Anna Ivanovna Abrikossova

Anna Ivanovna Abrikossova

Anne Ivanovna Abrikosoff[1], sœur Ekaterina Nikolaïevna Mikhailova, mère Catherine de Sienne (Анна Ивановна Абрикосова (Екатерина Сиенская), (1882-1936), fonda en 1912 avec un groupe de plusieurs femmes russes reçues au sein de l'Église grecque-catholique russe, une communauté de tertiaires dominicaines régulières de rite russe byzantin slave. Les dix-sept sœurs s'offrent en victimes d'expiation pour la Russie et sont ensuite arrêtées et envoyées pour la plupart en Sibérie. Elles poursuivirent leur apostolat au camp de concentration ou de travail et sont fusillées après la mort d'Anna Ivanovna.

Sommaire

Parcours

Elle naquit dans une célèbre famille de négociants en 1882, et devient orpheline[2]. Elle est élevée avec ses frères par son oncle Nicolas Alexéïevitch Abrikossov. Elle va au lycée à Moscou et obtient une médaille d'or en 1899. Elle passe en 1903 le diplôme de l'Université de Girton College (Cambridge), (études d'histoire) et épouse son cousin Vladimir Vladimirovitch Abrikossov. Durant les années 1910-1905, ils voyagent en France, en Italie et en Suisse. Elle découvre le catholicisme et lit les écrits de Catherine de Sienne. Elle se convertit au catholicisme en 1907 et son époux en 1908.

Elle et son mari sont reçus dans l'Église catholique le 20 décembre 1908, à Paris. En 1910, sa maison de Moscou devient un centre de rencontres et d'amitié pour catholiques russes. Elle organise des réunions religieuses avec la participation d'intellectuels. Les deux conjoints prennent en charge les enfants pauvres dans divers établissements d'enseignement. En 1903, ils entrent dans le tiers-ordre dominicain de rite russe catholique byzantin, après avoir prononcé des vœux ; ils rencontrent le Pape Pie X en audience privée : ils devront suivre le rite oriental. Vladimir devient prêtre puis évêque, dans le Tiers-ordre. De retour à Moscou, elle organise la communauté féminine. Officiellement, le groupe de sœurs du Tiers-ordre a pris forme en 1917. Anna Abrikossov (sœur Marie-Catherine de Sienne, puis mère Catherine, Yekaterina), sera la sœur la plus ancienne d'un groupe constitué de cinq femmes. En 1917, Anna fait vœu de chasteté, Vladimir est ensuite sacré évêque par le métropolite Andreï Septicky. Dans leur appartement, une vie de prière russe s'organise, ainsi qu'une paroisse de rite byzantin consacrée à Notre-Dame-de-la-Nativité. Dans la communauté monastique, pratiques ascétiques, liturgie quotidienne de služilas rythment la journée. Elles pratiquent des activités de traduction et de catéchisme, et du travail bénévole. Malgré les temps de guerre civile et l'effondrement économique, la communauté non seulement continue d'exister, mais elle augmente numériquement. En 1921, elles sont quinze sœurs.

La première arrestation d'Anna Ivanovna avec dix autres sœurs[3] a lieu du 12 au 16 octobre 1923 : elle est arrêtée le 12 novembre et accusée par l'OGPU d'avoir aidé la bourgeoisie internationale et d'avoir espionné. Elle est donc condamnée (en vertu des articles 61 et 66 du code criminel de la République socialiste fédérative soviétique de Russie). Mère Catherine est d'abord gardée seule dans la SEF de la Place Loubianka et, après quatre mois, est transférée à la prison de la rue Boutyrskaïa, où elle est mesure de rencontrer les autres sœurs. Sous son influence, un adolescent, qui avait l'intention de se suicider, change d'avis. La sentence de dispersion du groupe est prononcée le 19 mai 1924. C'est la première étape d'une série de procès et de persécutions qui dureront de 1931 à 1934.

