Claude-Etienne Hugau

Claude-Etienne Hugau

Claude Étienne Hugau (1741-1820), soldat puis officier de l'Ancien Régime, fut député de l'Eure de la première Assemblée Législative (1791-1792), avant de devenir Inspecteur des Revues.

Sommaire

Carrière militaire

Soldat et bas-officier (1757-1767)

Né à Paris le 2 avril 1741, il s'engage le 1er mars 1757 (il n'a pas encore 16 ans) au régiment de Bretagne avec lequel il participe à la Guerre de Sept ans. Affecté à l'armée du Hanovre sous les ordres du duc de Richelieu, puis du marquis de Soubise, il est blessé et fait prisonnier de guerre en septembre 1758[1]. Libéré de son camp de prisonniers, il change d'arme et devient cavalier en mars 1763, au régiment Colonel-Général : avec ce nouveau régiment il fait encore près de 2 ans de campagne et reçoit deux blessures.

En mars 1763, il est nommé fourrier, puis très rapidement maréchal des logis le 1er avril de la même année, avant d'être promu porte-étendard en juin 1765, puis responsable de la caisse du régiment avec rang de sous-lieutenant en septembre 1765.

Une exceptionnelle carrière d'officier (1767-1789)

Grâce aux réformes du comte d'Argenson, Hugau, simple roturier, devient sous-lieutenant le 6 avril 1767, puis lieutenant le 20 avril 1768, à l'arrivée du nouveau mestre de camp du régiment colonel-Général, le marquis Brunet d'Évry[2].

La campagne dans les Grandes Indes (1769-1772)

En juin 1769, le lieutenant Hugau quitte son régiment pour participer à une mission de soutien du Nabab du Mysore, Hyder Ali Khan, en lutte contre les Anglais aux Indes[3]. Le détachement d'une dizaine d'officiers sous les ordres du lieutenant-colonel Hügel, "sans soutien officiel" part de Bordeaux en septembre 1769 : pour l'occasion Hugau est nommé capitaine de cavalerie. Après une longue étape à l' Île-de-France, le détachement français débarque à Goa le 1er janvier 1771, puis après de très nombreuses aventures rejoint l'armée d'Hyder Ali Khan. Cette dernière est sévèrement battue le 2 mars 1771, par la cavalerie Marathes qui cherche à reprendre le contrôle de la province du Mysore.

Après cet échec Hugau est désigné pour porter des nouvelles en France et il quitte les Indes en janvier 1772 pour rejoindre Brest le 15 juillet. De son séjour aux Indes, Hugau va rédiger un journal de ses aventures[4].

La campagne en Amérique (1780-1783)

Rentré en France, attaché à la Légion Royale comme capitaine à la suite, il va rapidement rencontrer le duc de Lauzun qui a une grande influence sur sa carrière militaire : dès 1774, il accompagne le duc de Lauzun dans un voyage d'étude en Allemagne[5]. À la suppression de la Légion Royale en 1776, il suit le duc de Lauzun dans son nouveau régiment, Royal Dragons.

En 1778, Hugau se marie avec Eléonore Boldelle, fille d'un officier de bouche en poste à Versailles et obtient le grade de major, dans la nouvelle unité mise sur pied pour le duc de Lauzun, le Corps des Volontaires Étrangers de la Marine.

Dès juin 1779, le duc de Lauzun le propose pour le grade de lieutenant-colonel, mais devant un avancement aussi rapide, il est seulement nommé major-général (rang de lieutenant-colonel) mais sans augmentation de traitement : il obtient aussi la croix de St Louis. La 2e Légion des volontaires étrangers de la marine est transformée en Légion de Lauzun en mars 1780. Embarqué pour les États-Unis en mai 1780, il apprend le 20 juin qu'il est officiellement nommé lieutenant-colonel : début juillet les forces françaises débarquent à Newport.

Après la campagne de 1781 et la victoire de Yorktown, Hugau assure la réalité du commandement de la Légion de Lauzun et ses relations avec le colonel en second, le comte Dillon sont difficiles. Hugau écrira un journal[6] de son séjour aux États-Unis et divers écrits en relation avec son voyage en Amérique[7].

Le régiment des Hussards de Lauzun (1783-1789)

De retour en France en septembre 1783, Hugau, nommé lieutenant-colonel dans le nouveau régiment des hussards de Lauzun, s'occupe de l'organisation du nouveau corps[8] mais donne sa démission pour raison de santé en mars 1789, ayant conscience que son statut de roturier ne lui permet pas de commander un régiment.

Carrière juridique et politique (1789-1800)

4 mois après sa démission de l'armée, il est nommé commandant en second de la Garde Nationale d'Évreux et de sa région. Il participe ainsi à la Fête de la Fédération, à la tête de son détachement le 14 juillet 1790. Il est en même temps nommé juge de paix et président de l'administration du district d'Évreux.

Claude Hugau est élu député de l'Eure et siège à la nouvelle Assemblée Législative à partir d'octobre 1791, se spécialisant sur les questions et sujets d'organisation militaire.

En septembre 1792, son mandat terminé, il reprend son travail de juge de paix, mais aussi "d'agent supérieur du gouvernement pour le recrutement" et de "commissaire pour annoncer les secours à domicile aux pauvres parents des défenseurs". En 1798, il devient président du tribunal criminel pour le département de l'Eure[1].

