Gaz de schiste

Gaz de schiste
Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec huile de schiste.
48 grands bassins de gaz de schiste dans 38 pays, selon l'EIA
Derrick et Plateforme de forage d'un puits de gaz de schiste à Marcellus (Pennsylvanie, États-Unis).

Le gaz de schiste, également appelé « gaz de roche-mère » ou « gaz de shale », est une forme de gaz naturel extraite à partir de terrains schisteux. Il joue un rôle croissant dans l'approvisionnement en gaz naturel aux États-Unis depuis le début du XXIe siècle. Le succès que rencontre ce nouveau type d'exploitation aux États-Unis est sous-tendu par la législation locale, qui permet au propriétaire de mieux bénéficier des ressources du sous-sol qu'en France[note 1].

Le potentiel gazier des schistes intéresse aussi les gouvernements du Canada, d'Europe, d'Asie et d'Australie. Divers analystes s'attendent aussi à ce que le gaz de schiste puisse accroître considérablement les approvisionnements énergétiques mondiaux[1]. Selon une étude du Baker Institute of Public Policy de l'Université Rice, l'augmentation de la production de gaz de schiste aux États-Unis et au Canada pourrait contribuer à empêcher la Russie, le Qatar et l'Iran de dicter des prix plus élevés pour le gaz qu'ils exportent vers l'Europe[2]. L'administration Obama aux États-Unis estime que l'intensification de l'exploitation des gaz de schiste permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre[3]. Cependant, la production et le transport ne peuvent éviter des rejets accidentels ou délibérés de méthane, principal constituant du gaz naturel, dont le potentiel de réchauffement global) est très élevé.

La perméabilité de la plupart des schistes est insuffisante pour permettre un débit rentable par forage. Les gaz de schiste figurent parmi les « sources non-conventionnelles » de gaz naturel, qui regroupent aussi le gaz de charbon et les gaz de réservoir compact (anglais : tight gas). Au sein de l'industrie, les zones riches en gaz de schiste sont souvent considérées comme des zones de ressources (anglais : resource plays)[4], par opposition aux zones d'exploration (anglais : exploration plays). Le risque géologique de ne pas trouver de gaz est faible dans les zones de ressources, mais les bénéfices potentiels y sont généralement plus faibles.


Géologie

Illustration comparant l'exploitation des gaz de schiste à d'autres types de gisements de gaz naturel.

Le gaz de schiste est présent dans les schistes argileux sédimentaires, également appelés « shale » au Canada[5]. Le gaz de schiste est produit depuis des années (gaz conventionnel) dans des schistes fracturés naturellement, mais la matrice rocheuse des schistes présente une faible perméabilité. L'exploitation commerciale à grande échelle nécessite donc une fissuration artificielle de la roche pour en augmenter la perméabilité ; l'essor du gaz de schiste ces dernières années a été stimulé par l'utilisation à grande échelle de la technique de fracturation hydraulique. Le taux de récupération possible est de l'ordre de 20 à 40 %.

Les schistes qui ont un potentiel économique de production gazière partagent un certain nombre de caractéristiques ; ils sont riches en matière organique (0,5 % à 25 %)[6], et sont habituellement des roches sources pétrolières dans la fenêtre de gaz thermogénique (où l'action de la chaleur et des pressions élevées convertit le pétrole en gaz naturel). Ces schistes doivent être assez fragiles et assez rigides pour se fracturer et maintenir les fractures ouvertes. Dans certaines régions, les couches schisteuses à fort rayonnement gamma naturel sont réputées plus productives : un niveau élevé de rayonnement gamma est souvent corrélé à une forte teneur en carbone organique[7]. Ce sont souvent des schistes gris foncés, éventuellement carbonés et calcaires.

Une partie du gaz provient des fractures naturelles, le reste étant piégé dans les pores ou absorbé dans la matière organique. Le gaz libre des fractures est immédiatement accessible ; le reste n'est libéré que plus lentement et sous la pression créée via le puits et avec l'aide d'additifs chimiques.

