Le Mannequin d'osier

Le Mannequin d'osier

Anatole France : Le mannequin d'osier

Le mannequin d'Osier est un livre d'Anatole France publié en 1898. Il constitue le second livre de l'Histoire contemporaine. Son action se passe en 1897-1898.

Résumé

Ce livre, qui est la suite de l'Orme du mail, met l'accent sur la vie privée de M Bergeret, vie privée qui va connaître un grand bouleversement avec la découverte de la trahison de sa femme avec son meilleur élève, M Roux. En conformité avec son caractère, M Bergeret décide alors de ne plus adresser la parole à sa femme. Il la soumet ainsi à une torture morale lente mais irrésistible qui portera ses fruits car celle-ci décidera de quitter le domicile conjugal à la fin du roman.

M Bergeret l'insignifiant, le mal aimé connaît ainsi sa revanche, cependant il souffre lui aussi, principalement dans son orgueil. Il cherche sa consolation dans les livres et les idées, ce qui aura des conséquences dans ses pensées et sa conversation où il tiendra des propos amers sur la vie, qui n'est que souffrance, et ses contemporains comparables à des chimpanzés. Anatole France (qui se projette sans doute dans ce personnage) a essayé de décrire les subtils changements d'attitude d'une personne vivant habituellement en observateur de ses semblables et qui se retrouve frappé de plein fouet par un revers de la vie.

En écho à cette avanie, l'abbé Lantaigne va perdre toute chance d'obtenir l'évêché de Tourcoing. Le séminaire qu'il dirige est en effet criblé de dettes. Bergeret et Lantaigne se fréquentent et s'apprécient car ce sont tous deux des intellectuels et de plus leurs épreuves présentent des similitudes. Mais leur amertume s'exprime en fonction du système moral et idéologique de chacun.

Parallèlement à ces deux sujets, le livre continue la peinture humoristique de la société bourgeoise de cette fin de dix-neuvième siècle, peinture que l'Orme du mail avait initiée. Pour ce faire Anatole France met en jeu des personnages secondaires auxquels il prête des propos reflétant les préoccupations de l'époque. Ces personnages sont présentés sous leurs aspects les plus ridicules. Il se sert également de M Bergeret, qui est également ridicule à sa façon, mais il semble que ce soit pour exprimer ses propres idées, idées qu'il présente sous le masque de l'ironie.

Parmi les thèmes abordés, il y a d'abord le contexte historique de la guerre entre Turc et Grecs, guerre qui fait rage et qui se soldera par des massacres du côté grecs, suite à l'abandon des occidentaux.On discute également de l'armée et du pouvoir des tribunaux militaires, des efforts d'armement des nations, des conditions carcérales, de la peine de mort, de la physiognomonie (science en vogue au dix-neuvième siècle voulant mettre en rapport les traits du visage avec le comportement), de l'existence des écoles privés religieuses, du clergé et de son pouvoir, de l'anticléricalisme, de l'idée qu'on se fait de Dieu, de la corruption des dirigeants et des élites. Enfin, en toile de fond le souvenir de la défaite de 1870 est toujours présent.

Le livre utilise souvent la technique du dialogue à la façon de Platon où un personnage (le naïf) pose un problème à une autre personne, dans la plupart des cas M Bergeret, lequel s'empare de la parole pour débiter un long discours idéologique, certes comique, mais qui , de façon voulue ou non, ralentit l'action.

Résumé chapitre par chapitre

1 – On découvre M Bergeret dans son intimité. Latiniste, il prépare son cours sur le huitième livre de l'Enéïde. Son cabinet de travail est exigu et mal éclairé. De plus Mme Bergeret y laisse trôner son mannequin d'osier, qui lui sert à assembler les robes qu'elle taille elle-même.

Il reçoit la visite de M Roux, son meilleur élève, qui effectue actuellement son service militaire. Etant de nature robuste, ce beau garçon réussit bien au régiment. Ils s'entretiennent de l'art militaire et de la vie de caserne. Dans cette conversation M Bergeret cultive l'art du paradoxe et de l'ironie. Il affirme par exemple que les militaires font des conquêtes qu'ils perdent aussitôt (exemple les armées françaises), donc les romains qui ont fait des conquêtes durables devaient être de piètres militaires. Autre exemple, s'il y a bien quelques héros, il n'y a en revanche pas d'armées de héros : l'héroïsme d'une armée est dictée par la peur du tribunal militaire, le succès des armées de l'an deux venant essentiellement de la peur que ces soldats avaient d'être fusillés s'ils fuyaient devant l'ennemi.

