ʿAbd Al-Qādir

ʿAbd Al-Qādir

Abd el-Kader

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Portrait d'Abd el-Kader par Ange Tissier, 1852, Musée de Versailles.

Abd el-Kader ben Muhieddine ou Abd el-Kader el-Djazaïri (arabe : عبد القادر الجزائري) — né le 6 mai ou le 6 septembre 1808 près de Mascara, Algérie, décédé le 26 mai 1883 à Damas, Syrie — est un homme politique, chef militaire et chérif idrisside qui résista longtemps à l'armée coloniale française lors de sa conquête de l'Algérie et fut également écrivain, poète, philosophe et théologien soufi. Il est considéré comme le premier créateur de la nation algérienne[1] et le symbole de la résistance algérienne contre le colonialisme et l'oppression française[2]. De plus, son petit-fils Émir Khaled est considéré comme le premier fondateur de l'identité et du nationalisme algérien[3]

Sommaire

Origines et éducation musulmane

Abd el-Kader est le troisième fils de Sidi Muhieddine, cheikh de l'ordre soufi Qadiri et auteur d'un "Kitab irshad al-muridin" à destination des novices dans la gnose[4], et de Zohra une femme cultivée, fille du cheikh Sidi Boudouma, chef d'une zaouïa assez influente de l'époque située à Hammam Bouhadjar (Ouest algérien). Il est né probablement le 6 mai ou le 6 septembre 1808 à El-Guetna (« les Tentes »), dans la région de Mascara, sur la route d'Oran.

Selon les historiens français, l'émir Abd el-Kader fait remonter ses origines d'une part à la tribu berbère des Banou Ifren[5],[6] (Zénètes). D'autre part, l'émir serait un des descendants du prophète Mahomet[7].

Enfant précoce, il pouvait lire et écrire dés l'âge de 5 ans, était autorisé à commenter le Coran et les traditions prophétiques à 12 ans, et deux ans plus tard, porta le titre de "Hafîz", destiné à ceux qui savent le Coran, dans son entièreté, par cœur.[8] Son éducation religieuse soufiste, passe, dès huit ans, par le pèlerinage avec son père à la Mecque (le Hajj) puis se poursuivit chez Ahmed Bilhar, son oncle paternel, par l'étude du Coran, les principes des sciences physiques et morales, de la géométrie et de l'astronomie, la gymnastique, l'exercice du cheval et le maniement des armes. Enfin, Muhieddine envoya son fils dix-huit mois à Oran, chez Sidi Ahmed ben-Kodja, qui lui enseigna la politique. Plus tard aussi, sans perdre cette curiosité caractéristique, il conversera, avec les plus grands esprits de son époque, de Platon, Pythagore ou Aristote, et se plongera dans l'étude d'ouvrages traitant "de l'ère des Califes, sur l'histoire ancienne et moderne, la philosophie, la philologie, l'astronomie, la géographie, et même des ouvrages de médecine."[9] Il faut aussi signaler sa mémoire phénoménale grâce à laquelle, alors qu'il était en captivité, il pouvait citer les philosophes grecs et de nombreux écrits (dont la Muqaddima de Ibn Khaldun) sans les avoir à proximité.[10]

Place de l'Émir-Abd-el-Kader (Alger)

Voyages

En 1820 lors d'un second voyage à la Mecque et Médine, avec des pèlerins et son père Muhieddine, sur le Castor, brick de commerce du capitaine français Jovas, il passa par Alexandrie. Pendant son séjour en Égypte, Abd el-Kader fut frappé des changements que Méhémet Ali venait de faire à son armée et des améliorations de l'administration de ses États ; ce modèle (qui avait permis une quasi indépendance vis-à-vis des Ottomans comme des Anglais et des Français) les frappa, lui et son père.

À leur retour[11], ils racontèrent que d'anciennes prophéties annonçaient qu'Abd el-Kader deviendrait un jour le « sultan des Arabes ». C'était se dresser contre l'institution ottomane des Deys. Les populations arrivèrent en foule au douar des Hachem, où ils passaient leurs journées en prières, dans leurs tentes. Les offrandes étaient du grain, du bétail, mais aussi des chevaux, de l'or, de l'argent et des armes. Rapidement, cette mobilisation autour de la vénération qu'ils s'étaient acquise, inquiéta Hassan-Bey, gouverneur d'Oran : pour mettre un terme à l'influence et à ces menées révolutionnaires, il prononça la peine de mort contre le père d'Abd el-Kader.