Procédé

Le procédé s'appuie sur le forage directionnel (souvent horizontal), associé à la fracturation hydraulique, d'un grand nombre de puits. Le forage directionnel consiste à forer non pas verticalement, mais à une profondeur et un angle qui permettent au puits de rester confiné dans la zone potentiellement productrice, comme le montre le schéma ci-dessus. La fracturation hydraulique consiste à provoquer un grand nombre de micro-fractures dans la roche contenant le gaz, permettant à celui-ci de se déplacer jusqu'au puits afin d'être récupéré en surface. La fracturation est obtenue par l'injection d'eau à haute pression dans la formation géologique, autour du point d'injection[8].

On ajoute des additifs dans l'eau afin d'améliorer l'efficacité de la fracturation :

  • du sable de granulométrie adaptée, qui va s'insinuer dans les micro-fractures et empêcher qu'elles se referment ;
  • des biocides destinés à réduire la prolifération bactérienne dans le fluide et dans le puits ;
  • des lubrifiants qui favoriseront la pénétration du sable dans les micro-fractures ouvertes par la pression de l'eau ;
  • des détergents qui augmentent la désorption du gaz et donc la productivité des puits.

La multitude de puits forés en fait une technique inadaptée aux milieux urbanisés.

Il y a près de quinze ans, les méthodes d'extraction des hydrocarbures de roche-mère étaient encore inconnues. Selon des professionnels[réf. nécessaire], le coût total d'un seul forage s'élèverait entre 8 à 10 millions de dollars dont 40 à 50 % pour la plateforme de forage, 8 à 10 % pour l’acquisition des tubes et coffrages et 30 à 40 % pour la fracturation hydraulique.

Une fois l'exploitation terminée car la ressource épuisée, le forage est refermé avec des bouchons de ciment mesurant entre 50 et 100 m d'épaisseur à plusieurs niveaux différents.

Économie

Bien que des gaz de schiste soient exploités commercialement depuis plus d'un siècle dans le bassin des Appalaches et dans le bassin de l'Illinois aux États-Unis, ces puits étaient souvent peu rentables sur le plan économique[réf. nécessaire]. La hausse des prix du gaz naturel des années 2000 et les progrès technologiques enregistrés dans le domaine de la fracturation hydraulique et des forages horizontaux ont cependant amélioré la rentabilité du gaz de schiste. Ses coûts de production sont généralement plus élevés que pour les gisements traditionnels, en raison des coûts élevés du forage horizontal et de la fracturation hydraulique. Toutefois, ce facteur est souvent compensé par le faible risque d'échec des puits de gaz de schiste.[réf. nécessaire]

À ce jour, tous les puits de gaz de schiste ont été forés dans des roches du Paléozoïque et du Mésozoïque[réf. nécessaire].

L'Amérique du Nord est le chef de file dans le développement et la production de gaz de schiste. Le succès économique du Barnett Shale au Texas[réf. nécessaire] a stimulé la recherche d'autres sources de gaz de schiste aux États-Unis et au Canada.

L'exploitation de gaz de schiste permet entre autres, la création d’emplois notamment des métiers spécialisés tels que géologues, agronomes, biologistes, ingénieurs de forage, avocats et comptables. Aux Etats-Unis, un demi million d’emplois auraient ainsi été créés, non seulement dans les zones traditionnellement liées à l’exploitation d’hydrocarbures comme le Texas, mais aussi dans des zones sinistrées telle que la Pennsylvanie[9] Cependant, pour certains, l'exploitation des gaz de schiste retarderait le développement de politiques d’efficacité et d’économie d’énergie et celui des énergies alternatives comme les énergies renouvelables. Ce dernier argument n'est cependant pas partagé par tous. Pour certains, loin d'empêcher le développement des énergies renouvelables, la production d'hydrocarbures de schiste doit permettre de remplacer des importations extrêmement coûteuses et risquées[10].

