Histoire de l'horlogerie

Histoire de l'horlogerie

L’histoire de l'industrie horlogère a commencé très tôt en Suisse puis en Angleterre, avec de multiples inventions et astuces d'organisation du travail et de massification de la production, permettant un progrès très avancé pour l'époque, dans la technologie comme dans le raffinement des produits, sur fond d'intervention du pouvoir politique. Précision, automatisme, travail en finesse des métaux, ont permis de poser des jalons pour d'autres activités stratégiques, en particulier la marine, et d'autres futures industries mécanisées. Cette histoire s'est progressivement accélérée à partir du XVIIIe siècle avec l'apparition d'une proto-industrie massive dans les montagnes suisses, qui a précédé la révolution industrielle et lui a résisté pendant longtemps.

Sommaire

Joaillier et horloger, deux professions sur un même marché

Plusieurs régions qui font partie de la Suisse romande ont vu débuter l'industrie horlogère : Genève, le Pays de Vaud, le village La Sagne dans les montagnes de Neuchâtel, la Vallée de Joux et ses villages, Le Chenit, Le Brassus, berceau de fameuses manufactures horlogères, comme Audemars Piguet, Jaeger Lecoultre, Breguet, Blancpain. Ces régions ont connu un afflux de réfugiés huguenots français, après l'édit de Fontainebleau, après une première vague un siècle plus tôt, au moment du massacre de la Saint-Barthélemy en France.

Dès 1541, le réformateur Jean Calvin bannit à Genève les signes de richesse, obligeant les orfèvres et autres joailliers, qui jouissent d'une grande réputation à l'étranger, à se tourner vers l’horlogerie. Le règlement des orfèvres de 1566 interdit la fabrication des croix, calices et autres objets utilisés dans le culte catholique, obligeant les artisans à se tourner vers « la boîte de montre » : les montres sont incrustées dans des boîtes, véritables bijoux à l'intérieur, que l'on cache dans ses vêtements. Jean Petitot (1607-1691) et Jean-Étienne Liotard (1702-1789) deviendront ainsi plus tard de remarquables ambassadeurs du savoir-faire genevois quant aux miniatures sur émail qui ornent boîtes à musique, miroirs et montres.

Le premier horloger français, Thomas Bayard (horloger), natif de Vézelize en Lorraine, est qualifié par le registre des habitants le 6 novembre 1554 d'orfèvre et d'« orologeur ». Il est suivi, au cours des années suivantes, des horlogers d'Autun, de Dijon, d'Avignon, en tout plus d'une quinzaine[1]. L'arrivée en 1587 de Charles Cousin, venu d'Autun, précède la naissance d'une corporation en 1601 sous le nom de « Maîtrise des horlogers de Genève », sur le modèle de la jurande des orfèvres de 1566[2]. L'accès au métier est restreint (un seul apprenti par maître), mais ouvert aux étrangers, qui ont fondé cette "Maîtrise". Les monteurs de boîtes en 1698 et les graveurs en 1716 constituent à leur tour leur propre maîtrise, échappant à la juridiction des horlogers et orfèvres.

Les inventeurs hollandais et anglais

Les navigateurs hollandais et anglais, qui ont commencé à dominer les océans à partir de la moitié du XVIIe siècle, grâce à des navires plus gros, ont besoin de chronomètres de marine pour mieux calculer les distances. Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, les horloges étaient peu précises et ne comportaient bien souvent qu'une seule aiguille[3]. En 1657, la technique progresse par l'utilisation du balancier, grâce au mathématicien physicien et astronome hollandais Christian Huygens, qui poursuit les travaux de Galilée.

