Histoire de Vienne (Isère)

Histoire de Vienne (Isère)
Page d'aide sur l'homonymie Ne pas confondre avec l'Histoire de Vienne (Autriche).

Vienna est un mot celte qui signifie « bourgade au bord de l'eau ».

Hôtel de Ville

Sommaire

Préhistoire

Les premiers hommes semblent avoir investi le site de Vienne à l'époque néolithique (3000-2500 avant J.-C. environ). Un premier habitat fut ainsi découvert au coteau Sainte-Hélène, dans le quartier d'Estressin. Un autre habitat datant de la même période fut mis au jour dans le quartier de Charavel, non loin de là. Une sépulture néolithique a également été trouvée à Saint-Romain-en-Gal, sur l'autre rive du Rhône.

Protohistoire

L'âge du bronze a lui aussi été témoin d'une forte activité humaine dans ce qui deviendra la ville de Vienne, comme nous le montrent les très nombreux objets datant de cette époque découverts dans la région viennoise (épées et céramiques notamment).
Les Celtes, originaires de la Hongrie actuelle, arrivent sur ce territoire et l'une de ces tribus, les Allobroges (les gens venus d'ailleurs), fondent leur capitale, Vienna, autour du IIe siècle avant J.-C.. Le territoire contrôlé par cette peuplade s'étendra de Genève au mont Pilat, en passant par Cularo (future ville de Grenoble).

Sa situation excentrée dans ce territoire, ce qui pourrait apparaître comme un désavantage, est compensée par l'importance des voies de communication : point de rencontre des routes menant aux cols des Alpes et au cœur du Massif Central, la capitale allobroge est également sur l'axe rhodanien. Le dépôt de Sainte-Blandine, découvert dans les années 1950, permet de confirmer l'importance de ce site urbain : objets de la vie quotidienne (ustensiles de cuisine, outils, fibules, chenets) côtoient des objets de prestige importés d'Italie (vaisselle en bronze, objets liés au service du vin)[1].

Antiquité romaine

Grandeur de la colonie romaine

Les origines de la colonie romaine de Vienne sont fragmentairement connues et ont fait l'objet d'hypothèses diverses. On a longtemps estimé que Vienne fut promue dès 50 av. J.-C., colonie latine par Jules César sous le nom de Colonia Julia Viennensis. Selon cette hypothèse c'est en 44 av. J.-C., qu'une révolte gauloise chassa les Romains de Vienne qui fondèrent une autre colonie à proximité, à Lugdunum. Octave aurait ensuite réinstallé une colonie à Vienne. On considère plutôt aujourd'hui que les Romains chassés de Vienne n'étaient pas des colons mais des negotiatores (marchands) et qu'ils furent chassés en -62 lors de la révolte de Catugnatos. Ce n'est donc que sous Octave que la cité aurait reçu, comme Nîmes, le statut de colonie latine[2].

Vienne devient rapidement un centre important du commerce et des échanges avec la Méditerranée, de vastes entrepôts découverts à Saint-Romain-en-Gal en témoignent. Sur les tables Claudiennes de Lyon, Vienne est qualifiée de belle et florissante. Elle obtient le privilège impérial de s'entourer d'une muraille dès le Ier siècle après J.-C. Cette muraille fait 7,2 km de long, soit la plus longue des Gaules ; la superficie enclose, 250 ha environ, en fait également une des plus importantes villes des provinces gauloises[3]. Entre 35 et 41 elle fut promue au statut de colonie romaine, sans doute par Caligula. Elle fut un centre important durant la période romaine, rivalisant avec sa voisine Lugdunum (Lyon). Sa parure monumentale édifiée sur des terrasses successives dominant le Rhône était impressionnante et de nombreux vestiges en témoignent : Temple d'Auguste et de Livie, arcades du forum, théâtre et odéon, hippodrome, murailles, thermes sont encore partiellement ou totalement en élévation. De nombreuses découvertes et fouilles archéologiques depuis le XVIe siècle offrent l'image d'une cité riche et puissante : mosaïques, fresques, marbres, mobilier… Le site archéologique de Saint-Romain-en-Gal, un des quartiers de la ville antique qui s'étendait sur les deux rives du Rhône, témoigne de cette richesse.

