Joannes Laurentius Krafft

Joannes Laurentius Krafft
Joannes Laurentius Krafft
Joannes Laurentius Krafft (1694-1768)
Joannes Laurentius Krafft (1694-1768)

Nom de naissance Joannes Laurentius Krafft
Activités Graveur - RhétoricienPoète
Naissance 1694
Bruxelles
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas espagnols
Décès 1768
Bruxelles
Oostenrijkse Nederlanden Vlag.gif Pays-Bas autrichiens
Langue d'écriture NéerlandaisFrançais
Mouvement Les Lumières
Genres Gravure - Poésie

Jean-Laurent (Johannes, Joannes, Johan, Jan ; Laurentius, Laurens et parfois Lodewijk) Krafft, né à Bruxelles en 1694, mort en 1768, est un graveur et un rhétoricien, écrivant en néerlandais et en français.

Sommaire

Biographie

Le graveur

Bien que né à Bruxelles, Krafft est d'origine allemande comme son nom de famille semble déjà l’indiquer.

Après un long séjour dans la République des Sept Pays-Bas-Unis et un voyage en France, où il apprend le français, il s’installe dans sa ville natale en tant que graveur. Il se concentre principalement sur la gravure en bois, technique tombée en désuétude au XVIIIe siècle, la gravure en taille-douce et l’eau-forte à l’instar de Rembrandt. Sa riche collection de tirages est décrite dans un catalogue de vente de 1799. Comme graveur, il a fait un grand nombre de portraits de membres de la maison impériale de Habsbourg, ainsi qui des reproductions d’œuvres de maîtres tels que Pierre Paul Rubens, Antoine van Dyck ou Le Titien. La Bibliothèque royale de Belgique possède une collection importante de ses gravures en bois.

Le rhétoricien

Iphigenie ofte Orestes en Pilades

Peut-être, la nature classique de sa tragédie « à bonne issue » Iphigenie ofte Orestes en Pilades, illustrée de ses propres gravures et publiée à Bruxelles en 1722, est-elle redevable à son séjour en France (et à l’Iphigénie de Jean Racine ?)[1], bien qu’un autre auteur y voit plutôt un drame non académique dans le sillon de Shakespeare[2]. Dans l’épilogue de l’édition de cette pièce, son auteur dénonce les aspects moins civilisés des acteurs bruxellois, comme l’alcoolisme et le comportement prétentieux mais peu intelligent de certains interprètes[3].

Spiegel der Vrouwen & Passion de Notre Seigneur/Lyden van onsen heere

En 1727 paraît Den Spiegel der Vrouwen (le miroir de la femme) dont la protagoniste est la courageuse Ildegerte, reine de Norvège. Cette pièce sera jouée en 1749 à Alost, en 1752 à Schorisse, en 1756 à Etikhove, en 1766 à Bruxelles, en 1770 à Akkergem (Gand) et en 1773 pas moins que trente fois à Nieuwkerken-Waas.

La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, tragédie sainte et sa version néerlandaise, Het Lyden van onsen heere Jesus Christus, ne portent pas de date mais obtinrent l’approbation des autorités en 1736. La version française de la pièce indique tout de même qu’elle fut jouée le 8 avril 1727 en présence de la gouvernante des Pays-Bas autrichiens, Marie-Élisabeth d'Autriche[4].

Tresor de Fables/Schat der Fabelen

Page 77 de Den Schat der Fabelen, poème n° XXXXVII, Van den OLIFANT ende den DRAEK (de l’éléphant et du dragon)

C’est en 1734 que Krafft publie son Le Tresor de Fables, choisies des plus excellens mythologistes, dont il a produit lui-même les planches. Le français n’étant pas sa langue maternelle, l’auteur prévient le lecteur dans son ouvrage que :

« On ne trouvera pas ici l'éloquence, ni la délicatesse de la langue Françoise... On connoîtra ici le caractère & le stile Flamand dans une sincère simplicité. » [5]

Cette édition française sera suivie, en 1739-'40, par une version rimée en néerlandais, publiée en trois volumes : Den Schat der Fabelen, gekozen uyt de voornaemste Verdigt-schryvers[6]. Dans la préface, l’auteur explique que, contrairement à l'original français, il a mis en vers rimés la version néerlandaise afin de prouver que :

« les agréments lacédémoniens » de l’art de la poésie « ne sont pas les ennemis de notre langue néerlandaise laquelle, par son vocabulaire opulent et expressif, semble aussi apte à afficher de l'éloquence que quelconque langue parlée dans le monde. » [7]

Il compare alors la langue néerlandaise avec celle des Français, qui rendent la leur tellement légère que le néerlandais se fait oublier, abâtardir et détruire, alors que cette langue est pourtant bien plus ancienne, plus virile et plus pénétrante. Krafft fait alors la louange du néerlandais, dont il estime la richesse indéterminée en mots harmonieux. La prose de l'introduction et des réflexions morales (Zedelyke Overdenkingen) des fables est remarquablement fluide et correcte ; les fables rimées annoncent déjà la fraîcheur et le naturel qui feront, quarante ans plus tard, des poèmes pour enfants d’un Hieronymus van Alphen une révélation.

