Registres paroissiaux et d'état civil à Paris

Registres paroissiaux et d'état civil à Paris

L'état civil de Paris et plus généralement l'ensemble des Archives de Paris ont été profondément marqués par la destruction presque totale, lors des incendies de mai 1871 pendant la Commune de Paris, des registres paroissiaux du XVIe siècle à 1792 et des registres d'état civil de 1793 à 1859. Cette perte irréparable rend souvent difficile et lacunaire la recherche historique et généalogique à Paris.

Sommaire

Les registres paroissiaux à Paris

Le plus ancien registre paroissial connu à Paris est un registre des mariages de la paroisse Saint-Jean-en-Grève qui commence en avril 1515. Le premier registre de baptêmes parisiens apparaît en 1525 pour les paroisses Saint-André-des-Arts et Saint-Jacques-de-la-Boucherie. Enfin, les premiers registres des sépultures datent de 1527 pour les paroisses Saint-Josse et Saint-Landry[1].

En 1539, le roi de France François Ier promulgue l’Ordonnance de Villers-Cotterêts, qui demande aux curés de l’ensemble des paroisses de France de tenir, en langue française, un registre de tous les baptêmes célébrés dans les églises du pays. Avant cette ordonnance royale, 15 paroisses parisiennes tiennent déjà des registres de baptêmes, 3 paroisses des registres de mariages et une paroisse des registres de décès.

En 1579, l'ordonnance de Blois étend à tout le pays l'obligation de tenue des registres pour les mariages et les sépultures. Le Code Louis, avec l'Ordonnance de Saint-Germain-en-Laye d’avril 1667, impose la tenue de ces registres en double exemplaire, le premier (la minute) restant dans la paroisse et le double (la grosse) étant transmis au greffe du tribunal. À Paris, c'est le greffe du Châtelet qui accueille le deuxième exemplaire.

La Révolution française et la création de l'état civil parisien

Pendant la Révolution française, le décret du 20 septembre 1792 crée l'état civil contemporain en confiant aux maires le soin de rédiger en double exemplaire à partir du 1er janvier 1793 les actes de naissance, de mariage et de décès. Ce même décret impose à toutes les paroisses catholiques de France de déposer en mairie tous les anciens registres paroissiaux, depuis l'origine. Dans la capitale, ces registres sont déposés dans les mairies des 12 arrondissements que comptait Paris à cette époque. Les doubles sont déposés au Palais de justice de l'île de la Cité.

Après avoir perdu en 1792 leur rôle dans l’état civil, les prêtres catholiques continuent toutefois de tenir leurs registres de baptêmes, mariages et sépultures pour leurs églises. On appelle alors ces cahiers des registres de catholicité et ils sont, eux, conservés à partir de 1793 dans chaque paroisse parisienne.

La réforme territoriale parisienne de 1860

Par le décret du 16 février 1859 et la loi du 16 juin 1859, l’Empereur Napoléon III décide d'agrandir le territoire municipal de Paris. Le 1er janvier 1860, la ville passe alors de 12 arrondissements à 20 arrondissements en annexant en partie ou entièrement des communes de la proche banlieue. Les communes entièrement annexées sont Auteuil, Passy, Batignolles-Monceau, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard et Grenelle. Les communes partiellement annexées sont Neuilly-sur-Seine, Clichy-la-Garenne, Saint-Ouen, Aubervilliers, Pantin, Le Pré-Saint-Gervais, Bagnolet, Saint-Mandé, Ivry-sur-Seine, Gentilly, Vanves, Montrouge et Issy-les-Moulineaux.

Comme les 20 arrondissements créés sont totalement différents des 12 anciens, l’ensemble des registres paroissiaux antérieurs à 1792 et les registres d’état civil pour la période 1793-1860 sont alors placés à l’Hôtel de Ville de Paris, tandis que les doubles sont entreposés au Palais de justice de l'île de la Cité (y compris pour les communes entièrement annexées). Les communes annexées partiellement gardent par contre tous leurs registres.

Les incendies de la Commune de Paris de 1871 et la destruction des archives parisiennes

Pendant la Commune de Paris, le 23 mai 1871, les communards incendient volontairement de nombreux bâtiments publics dont l’Hôtel de Ville de Paris : le premier exemplaire de l'état civil et des registres paroissiaux est alors anéanti en quelques heures. Le lendemain, 24 mai 1871, ils incendient le Palais de justice : le deuxième exemplaire de l'état civil et des registres paroissiaux disparaît à son tour.

