Objet (psychanalyse)

Objet (psychanalyse)

Dans la théorie psychanalytique l'objet est un concept polysémique qui est envisagé de manière très différente dans les théories de Sigmund Freud, celles de Mélanie Klein, de Donald Winnicott, de Wilfred Bion et chez les théoriciens de la relation d'objet. C'est ce qui oriente l'existence de l'être humain en temps que sujet désirant. En allemand : Ding, Gegenstand, En anglais : Object.

Sommaire

Objet total

C'est ce que Freud considérait comme l'aboutissement de l'évolution psychosexuelle où l'enfant passe de la "relation" d'objet primaire, à la relation d'objet partielle (prégénitale). L'objet total implique la reconnaissance et l'intégration de la double différence des sexes et des générations. Notons que jusqu'en 1914 la théorie du narcissisme n'était pas encore élaborée et que c'est dès lors qu'il a distingué la "libido d'objet" de la "libido narcissique". Pour les kleiniens, l'objet total est associé à la position dépressive. Il est l'objet d'amour appréhendé comme totalité, par opposition avec l'objet partiel, également théorisé par Klein. L'objet total est composé et peut revêtir simultanément des caractéristiques différentes voire opposées; par définition il diffère de l'objet partiel en cela que ce dernier est profondément clivé : soit bon, soit mauvais.

Objet partiel

L'objet partiel n'a pas été désigné par Freud en tant que tel mais ressort de ses écrits comme une relation avec un objet quasi identifié à une partie du corps, pénis, fèces, regard, etc. C'est comme si une personne était identifiée à l'une de ses parties (pars pro toto) ou encore à l'objet d'une pulsion partielle. Dans les théories sexuelles infantiles, Freud présume que le pénis et les fèces sont investis libidinalement par l'enfant et symboliquement liés au désir d'enfant, même s'il n'utilise pas le terme d'objet partiel.


Le terme a été introduit dans la théorie psychanalytique par les kleiniens, suivant une voie ouverte par Freud et Karl Abraham, et désigne donc l'objet investi par le bébé, le prototype en est le sein (nourricier ou privateur). Le bébé de la position schizo-paranoïde perçoit un monde morcelé, où la frontière dedans/dehors n'est pas délimitée : le sein, premier objet d'amour, est alors vécu (par la dynamique projection/introjection) tour à tour comme bon ou mauvais, selon qu'il satisfait ou frustre les désirs du nourrisson. Le sein est fantasmatiquement investi par le bébé, qui lui attribue des qualités semblables à celles de l'objet total : gratifiant, persécuteur, etc. Le passage de l'objet partiel à l'objet total se réalise lors de la position dépressive. Toutefois, l'objet partiel n'est jamais abandonné avec la maturation psychique, mais plutôt recouvert par l'objet total, tout en continuant à être investi : une personne peut s'identifier ou en identifier une autre à un objet partiel, tel que le phallus par exemple.

Choix d'objet

L'expression de choix d'objet implique que la libido investisse un objet ; mais il ne s'agit pas d'un choix au sens de libre-arbitre. Le sujet ne choisit pas d'investir un objet.
Il s'agit donc d'un terme équivalent de celui d' investissement libidinal. Le sujet se tourne vers un objet qui deviendra caractéristique de la pulsion.

Freud décrit deux types de choix d'objets :

  • le choix d'objet par étayage
  • le choix d'objet narcissique

Dans le choix d'objet par étayage, le sujet recherche l'objet qui le comble, sur le mode des soins que donne la mère. C'est l'objet qui comble, qui gratifie.
Le choix d'objet narcissique est l'investissement d'un semblable. Le sujet investit un objet qui lui ressemble, soit ce que je suis, soit ce que je veux devenir (mais alors l'idéal entre en jeu), soit ce que j'ai été.

Dans la métapsychologie freudienne

Dans la métapsychologie, l'objet est lié à la pulsion: l'objet est ce en quoi et par quoi la pulsion peut atteindre son but. A l'origine il ne lui pas lié, mais lui est adjoint comme moyen particulièrement apte à rendre satisfaction. Le terme évolue à travers toute l'œuvre de Freud, de l'Esquisse à ses dernières écrits. Dans la première topique, c'est l'organisation pulsionnelle qui prime dans les théorisations. Même si Freud a alors parlé d'état objectal ou plus tard de narcissisme primaire, il a toujours évoqué la nécessité de la rencontre entre un besoin (plus tard un désir) et un objet qui puisse le satisfaire, cet "objet" est alors identifié à "la mère ou a son substitut". On ne peut par contre pas confondre la notion d'objet dans la métapsychologie avec celle qu'on trouve plus tard chez les théoriciens de la relation d'objet, Michael Balint, William R D Fairbairn, Donald Winnicott et dans une certaine mesure Anna Freud qui insisteront tous mais chacun à leur manière sur la réalité de l'objet en mettant l'accent sur le lien réel de l'enfant à sa mère.

Dans la théorie kleinnienne

La théorie se structure sur deux concepts la position schizo-paranoîde qui combat toute perte et la position dépressive qui prend acte de le perte de l'objet pour atteindre un nouvel équilibre libidinal. L'impossibilité de faire ce travail psychique de distanciation avec l'objet conduit pour M Klein à la psychose. Le film Psychose d'Hitchcock est un bon exemple de la théorie kleinnienne de l'origine des psychoses. Dans l'ontogenèse de la psyché l'enfant cet imaginaire se développe entre trois et dix mois. De ce fait, la thérapie pour M Klein doit fonctionner avec la participation de tous les acteurs de la triade familiale. Ces deux positions font référence à tout travail de deuil et de réparation, consécutive à deux objets partiels mais primordiaux dans la psyché de l' infans le sein et le pénis. ces deux objets entre en jeu dans la scène inconsciente que M Klein nomme la scène maternelle. Tout objet qui répond au besoin (le sein maternel) est à fois objet d'amour et dans le même temps objet de haine. Car l'objet étranger (l'autre , la mère) qui apporte le plaisir perturbe l'homéostasie du moi . C'est de cette manière que le sein est à la fois le bon et le mauvais objet. Anna Freud critique la position Kleinnienne sur ses conceptions de l'objet et sur la participation des parents à la thérapie. Pour Anna Freud le transfert avec un enfant directement est possible, la présence des parents est donc pour A freud parfaitement inutile.

Dans les théories de la relation d'objet"

voir théories de la relation d'objet

Lacan : Désir besoin demande

Lacan a théorisé l'objet a. ( voir Objet a ) L'objet a n'est pas un objet réel. Il peut être identifié que sous la forme d'éclat partiel du corps, réductibles à quatre entités (donc susceptible d'un investissement libidinal) : l'objet de la succion le sein, l'objet de l'excrétion (les fèces), la voix, le regard


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Bibliographie



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