Histoire générale de l’auguste maison d’Autriche

L’Histoire générale de l'auguste maison d'Autriche (en 3 volumes publiés en 1744-’45) est le dernier ouvrage que l’on connaît de Krafft. Il l’a illustré de sa main de nombreux portraits gravés. À la fin du premier volume, il fait remarquer qu’il a travaillé à sa publication de longues années durant :

« pour laisser à la posterité plusieurs évenemens qui n'ont jamais été mis au jour dans une langue, laquelle est si fortement récherchée dans le siecle ou nous sommes ». [7]

Malgré son amour pour la langue néerlandaise, face à l’investissement dans un projet coûteux et d'envergure, pour cet ouvrage Krafft se voit obligé de choisir pour la langue d’une classe sociale minoritaire mais aisée dans la ville de Bruxelles de son temps.

Œuvres

  • Iphigenie ofte Orestes en Pilades, 1722
  • Den Spiegel der Vrouwen, 1727
  • Le Tresor de Fables, choisies des plus excellens mythologistes, 1734
  • La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, tragédie sainte, 1727.
  • Het Lyden van onsen heere Jesus Christus, dans le genre des jeux de mystère, mais en 5 actes et en alexandrins, version néerlandaise de la précédente, 1736
  • Den Schat der Fabelen, gekozen uyt de voornaemste Verdigt-schryvers'', 3 volumes illustrés de gravures, version néerlandaise rimée du Tresor de Fables, 1739-'40
  • L’Histoire générale de l'auguste maison d'Autriche, en 3 volumes publiés en 1744-’45

Notes et références

  1. H.J. Vieu-Kuik & Jos Smeyers, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, Volume 6, Standaard Uitgeverij, Anvers/Amsterdam, 1975, p. 398
  2. K. Langvik-Johannessen in Jaarboek De Fonteine, Année 1987-1988, Koninklijke Soevereine Hoofdkamer van Retorica ‘De Fonteine’, Gand, 1990, p. 170
  3. Kåre Langvik-Johannessen & Karel Porteman, 1700. Inauguratie van de Muntschouwburg te Brussel. Het theaterleven in de Zuidnederlandse hofstad van 1650 tot in de Oostenrijkse tijd. in R.L. Erenstein (réd.), Een theatergeschiedenis der Nederlanden. Tien eeuwen drama en theater in Nederland en Vlaanderen, Amsterdam, 1996, p. 288
  4. K. Piot, dans la Biographie Nationale (X, 1888-1889), cependant, se pose la question si le J.L. Krafft qu’on mentionne sur la page de titre ne serait pas son homonyme, décédé à Bruxelles le 11 août 1751.
  5. Cité d’après H.J. Vieu-Kuik & Jos Smeyers, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden. Volume 6, Standaard Uitgeverij, Anvers/Amsterdam, 1975, p. 399
  6. Cette œuvre fut considérée comme un gâchis misérable total par P.G. Witsen Geysbeek, dans son Biographisch anthologisch en critisch woordenboek der Nederduitsche dichters, Volume 4, JAC-NYV, C.L. Schleijer, Amsterdam, 1822, pp.127-128. Jean-François Willems, homme de lettres et figure de proue du mouvement flamand, par contre, le considère comme l'un des poètes des Pays-Bas méridionaux à avoir le mieux écrit et apprécié la langue néerlandaise ; en général, sa poésie serait fluide et forte, tandis qu’il aurait traité sa prose avec aisance et grâce bien qu’elle soit un peu diffuse. Cité d’après A.J. van der Aa, Biographisch woordenboek der Nederlanden. Volume 10, J.J. van Brederode, Haarlem, 1862, pp. 376-377
  7. a et b Paroles de Krafft, citées et traduites d’après H.J. Vieu-Kuik & Jos Smeyers, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden, Volume 6. Standaard Uitgeverij, Anvers/Amsterdam, 1975, p. 399

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Joannes Laurentius Krafft de Wikipédia en français (auteurs)

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