Pendant ces terribles journées, de nombreux autres bâtiments parisiens sont incendiés : le palais des Tuileries, la bibliothèque du Louvre, le Palais-Royal, le Palais d'Orsay avec la Cour des comptes, la Préfecture de police, le ministère des finances situé dans le Palais des Finances, le Palais de la Légion d'Honneur (entraînant la disparition de nombreux dossiers de titulaires de la Légion d'honneur), la maison de Prosper Mérimée rue de Lille (anéantissant une partie de ses livres et toute sa correspondance), les Magasins généraux et la Gare de Lyon. Étaient également prêtes à brûler : la Sainte-Chapelle (déjà recouverte de pétrole), la cathédrale Notre-Dame (l'incendie est éteint par les internes de l'Hôtel-Dieu), la bibliothèque de l'Arsenal et même les Archives nationales (mais au dernier moment, le communard chargé d'allumer le feu refuse d'exécuter les ordres)[2].

Avant la destruction de l'Hôtel de Ville de Paris et du Palais de justice, les Archives de Paris disposaient de 5.000 registres paroissiaux antérieurs à 1792 (Ancien Régime) et 7.500 registres d'état civil pour la période 1792-1859. L'ensemble des pertes représente plus de huit millions de documents, toute la mémoire de la population parisienne depuis le XVIe siècle est anéantie avec les plus grands moments de l’histoire de France et notamment les naissances, baptêmes, mariages, décès et sépultures des plus grandes personnalités du pays. Seuls une cinquantaine de registres paroissiaux ont pu être sauvés, en particulier ceux de la Paroisse Saint-Eustache pour la période 1529-1748 et aussi quelques registres d'état civil. En outre, l’ensemble des communes de la banlieue parisienne, y compris celles se trouvant dans l’ancien département de la Seine (sauf les communes totalement annexées en 1860), ne sont heureusement pas concernées par l'incendie de 1871, et disposent de tous leurs registres depuis l’origine.

La reconstitution partielle de l'état civil antérieur à 1860

Suite à ce désastre parisien irréparable, une commission est créée par la loi du 12 février 1872 et elle est chargée de la reconstitution de l’état civil parisien antérieur à 1860. Ce travail s'effectue à partir de recoupements avec des papiers de famille (faire-part notamment), actes de notaires, relevés d'actes paroissiaux et d'état civil réalisés avant 1871 par des archivistes comme Auguste Jal (pour certaines grandes personnalités notamment), mais surtout avec les registres de catholicité (1793-1860) conservés dans les paroisses et qui n'avaient pas été détruits par l'incendie de 1871.

Cette gigantesque opération de reconstitution dure jusqu’en 1897 et permet de reconstituer un peu plus de 2,6 millions d’actes, datant pour la plupart du XIXe siècle (seuls 347 000 actes ont été reconstitués pour l'Ancien Régime dont seulement 5 pour le XVIe siècle) et représentant le tiers de l'ensemble des documents détruits. Les actes de naissance sont les plus nombreux : environ 1 422 000 actes allant de 1550 à 1859, contre environ 922 000 actes de décès allant de 1568 à 1859 et 322 000 actes de mariage allant de 1630 à 1859[3]. Mais la grande majorité des données, concernant notamment les familles sans postérité, est perdue à jamais. Les actes reconstitués sont conservés aux Archives de Paris et un double au Fort de Montlignon (Val-d'Oise) (mais ce double a disparu lui aussi en raison d'un incendie en 1974).

En 1973, la Ville de Paris passe un accord avec les Archives diocésaines de l'Archevêché de Paris pour déposer aux Archives de Paris le double des registres de catholicité (baptêmes et mariages catholiques dans toutes les paroisses parisiennes de 1793 à 1899).

Paris est donc une des rares villes de France où il est très difficile de retrouver ses origines familiales quand elles sont parisiennes. Cette catastrophe de 1871 rappelle l'importance de la conservation et de la protection des archives, avec notamment aujourd'hui leurs numérisations. Les Archives de Paris ont numérisé et mis en ligne en décembre 2009 l'état civil de 1860 à 1902, et les fiches de l'état civil reconstitué antérieur à 1860.

Registres parisiens consultables actuellement

Références

  1. D'après Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de Paris, Paris, Robert-Laffont, 1996, page 859.
  2. D'après Maurice Griffe, Paris, 20 siècles d'histoire, Tableaux synoptiques de l'histoire, 2007.
  3. D'après Sur les traces de vos ancêtres à Paris, Archives de Paris, 2007, page 29.

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