Nouveau progrès en 1670, avec l'échappement (horlogerie) à ancre par le scientifique anglais Robert Hooke (1653–1703). En 1675, Christian Huygens confie à Isaac Thuret la première montre à ressort spiral, munie d'un balancier, une invention que lui conteste Robert Hooke. Ces progrès trouvent un écho en Europe. Daniel Jeanrichard (1665–1741), installé à La Sagne, dans le Jura suisse[4], a ainsi créé sa première montre en 1681, copiée sur un modèle anglais découvert en 1679. Plus tard, il formera des dizaines d'artisans. L'horlogerie anglaise se développera ensuite avec Daniel Quare (1649 – 1724), qui adapte en 1686 l'aiguille des minutes au centre du cadran[5]. Jusque là, seule l'aiguille des heures était utilisée. Vers 1700, toujours en Angleterre, l'utilisation de pierres percées, comme coussinet de pivotement pour les balanciers, fait faire un bond en avant à la technique.

En 1714, le parlement anglais vote le Longitude Act, offrant une récompense de 10 000 livres sterling à qui inventerait un bon chronomètre de marine, capable de mesure de longitude avec un résultat n'excédant pas un degré d'erreur. L'Angleterre était alors atterrée par les désastres dus à des erreurs de longitude, comme la perte en 1707 de l'escadre de sir Cloudesley Shovel (1650 – 1707) qui se jeta sur les îles Scilly alors qu'il croyait entrer dans la Manche[6]. L'innovation technologique qui accompagne alors la révolution financière britannique se manifeste dès le tournant des années 1700 chez Thomas Tompion (1639–1713), le premier à répartir le travail entre les ouvriers spécialisés, pour fabriquer en série, et à numéroter ses montres[7]. Il assemble 650 montres dans sa carrière et transmet l'entreprise en 1713 à son neveu, le Quaker Georges Graham. Le neveu améliore l'échappement (horlogerie) en "auge de cochon" (échappement à cylindre), inventé par son oncle, et refuse de breveter son invention, afin d'en faire profiter le plus grand nombre. Il aide l'astronome Edmond Halley (1656-1742) pour le développement d’instruments scientifiques, ainsi que des horlogers comme Thomas Mudge (1715-1794), qui met au point l'échappement libre à ancre et la sonnerie à répétition minutes.

Georges Graham aide aussi John Harrison (1693–1776), qui conçoit sa première montre complexe en 1713, puis invente en 1725 la "compensation à gril" pour les pendules, utilisant 2 métaux complémentaires, par leur capacité différente à se dilater en fonction de la chaleur. Ensuite, il innove en utilisant cette compensation aussi pour des montres, toujours via une lame bi-métallique[8], avec un dispositif permettant de maintenir sous tension l'échappement, pendant le remontage. En 1765, âgé de 72 ans et exténué par 40 ans de travaux et de nombreuses procédures judiciaires contre le parlement anglais[8], John Harrison finit par gagner le prix offert par ce dernier pour la mesure de longitude : la quatrième version de sa montre a effectué l'aller-retour entre Londres et la Jamaïque avec une erreur de 1 minute et 54 secondes en 6 mois de traversée avec le capitaine Cook. Entre-temps,

En France, après la mort de Louis XIV, le régent Philippe d'Orléans prit goût pour les arts mécaniques[9], et particulièrement l'Horlogerie. Il voulut créer une pépinière d'artistes d'élite[10], venus de Londres, dont Henry de Sully, qui vécut longtemps en Angleterre, fonda en 1718 une manufacture d'horlogerie à Versailles et construisit une horloge marine pour laquelle il inventa un échappement à repos flottants. Sully eut pour émules et pour amis Lebon et Gaudron, tandis que Julien Le Roy imagina une pendule à équation, saluée par l'Académie des sciences. S'inspirant d'Isaac Newton, il utilisa de l'huile aux pivots des roues et du balancier des montres, pour diminuer l'usure et les frottements[10].