Vienne est aussi la ville où apparaît pour la première fois en Gaule une colonie juive, et où fut exilé Hérode Archélaos, ethnarque de Judée en l'an 6 de notre ère[4].

Decimus Valerius Asiaticus, dit Asiaticus le Viennois de la gens Valerii, est sénateur romain, consul deux fois, dont en 46, et possède à Rome « les jardins de Lucullus », terrain où s'élève à l'heure actuelle la villa Médicis à Rome.

Au Bas-Empire, le rôle de Vienne s'affirme : capitale du diocèse de Viennoise, elle reçoit la visite de plusieurs empereurs. Le trésor d'argent enfoui au début du IVe siècle dans le quartier sud de la ville montre sa prospérité.
En 177, le diacre Sanctus de Vienne est martyrisé avec les martyrs de Lyon, première mention du christianisme viennois. Dotée d'un évêque au moins en 314, elle devient une métropole religieuse importante.

Chute de l'Empire romain

Vienne demeure un foyer de la culture romaine au cours des Ve et VIe siècle : les sermons de Saint Mamert, les Rogations qu'il institua à l'exemple de ce qui se faisait déjà au temps des cultes païens, ou les reproches de Grégoire le Grand à Saint Didier qui enseignait les auteurs classiques en témoignent. Vienne est alors également le siège de la province ecclésiastique de Vienne.

Clothilde, deuxième épouse de Clovis en 492-494, est originaire de Vienne et son influence sur son mari marquera l'histoire de France, l'amenant à la conversion au christianisme.

L'ancienne église Saint-Pierre, construite au Ve siècle, est l'un des monuments majeurs de cette période au nord des Alpes, et une des plus anciennes églises de France.

Moyen Âge

Capitale de Bourgogne

Ville importante du royaume burgonde, elle est ensuite reconquise par les Mérovingiens lors de la guerre de Burgondie, puis intégrée dans l'empire carolingien. Le beau-frère de l’empereur Charles le Chauve, Boson, profitant de l’affaiblissement du pouvoir impérial, se fait proclamer roi de Bourgogne en 879, ce qui déclenche une guerre avec les empereurs successifs. Vienne, sa capitale, est assiégée à plusieurs reprises. Une chanson de gestes de Girart de Vienne relate ces conflits.

Boson est finalement reconnu roi de Provence en 884 sous le nom de Boson V de Provence, à l'issue de la guerre. Il meurt à Vienne le 11 janvier 887, et est inhumé dans la cathédrale Saint-Maurice. Vienne conserve un rôle de premier plan dans la royaume de Bourgogne jusqu'à Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne, qui donne le comté de Vienne à l'évêque de la ville en 1023.

Au Haut Moyen Âge, les Radhanites animent le commerce international et font de Vienne un de leurs importants centres de commerce[5].

Ville de Royaume, ville d'Empire

L'intégration du royaume au Saint-Empire en 1030 renforce l'autonomie de l'évêque-comte[6]. Cette indépendance de fait dure jusqu'en 1450 date de l'intégration de la ville au royaume de France.

La ville est marquée par l'action de l'archevêque Jean de Bernin (1217-1266) qui, après avoir spolié de leurs richesses des marchands juifs, les chasse de Vienne, et donne des libertés aux bourgeois de la ville. Avec l'argent confisqué, il fonde un hôpital, commande la reconstruction du chœur de la cathédrale Saint-Maurice, fait construire le château de la Bâtie et fait restaurer le pont du Rhône. La ville, fortement marquée par les épidémies et les ravages des bandes armées de la guerre de Cent Ans, décline aux XIVe et XVe siècle.

Le concile de Vienne

Article connexe : Concile de Vienne.