La colonisation française

Or, cette condamnation arriva au moment de la prise d'Alger par les Français en 1830. C'était un coup terrible à l'empire des deys et à la domination ottomane. Mahieddine, le vieux marabout, se mit alors à prêcher la « guerre sainte ». L'objectif était autant l'élimination des Ottomans que la reprise d'Oran. Des milliers de musulmans accoururent et se rangèrent sous ses ordres ; le gouverneur d'Oran, Hassan, en fuite, demanda asile à celui dont il avait mis la tête à prix. Le marabout allait lui offrir l'hospitalité et ses services, mais Abd el-Kader s'y opposa énergiquement: le bey d'Oran dut se rendre quelques jours plus tard aux troupes françaises. Mahieddine, choisi comme chef de l'insurrection, marcha avec ses troupes d'abord contre la garnison turque de Mascara, qu'il massacra sans pitié ; puis il combattit courageusement les Français sous les murs d'Oran avec son fils Abd el-Kader qui s'y attira la réputation de baraka - il aurait été à l'abri des balles et des boulets et aurait eu deux chevaux tués sous lui. Son burnous blanc "rougi du sang des siens", fut conservé comme une relique.

La prise d'Alger et d'Oran par les Français signifiait d'abord la fin de la domination ottomane et donc la fin des provinces turques. . Les tribus musulmanes locales semblaient donc avoir recouvré leur liberté, mais elles étaient sans unité : Mahieddine, tout influent qu'il était, n'était pas souverain et quelques tribus ne lui obéissaient pas. Mais les populations musulmanes s'inquiétaient de l'extension de la conquête française. La soumission d'Ibrahim, bey de Mostaganem, accéléra le processus d'unification des tribus locales: une assemblée générale des chefs se réunit pour procéder à l'élection d'un sultan le 21 novembre 1832 dans la plaine de Ghris, à Ersebia. Il fut question de nommer Mahieddine, mais il dit que le marabout Sidi El-Arrach était plus digne que lui d'un si grand honneur. Le conseil se retira pour se réunir le lendemain. D'après la légende populaire, Sidi El-Arrach, tout juste arrivé, aurait déclaré en élevant les mains vers le Ciel : « Frères, cette nuit, le célèbre marabout Mahi Abd el-Kader m'est apparu au milieu de sa gloire, et m'a dit : “Sidi El-Arrach, retiens bien ces paroles d'où dépend le salut de notre race. Je ne connais qu'un seul homme qui, par ses vertus, son courage et son intelligence -, sois digne de commander aux Arabes : c'est Abd el-Kader, troisième fils de Mahieddine. Je t'ordonne donc de répéter demain au conseil ce que tu viens d'entendre. Allah et son prophète s'intéressent à la cause de ses enfants et veulent qu'elle triomphe.” ». Et Mahieddine d'ajouter : « J'ai entendu les mêmes paroles que Sidi El-Arrach, et j'ai reçu les mêmes ordres, mais je mourrai dans l'année qui suivra l'avènement de mon fils. Telle est la prophétie de mon aïeul. »

Sultan

Abd el-Kader

À partir de 1832, le titre de sultan fut donc accordé à Abd el-Kader: les chefs s'inclinèrent et lui présentèrent le burnous violet. Le nouveau sultan se mit à son tour à prêcher la guerre sainte. Après que l'affaire de la Macta eut consolidé sa puissance, il songea à se créer une force militaire permanente. Voyant l'armée française composée en grande partie d'infanterie, il se forma un corps de cavalerie qui put attaquer, poursuivre ou éviter un combat inégal. Ce premier corps ne comptait d'abord que 400 hommes. Pour entretenir des bataillons réguliers, il leva des taxes sur les marchandises et des impôts ; puis il fit bâtir des magasins de vivres, d'armes et de munitions.
Les premiers coups de main contre les Français dans l'ouest de l'Algérie, l'opposèrent au général Louis Alexis Desmichels, gouverneur de la province d'Oran, indépendant du général en chef. En mai 1833, les français remportèrent plusieurs victoires sur Abd el-Kader, et Desmichel s'empara de Mostaganem. L'émir, indigné de voir les Musulmans venir approvisionner les marchés français, fit enlever le chef d'Arzew qui venait de se soumettre, et le conduisit à Mascara où il fut condamné à mort. Au mois d'octobre de la même année ses troupes attaquèrent l'escorte de la commission d'Afrique, forte de 1 800 hommes, mais furent battues près d'Aïn-el-Bidha.