Perspectives mondiales

Amérique du Nord

États-Unis

Plateforme de forage horizontal de Chief Oil & Gas dans les Appalaches.

Le premier puits de gaz commercial foré aux États-Unis, à Fredonia (État de New-York) en 1821, était un puits de gaz de schiste de la formation de schiste du dévonien de Fredonia. Cependant, depuis la découverte des puits de pétrole Drake en 1859, la production de gaz de schiste a été éclipsée par les grands volumes produits par les réservoirs de gaz conventionnel.

En 1996, les puits de gaz de schiste aux États-Unis ne produisaient que 0,3 TCF (billion de pieds cubes: 1 TCF vaut 28,3 milliards de mètres cubes), soit 1,6 % de la production américaine de gaz; la production a plus que triplé en 2006, pour s'établir à 1,1 TCF par an, soit 5,9 % de la production nationale.
En 2005, il y avait 14 990 puits de gaz de schiste aux États-Unis[11]. Un nombre record de 4 185 puits de gaz de schiste ont été forés en 2007[12]. En 2007, les gisements de gaz de schiste figuraient en bonne place parmi les principaux gisements gaziers aux États-Unis en termes de volumes produits; ainsi, le Barnett/Newark East se classait au 2e rang, tandis que l'Antrim figurait en 13e place[13].

Début 2011, on compte 493 000 forages d'exploitation actifs dont 93 000 au Texas et 71 000 en Pennsylvanie.

Une étude menée par le MIT estime que le gaz naturel fournira 40 % des besoins énergétiques des États-Unis dans l'avenir, contre 20 % aujourd'hui, grâce en partie aux abondantes réserves de gaz de schiste[14].

Afin de pouvoir puiser dans ces réserves, une loi est promue, interdisant au propriétaires terriens de refuser un forage de gaz de schiste dans leur propriété[15],[16].

Le mardi 21 juin 2011, l'Arkansas Oil and Gas Commission (Commission du pétrole et du gaz de l'Arkansas), fait passer un moratoire, interdisant temporairement l'exploitation par fracturation, en raison de 1220 tremblements de terres recensés provenant de cette technique depuis le début de l'année et notablement un de magnitude 4,7 sur l'échelle de Richter[17]

Les opérateurs industriels étaient en 2010 au nombre de neuf :

  • BJ Services
  • Complete Production Services
  • Halliburton
  • Key Energy Services
  • Patterson-UTI
  • RPC, Inc
  • Schlumberger
  • Superior Well Services
  • Weatherford

Canada

Québec
Article détaillé : Gaz de schiste au Québec.

Europe

Bien que l'Europe ne produise pas de gaz de schiste à l'heure actuelle, le succès des gaz de schiste en Amérique du Nord a incité les géologues dans un certain nombre de pays européens à examiner le potentiel de production de leurs propres schistes riches en matière organiques[18],[19],[20],[21].

La société norvégienne Statoil est impliquée dans une coentreprise avec Chesapeake Energy pour produire le gaz de schiste du Marcellus Shale dans le nord-est des États-Unis. La société a manifesté son intérêt à mettre les connaissances qu'elle a acquises aux États-Unis pour développer le gaz de schiste en Europe. La société russe Gazprom a annoncé en octobre 2009 qu'elle envisageait l'achat d'un producteur américain de gaz de schiste afin d'acquérir une expertise qu'elle pourrait utiliser pour développer le potentiel de la Russie[22]. Dans le Barnett Shale au Texas, la compagnie pétrolière française Total SA participe à une coentreprise avec Chesapeake Energy, alors que la société italienne ENI a acquis une participation dans Quicksilver Resources.