En 1922 Vladimir est définitivement banni de Russie. En 1923 Anna et les autres sœurs sont déportées en Sibérie. Anna est transférée dans les prisons de Tobolsk et d'Iaroslav. Elle tombe malade en 1932 (cancer du sein) et on fait une pétition pour demander sa libération. Libérée, elle rencontre sa sœur et un groupe de jeunes dans des réunions secrètes organisées par Camilla Solomiya, puis elle est à nouveau arrêtée en 1933, le 5 août, mais sa peine est commuée en cinq ans de camp de travail. Anna Ivanovna meurt peu après de maladie à Moscou le 23 juillet 1936 à l'hôpital de la prison de la rue Boutyrskaïa. Avant de mourir elle déclara, « le Christ désire maintenant en Russie un sacrifice individuel pour ceux qui... Soyons comme des agneaux conduits à l'abattoir ….Obeissance jusqu'à la mort sur la Croix, ensemble avec humilité — ce sont les deux vertus que je prêche à mes sœurs » . Toutes les autres victimes de ces condamnations seront fusillées sans autre jugement en novembre 1937.

Un autre procès, en 1935, concerne aussi trois dominicaines, un autre concerne cinq sœurs qui, après leur libération, s'étaient regroupées à Maloïaroslavets : arrêtées le 30 novembre 1948, elles seront de nouveau condamnées à dix ans de camp le 17 août 1949 : « Conformément à la Règle de l'ordre dominicain, l'organisation menait un travail contre-révolutionnaire. » De plus, les sœurs dominicaines, qui réussirent parfois à se retrouver dans un même camp, y formèrent des groupes pour diffuser les idées catholiques, considérées comme contre-révolutionnaires par les gardiens.

En plus de ces religieuses dominicaines[4] figurent aussi des tertiaires laïques, et de nombreux fidèles proches des sœurs et des prêtres qu'elles fréquentaient, mais sans qu'on puisse déterminer une appartenance institutionnelle au Tiers-Ordre dominicain. En 1923 toutes ces sœurs avaient entre 22 et 49 ans.

Compléments

Articles connexes

Liens externes

Filmographie

  • 4082 Sudba Anny Ivanovny Abrikosovej : Anna Ivanovna Abrikosova directed by Joao Cristo

produced by Studia “Otchij Dom”, Moscow, Russia, 2004. Second prix du festival international du film et du multimedia catholique 2005

Bibliographie

  • (fr) Sainte Catherine de Sienne à Moscou (Unitas, septembre 1946, page 7), P.Philippe de Régis, SJ.
  • (fr) Catholiques en Russie d'après les archives du KGB, 1920-1960 (éd. DDB, Paris 1998, 322 p.), Antoine Wenger
  • (de)Archivum fratrum praedicatorum, Volume 40 Par Istituto storico domenicano S. Sabina (Rome, Italy)
  • (en)Ekaterina Sienskaya Abrikosova (1892–1936): A Dominican Uniate Foundress in the Old Russia Aidan Nichols OP
  • Magazine "La vérité et la vie "n° 5 pour 1992
  • (ru) Парфентьев П. Мать Екатерина (Анна Ивановна Абрикосова): Жизнь и служение. СПб., 2004.
  • (it)Parfent’ev P. Anna Abrikosova. La Casa di Matriona. Milano, 2004
  • (ru)[ http://rgcc.narod.ru/abric.htm Екатерина Абрикосова , Magazine "La vérité et la vie "n° 5 pour 1992]

Notes et références

  1. Source /Dominicains de Marseille et du Canada
  2. Remembering the darkness: women in Soviet prisons Par Veronica Shapovalov et books.google.fr pages 20, 117-119, etc...
  3. Dont Galina Fadeewna Jentkewicz, Soeur Rose du Coeur de Marie
  4. d'après la documentation recueillie par le P. Antoine Wenger, vingt-quatre sœurs

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Anna Ivanovna Abrikossova de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем сделать НИР

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Église grecque-catholique russe — Nom local Русская Греко Кафолическая Церковь / Российская Католическая Церковь Славяно Византийского обряда Union à Rome 1908 Territoire primaire Russie Extension territoriale (diaspora russe) Rite byzantin Langue(s) liturgique(s) …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”