Abd el-Kader, à la mort de son père (1833), se retira quelque temps à Mascara, revint à la tête de ses troupes. Il fit bloquer la ville d'Oran par la tribu des Rharaba et couper toute communication avec Mostaganem par la tribu des Hachem. La tactique réussit, les arrivages cessèrent sur les marchés français. Les tribus soumises cherchèrent à se détacher des Français. Abd el-Kader, profitant de l'état des esprits, tendit un piège aux Français : quatre furent faits prisonniers et un cinquième tué. Le général Desmichels lui écrivit pour réclamer les soldats. Abd el-Kader refusa terminant sa réponse par un défi. Le général Desmichels, après le combat, fit renvoyer les femmes et les enfants des douars tombés aux mains des français.

Fatwa et Découpage administratif de l’État de l’émir Abd el-Kader

  • fetwa :
    • Abd El Kader qui obtint une fatwa des tribus des Chorafas dans la grande Zaouïa Derkaouia Mahajia dans les environs d’Oran, seules à même de pouvoir lui rassembler quarante Imâms à la tête de l’ordre Sidi Amer Lakehal Al Mahaji, dirigea le soulèvement contre la conquête coloniale française. D'où le nom d'Al Mahaja "Les quarante chéchias" ce qui veut dire les quarante (Goubbas).
  • L’œuvre de l’émir :
    • L’œuvre de l’émir Abd el-Kader commence en 1834 avec le traité signé avec le général Desmichels, mais se poursuit plus activement après mai 1837, lorsque le Traité de Tafna reconnaît son titre d’Émir et son autorité sur la majeure partie des provinces d’Alger et d’Oran. Abd el-Kader ne se borne pas à rassembler des terres, à grouper des territoires pour asseoir sa puissance politique, il va les unifier administrativement dans un sens égalitaire et populaire pour unir les populations contre les Français, à l’automne 1839, l’œuvre de regroupement territorial est achevée, les Français sont regroupés dans Oran, Alger et une partie du beylik de Constantine. L’Émir a assis son autorité sur les 2/3 de l’Algérie du nord, de Bougie à Tlemcen, d’Ain El-Mahdi à Ténès. L’émir Abd el-Kader s’appuie sur des villes forteresses, édifiées comme centre de gouvernement. Les tribus en bordure de la côte, sortes d’avant-postes, s’appuient sur une première ligne de la villes de l’intérieur, Tlemcen, Mascara, Meliana, Médéa.
    • Une deuxième ligne de citadelles, créée de toutes pièces, et d’anciens bastions fortifiés à la limite du Tell et des hautes plaines, permettent de contrôler le Sud. Sebdou, Saida, Tagdempt prés de Tiaret, centre économique et stratégique (fabrique et dépôts d’armes), Taza, Boghari, Belkheroub et Biskra. La chute des villes en 1841-1842 rompra toute cette forte organisation étatique pour réduire l’émir Abd el-Kader à la condition d’un empereur nomade.

Traité avec les Français

Lorsqu'après cette sortie les marchés d'Oran se furent un peu approvisionnés, le général Desmichels écrivit de nouveau à Abd el-Kader pour lui demander une entrevue que l'émir refusa pour marquer son rang souverain, au-dessus des généraux français (il ne daigna accorder la faveur d'une entrevue qu'au maréchal Bugeaud, au général de Lamoricière et au duc d'Aumale). Abd el-Kader répondit à la lettre du général Desmichels que l'Islam lui défendait de se soumettre aux envahisseurs, mais qu'il lui permettait d'accepter une paix si elle lui était proposée. Il sentait alors le besoin de cesser les hostilités contre les Français, et malgré les revers que ces derniers éprouvèrent près d'Oran, dans un lieu nommé Dar-el-Bidah (« Maison blanche »), il continua les négociations entamées, en engageant son agha, Mouloud ben Arrach et le caïd Ouled Mahmoud, pour s'entendre en dehors d'Oran, avec le séfarade Mandoukaï Amar, sur les bases d'un traité de paix qui allait être passé entre la France et les algériens. Abd el-Kader insistait pour avoir Mostaganem, mais se voyant refuser sur ce point, il demanda Arzew, où il parvint à établir de fait son autorité sans l'accord des Français.