Prémices de l'industrialisation

L'horlogerie genevoise a assis sa domination sur l'Europe au deuxième quart du XVIIIe siècle selon les historiens Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber[11]. Au cours des trente années précédentes, les innovations anglaises sont apportées par des huguenots, fuyant les persécutions après l'édit de Fontainebleau de 1685. Ces francophones protestants vont également façonner l'Histoire des indiennes de coton en Europe, en véhiculant aussi des techniques et un savoir-faire, d'une région et d'un pays à l'autre. À la fin des années 1680, Genève voit sa population tripler. La croix huguenote, pendentif imaginé en 1688 par Maystre, orfèvre nîmois, se répand. Parmi les réfugiés, des horlogers[12], qui, faute de place, montent vers le nord, dans le Jura ou le Pays de Gex à la fin du XVIIe siècle [13]. Le musée d'horlogerie et d'émaillerie de Genève conserve un petit morbier complet datant de 1693, signé Isaac Golay, du village de Le Chenit[14]. Le Pays de Vaud découvre l'horlogerie dès les dernières années du XVIIe siècle. Nyon, Rolle, Morges, Lausanne, Vevey, Moudon comptent une centaine d'ateliers qui fabriquent des ébauches pour la métropole genevoise. Les premiers horlogers combiers apparaissent au début du XVIIIe siècle. Ce sont des artisans du fer - couteliers, armuriers. Par réaction, dès 1701, il fut interdit de former des apprentis dans la seigneurie de Genève, interdiction contournée. Après 1710, une quinzaine de villages du Faucigny fournissaient des « mouvements en blanc », qu'il ne restait plus qu'à assembler[13].

Les horlogers genevois de souche abandonnent alors le travail des mouvements bruts ou ébauches, pour se réserver le finissage. Par une série de règlements protectionnistes, ils empêchent l'implantation proche de concurrents capables de fabriquer la montre complète. Objectif, cantonner cette industrie naissante dans un travail de sous-traitance pour la « Fabrique de Genève », mais les Jurassiens organisent leurs propres comptoirs. Ainsi, en 1735, le premier étage de la maison de Jehan-Jacques Blancpain abrite déjà, depuis probablement des années, un atelier, sous la forme d'un comptoir horloger, à une vingtaine de kilomètres au nord du lac de Neuchâtel. Lors du décès en 1707 de Marie de Nemours, les Neuchâtelois se sont choisi comme suzerain, Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, installé à Berlin, souverain protestant qui protégeait leur confession, l'éloignement géographique permettant par ailleurs une relative autonomie.

Les établis de l'arc jurassien peuvent se parer du titre d'horloger à partir de 1723, date à laquelle les Bernois accordent une maîtrise à chaque ville. Dès lors, ils sortent plus facilement de l'anonymat. Moïse et Isaac Golay construisent en 1737 l'horloge du temple du Sentier. L'horlogerie se développa encore plus à Moudon vers 1735 avec l'arrivée des sieurs Joly et Joyet formés à Lausanne et à Vevey. L'année 1730 voit s'établir à Delémont, dans le Jura, un dénommé Tiegai, orfèvre et joaillier, suivi par l'horloger Vernier-Feune, tandis qu'à Séprais, Julien Queloz fabriquait déjà des montres[15].

Le développement de l'établissage dans les montagnes du Jura

La production suisse restera entre les mains d’horlogers indépendants ou de petits ateliers spécialisés, jusqu’au milieu du XIXe siècle. La coutume voulait en effet que le maître-horloger présente une pièce très soignée avant de recevoir son certificat[16]. Chaque artisan se consacre à la fabrication d'une pièce et les apprentis se spécialisaient dans la fabrication de mouvements en blanc, selon les archives du mouvement suisse de l'horlogerie[17].

