Assia Granatouroff

Assia Granatouroff
Statue Assia à Rotterdam, sculptée en 1937 par Charles Despiau

Assia, rarement désignée par son nom complet Assia Granatouroff, (Bogopol, Ukraine, 6 octobre 1911 - Paris?, 17 mai 1982)[1],[2] a été dans l’entre-deux guerres le modèle de nu de nombreux photographes, peintres et sculpteurs parisiens. Assia « incarne l'essence même de la photographie de nu de l'époque »[3].

Sommaire

Une vie

Assia Granatouroff est la fille de Échiel et Méchama Granatouroff. Elle a un frère, Hersch[4] Elle a trois ans quand son père, démocrate qui refuse le régime de Nicolas II, part pour les États-Unis. C'est donc sans lui que sa famille subira les mesures anti-juifs de la Russie d'alors, et vivra le début de la Première Guerre mondiale et la révolution russe. Fin 1920, ce père se manifeste et appelle sa femme et ses enfants à le rejoindre à Paris où il vit chez sa sœur. Le voyage mettra près d'un an. Assia a donc presque onze ans quand elle arrive à Paris.

Elle a seize ans quand elle quitte le domicile familial. Elle s'établit rue de Rennes, près de Montparnasse, qui est alors le centre de la vie artistique de Paris. Elle pratique le dessin, réalise des motifs floraux, qu'elle vend aux usines textiles du Nord, et des travaux de couture. À partir de 1930, elle est modèle pour des photographes comme Roger Schall, qui la découvre, Dora Maar, Germaine Krull, Ergy Landau, Emmanuel Sougez. Très vite, elle pose également pour de nombreux sculpteurs (Charles Despiau, qui nomme Assia une de ses œuvres, Aristide Maillol, Paul Belmondo, Chana Orloff) et peintres (André Derain, Moïse Kisling, Kees Van Dongen, Marcel Gromaire, Suzanne Valadon, Henry de Waroquier, Edmond Céria). Elle commence au Vieux-Colombier une carrière théâtrale qu'elle poursuivra sous la direction de Charles Dullin. En 1935, elle joue quelques rôles au cinéma et participe au film Les Yeux noirs de Victor Tourjansky.

En 1940, Assia Granatouroff se réfugie en zone libre. Arrêtée plus tard par la Gestapo parce que juive, elle parvient à se faire libérer et à rejoindre les rangs de la Résistance. Elle francise son nom et se fait désormais appeler Granatour. Son mari est arrêté lui aussi vers 1941; il revient de captivité en 1944. Le couple divorce en 1949.

À partir de 1950, elle se rapproche de l'ésotérisme, et sa production artistique s'oriente vers un symbolisme propre. Elle réalise des compositions de fleurs, dont elle a une « perception spirituelle », et des tapisseries inspirées des cartes du tarot. Elle expose entre 1972 et 1978.

Un cancer des os l'emporte en quelques semaines en mai 1982.

Un modèle

Les photographes de la Nouvelle Vision tournent le dos au pictorialisme de leurs prédécesseurs comme au surréalisme, et privilégient l'aspect graphique des clichés. Man Ray, Edward Weston photographient un sujet pour lui-même plus encore que comme représentation. On voit l'apparition du nu pour le nu, dans lequel « c'est la ligne qu'il faut étudier avant tout ; [...] comme la simplicité est une degré supérieur de beauté, c'est donc à la simplicité de la ligne qu'il nous faut parvenir. »[5] En même temps, l'époque voit l'essor de l’activité en plein air, l’exercice physique en groupe, bientôt libre de s’ébrouer pendant les congés payés.

Dans ce contexte, Assia est un modèle idéaln : elle « rayonne d'une beauté et d'un charme parfaitement naturels »[6], « un peu garçonne, avec son carré blond, bouclé, ses jambes solides, son buste fin »[7], qui montre sans afféterie « un corps puissant qu’aucune maternité ou promesse de maternité n’alourdit »[8]. Elle pose en particulier pour les femmes photographes Dora Maar, Ergy Landau, Germaine Krull. Pour cette dernière, dans la réclame pour la poudre de riz Gibbs, la "Walkyrie d’acier" saisit l'objet tout en douceur[7].

Le sculpteur Charles Despiau dira de cette Ukrainienne dont il donnera plusieurs représentations : « Les épaules sont égyptiennes. Le bassin est grec. » Assia pose pour lui une ou deux fois par semaine de 1934 à 1938[6].

Pour en savoir plus

Photos

Bibliographie

  • Véronique Pittolo, « Le corps d'Assia Granatouroff », dans Beaux Arts Magazine, avril 1994 

Filmographie

Voir aussi

Principaux photographes ayant pris Assia Granatouroff comme modèle[1]:

Notes et références

  1. ↑ a et b Source: Bouqueret, 2006, p. 122
  2. ↑ a et b Son patronyme ukrainien semble avoir causé quelque confusion chez ses contemporains parisiens. Dans une lettre citée par Bouqueret (2006, p. 16), la fille d'Emmanuel Sougez appelle Assia Grenet le modèle de son père, et les génériques des quelques films auxquels elle a participé la nomment Assia Grenay ou Nine Assia.
  3. ↑ Paris capitale - Le nu / le portrait. Mis en ligne le 23 mai 2009, consulté le 25 septembre 2009
  4. ↑ Les éléments de biographie d'Assia sont tirés du livre de Christian Bouqueret (2006, page 122), qui a recueilli le récit de Hersch Granatouroff.
  5. ↑ Mentzel & Roux, Formes nues, Formes, Paris, 1935. Cité par Bouqueret 2006, p. 17
  6. ↑ a et b Source: Bouqueret, 2006, p. 16
  7. ↑ a et b Source: "Assia, sublime modèle" sur photographie.com. Consulté le 25 septembre 2009
  8. ↑ Source: Elisabeth Lebon in Bouqueret, 1993.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Assia Granatouroff de Wikipédia en français (auteurs)

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