Ils arrivèrent à un accord sur les trois dispositions suivantes du traité :

  1. Soumission des Arabes à la France ;
  2. Liberté du commerce pleine et entière ;
  3. Remise immédiate des prisonniers.

Les négociateurs d'Abd el-Kader (civils et militaires de la province), amendèrent avec habileté une partie des conditions posées par les Français à Abd el-Kader et le traité fut signé le 24 février 1834.

Révoltes contre Abd el-Kader

  • Traité du camp des Figuiers Valmy (El Kerma) :
    • L'autorité d'Abd el-Kader fut alors remise en cause par des tribus liées au pillage : les aghas Benaouda Mazari, chef des Zmalas, et Mustapha ben Ismael, chef des Douars qui avait été agha avant la conquête, ne voulaient pas se soumettre à quelqu'un qu'elles considéraient comme un usurpateur. Ils se joignirent à un autre chef, l'agha Kadour Ben El-Morsly, placé à la tête des Bordja et chef des Beni Aâmer (Nomade), une des plus populeuses tribus de la province qui refusaient de continuer à payer zakât (l’achour), alléguant que la cessation de la guerre rendait cet impôt inutile, et qu'ils ne reconnaissaient pas pour leurs maîtres les infidèles et leurs alliés.
    • Abd el-Kader rassembla au plus vite ses cavaliers dans les environs de Mascara et surprit plusieurs villes laissées sans défense. Mais il eut l'imprudence d'établir son camp sur la lisière de la forêt de Zétoul, dans le pays des rebelles. Au milieu de la nuit, les Douars mirent en fuite une partie de ses troupes, enlevèrent son camp au galop, et le forcèrent à rentrer presque seul à Mascara. À cette nouvelle, Sidi el-Arubi leva l'étendard de la révolte, les autres chefs des mécontents imitèrent son exemple, et Abd el-Kader se vit entouré d'ennemis.
    • Au lieu de profiter de ces divisions, les Français intervinrent contre les révoltés de sorte qu'ils rendirent Abd el-Kader plus puissant après cet échec qu'il ne l'était auparavant. Mustapha ben Ismael, Benaouda Mazari et Kadour Ben El-Morsly, instigateurs de l'insurrection, avaient pourtant écrit aux généraux Théophile Voirol et Louis Alexis Desmichels qu'ils s'engageaient au nom des tribus insurgées à se reconnaître sujets de la Français, à renverser Abd el-Kader et à amener la soumission des troupes de l'émir. Mais le général Louis Alexis Desmichels, préféra protéger Abd el-Kader.
    • Soutenu par les Français et maître de la vaste province d'Oran, depuis le Chlef jusqu'à l'empire du Maroc, il suivit l'exemple du pacha d'Égypte, dont il avait étudié la politique, et, s'appuyant sur la défense faite aux musulmans de traiter directement avec les chrétiens, il se constitua le négociant de ses États puis s'opposa à ce que les Français puissent visiter Tlemcen, sous prétexte que les Arabes et les juifs n'aimaient pas à voir des étrangers chez eux. Bientôt, il forma le projet de s'emparer de deux provinces de l'est et du centre, et constituer un État maure sur les hauts plateaux et de laisser aux Français la côte algérienne. Il prit un moyen détourné pour arriver à son but : il écrivit que, grâce à lui, toute la province d'Oran était maintenant pacifiée, que l'Est commençait à s'agiter, mais qu'il engageait les généraux Français à ne point s'y rendre, qu'il se chargeait de faire rentrer lui-même les tribus insurgées dans la soumission. Mais le général Théophile Voirol refusa ces propositions.
    • L'attitude d'Abd el-Kader inquiéta une secte de fanatiques, qui fit éclater une révolte contre Abd el-Kader, en prêchant la guerre sainte, avec à leur tête d'importants personnages, entre autres, le frère d'Abd el-Kader, Sidi Mustapha, ancien caïd des Flittas. Les Français prirent encore parti pour celui-ci et l'armée de l'émir parvint à vite mater la révolte.
    • Abd el-Kader cherchait depuis longtemps à sortir de sa province, un incident lui en donna l'occasion. Un chéliff nommé Hadji Mouça prétendait avoir trouvé le moyen d'empêcher les canons et les fusils des infidèles de partir. Mouça, à la tête d'importantes troupes, s'empara de Médéa et de Miliana, mais Abd el-Kader l'attaqua et le défit entièrement.
    • L'émir, en passant le Chéliff, avait violé les conventions. Néanmoins, vu le service qu'il venait de rendre, les Français lui laissèrent établir Hadj-el-S'ahit khalifet de Medeah, et réclamer zakât (« dîme »). Seulement, le comte d'Erlon, gouverneur général, envoya auprès de l'émir un officier d'état-major chargé de le tenir au courant de toutes les entreprises. L'officier, ne comprenant pas l'arabe, ne faisait guère de tort à Abd el-Kader, qui lui donnait facilement le change.
    • Le remplacement du général Desmichels par le général Trézel fut le commencement des hostilités. Le premier soin du nouveau gouverneur fut de travailler à détacher les tribus les plus puissantes de la cause de l'émir. Les Douairs et les Zmala se déclarèrent sujets de la France, sous la condition d'une protection efficace.
    • Le comte d'Erlon refusa de sanctionner cette mesure, et Abd el-Kader, instruit des dissensions qui existaient entre les généraux, persécuta les tribus soumises : celles-ci s'adressent au général Trézel, qui leur aurait alors répondu : « la parole d'un général français est sacrée ; dans une heure, je serai au milieu de vous ». Et sans hésiter, il sort d'Oran à la tête de deux mille hommes bien armés, le 26 juin 1835. Il livre dans la forêt de Mousa-Ismaël un brillant combat, où le colonel Oudinot trouva la mort. Mais les Français perdirent la bataille et près de 800 hommes dont 15 officiers.
    • À la fin de 1835, le maréchal Bertrand Clauzel marcha sur Mascara à la tête de onze mille hommes. Le duc d'Orléans se distingua par sa bravoure dans cette expédition. Les troupes de l'émir, battues au Sig, à Abra, à Tafna, à Idbar, se dispersèrent et le laissèrent presque seul.

