Belgae

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Belges

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Carte des peuples gaulois.

Les Belges (en latin Belgae) sont un peuple antique de Gaule septentrionale.

Sommaire

Les Belges dans les sources antiques

Selon Strabon, leurs territoires se situaient entre le Rhin et la Loire et selon Jules César ils sont séparés des Celtes ou Gaulois par la Marne et la Seine. César signale aussi que ce seraient des Belges qui occupaient à l'époque de la Guerre des Gaules les territoires maritimes de la Bretagne insulaire, ce que confirme Dion Cassius[1].

Venant de la moyenne vallée du Rhin et de la rive droite au nord du Main, les Belges arrivent dans la région où ils sont signalés à l'époque historique vers -600. Ils y supplantent des Gaulois[2]. Certains Belges semblent ensuite avoir migré vers les Balkans : on les signale en Bulgarie en -298, ils traversent l'Illyrie et attaquent la Macédoine (-260) et sont défaits par Attale Ier. Des éléments belges s'intègrent par la suite avec les Galates[3].

César, dans la Guerre des Gaules décrit ainsi les populations habitant la Gaule :

« Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur. Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differunt. (La Gaule tout entière est divisée en trois parties : les Belges habitent l'une, les Aquitains l'autre et ceux qui s'appellent Celtes dans leur propre langue et que nous appelons Gaulois dans la nôtre occupent la troisième. Ces nations diffèrent entre elles par le langage, les institutions et les lois.) »

Il poursuit en précisant, dans sa célèbre « éloge » du peuple belge, que les Belges sont les plus braves parmi ces trois peuples car les plus éloignés de la culture et de la civilisation de Rome. Il explique aussi que les Belges (du Nord) descendent de tribus ayant traversé le Rhin longtemps auparavant. Selon lui, les Belges avaient acquis une rude réputation en combattant les Germains. L'archéologie moderne pourtant contredit César : les Belges n'étaient nullement retardés, ils ont même introduit les premières pièces de monnaie en (Grande) Bretagne[4].

Tacite nous révèle que les Nerviens refusaient de se faire appeler Gaulois : « Les Trévires et les Nerviens témoignent de quelque vanité à faire valoir une origine germaine, comme si, grâce à ce sang glorieux, ils se distinguaient des Gaulois, ne voulant pas leur ressembler ni imiter leur paresse »[5].

Langue

La nature de la langue (ou des langues) parlée par les Belges est incertaine, vu l'absence d'écrits. Les hypothèses dans ce domaines se fondent principalement sur l'étude des noms de leurs tribus, de leurs chefs et de leurs dieux, cités dans les textes antiques.

Aujourd'hui, on considère généralement que la langue celtique était, chez les Belges comme ailleurs, la langue véhiculaire de l'élite, noblesse, chefs religieux et commerçants, parfois imitée par les couches sociales inférieures. Ceci explique que les chefs portaient des noms celtiques même dans des tribus considérées comme germaniques (Ambiorix et Catuvolcos chez les Éburons, Boduognat chez les Nerviens)[6].

La nature de la langue des classes sociales inférieures, et donc le caractère authentiquement celte des tribus belges, est plus discutée. Maurits Gysseling considère qu'il s'agissait d'une forme d'indo-européen qu'il appelle le « belge »[7].

Cependant, On identifie généralement certaines tribus comme authentiquement celtiques, notamment parce que les textes antiques les signalent explicitement comme celtes. Il s'agit notamment des Morins[8],[9], des Ménapiens[10] (parfois considérés comme ni celtiques ni germaniques), des Atrébates[11],[12], des Rèmes[13], des Bellovaques[14] et des Trévires[15] (parfois aussi considérés comme germaniques).

D'autres tribus sont généralement considérées comme des Germains dominés par une aristocratie celte ou celtisée : Nerviens[16],[17], Aduatuques[18],[19],[20], Condruses[21],[22],[23], Éburons[24],[25], Trévires[26] (parfois aussi considérés comme celtiques), Suessions[27], Pémaniens[28] (parfois considérés comme ni celtiques ni germaniques), Cérosiens[29] et Bataves[30].

Enfin, certains auteurs ont identifié un troisième groupe, dont la langue ne serait ni celtique, ni germanique et aurait des affinités avec l'italique. Il comprendrait les Pémaniens (parfois considérés comme germaniques), les Ménapiens (parfois aussi considérés comme celtiques), les Sunuques[31]...