Le fait majeur marquant Vienne ville d'Empire est le concile de Vienne qui siégea entre le 1er octobre 1311 et le 11 mai 1312. Environ cent dix prélats (sur les trois cent conviés) venus de toute la chrétienté, le pape Clément V, le Roi de France Philippe le Bel ainsi que ses fils, Louis d'Évreux frère du roi, Enguerrand de Marigny, Guillaume de Nogaret et Plaisians ainsi qu'une multitude de barons et de chevaliers venus de France, seront présents pour le prélude de l'histoire des Rois Maudits qui fera suite à l'abrogation de l'ordre des Templiers, comme demandé dans la bulle pontificale Vox in excelso, le 22 mars 1312. Par la bulle Ad providam Christi Vicarii du 6 mai 1312, Clément V attribua les biens du Temple aux Hospitaliers. Le 6 mai 1312 le pape promulgua une autre bulle, Considerantes dudum, fixant le sort des Templiers, en les divisant en deux catégories : ceux qui avaient avoué et les autres.

Époque moderne

Renaissance

La fin du Moyen Âge voit cependant les signes d'une reprise économique, comme en témoignent les nombreux hôtels particuliers reconstruits aux XVe et XVIe siècle. Parmi ceux-ci, L'hôtel Pierre de Boissat, premier académicien viennois demeure. La cathédrale est achevée au début du XVIe siècle, mais les Sarrasins[réf. nécessaire] et les Huguenots la feront brûler à plusieurs reprises.

Sur la rivière Gère, des maisons à colombages subsistent encore de nos jours. Elles constituent un témoignage de l'époque où utilisant la force motrice de son eau, l'industrialisation de la région débute par l'installation de martinets. Parmi les productions locales, la fabrique d'épées donnant des armes réputées dans tout le royaume, la « Vienne », ainsi que la fabrication de papier. L'imprimerie s'installe dès la fin du XVe siècle.[réf. nécessaire]


Michel de Villeneuve (1511-1553), savant, correcteur d'imprimerie, médecin humaniste, soignant gracieusement les malades nécessiteux, passe quelque temps à Vienne avant d'être brûlé à Genève à l'instigation de Calvin, pour des thèses jugées hérétiques concernant le baptême des enfants et la remise en question de la Sainte Trinité.

Guerres de Religion

Lors des guerres de religion, la ville est plusieurs fois conquise. En 1562, la ville est prise par le baron des Adrets. Ses troupes saccagent plusieurs églises, dont la cathédrale. Une partie des trésors ecclésiastiques est fondue. Dès le début de la deuxième guerre de religion, en 1567, la ville est prise par Paulon de Mauvans et le cardinal-archevêque d’Aix, Saint-Chamond, qui s’est converti au protestantisme[7].

XVIIe et XVIIIe siècles

La réforme catholique s'implante à Vienne sous l'impulsion des cinq archevêques successifs de la famille de Villars, avec l'assentiment des consuls. La cathédrale est réaménagée. Les Jésuites fondent un collège. Le pont du Rhône, maintes fois réparé, est détruit définitivement par une crue en 1652. L'industrie poursuit son implantation dans la vallée de Gère : d'abord la métallurgie, dès le XVIIe siècle, puis le papier et enfin le textile à partir de 1713.[réf. nécessaire] La Révolution fait perdre à la ville son archevêché, malgré le rôle actif de l'avant-dernier archevêque Lefranc de Pompignan à l'Assemblée constituante, et Vienne devient sous-préfecture du département de l'Isère.

XIXe et XXe siècles

Elle profite au XIXe siècle de la révolution industrielle et devient une ville ouvrière, avec notamment des fabriques de papiers puis de nombreuses usines de textile[réf. nécessaire], qui accueillent après la première Guerre mondiale une forte communauté arménienne ayant fui le génocide perpétré par les Turcs, puis une immigration italienne, espagnole, portugaise, turque et d'Afrique du Nord.

La cathédrale Saint-Maurice porte encore les stigmates de l'explosion du pont sur le Rhône, dynamité par les Allemands lors de leur retraite durant l'été 1944.

Après avoir souffert de la désindustrialisation depuis la fin des années 1950, la ville essaye de se tourner vers les activités tertiaires et la promotion touristique et culturelle.