Le traité de la Tafna

Abd el-Kader ne tarda pas à se faire de nouveaux partisans et à rappeler à lui les tribus qui l'avaient abandonné. Ayant appris le peu de succès de la première expédition de Constantine menée par les Français, il crut le moment propice pour commencer les hostilités dans la province d'Oran. Il sut bientôt que le général Bugeaud devait marcher contre lui ; mais ce général, éprouvant quelques difficultés dans les moyens de transport, et voulant restreindre les hostilités à la province de Constantine qui allait être le théâtre d'une seconde expédition, fit en 1837 avec l'émir le traité de Tafna, qui sera par la suite source de malentendus. Les critiques experts dirent que cette convention rendait l'émir maître de l'ancienne régence d'Alger, moins la province de Constantine, que dans chacun des articles on le traite d'égal à égal, et on reconnaît sa souveraineté indépendante, que la convention n'a aucune garantie, puisqu'elle repose uniquement sur le caractère moral et religieux d'Abd el-Kader, etc.

Après l'échange du traité, le général Bugeaud fit proposer une entrevue à l'émir pour le lendemain. Le rendez-vous était à neuf heures du matin, près de Tafna. Le général y fut à neuf heures, accompagné de six bataillons d'infanterie, de dix escadrons de cavalerie et de quelques pièces de campagne. L'émir n'y vint pas à l'heure convenue. Vers deux heures, des cavaliers arabes annoncèrent qu'il avait été malade et marchait lentement. Les Français marchèrent sans défiance plus d'une heure dans le détour d'une gorge étroite, entrecoupée de collines. Enfin le général aperçut l'escorte de l'émir, rangée en bon ordre sur des mamelons épars. La maladie de l'émir était feinte, et le général français avait l'air d'être venu pour lui rendre hommage. Les officiers de l'escorte eurent quelques moments d'hésitation, se croyant dans un guet-apens; Bou-Amedy, chef de la tribu des Oulanahs, qui marchait au milieu d'eux, s'en aperçut et dit au général Bugeaud : « Sois tranquille, n'aie pas peur. — Je n'ai peur de rien, répondit le général, je suis accoutumé à vous voir en face. Seulement je trouve indécent que ton chef m'ait fait venir de si loin et m'ait fait attendre si longtemps. ». L'émir était entouré de 150 à 200 chefs, qu'il précédait de quelques pas, guidant un cheval noir. Dès qu'il fut à portée de voix, le général Bugeaud lance son cheval au galop, et arrive sur l'émir en lui tendant cavalièrement la main ; celui-ci la pressa fortement et lui demanda des nouvelles de sa santé. « Très-bonne, et la tienne ? » répondit le général, qui met pied à terre, engageant Abd el-Kader à en faire autant. Après quelques minutes d'un entretien insignifiant : « As-tu ordonné, dit-il, de rétablir les relations commerciales à Alger et autour de toutes nos villes ?

Non, je le ferai dès que tu m'auras rendu Tlemcen.
Je ne puis le faire qu'avec l'approbation de mon roi.
Combien faut-il de temps pour avoir cette approbation ?