Inspecteur des Revues[9] (1800-1815)

En mars 1800, sur recommandation d'un ancien de la campagne d'Amérique, le général Mathieu Dumas, Claude Hugau devient sous-inspecteur aux revues de 2e Classe, avec un traitement équivalent à celui d'un colonel. Affecté à l'armée du général Moreau, il participe à la campagne d'Allemagne, puis est affecté à Caen et enfin au camp de Boulogne (1803). Dès 1804, la santé de son épouse demande des soins constants : le camp de Boulogne étant considéré comme un service en campagne, Hugau demande un poste d'inspecteur attaché à une école militaire. Il reçoit, au camp de Boulogne, la croix de chevalier de la Légion d'honneur des mains de Napoléon, le 16 août 1804.

Sa demande est prise en compte et il devient sous-inspecteur à Fontainebleau (novembre 1804), puis à Versailles : en 1809, à 68 ans, il est nommé sous-inspecteur de 1re classe. En janvier 1810, il devient inspecteur des revues à Nancy, avec rang de général de brigade et obtient la croix d'officier de la légion d'honneur.

En 1814, devant l'avance des troupes Alliées, Hugau replie ses services à Paris. La 1re Restauration lui donne l'ordre de rejoindre Nancy. Mais à 74 ans, étant le plus ancien Inspecteur des Revues, Louis XVIII, décide sa mise à la retraite. Malgré les Cent-Jours, l'administration continue son travail et c'est Napoléon, de retour à Paris, qui lui accorde sa retraite en avril 1815, pour 56 ans, 9 mois et 4 jours de service, soit 4 000 Frs, comme un général de brigade.

Son épouse décède à Nancy en mai 1815, Hugau se retire à Évreux où il décède le 12 mars 1820.

Sources et bibliographie

  • Bodinier (Gilbert), Les officiers de l'Armée Royale combattants de la guerre d'indépendance des Etats-Unis, de Yorktown à l'an II, Vincennes, SHAT, 1983
  • Bodinier (Gilbert), Dictionnaire des officiers de l'Armée Royale qui ont combattu aux Etats-Unis pendant la guerre d'Indépendance, Vincennes, SHAT, 1983 et 3e édition augmentée et corrigée chez l'auteur 53420 Chailland.
  • Hugau (Claude Étienne), Ms F frn 26 Manuscrits, titres et diplômes, Archives de la bibliothèque d'Évreux :
  • Labadie (Jean-Yves), "Un Ebroicien d'adoption, Claude Étienne Hugau (1741-1820), dans Connaissance de L'Eure, 1992, n° 85 (juillet)
  • Massoni (Gérard-Antoine), "Claude Hugau (1741-1820), lieutenant-colonel des Hussards de Lauzun, membre de la 1er Assemblée Législative, Inspecteur des Revues", dans Vivat Hussar, Tarbes, 1994, n° 29, pp 79-96
  • Massoni (Gérard-Antoine), Histoire d'un régiment de cavalerie légère, le 5e Hussards de 1783 à 1815, Paris, Ed. Archives et Culture, 2007.
  • Robert (A.), Bourloton (E.), Cougny (G.), Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889, Paris, Ed. Bourloton, 1890, 5 vol., 1889-1890
  • Turlotte (colonel), "La mission française auprès des Nababs du Mysore" dans Revue historique des armées, Vincennes, 1993, n° 1
  • Valence (Françoise de), Le voyage Extraordinaire d'un capitaine de dragons chez Hyder Ali Khan (1769-1772), Paris, Ed. Maisonneuve et Larose, 2001

Notes et références

  1. a et b dossier individuel Claude Hugau (1791-1847) et Trésor Royal n° 2914, S.H.D Vincennes
  2. Gérard Massoni, "Claude Hugau (1741-1820), lieutenant-colonel des hussards de Lauzun, membre de la 1er Assemblée Législative, Inspecteur des Revues" dans Vivat Hussar, Tarbes, 1994, n° 24, p 79-96
  3. Jean-Yves Labadie, "Un Ebroicien d'adoption, Claude Étienne Hugau" dans Connaissance de l'Eure, juillet 1992, n° 85
  4. Ms Ffrn 28 et 28 bis Voyage en Asie, dans les royaumes de Sonde, Canarat et Maÿssur, Cap de Bonne Espérance, Isle de France, Arabie, Malabar par un capitaine de cavalerie, bibliothèque municipale d'Évreux, publiée par Françoise de Valence, Le voyage extraordinaire d'un capitaine de dragons chez Hyder Ali Khan, Paris, Ed. Maisonneuve et Larose, 2001
  5. Ms Ffrn 26, bibliothèque municipale d'Évreux
  6. Ms Ffrn 30, Détails intéressants sur les événements arrivés dans la guerre d'Amérique, bibliothèque municipale d'Evreux ; présentation par Gérard MASSONI, mémoire de maîtrise d'histoire sous la direction du professeur Vion-Delphin, Université de Franche Comté, 1996
  7. Ms Ffrn 31, Mémoire sur le commerce entre la France et les Etats-Unis, bibliothèque municipale d'Evreux
  8. Gérard Massoni, "Claude Hugau (1741-1820), lieutenant-colonel des hussards de Lauzun, membre de la 1er Assemblée Législative, Inspecteur des Revues" dans Vivat Hussar, Tarbes, 1994, n° 24, p 79-96 et Histoire d'un régiment de cavalerie légère, le 5e Hussards de 1783 à 1815, Paris, Ed. Archives et Cultures, 2007
  9. Les inspecteurs des revues sont chargés de l'organisation, embrigadement, incorporation, levée, licenciement, solde et comptabilité des corps militaires


Voir aussi

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