Les formations schisteuses propices en Europe comprennent des schistes du nord de la France[23] le schiste de l'Alum dans le nord de l'Europe et les schistes du Carbonifère en Allemagne et aux Pays-Bas[24]

Selon le centre d'études IHS-CERA, l'exploitation du gaz de schiste est indispensable à l'Europe pour compenser le déclin amorcé de sa production de gaz naturel conventionnel[25]. L’association Eurogas, Union Européenne pour l’Industrie du gaz naturel, émet elle un avis plus modéré sur le développement de gaz non conventionnels en Europe. Selon son président, Jean-François Cirelli, numéro deux du groupe énergétique GDF Suez, bien que le développement du gaz de schiste ait la capacité d’accroître les réserves mondiales de gaz et qu’il puisse compenser un déclin de la production sur le long terme, le gaz non conventionnel ne bénéficie pas d’un cadre suffisamment incitatif pour se développer[26].

Autriche

L'exploration est en cours en Autriche. OMV travaille sur un bassin prometteur, près de Vienne[27].

Allemagne

ExxonMobil détient des baux sur 750 000 hectares dans le bassin inférieur de la Saxe en Allemagne, où elle projetait de forer dix puits de gaz de schiste en 2009[28].

Danemark

La Danemark étudie actuellement très sérieusement la possibilité d'exploiter des gaz de schiste et se lance dans la recherche de ces hydrocarbures.[29]

Espagne

Des prospections ont été réalisées dans la province d'Alava (sud du Pays basque) et laissent penser que la zone abrite dans son sous-sol 184,5 milliards de mètres cubes de gaz, soit 60 fois la consommation annuelle de la région Pays basque et 5 fois celle de l'Espagne.[30] Pas encore exploité, ces hydrocarbures de schiste sont cependant considérés par le président du gouvernement autonome basquelehendakari, le socialiste Patxi López, comme "une opportunité motrice pour le développement industriel et l'activité économique." La région prévoit de s'allier avec l’entreprise texane Heyco pour forer les premiers puits de gaz de schiste dès 2012.[31]

France

Selon l'AIE (L'Agence internationale de l'Energie) la France serait, avec la Pologne, le pays européen aux ressources en gaz de schiste les plus importantes[32]. Les deux bassins potentiellement riches en hydrocarbures de schistes en France sont le bassin parisien et le sud-est du pays, là où ont été délivrés les permis d'exploration[réf. nécessaire]. Mais les conséquences environnementales inquiétant les populations concernées ont amené les députés français à légiférer.

Interdiction de la « fracturation hydraulique »

Le 30 juin 2011, la France devient le premier pays à refuser la fracturation hydraulique, une méthode jugée hautement polluante[33].

Cependant, d'autres techniques non conventionnelles de fracturation du schiste restent autorisées[34].

Historique de l'exploitation

Aucun permis d'exploitation de gisement d'hydrocarbures de roche-mère (gaz et huile) n'a été demandé. Il existe cependant trois permis de recherche concernant le gaz de schiste qui ont été accordés en mars 2010 et trois autres visant l'huile de schiste dans le bassin parisien en août 2008 et en octobre 2009[réf. nécessaire]. Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Écologie, accorde les trois premiers permis. Les permis concernant le gaz de schiste touchent sept départements du sud-est (Ardèche, Aveyron, Drôme, Gard, Hérault, Lozère et Vaucluse) soit 9 672 km2[réf. nécessaire]. Les trois permis sont le permis de Nant, de Montélimar et de Villeneuve-de-Berg. L'attribution de ces permis d'exploration a engendré de fortes contestations.