Il faut trois semaines.
C'est trop long, interrompit Ben-Arrach, lieutenant de l'émir, qui s'était approché : dix à quinze jours suffisent.
Est-ce que tu commandes à la mer ? répliqua Bugeaud.
Nous attendrons jusqu'à ce jour, dit l'émir.
Tu ne fais tort qu'aux tiens, répliqua Bugeaud, en les privant du commerce dont ils ont besoin. Quant à nous, nous pouvons nous en passer, puisque nous recevons par la mer tout ce qui nous est nécessaire. »

Ainsi se serait terminée cette entrevue qui fut sans résultat, car elle avait été sans but.

Par cette convention, la France reconnaissait son autorité sur l'ensemble du beilik de l'ouest (sauf Oran, Arzew, Mostaganem et Mazagran), sur le beilik du Titteri et sur la province d'Alger (à l'exception d'Alger, de Blida ainsi que de la plaine de la Mitidja et du Sahel algérois). Dans ces territoires, les deux tiers de l'Algérie, Abd el-Kader s'efforce d'organiser un État indépendant et souverain, sur une base religieuse.

Reprise de la guerre avec la France

L'expédition des « Portes de fer », en pays kabyle

Le 5 mai 1839, il demanda et obtint l'appui du sultan du Maroc, ainsi que la concession du territoire situé entre Oujda et Tafna. Il voulut annexer le Constantinois en y nommant un « khalifa ». En réaction, la France organisa l'expédition des « Portes de Fer » en octobre 1839, expédition qui fut considérée comme une violation du traité de Tafna. À partir de ce moment, la guerre reprit avec violence. Au mois d'octobre, dans l'ouest de la Mitidja, l'émir prend en embuscade le commandant Raffet et une centaine de soldats français ; ces derniers marchent contre lui et reprennent Cherchell, Mildah, Miliana, etc.

Gouvernement du maréchal Bugeaud

Le tournant de la guerre fut la nomination du maréchal Bugeaud comme gouverneur général de l'Algérie en 1842. Celui-ci changea complètement de tactique de l'armée française, aidée de nombreuses troupes composées d'Algériens : troupes régulières (zouaves et spahis) et corps irréguliers (les goums). Il harcela les troupes d'Abd el-Kader, en cherchant à les couper de leur base. L'émir fut refoulé sur les hauts plateaux steppiques avec sa smala, capitale ambulante estimée à 30 000 personnes. Abd el-Kader essuya un grave revers le 16 mai 1843, avec la prise de la smala par le duc d'Aumale dans la région de Boghar. Il rassembla le reste de ses troupes, sous le nom de déïra, et se tourna vers le sultan du Maroc. Celui-ci, qui avait des visées sur l'ouest algérien, intervint mais fut défait à la bataille de l'Isly (oued près d'Oujda) le 14 août 1844. Dans le traité de Tanger du 10 septembre 1844, il fut convenu qu'Abd el-Kader serait mis hors la loi aussi bien en Algérie que dans le Maroc. Il délimita en outre la frontière entre les deux pays. Les Français n'avaient pas oublié le guet-apens de Sidi-Brahim, où leurs soldats, commandés par le colonel Montagnac, furent égorgés sans pitié par les troupes de l'émir.