En 1740, un apprenti nommé Samuel-Olivier Meylan (1721-1755), fils de JeanBaptiste, a introduit l'horlogerie complexe dans la Vallée de Joux[18], après que Mathieu Biaudet, maître-horloger, l'eut initié à son art. Il créé la première montre de poche, équipé d'un mécanisme de boîte à musique. Pierre-Henri Golay, de Derrière-la-Côte, et Abraham-Samuel Meylan, de l'Orient, suivirent son exemple. Se développe alors l'établissage, un mode de production proto-industriel répandu dans le Montagnes neuchâteloises et concernant principalement la production horlogère. Selon l'historien David Landes, « le système de l'établissage, dans le Jura, était presque aussi ancien que l'industrie horlogère elle-même[19] ». Ce système laissait à l'entrepreneur toute liberté dans la détermination du cahier des charges et à l'artisan la possibilité de se spécialiser dans l'opération qu'il maîtrise le mieux.

Vers le milieu du siècle, Jean Romilly conçut une montre qui pouvait marcher un an entier sans être remontée, puis laissa à Ferdinand Berthoud l’honneur de donner à son invention le degré d’exactitude nécessaire. Vers 1770, Voltaire ouvre, dans la banlieue de Genève la « Manufacture royale des montres de Ferney ». Après quelques années de prospérité, elle échoua en raison de son incapacité à écouler sa production[20]. En 1777, l'horloger suisse Abraham Louis Perrelet crée la « montre à secousses » dite perpétuelle, souvent considérée comme la première montre automatique, tandis que l'année suivante, l'horloger liégeois Hubert Sarton dépose un document décrivant une « montre automatique à rotor », auprès de l'Académie des sciences de Paris.

Vers 1785, environ 20 000 personnes travaillaient dans l'horlogerie à Genève, produisent 85 000 montres par an, et 50 000 montres étaient produites dans le Jura neuchâtelois[21] avec les horlogers Henri-Louis Jaquet-Droz, Jean-François Bautte. Des artisans réputés comme Antoine Tavan[22] s'y installent.

Les colonies horlogères à Constance et Constantinople

Dès la fin du XVIe siècle se développa un commerce entre les horlogers suisses et la Turquie, par l’intermédiaire des Français, dans le quartier de Galata, réservé aux occidentaux depuis François Ier. Les montres vendues aux Turcs avaient des décors exotiques comme des paysages ou des cartes locales. Le marché d'orient est stimulé dans les années 1780 lorsque se développe à Genève l'art de la miniaturisation des automates : de petits personnages, souvent des animaux, mus par de complexes systèmes, agrémentent les montres.

Le commerce de l'horlogerie suisse prend de l'ampleur, en particulier avec l’Angleterre dans la deuxième partie du XVIIIe siècle car, avant cette date, la « Chamber de la Clockmaker Company » interdisait l’importation de produits horlogers dans ce pays. Mais les produits suisses sont appréciés dans toute l'Europe.

L'essaimage, tardif, à une petite partie de la France

La mécanique horlogère était au XVIIIe siècle la technique de pointe, qui passionnait toutes les élites[23]. Les grands horlogers du XVIIIème siècle furent aussi souvent des constructeurs d'automates visant à imiter la vie. Ceux de Jacques de Vaucanson en 1738, comme le joueur de flûte, et le canard, qui ingérait des aliments, inspirent ceux d'Henry et Pierre Jaquet-Droz, toujours exposés à Neuchâtel[24].

Malgré cela, en France, le métier d'horloger est rare et la production faible malgré les progrès techniques. Ainsi, en 1778, l'horloger liégeois Hubert Sarton dépose un document décrivant une « montre automatique à rotor » auprès de l'Académie des sciences de Paris, mais sans stimuler une production limitée pour l'essentiel aux commandes du roi. Jean André Lepaute (1720-1787), originaire des Ardennes) fonda en 1740 son entreprise à Paris et conçut la construction de la plupart des grandes horloges publiques : Luxembourg, jardin des Plantes, des châteaux de Bellevue et des Ternes, des horloges horizontales dans laquelle les engrenages sont tous dans un même plan, avec un impact beaucoup faible de l'usure sur le bon fonctionnement. Il écrivit un Traité d’horlogerie en 1755. Il avait épousé la mathématicienne et astronome Nicole-Reine Lepaute[25].