Aujourd'hui

Vienne est surtout connue désormais pour son festival annuel de Jazz en juillet (Jazz à Vienne), créé en 1981 (en 1980, il n'y avait eu qu'une nuit du blues), qui se déroule notamment dans le cadre majestueux du théâtre antique.

Vienne est une étape importante pour les gastronomes avec son célèbre restaurant étoilé « la Pyramide ». De plus, les coteaux faisant face à Vienne, idéalement ensoleillés, perpétuent la réputation viticole de la ville. Les côtes-rôties et les condrieux d'aujourd'hui prennent la suite des vins de l'Antiquité, encensés par Pline[Lequel ?] et par Martial, bien qu'ils n'aient vraisemblablement aucun point commun du point de vue gustatif.

Voir aussi

Articles connexes

Documentation externe

Bibliographie :

Liens externes :

Notes et références

  1. Gabriel Chapotat, Vienne gauloise, Lyon, 1970, 3 t.
  2. Jacques Gascou, « César a-t-il fondé une colonie à Vienne ? » MEFRA, 111-1, 1999, p. 157-165Lire en ligne sur Persée
  3. Gérard Coulon, Les Gallo-Romains : vivre, travailler, croire, se distraire - 54 av. J.-C.-486 ap. J.-C., Paris : Errance, 2006. Collection Hespérides, ISBN 2-87772331-3, p. 21
  4. Arrivée de l'ethnarque relatée par Flavius Josèphe. La présence juive en Gaule romaine est attestée par plusieurs sources dont Grégoire de Tours et des découvertes archéologiques.
  5. (en)Norman Roth, Medieval Jewish Civilization; An Encyclopedia, p. 558-561.
  6. Bruno Galland, Deux archevêchés entre la France et l'Empire, Ecole français de Rome, 2004.
  7. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980 (ISBN 978-2-7242-0785-9), p 261.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Histoire de Vienne (Isère) de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Histoire De L'Isère — Cet article traite de l’histoire du territoire actuellement occupé par le département de l’Isère. Sommaire 1 Origine étymologique 2 Préhistoire[1] 2.1 De 200 000 à 35 000 ans av. J. C …   Wikipédia en Français

  • Histoire de l'Isere — Histoire de l Isère Cet article traite de l’histoire du territoire actuellement occupé par le département de l’Isère. Sommaire 1 Origine étymologique 2 Préhistoire[1] 2.1 De 200 000 à 35 000 ans av. J. C …   Wikipédia en Français

  • Histoire de l'isère — Cet article traite de l’histoire du territoire actuellement occupé par le département de l’Isère. Sommaire 1 Origine étymologique 2 Préhistoire[1] 2.1 De 200 000 à 35 000 ans av. J. C …   Wikipédia en Français

  • Histoire de Vienne —  Pour l’article homonyme, voir Histoire de Vienne (Isère).  Le Graben à Vienne vers 1890 par August Stauda. L his …   Wikipédia en Français

  • Histoire de l'Isère — Cet article traite de l’histoire du territoire actuellement occupé par le département de l’Isère. La destinée du département est liée à la conjonction de plusieurs facteurs géographiques, environnementaux et politiques. Ainsi du paléolithique… …   Wikipédia en Français

  • Vienne (Isere) — Vienne (Isère) Homonymes de « Vienne » : (Autriche) (Isère) (département) (rivière) ... Vienne …   Wikipédia en Français

  • Histoire De Vienne —  Ne pas confondre avec l Histoire de Vienne (Autriche). Vienna est un mot celte qui signifie « bourgade au bord de l eau » …   Wikipédia en Français

  • Histoire de vienne —  Ne pas confondre avec l Histoire de Vienne (Autriche). Vienna est un mot celte qui signifie « bourgade au bord de l eau » …   Wikipédia en Français

  • Vienne (Isère) — Pour les articles homonymes, voir Vienne. 45° 31′ 31″ N 4° 52′ 33″ E …   Wikipédia en Français

  • Gare de Vienne (Isère) — Vienne Façade du bâtiment voyageurs Localisation Pays …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”