L'origine de cet hypothétique troisième groupe a été étudiée par Hans Kuhn. Une analyse de la toponymie de la région lui a permis de supposer que ceux-ci occupaient initialement l'ensemble de la région comprise entre l'Aisne et la Weser, avant de subir les pressions des Celtes et des Germains. Ce que l'on connaît de leur langue montre de nombreuses affinités avec les langues indo-européennes du sud de l'Europe, en particulier avec les langues italiques. Avant leur migration vers le sud, les Italiques devaient séjourner en Europe centrale, au voisinage des Germains et des Slaves, comme le montre le large vocabulaire commun à ces groupes. Une partie d'entre eux a peut-être migré vers le nord-ouest, tandis que les autres se dirigeaient vers la péninsule italienne[32].

Une thèse similaire propose une bande de langue ligurienne assez étroite entre la mer du Nord et la côte ligurienne (Côte d'Azur) longeant la vallée de Rhône au sud[réf. nécessaire]. Après l'introduction de l'agriculture, cette langue ligurienne aurait disparu au nord au profit de la langue germanique et au sud au profit de la langue celtique, ne laissant qu'une petite région au sud de la Gaule et au nord de l'Italie. Ce processus aurait pris quelques millénaires. Cette thèse évite la thèse des migrations (hypothétiques) et a l'avantage d'expliquer les caractéristiques italiques dans la langue néerlandaise[33].

Ethnonymie

Le terme belge serait issu du celtique *bhelgh « se gonfler, être furieux » (voir le gaulois *bolga « sac de cuir » et le vieil irlandais bolg « soufflet, ventre »). Il faudrait le comprendre soit comme « les furieux », soit comme « les fiers, les vantards, ceux qui se gonflent comme une outre »[34]. Le celtique *bhelgh dérive de la racine indo-européenne *bhel- « gonfler ».

Listes des tribus belges

Bibliographie

  • Hans Kuhn, "Vor- und frühgermanisch Ortsnamen in Nord-Deutschland und die Niederlanden", Westfälische Forschungen, 12, p. 5 - 44, 1959.
  • Hans Kuhn, Rolf Hachmann et Georg Kossack, Völker zwischen Germanen und Kelten. Schriftquellen, Bodenfunde und Namengute zur Geschichte des nördlischen Westdeutschlands um Christi Geburt, Neumünster, Karl Wachholz, 1962.
  • Wolfgang Meid, "Hans Kuhn "Nordwestblock" Hypothese: zur Problematik der Völker zwischen Germanen und Kelten", in Germanenproblem in heutiger Sicht, Berlin, De Gruyter, 1986.
  • Bernard Sergent, Les Indo-Européens: Histoire, langues, mythes, Bibliothèques scientifiques Payot. Paris, 1995.
  • Victor Tourneur, Les Belges avant César, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1944, 115p.

Voir aussi

Notes

  1. Selon Stephen Oppenheimer dans son livre The origins of the British (2006), ce sont ces mêmes Belges qui ont introduit la langue proto-germanique en Grande-Bretagne
  2. Georges-Henri Dumont, Histoire de la Belgique, des origines à 1830, Le Cri, Bruxelles, 2005, p. 11
  3. Georges-Henri Dumont, Histoire de la Belgique, des origines à 1830, Le Cri, Bruxelles, 2005, p. 13-14
  4. Stephen Oppenheimer The Origins of the British
  5. Tacite, La Germanie 28,4, p. 52, traducteur Pierre Grimal, coll. La Pléiade, Gallimard, 1990
  6. Ugo Janssens, Ces Belges, « les Plus Braves », Histoire de la Belgique gauloise, 2007, Racine, p. 41-42.
  7. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  8. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  9. Bernard Sergent, Les Indo-Européens: Histoire, langues, mythes, Bibliothèques scientifiques Payot, Paris, 1995.
  10. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  11. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  12. Bernard Sergent, op. cit.
  13. Bernard Sergent, op. cit.
  14. Bernard Sergent, op. cit.
  15. Bernard Sergent, op. cit.
  16. Bernard Sergent, op. cit.
  17. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  18. Bernard Sergent, op. cit.
  19. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  20. Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, Lannoo, 2005, p. 172.
  21. Bernard Sergent, op. cit.
  22. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  23. Jean-Jacques Jespers, op. cit., p. 172.
  24. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  25. Jean-Jacques Jespers, op. cit., p. 172.
  26. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  27. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  28. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  29. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  30. Ugo Janssens, op. cit., p. 42.
  31. Bernard Sergent, op. cit.
  32. Bernard Sergent, op. cit.
  33. Goormachtigh 2008
  34. Jean-Jacques Jespers, op. cit., p. 172.
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