Son frère et associé Jean-Baptiste Lepaute (1727-1802) conçut la pendule à équation de l’hôtel de ville de Paris (1780), détruite dans l’incendie de 1871, et celle de l’Hôtel des Invalides (1784). Ses neveux Pierre Henry et Pierre-Basile, associés à son fils Pierre-Michel Lepaute (1785-1849), ont bâti le pendule astronomique du Bureau des longitudes, placé ensuite à l’Observatoire, les horloges du palais Brongniart et de l’Hôtel des Postes de Paris, devenu la Poste centrale du Louvre, des palais du Louvre, des Tuileries, et de Compiègne[25].

L'histoire de l'horlogerie à Besançon débute significativement à la fin du XVIIIe siècle, lorsque des horlogers suisses installèrent dans la capitale comtoise les premiers ateliers. C'est en 1793 que le Genevois Laurent Mégevand (1754-1814) s'installe à Besançon avec 80 confrères, fondant ainsi le pôle industriel horloger de la ville[26],[27],[28],[29] apparemment pour fuir le chômage[30] ou à cause de ses activités politiques. Puis petit à petit, des Bisontins prennent part à cette fièvre horlogère, et firent définitivement de Besançon la Capitale française de l'horlogerie lors de l'Exposition internationale de 1860, qui s'est tenue place Labourey. La ville produit jusqu'à 90 % des montres française en 1880, et malgré une crise dans les années 1890 et 1900, le secteur horloger de Besançon se relève et poursuit sa croissance.

Le XIXe siècle et le défi américain des marchés de masse

Au siècle suivant, l’énergie électrique, abondante très tôt en Suisse, favorisera la mécanisation du travail. C’est à cette époque que se développent les grands producteurs de machines-outils, permettant de limiter l’imprécision humaine au maximum. La Suisse ne possédant pas de colonie, l’émigration étant faible, cette main-d’œuvre se déversera dans les ateliers horlogers[31]. Les artisans sont parfois à l'origine de l'industrialisation. Ainsi, en 1811, des horlogers de la vallée de Joux fondent la maison Louis Audemars qui, au cours de trois-quarts de siècle, apporta à la région une prospérité nouvelle[32]. La demande est soutenue par des idées simples, permettant de populariser l'usage des montres, comme en 1810 la création par Abraham-Louis Breguet de la première montre-bracelet de l’histoire pour la Reine de Naples Caroline Murat, où l'invention de la montre à remontoir par Adrien Philippe en 1842. Georges-Frédéric Roskopf crée même en 1867 la Prolétaire: 57 pièces constitutives au lieu de 200 et plus, pour un prix abaissé.

L'établissage suisse sera malgré ces efforts concurrencé à partir de la seconde moitié du XIXe siècle par une nouvelle forme de division du travail : l'industrialisation à l'américaine, avec mécanisation des opérations, machinisme, et taylorisme. Vers 1870, la part de la Suisse dans la production mondiale de montres est encore de 70%[33]. En 1850 naît la 1re manufacture industrielle au monde, fondée par Aaron Lufkin Dennison pour Waltham Watch Company. Dès 1876, elle obtient la consécration lors de l'Exposition universelle de 1876, de Philadelphie, en Pennsylvanie, aux États-Unis, en exposant la 1re machine entièrement automatique à fabriquer des vis, la 1re chaîne de montage horlogère et en décrochant la 1re médaille d'Or lors d'une compétition de précision horlogère mondiale, attribuée à 4 montres prélevées au hasard de la production. Résultat immédiat, un rapport de Jacques David, Longines, sur son voyage à Philadelphie et ses visites auprès de Waltham Watch Company et Elgin Watch Company, titré d'un éloquent « MM. les Horlogers Suisses: Réveillez-vous ! ».

