Oxydation par voie humide

Oxydation par voie humide

L’oxydation par voie humide est un traitement des déchets aqueux contenant des composés organiques. Le traitement a lieu à haute température et haute pression dans des conditions sous-critiques. Ce procédé est notamment utilisé pour traiter les effluents de l'industrie chimique et les boues d'épuration. La valorisation des effluents de l'industrie du papier via la production de vanilline ainsi que la récupération de soude caustique est également possible.

Histoire

L'oxydation par voie humide a été brevetée pour la première fois en Suède en 1911 pour la destruction des effluents de l'industrie du papier[1]. Toutefois, c'est son utilisation pour la production de vanilline synthétique en 1940 qui rend le procédé connu via le procédé Zimpro[2]. Ce procédé utilisait les effluents de l'industrie du papier comme matière première. Puis en modifiant les conditions opératoires, le procédé permit également l'élimination de la liqueur noire issue de la fabrication du papier avec une récupération d'énergie et de soude caustique.

Dans les années 1960, le procédé fut appliqué aux boues d'épuration pour améliorer leur traitment[3],[4]. Cette application fut désignée sous le nom de LPO (Low Pressure Oxidation, oxydation à basse pression). Les deux décennies suivantes ont vu le développement de l'oxydation catalytique notamment pour le traitement de déchets industriels.

Les années 1990 ont conduit à l'extension de l'utilisation du procédé pour le traitement des boues d'épuration en Europe ainsi qu'à l'intégration du procédé dans la récupération de composés inorganiques dans les effluents industriels[5].

Les principaux procédés disponibles commercialement sont le procédé Zimpro, le procédé ATHOS[6], le procédé LOPROX, le procédé Ciba-Geigy, le procédé WPO et le procédé ORCAN[7],[8].

Procédé

Schéma d'une installation d'oxydation par voie humide

Le principe est le même que pour l'incinération : l'oxydation des composés, mais dans un milieu aqueux à haute température (200 à 300 °C) et haute pression (20-150 bar) en présence d'un composé oxydant (air, dioxygène, eau oxygénée, etc.) et parfois d'un catalyseur[8].

Un temps de réaction de quelques minutes à plusieurs heures peut être nécessaire pour réduire la concentration des produits organiques en fonction de leur dégradabilité. Entre 75 et 90 % de la matière organique mesurée en demande chimique en oxygène (DCO) est ainsi éliminée[8]. Les produits du traitement consistent en gaz carbonique, diazote et vapeur d'eau pour les effluents gazeux et solution aqueuse d'acide acétique, d'ammoniaque, de sulfates, de phosphates et de sels d'halogénures pour les effluents liquides. Un résidu solide est également présent constitué de sels minéraux insolubles.

Comme l'oxydation de composés organiques est exothermique, la réaction est auto-entretenue si la concentration en matière organique est suffisante et permet dans des conditions optimales de récupérer de l'énergie sous forme de vapeur.

Une amélioration du rendement peut être atteinte par l'utilisation de catalyseur notamment à base de cuivre, de fer ou de manganèse (réduction de la DCO pouvant être supérieure à 99 %). D'autres catalyseurs sont également possibles (cobalt, bismuth, platine[7]) mais ne sont pas utilisés à l'échelle industrielle.

Notes et références

  1. (en) Vedprakash S. Mishra, « Wet Air Oxidation », dans Industrial & Engineering Chemistry Research, vol. 34, no 1, janvier 1995, p. 2-48 [lien DOI (page consultée le 12 septembre 2011)] 
  2. F. J. Zimmermann, Brevet US 2399607, 1943
  3. E. W. Schoeffel, Brevet US 3060118, 1962
  4. G. H. Teletzke, Brevet US 3256179, 1966
  5. (en) C. Maugans et C. Ellis, « Wet Air Oxidation: A Review of Commercial Sub-Critical Hydrothermal Treatment », dans Twenty First Annual International Conference on Incineration and Thermal Treatment Technologies, 13-17 mai 2002 [texte intégral (page consultée le 12 septembre 2011)] 
  6. Présentation du procédé ATHOS. Consulté le 2 septembre 2011
  7. a et b (en) Suresh K. Bhargava, « Wet Oxidation and Catalytic Wet Oxidation », dans Industrial & Engineering Chemistry Research, vol. 45, no 4, 25 janvier 2006, p. 1221-1258 [lien DOI (page consultée le 2 septembre 2011)] 
  8. a, b et c (en) F. Luck, « Wet air oxidation: past, present and future », dans Catalysis Today, vol. 53, no 1, 15 octobre 1999, p. 81-91 [lien DOI (page consultée le 2 septembre 2011)] 

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Oxydation par voie humide de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • oxydation — [ ɔksidasjɔ̃ ] n. f. • oxidation 1789; de oxyder 1 ♦ Union d une substance avec l oxygène. ⇒ combustion, rouille. Oxydation et réduction sont deux phénomènes inséparables. ⇒ oxydoréduction. Matér. Oxydation anodique : procédé électrolytique de… …   Encyclopédie Universelle

  • Epernay — Épernay Épernay Vue d’ Épernay Détail Administration Pays …   Wikipédia en Français

  • Épernay — 49° 02′ 25″ N 3° 57′ 36″ E / 49.0402777778, 3.96 …   Wikipédia en Français

  • Vanilline — représentations de la molécule de vanilline G …   Wikipédia en Français

  • Boues d'épuration — Boues d épuration, stockées en silo. Les boues d’épuration (urbaines ou industrielles) sont les principaux déchets produits par une station d épuration à partir des effluents liquides. Ces sédiments résiduaires sont surtout constitués de… …   Wikipédia en Français

  • ZINC — Le zinc (symbole Zn, numéro atomique 30) est un élément chimique métallique blanc bleuâtre appartenant au sous groupe II b de la classification périodique. Quoiqu’il soit de grande consommation et que ses applications se rencontrent dans la vie… …   Encyclopédie Universelle

  • CADMIUM — Le cadmium est un métal blanc argent, légèrement bleuté. Il est très malléable et ductile. Son abondance dans la lithosphère est estimée à 0,15 g/t, c’est donc un métal relativement rare. Il n’existe pas de minerais de cadmium en quantités… …   Encyclopédie Universelle

  • SIDÉRURGIE — L’évolution de la sidérurgie dans les cent dernières années a été marquée par un accroissement considérable de la production d’acier brut: elle est passée, entre 1900 et 1993, de 35 à 725,3 millions de tonnes après un maximum de 785,1 millions de …   Encyclopédie Universelle

  • POLLUTION — Bien que d’usage banal à l’heure actuelle, le terme de pollution recouvre des acceptions fort diverses et qualifie une multitude d’actions qui dégradent d’une façon ou d’une autre le milieu naturel. Certes, le vocable désigne sans ambiguïté les… …   Encyclopédie Universelle

  • RUBÉFACTION ET SOLS RUBÉFIÉS — La couleur rouge est très répandue dans les sols, où elle peut varier du rouge vif au brun rouge. Elle caractérise divers sols, des régions tempérées aux régions tropicales, mais plus particulièrement deux grandes classes: les sols ferrallitiques …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”