M Roux n'est pas mal non plus dans son genre, car bien que lettré et professant des idées progressistes, il évoque devant Bergeret le plaisir qu'il a à tirer sur ... tout ce qui bouge. Plus tard, évoquant un camarade humilié par un supérieur, Bergeret fait l'éloge de cette action qui ne peut que stimuler l'émulation des troupes en leur donnant le désir de monter en grade pour échapper à ces humiliations. Mme Bergeret paraît et, fort aimable, retient M Roux à déjeuner, ce qui étonne M Bergeret.

M Roux évoque la vie de jeunes paysans qu'il a connu et qui étaient comme déracinés au régiment. Ils arrivent à peine à retenir le nom de leur Colonel pourtant simple (Dupont). Il parle ensuite de son capitaine qui est un être exquis et cultivé se faisant une idée mystique de l'armée (!).

Arrive ensuite un jeune homme : le commandeur Aspertini, de Naples qui entretient avec M Bergeret une "docte correspondance" à la manière des humanistes et philosophes du XVI et XVII siècle. On parle des efforts actuels d'armements. Bergeret soutient la thèse paradoxale que la paix intérieure est plus aisée à maintenir dans une nation armée, car les forces vives ont su être canalisées vers le service et la protection de la patrie. Aspertini, avec l'approbation de Bergeret, défend un autre point paradoxal : la défaite peut être plus glorieuse que la victoire, c'est juste une question de présentation. Le tout est de ne pas attendre la fin et l'anéantissement total de l'armée; ainsi on a de surcroît quelque chose à négocier. La conversation se poursuit alors qu'Euphémie, la servante cause catastrophes sur catastrophes à la cuisine. A la fin elle se dispute avec Madame et vient se plaindre à M Bergeret, disant qu'elle veut partir et lui réclame ses gages.

2 – M l'abbé Guitrel se rend à Paris. Il en profite pour rendre visite à son ami l'abbé Le Génil qui veut lui faire avouer que, pour sa candidature à l'évêché, il est venu prendre des cours de déclamation.

En fait il se rend au théâtre voir Andromaque. Il se déguise mais son accoutrement est ridicule. Pendant la pièce, il boit littéralement des yeux les expressions des acteurs afin de s'en inspirer. A la sortie il est retenu par une prostituée qui le relâche assez rapidement , ayant deviné l'homme d'Eglise sous le vêtement civil.

3 – En méditant sur l'Enéïde, M Bergeret se promène dans la campagne toute proche. Il y rencontre le vieillard Pied d'Alouette qui lui dit avoir fait injustement 6 mois de prisons dans l'affaire du meurtre de la mère Houssieu (voir l'Orme du Mail). En prison ils lui ont pris son couteau, qui lui manque beaucoup. Bergeret lui demande pourquoi il va si souvent en prison. Il répond :

"Je ne fais pas les choses mauvaises, alors je suis puni pour les autres".

A la fin il découvre que l'idéal de Pied d'Alouette est de vivre "sous un toit, au coin d'une cheminée et dans un lit de plume", ce en quoi il déçoit beaucoup Bergeret.

4 – C'est le premier janvier. M Bergeret s'apprête à rendre visite au doyen M Torquet. C'est un moment difficile car il le tient pour un rustre. Dans la rue il rencontre M Compagnon, professeur de mathématiques. Il dit avoir confondue la voyante Deniseau (voir l'Orme du mail) par une question piège : la où d'autres posent des questions sur l'avenir du monde, il a demandé quelle était la valeur du logarithme de neuf. Sainte Radegonde ne connaît même pas le logarithme de neuf ! Ils rencontrent alors M Roux qui, prié par M Bergeret, récite un poème de sa composition, lequel poème est presque comique tant il est ahurissant par ses images et son langage. Prudent, "de peur d'offenser la beauté inconnue", M Bergeret félicite M Roux.

5 – En sortant de chez M le doyen, Bergeret croise Mme de Gromance, qu'il contemple comme un bel objet offert à la vue du public. Elle le toise alors, il rougit et se dit qu'il a bien eu tort de la regarder ainsi. Survient M Mazure qui commence à dénigrer Mme de Gromance puis tous les notables de la ville. En tant qu'archiviste, il est en effet en possession de nombreux secrets.