L'industrie horlogère américaine a été dominée longtemps par Bulova, qui est fondée à la même époque. En 1875, Joseph Bulova, un émigré tchèque de 25 ans, quitte Tiffany pour ouvrir une boutique à New York et y vendre des montres à bon rapport qualité/prix. C'est la première firme la première à faire de la promotion à la radio, en 1926[34], puis en 1941 présentr le premier spot publicitaire jamais diffusé à la télévision. Après de déboires de la fin des années 1970, la société a été rachetée par le groupe américain Loews Corporation (assurances, tabac, pétrole), puis a retrouvé le seuil de deux millions de montres vendues par an, lui permettant d'ouvrir en 2003 un siège européen à Fribourg, dirigé par Robert Faessler, un ancien de Swatch Group, né de la fusion en 1983, sous la houlette de Nicolas Hayek (1928-2010), des deux grands horlogers suisses ASUAG (Longines, Rado, …) (fondé en 1931) et SSIH (Omega, Tissot, Lemania Watch) (fondé en 1930) sous le nom de Société de microélectronique et d'horlogerie (SMH).

XXe siècle, les montres à quartz japonaises

En 1927, un ingénieur en télécommunication du nom de Warren Morrisson recherche un système capable de générer des fréquences très stables. Il se base sur l'effet piézo-électrique du quartz pour construire une horloge plus fiable que les anciens systèmes mécaniques[35]. La conséquence est que les montres à quartz atteignent une précision d'un millième de seconde par jour. Pour répondre à des besoins de précision toujours plus grands, les horloges atomiques furent créées à partir de 1947. En 1967, la commercialisation de la première montre à quartz, pour le grand public, ouvre un boulevard aux industriels japonais. Elle devient la spécialité de Seiko, marque d'horlogerie japonaise, créée en 1881 par Kintaro Hattori.

Dès 1937, Seiko avait franchi le seuil de plus de 2 millions de montres vendues à travers le monde, puis avait en 1941 produit le premier chronographe de poche du Japon avant de s'imposer dans les années 1950 aux concours d'horlogerie, réussite symbolique lui permettant de rivaliser avec les montres suisses et d'afficher l'image de médiocre qualité portée, dans un premier temps, par les produits japonais. En 1934, le quotidien français Ouest-Éclair, ancêtre de Ouest-France, évoque dans un article le mythe des montres japonaises vendues au kilo[36], pour signifier que cette concurrence est désormais sérieuse. Le prestige des marques japonaises est confirmé en 1964, quand Seiko devient le chronométreur officiel des Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo puis en 1972, des Jeux olympiques d'hiver de Sapporo.

XXIe siècle

La ville de Bienne en Suisse est le siège de la Fédération de l'industrie horlogère Suisse FH et le siège social du groupe horloger Swatch Group (Marques Breguet, Blancpain, Glashütte Original, Jaquet Droz, Léon Hatot, Omega, Longines, Rado, Union Glashütte, Tissot, Calvin Klein watch and jewelry, Balmain, Hamilton, Certina, Mido, Swatch, flik flak, Endura, ETA)), ainsi que le centre de production de mouvement des montres Rolex.

Voir aussi

Article connexe

Histoire des indiennes de coton en Europe

Bibliographie

  • Gerhard Dohrn-van Rossum, L'Histoire de l'heure: l'horlogerie et l'organisation moderne du temps, Paris, La Maison des sciences de l'homme, 1997 (ISBN 978-2735107414) 
  • Pierre Dubois, Histoire de l'horlogerie depuis son origine jusqu'à nos jours, Paris, 1849, 408 p. 
  • Anthony Babel, Histoire corporative de l'horlogerie, de l'orfèvrerie et des industries annexes, Mémoires et documents de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, 1916 
  • André Tissot, Voyage de Pierre Jaquet-Droz à la cour du roi d'Espagne (1758-1759), Neuchâtel, La Baconnière, 1982 