Historique des contestations citoyennes

Un grand nombre de collectifs, d'élus et de citoyens se sont mobilisés dans le but que les permis soient abolis[réf. nécessaire]. Depuis mai 2011 alors que plus de 105 000 personnes ont déjà signé une pétition contre l'exploitation de gaz de schistes par un procédé chimique très polluant pour l'environnement, les sociétés américaines ayant obtenu un permis de l'état assignent au tribunal administratif les maires ayant pris un arrêté municipal pour protéger leurs communes de l'exploitation et de la prospection. Cette affaire qui oppose des municipalités françaises à des multinationales américaines fait ressortir le problème de la remise en cause de décisions publiques adoptées à l'unanimité. Un moratoire se tenant jusqu'en juin 2011 après les protestations des riverains des sites, a amené le gouvernement à déclarer ne pouvoir interdire ou suspendre les forages étant donné l'argent déjà investi par les prospecteurs. Les problèmes de pollutions liés à l’exploitation gazière en Pennsylvanie, où les premiers forages remontent à plus de 4 ans, font craindre une catastrophe pour l'industrie des eaux minérales en France. En effet la plupart des sources comme Perrier; Quézac; Volvic; Evian; Thonon; Contrex; Vittel; La Salvetat; Hépar; Ste Cécile, ou encore Vals sont situées sur les zones d'exploitation potentielle de gaz de schiste. Or les remontées de produits chimiques issues de l'industrie du gaz risquent de souiller et rendre impropre à la consommation les eaux minérales et de consommation courante. La France étant le numéro 1 mondial sur le marché des eaux minérales, ceci constituerait une grave crise tant économique que sociale et sanitaire. Les premiers forages sont prévus pour septembre 2011[35].

Arguments des promoteurs de l’exploitation du gaz de schiste en France

La France est dépendante des autres pays pour sa consommation de gaz. Elle en importe notamment de la Russie, des Pays-Bas, de l'Algérie et de la Norvège. Depuis les années 1970, la consommation de gaz a augmenté plus rapidement que celle des autres énergies[réf. nécessaire]. Les principaux consommateurs de gaz en France sont le secteur tertiaire, le résidentiel et l'industrie. Moins de 2 % de cette consommation provient de la production nationale[réf. nécessaire]. C'est avant tout dans un but d'indépendance, du moins partielle, du point de vue énergétique que la France veut développer les exploitations de ces hydrocarbures de roche-mère (son exploitation permettrait en effet à la France de couvrir sa consommation annuelle de gaz sans importation pendant 100 ans[32]).

L'exploitation de ce gaz a permis aux États-Unis d'augmenter très largement leur production de gaz et ils sont ainsi passés d'importateurs à exportateurs de gaz, ce qui a ainsi contribué à la baisse du prix du gaz dans le pays[réf. nécessaire]. Néanmoins, les avantages précédemment décrits ne peuvent pas directement être mis en avant pour promouvoir l'exploitation en France. En effet certains facteurs sont différents, la densité de population, le droit du sous-sol, des contraintes environnementales plus importantes, des bassins sédimentaires plus petits et un réseau de transport de gaz moins développé.

Hongrie

ExxonMobil a foré le premier puits de gaz de schiste en Hongrie dans la fosse Mako, en 2009[36].

Pologne

En 2010, la Pologne importe les deux tiers de son gaz naturel de Russie. Des travaux récents indiquent que la Pologne renferme d'importantes ressources de gaz de schiste. Si les estimations récentes sont exactes, le pays jouirait de réserves de plus de 3 billions de mètres cubes[37], soit plus de 200 fois la consommation annuelle. Selon l'Energy Information Administration américaine, la Pologne disposerait plutôt de 5300 milliards de m³ de réserves de gaz de schiste, soit près de 400 fois sa consommation annuelle : elle aurait alors 1/3 des réserves européennes, devant la France et la Norvège [38].

Ces ressources de gaz de schiste pourraient accroître considérablement les réserves prouvées de l'Union européenne, et réduire les importations de gaz en provenance de Russie[39],[40].

Outre quelques gisements en Haute et Basse Silésie, en octobre 2011, le Ministère de l'environnement polonais avait accordé environ 100 concessions, couvrant 37 000 km² (12% du territoire national) [38]. Des gisements prometteurs se situeraient à Lublin, en Mazovie et en Poméranie[38]. Une dizaine de forages d'exploration sont en cours à la date d'octobre 2011 [38].

