Château de Richelieu

Château de Richelieu
château de Richelieu
Image illustrative de l'article Château de Richelieu
Entrée du parc, côté nord
Période ou style Louis XIII
Type Palais
Début construction XVIIe siècle
Fin construction XVIIe siècle
Propriétaire initial Armand Jean du Plessis de Richelieu
Destination initiale Demeure ducale
Propriétaire actuel Commune de Richelieu
Destination actuelle Parc public
Protection Classé MH (1930)
Coordonnées 47° 00′ 26″ N 0° 19′ 33″ E / 47.0071, 0.325947° 00′ 26″ Nord
       0° 19′ 33″ Est
/ 47.0071, 0.3259
  [1],[2]
Pays Drapeau de France France
Anciennes provinces de France Poitou
Région Centre
Département Indre-et-Loire
Commune française Richelieu

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
château de Richelieu

Le château de Richelieu était un vaste et superbe château que le cardinal de Richelieu a fait construire en Poitou, sur l'emplacement du manoir familial des du Plessis. Il n'en reste presque plus rien aujourd'hui.

Situé à Richelieu (Indre-et-Loire), le château se trouvait au cœur d'un parc de plusieurs hectares situé au sud de la ville actuelle. On y accédait principalement par une avenue au nord, venant du bourg clos de mur, et d'une avenue à l'ouest qui rejoint l'actuelle D749 (avenue de Schafheim).

Si le château a été détruit, la ville de Richelieu est restée quasiment intacte, telle qu'elle se présentait au XVIIe siècle. Contrairement aux autres cités nouvelles de la même époque (Charleville, Henrichemont), qui ont été fondues dans les constructions postérieures, la ville de Richelieu constitue un exemple unique d'urbanisme de cette époque. Bien plus, la ville et son château, liés dans un même programme et nés de l'ambition du Cardinal, présentent des particularités saisissantes par rapport aux modèles urbains antérieurs et contemporains. Le site du château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis septembre 1930[3].

Sommaire

Historique

À la fin du XIIe siècle existait un château de « Richeloc » construit pour les seigneurs de Mauson. En 1201, une chapelle dédiée à Saint-Nicolas-de-Lyre est construite, chapelle du château qui est probablement devenue l'église paroissiale des Sablons. En 1407 est mentionné « l'Hostel de Richelieu » avec douves, que Charles VII autorise à fortifier. Il n'existe plus rien de ce château, remanié au XVIe siècle puis entièrement reconstruit au siècle suivant.

Le cardinal Armand du Plessis achète le domaine en 1621. C'était un petit castel avec tours, chapelle, bâtiments de service, et parc. Le modeste château de ses ancêtres ne correspondait plus à sa nouvelle situation et son ascension politique le poussa à un projet ambitieux, capable de rivaliser avec les plus belles demeures de son époque.

Par des lettres patentes de Louis XIII, il fut permis au cardinal de Richelieu de faire bâtir un bourg, clos de murs et fossés avec deux marchés par semaine. Ce bourg est l'actuelle ville de Richelieu, qui s'est développée au nord du domaine. Elle est construite sur un plan de « cité idéale » (à rapprocher aussi avec celui de Brouage, à la même époque, et les villes déjà citées).

Il entreprit des travaux des 1624. Vers 1630, il ambitionne un programme architectural plus vaste associant une ville au château qu'il confie à l'architecte Jacques Lemercier. Chaque maison construite sera vendue à un noble proche de Richelieu. Ce dernier ambitionnait ainsi de se créer une cour proche de son château. Il fit donc édifier une vaste demeure, à laquelle il employa plusieurs millions de livres tournois. Le vieux château fut conservé tant que le nouveau ne fut pas habitable et la chapelle fut conservée au moins jusqu'en 1639, date d'achèvement de l'église de la ville actuelle. Il fit ensuite entièrement raser l'ancien château[4].

Jacques Lemercier mena donc la construction de la ville et du château, et les décors furent confiés aux plus illustres et aux plus doués artistes de la première moitié du XVIIe siècle. Richelieu a ainsi conçu un ensemble cohérent et riche visuellement qui était le reflet, à l'intention de ses visiteurs, de sa conception de l'action politique. La construction est achevée avant la mort du cardinal en 1642[5].

À la mort du Cardinal, les titres ducaux de Richelieu et de Fronsac passèrent à son neveu, puis dans la maison de Vignerot. Le château de Richelieu, résidence ducale, suivit le même devenir.

L'arrière-petit-neveu du Cardinal, Louis-François-Armand de Vignerot (1696-1788), fit effectuer des transformations au château et aménager les jardins et le parc. et vers les années 1760, fit faire d'importants travaux dans la "galerie des Glaces" qui auraient été confiés à l'architecte Chevotet.

Séquestré, vidé, dépouillé puis démoli...

Confisqué à la Révolution française comme bien d'émigré, le château est alors vidé de ses collections et de son mobilier, puis laissé à l'abandon.

Vers 1800, l'architecte Léon Dufourny (1754 -1818), membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1796, saisit au château le plateau rectangulaire de mosaïque de marbres et de pierres dures d'une table d'apparat qui avait orné un temps le salon précédant la galerie des batailles du Roi, qui, complété postérieurement par un piètement en bois sculpté, est depuis conservé au musée du Louvre (galerie d'Apollon). Une réplique du piètement sculpté de ce meuble exceptionnel est conservée au musée des Beaux-Arts de Tours.