Bergeret voulait se rendre à la librairie Paillot, mais celle-ci est fermée. Il rentre donc une heure plus tôt que prévue et surprend sa femme enlacée avec M Roux, dans une attitude qui ne laisse aucun doute sur leurs relations. Puis comme par miracle, le couple se défait et reprend une attitude normale, alors que la vision de la scène reste imprimée dans l'esprit de M Bergeret.

6 – M Bergeret est alors pris de pensées de meurtre. Ne sachant que faire, il saisit le Bulletin de la Faculté sur le buffet et sort de la pièce. Il n'aime pas sa femme mais sa trahison le blesse profondément; et la trahison de M Roux encore plus. Il pense aussi à ses filles en vacances à Arcachon. Tout en lisant un traité d'étymologie il rumine des pensées noires et ce qu'il lit se mélange à ce qu'il pense tout haut. Il se venge sur le mannequin d'osier qu'il jette par la fenêtre. Enfin il sort et contemple un graffito le dessinant avec une paire de corne. Il pense que cette situation doit durer depuis longtemps. Meurtri et humilié, il se rend chez M Piédagnel le savetier et se commande des chaussures en précisant qu'il a le pied très cambré. M Piédagnel donne des nouvelles de son fils Firmin, renvoyé du séminaire parce qu'il n'avait pas la vocation (voir l'Orme du mail), qui est actuellement répétiteur à Paris. M Piédagnel, qui est veuf, se plaint de la solitude et de l'absence de sa femme. M Bergeret lui dit qu'il a de la chance de ne plus avoir de femme et de ne rien changer à sa situation. Il se rend enfin chez le libraire Paillot où en lisant son livre fétiche il arrive à se calmer : je suis libre moralement se dit-il.

7 – Pendant ce temps, les deux amants sont bien ennuyés et cherchent d'abord en faisant une reconstitution à se convaincre que Bergeret n'a rien vu. Mais c'est l'évidence qu'il a tout vu. M Roux s'en va. Madame Bergeret reste et rumine ses pensées. Ce qui lui arrive est injuste, après tout, elle n'a trompé que 3 fois son mari et elle considère cela comme un dû. Plus le temps passe, plus elle a soif d'une explication. Elle a eu tort d'accord et après ? Mais M Bergeret rentre sans lui adresser la parole et fait installer un lit de fer dans son bureau.

8 - M L'abbé Guitrel reçoit à déjeuner le curé de Saint-Exupère, M. l'archiprètre Laprune. On y découvre la servante du curé qui est loin d'être séduisante et avec laquelle M l'abbé Guitrel ne peut pas vivre les aventures érotiques qu'on lui prète. Au cours du repas, M Laprune a une réfléxion qui fait sursauter l'abbé Guitrel, il lui dit qu'il a à son avis l'étoffe d'un évèque... tout comme l'abbé Lantaigne. Il apprend ainsi que celui-ci est en très bonne place dans la course à l'évéché, grâce à l'appui du général Cartier de Chalmot . Dans la rue plus tard Guitrel se demande comment se débarasser de ce rival. Il passe devant la boutique du boucher Lafolie (description de la boucherie comme de l'antre d'un lion) et il se souvient alors des dettes du séminaires envers cet établissement. Il est alors rassuré car il se dit qu'à cause de ces dettes, l'abbé Lantaigne ne pourra jamais être évèque.

9 – M Bergeret trouve une certaine consolation dans des contes libertins, du style de ceux de Pétrone. Il voit alors les agissements de ses semblables comme ceux de chimpanzés, ce qui lui permet de prendre de la hauteur par rapport à sa peine.

Il décide de ne plus adresser la parole à Mme Bergeret. Cette indifférence touche Mme Bergeret. Celle-ci aurait préféré des cris et même d'être battue. Elle se venge en laissant entendre chez Mme Leterrier la femme du recteur, et en présence de Mme Compagnon que son époux la maltraite. Dans la rue les graffitis décrivant l'infortune de M Bergeret foisonnent. Celui-ci a le courage et l'humour d'essayer d'en faire un classement mental.