Sources et références

  1. Genève, essai de géographie industrielle, par Claude Raffestin ( 1968)
  2. worldtempus.com- Les débuts de l'horlogerie genevoise.
  3. http://www.horlogerwibaux.fr/horlogerie.html
  4. Jean-Christian Lambelet et Sylvain Frochaux, université de Lausanne.
  5. http://bruno.jousselin.pagesperso-orange.fr/HIST%20HORLO.htm
  6. Histoire de l'horlogerie mécanique
  7. http://timeuhren.free.fr/grandshorlogersfr.htm#tompion
  8. a et b http://juliette.nfrance.com/~ju13538/grandshorlogersfr.htm#harrison
  9. "Histoire de l'horlogerie depuis son origine jusqu'à nos jours: précédée de recherches sur la mesure du temps dans l'antiquité et suivie de la biographie des horlogers les plus célèbres de l'Europe", par Pierre Dubois, 1849
  10. a et b http://books.google.fr/books?pg=PA140&ei=J-CQTYurEZChOq_7pKAC&ct=result&id=iwjSAAAAMAAJ&output=text
  11. L'Économie genevoise de la Réforme à la fin de l'Ancien Régime, XVIe-XVIIIe siècles, par Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations (1992)
  12. http://huguenot.ch/histoire.php
  13. a et b "L'économie genevoise de la Réforme à la fin de l'Ancien Régime, XVIe-XVIIIe siècles", par Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber, (1992), page 494
  14. http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/index-encyclopedique/lhorlogerie-dans-le-monde/horlogerie-suisse/la-watch-valley/les-artisans-industriels-de-la-silicon-valley-de-lhorlogerie/
  15. Lhorlogerie dans le Jura - juranet.ch.
  16. http://www.horlogerie-suisse.com/journal-suisse-horlogerie/histoire/l_age_d_or_de_l_horlogerie-1556060110.html
  17. Archives du journal suisse de l'horlogerie, L’âge d’or (JSH 1954)
  18. Archives du journal suisse de l'horlogerie, L’âge d’or (JSH 1954).
  19. David S. Landes, L'Heure qu'il est, p. 364
  20. http://www.worldtempus.com/fr/encyclopedie/index-encyclopedique/lhorlogerie-dans-le-monde/horlogerie-suisse/lhorlogerie-genevoise/les-debuts-de-lhorlogerie-genevoise/
  21. http://histoire-suisse.geschichte-schweiz.ch/industrialisation-suisse.html
  22. http://www.horlogerie-suisse.com/journal-suisse-horlogerie/histoire/histoire-antoine-tavan-1354290909.html
  23. L'histoire des automates et de l'horlogerie, Université de Paris VIII
  24. http://hypermedia.univ-paris8.fr/Verroust/cours/CHAP3.HTM
  25. a et b http://ach06.wordpress.com/2010/10/08/historique-des-grands-horlogers-francais/
  26. Laurent Megevand sur Racinescomtoises.net (consulté le 7 septembre 2010).
  27. Bibliographie franc-comtoise 1980-1990, page 52.
  28. Les Suisses et l'horlogerie à Besançon, sur Migrations.Besançon.fr (consulté le 7 septembre 2010).
  29. Besançon sur le site officiel du Larousse (consulté le 11 novembre 2010).
  30. Le musée du Temps sur le site officiel de la ville de Besançon (consulté le 25 octobre 2010).
  31. L'Horlogerie suisse du XIIIe siècle av. J.‑C. à nos jours par Vincent Charpilloz et Julien Guyo, mémoire étudiant.
  32. http://www.horlogerie-suisse.com/journal-suisse-horlogerie/histoire/l_age_d_or_de_l_horlogerie-deuxieme_partie-741290410.html
  33. Une histoire de l'industrie horlogère suisse - Gauchebdo.
  34. http://www.fhs.ch/fr/news/news.php?id=204
  35. http://www.linternaute.com/science/invention/inventions/467/montre-a-quartz.shtml
  36. http://ouestfrance.cd-script.fr/opdf/1934/08/12/49/1934-08-12_49_01.pdf

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