En octobre 2011, 40 compagnies, la plupart canadiennes et américaines, exploitent des concessions de gaz de schiste [38]. Parmi les Polonais: PGNiG, PKN Orlen, Mazovia Energy Resources et Lublin Energy Resources. Les firmes étrangères incluent Chevron, Cuadrilla, Aurelian Oil and Gas, Exxon Mobil Exploration, BNK Petroleum, Lane Energy[41] et ConocoPhillips[42], Lane Resources et Marathon Oil[38]. Total a racheté à Exxon Mobil 49% des parts de la concession d'exploration de gaz de schiste près de Lublin [38]. Marathon Oil a acquis des baux sur une importante en Pologne. La société envisage d'explorer les gaz de schiste du Silurien[43].

Royaume-Uni

Eurenergy Resource Corporation a annoncé son intention de forer pour du gaz de schiste dans le bassin Weald, situé dans le sud de l'Angleterre[44].

Suède

La Royal Dutch Shell évalue la viabilité des schistes d'Alum, dans le sud de la Suède, comme source de gaz de schiste[45],[46].

Asie-Pacifique

Australie

Beach Petroleum Limited a annoncé son intention de forer pour du gaz de schiste dans le bassin de Cooper, en Australie-Méridionale[47].

Chine

La Chine s'est fixé un objectif de production de 30 milliards de mètres cubes par an à partir des schistes, ce qui équivaut à presque la moitié de sa consommation de gaz en 2008[27]. On rapporte que les zones potentielles sont très répandues en Chine, mais encore peu développées[48]. En novembre 2009, le président américain Barack Obama s'est engagé à partager les technologies d'extraction des gaz de schiste de technologie avec la Chine et à encourager les investissements américains dans le développement des gaz de schiste chinois[49].

La Chine a ouvert un centre national de recherche sur le gaz de schiste en août 2010. Selon des informations rendues publiques, la Chine pourrait disposer de réserves totalisant 30 billions de mètres cubes[50].

Inde

Reliance Industries Limited (E & P), RNRL et Genpact ont exprimé leur intérêt dans le développement des gaz de schiste en Inde. Reliance Industries a investi 1,7 milliard de dollars pour acquérir une participation de 40 % dans Atlas Energy, qui possède des droits gaziers dans le Marcellus Shale dans le nord-est des États-Unis[51]. L'exploitation des gaz de schiste en Inde est compliquée par le fait que les baux d'exploration pétrolière émis par le gouvernement ne sont valides que pour les ressources conventionnelles et ne comprennent pas les sources non conventionnelles, comme le gaz de schiste[52].

En août 2010, une délégation de fonctionnaires du Ministère du Pétrole, dirigée par le directeur général des hydrocarbures, a rencontré des représentants de l'US Geological Survey à Washington dans le but d'établir une collaboration afin d'identifier et d'exploiter cette ressource en Inde. Les géologues indiens ont procédé à l'identification préliminaire de certaines zones propices, dont le bassin de Cambay au Gujarat, le bassin Assam-Arakan dans le nord de l'Inde, et le bassin du Gondwana dans le centre du pays[53].

Bilan en termes d'émissions de gaz à effet de serre

Ce bilan nécessite d'ajouter au CO2 issu de la combustion du gaz, le CO2 issu du pétrole dépensé pour la construction et le fonctionnement des puits, ainsi que le méthane qui fuit dans l'atmosphère lors du processus. Or, selon un article de Robert Howarth de l’université Cornell, publié dans Climatic Change Letters, sur la base des données disponibles auprès de l'EPA et de l’industrie gazière américaine elle-même, l'empreinte carbone du gaz de schiste est pire que celle des puits de gaz conventionnels. En effet, chaque puits perd de 3,6% à 7,9% de son gaz dans l'atmosphère (c'est 30% à 200% de plus qu'à partir d'un puits conventionnel)[54].