10 – Le préfet Worms-Clavelin a invité a déjeuné son vieux camarade, Georges Frémont, inspecteur des beaux-arts en tournée dans le département. On décrit le passé de cet homme, vexé de n'avoir pu combattre en 70, rangé du côté de la commune. Cependant au Louvres, entre les Versaillais qui avancent et les fédérés qui veulent incendier la galerie d'Apollon, il choisit de sauver les œuvres d'art, dans des circonstances qui lui valurent l'inimitié des deux parties. Condamnés à mort par les fédérés, il fut libérés par son peloton d'exécution et s'enfuit avec eux, ce qui lui valut d'être également recherché par les Versaillais. Il se réfugia en Angleterre et revint sous le gouvernement Gambetta quand l'armistice fut signée. Il reste très idéaliste ce qui l'oppose à Worms-Clavelin, plus prosaïque et opportuniste.

11 – Dans la boutique de Paillot, on discute de l'exécution de Lecœur, garçon boucher, assassin de Mme Houssieu (voir l'Orme du Mail). Celui-ci est un modèle de repentir volontiers exhibé. M Ossain-Colot directeur de la prison en est très fier; son établissement d'ailleurs est exemplaire par l'état sanitaire et moral de ses pensionnaires. M de Terremondre relate alors sa visite d'une prison au Maroc où l'état sanitaire et la nourriture sont épouvantables, où la promiscuité règne et où les détenus mendient par les grilles des fenêtres de la prison pour survivre. M Bergeret souligne alors que nous faisons montre d'une cruauté plus grande encore chez nous en isolant les prisonniers. Il conclut que, sous tous les régimes, les malheureux ont été torturés en prison que ce soit par sentiment de haine et de vengeance ou par philantropie dans le propre intérêt de leurs mœurs.

Le docteur Fornerol avance la théorie physiognomoniste que l'assassin présente des traits caractéristiques, par exemple sa denture est anormale. Pour le contredire, Bergeret cite le cas de la sœur de Mithridate qui avait une double rangée de dents et qui accepta de se faire étrangler plutôt que de tomber entre les mains des romains : preuve qu'on peut avoir une denture anormale et être héroïque.

Le docteur continue et parle des tatouages obscènes qui couvrent le corps du malheureux Lecœur. De Terremondre lui cite alors le cas d'un ami à lui, fort honnête, dont le corps est également tout tatoué.

Arrive M de Frémont qui parle alors du thème de la visite des prisonniers dans l'art pictural. On lui désigne Mme de Gromance et il discoure sur ce qu'on appelle le port aristocratique des dames, qui n'est nullement l'apanage de la noblesse, puisque les danseuses semblent le maîtriser. On parle ensuite du préjugé selon lequel la "race" s'étiolerait. C'est le contraire, dit M de Frémont, témoins les armures minuscules des chevaliers du moyen-age.

On parle ensuite de la peine de mort. M Bergeret est contre. Les pays l'ayant abolie n'ont pas vu le nombre de leurs criminels augmenter; on exécute maintenant dans l'ombre, preuve qu'on a honte de cette pratique, alors pourquoi la perpétuer. Le droit de grâce du président de la république est une magistrature en l'air, sans justification alors que le droit de grâce des rois était celui de Dieu. L'usage en est bon car il permet de sauver des malheureux mais absurde.

M Bergeret parle ensuite des lois militaires qui n'ont pas changé entre l'ancien et le nouveau régime. Il compare les armées de l'ancien régime à des bandes de brigands armés, pour lesquels des lois très dures étaient nécessaires. Les soldats de la République ont gagné des batailles par peur du peloton d'exécution s'ils ne montaient pas à l'assaut. L'armée, c'est l'école de la barbarie et non celle du courage, du reste nous ne sommes qu'une vermine à la surface moisie d'une goutte de boue dans l'univers. Il quitte alors la boutique, ses propos pessimistes font dire qu'il doit avoir des ennuis personnels.

12 – M Bergeret rencontre l'abbé Lantaigne sur le mail. C'est le début du printemps. Il s'assoit sur un banc où on lit des inscriptions amoureuses et grivoises. Par décence pour l'abbé Lantaigne qui arrive, il cache ces inscription avec le journal sur lequel s'étale en grand la nouvelle de l'arrestation de M Laprat-Teullet pour malversation. M Lantaigne est accompagné de M Tabarit, l'aumonier de la prison. Celui-ci ne tarit pas d'éloges sur Lecœur, modèle du repentir chrétien et de confiance en Dieu. (Il ne sait donc pas que Lecœur s'est débattu et qu'il a fallu le porter de force à la guillotine, pense Bergeret). Mais M Tabarit les quitte pour rejoindre un journaliste qu'il fournit en renseignements par amour de la publicité.

