Joconde est volé au Musée du Louvre. A la suite d'un battage médiatique, une forte somme fut proposée pour obtenir la restitution. Les soupçons portèrent au départ sur Guillaume Apollinaire et Pablo Picasso, alors que le responsable était un vitrier qui avait travaillé au Louvre.
  • Vol d'un camion de Securicor, au Canada :
En septembre 2005, plusieurs voleurs armés s'emparent du camion d'une société spécialisée dans le transport de biens précieux. Le montant officiellement déclaré est de 35 millions de dollars CA, mais d'autres réclamations seraient en traitement en décembre 2005. Il s'agit du plus important vol connu de l'histoire du Canada.

Notes et références

  1. www.insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=29&page=achatfranc.htm
  2. www.insee.fr/fr/themes/indicateur.asp?id=29&page=achatfranc.htm
  3. Amigo, La vérité sur le casse de Nice, éditions Les Petits matins, 19 août 2010
  4. Le Nouvel Observateur, N°2389
  5. a et b Zurich : un hold up de 210 millions de francs - l'Humanite
  6. Harry Bellet et Agathe Duparc, « Cézanne, Degas, Monet, Van Gogh : spectaculaire vol de tableaux en Suisse », Le Monde.fr, 12 février 2008
  7. [1], Le Monde.fr, 20 mai 2010

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Casse du siècle de Wikipédia en français (auteurs)

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