En 1805, le château très abîmé est restitué aux héritiers Richelieu par Napoléon Ier qui le cèdent en 1832 au sieur Boutron, qui entreprend sa démolition quasi-complète pour en revendre les matériaux jusqu'en 1835 ; le marchand de biens Pilté-Grenet, que l'on dit membre de la célèbre Bande Noire association de "liquidateurs" d'anciens grands domaines seigneuriaux française, achète alors un ensemble de tableaux qu'il léguera en 1824 au musée des Beaux-Arts d'Orléans.

Un mécène sauve ce qui reste du domaine.

En 1877, le richissime banquier parisien Michel Heine, beau-père du 7e duc de Richelieu, achète le domaine, remet en état le parc et fait restaurer le pavillon des communs.

Entretemps, M. Laurence, propriétaire transitoire, s'était fait construire en 1852 dans le parc une résidence de style néoclassique, dite "le Petit Château" (carte postale anc., archives pers.) assez éloignée de l'ancienne demeure, qui servit ensuite de résidence à la famille Heine, puis après 1930 de logement de fonction au conservateur du domaine.

Après la démolition de l'aile Est vers 1900, seul le pavillon central des écuries est conservé.

En 1930, le 8e et dernier duc de Richelieu lègue le château et son parc à la Chancellerie des universités de Paris.

Description

Ce château était construit sur un plan carré orné à chaque angle d'un pavillon rectangulaire, presque dans les mêmes dispositions que le château de Louis XIII à Versailles. La composition des bâtiments du château présentaient également une hiérarchie des étages : quatre niveaux pour le château, trois pour les écuries, deux pour les communs, et un pour le mur de clôture.

Le pavillon des écuries, subsistant, est couvert d'une voûte en arc de cloître à lunettes. Les grottes, très restaurées, sont divisées en trois vaisseaux et couvertes de voûtes d'arêtes plates; le vaisseau central se termine par une abside couverte d'une voûte en coquille.

Arts

Il existe de nombreux dessins de la demeure, ainsi que quelques vestiges artistiques replacés ici ou là après la démolition

Il reste du décor du château plusieurs statues d'antiques restaurées et/ou complétées sous Richelieu (musée de Tours et musée du Louvre), quelques meubles et vases de porphyre (musée du Louvre, Paris) et des tableaux (musées des beaux-arts de Tours et d'Orléans - legs Pilté-Grenet, musée de Richelieu et musée de Vendôme).

Les œuvres picturales les plus notables sont le cycle des Quatre Éléments commandés à Claude Deruet (1588-1660) décorant le cabinet de la Reine, et les huit Évangélistes et les huit Pères de l'Église par Martin Féminet ( 1567-1619) antérieures à la construction et destinées initialement à la chapelle du château de Fontainebleau, selon Jacques Thuillier. Ces deux ensembles sont aujourd'hui conservés au musée des beaux-arts d'Orléans.

Sur la série de vingt grands tableaux représentant les batailles de Louis XIII de la galerie du même nom (cf. la galerie dite des Grandes Actions de Monsieur le Prince au château de Chantilly), huit sont actuellement considérées comme perdues et douze autres, conservées au musée du château de Versailles, sont en cours de restauration; certaines sont présentées lors d'une grande exposition sur le château et la ville à Richelieu, Orléans et Tours au printemps 2011. A la fin de celle-ci six des peintures seront déposées au musée de Richelieu, trois au musée des beaux-arts de Tours et trois au musée des beaux-arts d'Orléans.

La Fontaine a donné cette description du château :

« C'est assez que le tout est d'une beauté, d'une magnificence, d'une grandeur dignes de celuy qui l'a fait bastir. [...] Enfin nous sortismes de cet endroit et traversasmes je ne sçais combien de chambres riches, magnifiques, des mieux ornées et dont je ne diray rien ; car de m'amuser à des lambris et à des dorures, moy que Richelieu a rempli d'originaux et d'antiques, vous ne me le conseilleriez pas. Toutefois je vous avoueray que l'appartement du roy m'a semblé merveilleusement superbe ; celuy de la reyne ne l'est pas moins : il y a tant d'or qu'à la fin je m'en ennuyay[6]. »

— Jean de La Fontaine, Lettre à Madame de la Fontaine

Bibliographie

  • Marie-Pierre Terrien, La cité idéale et le château de Richelieu : un programme architectural savant, Cholet, Pays et terroirs, 2006, 159 p. (ISBN 2751601316) (OCLC 492599760) 
  • Louis Faton, « La peinture française au musée d'Orléans », dans L'Estampille, no 109, mai 1979, p. 9-10 (ISSN 0998-8041) 

Notes et références

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  2. Notice no IVR24_79370202V, sur la base Mémoire, ministère de la Culture
  3. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no IA00127137 » sur www.culture.gouv.fr.
  4. Louis Dussieux, Le cardinal de Richelieu: étude biographique, 1886, p. 276
  5. Françoise Hildesheimer, Richelieu, 2004, p. 287.
  6. Oeuvres complètes. Tome III, Jean de la Fontaine, P. Jannet (Paris, 1857-1877) disponible sur Gallica

Voir aussi

Liens externes



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