On parle ensuite du scandale Laprat-Teulet. Bergeret dit que le système parlementaire donne à de nombreuses personnes la possibilité de prévariquer, que ces détournements de fonds ne sont rien par rapport aux gaspillages de l'administration et aux vols pratiqués par la Finance internationale sur les gouvernements et les épargnants.

M le préfet a désigné M Dellion pour remplacer M Leprat-Teulet à la présidence du banquet de la défense sociale. Si la justice le blanchit il pourra resiéger l'an prochain à la commission du budget.

Lantaigne déplore que le peuple s'accoutume ainsi à l'immoralité. Bergeret abonde dans ce sens, cependant se dit rassuré car notre médiocrité nous évite l'affrontement avec les autres puissances européennes. M Lantaigne part alors dans une tirade sur la nécessité de la guerre, qu'il assimile à une vaste croisade contre les forces du mal. Ses soucis personnels le rendent pessimiste : du fait des dettes du grand séminaires, son élection à l'évéché est devenue impossible.

13 – M Bergeret rencontre à l'estaminet M Goubin qui est devenu son disciple préféré, bien qu'il ne l'aime pas. Après avoir bu une choppe ensemble, ils sortent et parlent des planètes. M Bergeret laisse alors parler son cœur : pour lui les plus belles planètes sont les planètes désertes, la vie n'étant que souffrance et laideur.

14 – Mme Worms-Clavelin rend visite à sa fille qui est pensionnaire dans une institution religieuse à Paris. Malgré leurs opinions anticléricales et le fait qu'ils soient juifs et franc-maçons, les Worms-Clavelin ont fait le choix de faire baptiser et d'éduquer religieusement leur fille.

15 – Dans une oraison à Notre Dame pour les victimes d'un incendie survenu dans un bazar, le père Ollivier s'est laissé aller à voir dans l'incendie la punition de la France pour avoir abandonné les chrétiens grecs d'Orient aux mains des turcs, abandon qui fit 300 000 victimes. Plusieurs personnes discutent de ces évènements. L'abbé Lantaigne voit dans la souffrance des victimes de l'incendie l'occasion d'être témoin de sa foie et du mystère du sacrifice du Christ. M de Terremondre, pourtant chrétien, récuse cette vision d'un Dieu vengeur. Bergeret rappelle que cette façon d'apréhender Dieu est historique, le Javéh de l'ancien testament est un Dieu vengeur et jaloux, nos mœurs amollis en ont fait quelqu'un de doux et qui pardonne.

16 – Mme Bergeret supporte mal le silence de M Bergeret. Elle emploie sa servante comme intermédiaire pour demander à M Bergeret comment il veut ses oeufs. Celui-ci passe par une phase de déprime : alors qu'il travaille à la rédaction de son Virgilius Nauticus (lexique des termes nautiques employés par Virgile) il a brusquement conscience de son insignifiance et de l'inutilité de ce qu'il fait. Il demande à sa servante de le laisser, et comme elle insiste, il lui donne son congé. Ce faisant il éprouve une certaine jouissance à se savoir "méchant". Il se rend ensuite au bureau de placement pour ouvriers agricoles et recrute la plus hideuse servante qu'il puisse trouver.

17 – M Mazure a obtenu les palmes académiques. Celui-ci veut faire prendre conscience à M Bergeret du péril clérical, mais celui-ci défend la thèse qu'il y a bien peu de différence entre catholiques et anticléricaux, car la morale des uns et des autres est très proches quoi qu'on en pense. Cela vient de ce que l'époque imprime sa marque profonde sur la façon de penser et donc la morale.

18 – Marie la nouvelle servante commence ses ravages chez M Bergeret. Il reçoit la visite de M Aspertini qui lui révèle que M Roux fait la cour à la jeune concierge de la bibliothèque. M Bergeret qui entretient un doux sentiment pour cette personne en ressent du dépit.

19 – Mme Bergeret n'est même plus écoutée lorsqu'elle parle en mal de M Bergeret dans les salons où elle va. Elle va donc le voir et le supplie de la pardonner. Comme celui-ci s'obstine dans son silence, elle finit par l'insulter. N' y tenant plus, elle le quitte quinze jours plus tard pour retourner chez sa mère, lui laissant la garde de la fille ainée, qui ressemble à son mari.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Mannequin d'osier de Wikipédia en français (auteurs)

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