Et si l'on applique au méthane perdu dans l'atmosphère après hydrofracturation non plus l'indice de pouvoir de réchauffement global (PRG) retenu par le 4e rapport d’évaluation du GIEC (soit 72 fois le pouvoir réchauffant du CO2 pour une période de 20 ans), mais un autre indice proposé en 2009, par Drew Shindell de la NASA, plus élevé de 23 % en moyenne, car intégrant les interactions climatiques des gaz à effet de serre (GES) avec les aérosols particulaires de l'air, alors l'empreinte en équivalent CO2 d’un puits de gaz de schiste en 20 ans serait de 20 à 50 % plus élevé que si on avait utilisé du charbon pour produire la même quantité d'énergie[54].

Controverses sur les impacts et le bilan environnemental

Article détaillé : Controverses sur le gaz de schiste.

Les préoccupations officielles pour les impacts environnementaux et sanitaires induits par la fracturation hydraulique apparaissent vers 2010, notamment avec l'EPA qui - à la demande du Congrès américain - a décidé de les étudier (de 2010 à 2012) « sur les eaux potables et la santé publique », et la publication d'une première synthèse[55] par la revue American Scientist, mais il semble y avoir déjà eu aux États-Unis, après trois ans d'utilisation, plusieurs constats de « fuites » importantes de gaz dans l'environnement[56], et de contamination de nappes phréatiques superficielles par du gaz et des fluides de fracturation, selon l'Institut Français du Pétrole en raison d'un défaut de cimentation de la partie supérieure du forage[57]. Le congrès américain a réservé en 2010 un budget pour ces questions et l'EPA a confié à son Bureau de recherche et développement (Office of Research and Development ou ORD[58]) une étude scientifique à lancer en 2011, après des ateliers de travail et consultations d'experts (de juillet à septembre 2010) et appel public à expertise[59] concernant les effets possibles de la fracturation hydraulique sur les ressources en eau potable. L'EPA prévoit une évaluation de l'étude par des pairs. Des manifestations de citoyens et d'associations ont eu lieu dans divers pays en opposition à ce mode d'extraction ainsi qu'à l'usage continu d'énergies fossiles. Un film, Gasland, a contribué à alerter les populations à ce sujet.

Notes et références

Notes

  1. En France, la propriété du sol entraîne propriété du sous-sol (article 552 du code civil), mais le code minier prévoit que les gisements miniers ne peuvent exploités qu'avec l'autorisation de l'État et pas nécessairement au profit du propriétaire.

Références

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  57. Les gaz de schistes (shale gas), par IFP - Énergies nouvelles consulté 2011/01/06
  58. Page d'accueil de l' Office of Research and Development ou ORD qui est le Bureau de recherche et développement de l'EPA(
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Bibliographie

  • Assemblée nationale ; Rapport d'information sur les gaz et huile de schiste, au nom de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, présenté par M. François-Michel Gonnot et M. Philippe Martin Députés.
  • Gilles de Janzé, Le gaz de chistr, Sainte-Brigitte, Éditions La Truite de Quénécan, 2011, 64 p. (ISBN 978-2-9530086-5-4) [présentation en ligne] 
  • Marine Jobert et François Veillerette, Le vrai scandale des gaz de schiste, Paris, Éditions Les liens qui libèrent, 2011, 180 p. (ISBN 978-2-29187315) [présentation en ligne] 
  • Normand Mousseau, La révolution des gaz de schiste, Québec, Éditions MultiMondes, 2010, 146 p. (ISBN 978-2-89544-173-1) 
  • Québec, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, Développement durable de l’industrie des gaz de schiste au Québec, Québec, Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, février 2011, 323 p. (ISBN 978-2-550-61069-4) [lire en ligne (page consultée le 22 juin 2011)] 

Filmographie

  • Gasland, film documentaire américain de de Josh Fox (2010)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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