En 1845, beaucoup de tribus des hauts-plateaux s'étaient soumises aux Français. L'Émir tenta de les réprimer ; le Goum des Ouled Nail, sous le commandement de Si Chérif Bel Lahrech qu'Abd El-kader avait nommé khalifa, prit part à ces opérations. Cherchant des alliances, il alla ensuite en Kabylie, nouveau bastion de la résistance à l'armée française, où il participa à deux combats contre les Français en février 1846. L'Émir sillonna ensuite la région de Djelfa, plus au sud, poursuivi par les Français, mais aidé par la population. Des combats eurent lieu à Ain Kahla, à Zenina et à l'oued Boukahil. Abd el-Kader tenta de relancer la révolte en 1847, mais échouant finalement à rallier les tribus kabyles pour faire cause commune, il dut se réfugier au Maroc. Le général de Lamoricière apprit qu'Abd el-Kader, refusant de se rendre au sultan du Maroc, s'était entendu avec ses principaux officiers, les fonctionnaires de la cour de Fès, pour tenter une dernière fois la fortune. Le 13 septembre, un ex-brigadier du 2° chasseurs d'Afrique qui s'était échappé de la Deïra, accourut annoncer au général que l'émir voulait livrer encore un combat avant de se retirer vers le Sud avec ceux qui voudront l'y suivre.

La défaite

Le 21 décembre 1847, les troupes de l'émir Abd el-Kader quittèrent le Maroc, en passant la rivière Kiss, sous la direction de l'émir seul à cheval, et entrèrent sur le territoire de l'ex-régence. Le général Lamoricière, prévenu à temps, envoya sur son passage deux détachements de vingt spahis, en burnous blancs, commandés par les lieutenants Bou-Krauïa et Brahim et se porta sur la frontière; il y reçut avec Bou-Krauïa des hommes envoyés d'Abd el-Kader, chargés de porter sa demande d'aman («assurance/protection/sauf conduit») pour lui et ceux qui l'accompagnaient (une feuille de papier avec son cachet, car le vent, la pluie et la nuit l'avaient empêché d'y rien écrire). Le général remit aux envoyés son sabre et le cachet du commandant Bazaine, en leur donnant verbalement la promesse de l'aman le plus solennel (il ne pouvait pas écrire non plus). Abd el-Kader renvoya ses deux officiers et le lieutenant Bou-Krauïa avec une lettre dans laquelle il négociait la condition d'être conduit à Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre. Le général Lamoricière y consentit par écrit.

Le rendez-vous fut fixé le 23 décembre 1847 sous un arbre qui existe toujours (les Français y ont mis une plaque). L’émir fit la prière d’e-Asr à Sidi-Brahim, à 5 km de l’endroit où a été signé l’armistice (Sidi Tahar), puis passa la nuit à Ghazaouet. Le 24 décembre, Abd el-Kader fut reçu par les généraux Lamoricière et Cavaignac et par le colonel Montauban, au marabout de Sidi-Brahim, théâtre de ses victoires. On l'amena ensuite à Nemours (Dgemma-Ghazouat) devant le duc d'Aumale. Le prince ratifia la parole donnée par le général Lamoricière, en exprimant l'espoir que le roi lui donnerait sa sanction. Le gouverneur général annonça à l'émir qu'il le ferait embarquer le lendemain pour Oran, avec sa famille ; l'émir s'y soumit sans émotion et sans répugnance. Avant de quitter le prince, Abd el-Kader lui envoya un cheval de soumission, pour consacrer sa vassalité et sa reddition.

Prisonnier en France

L'émir insista pour quitter Oran le plus tôt possible. On lui offrit de partir immédiatement sur la frégate à vapeur l'Asmodée, ce qu'il accepta. Le navire quitta Oran en emportant l'émir et sa suite, composée de 61 hommes, de 21 femmes et de 15 enfants des deux sexes, en tout 97 personnes dont sa famille (sa mère, âgée, deux de ses beaux-frères, ses trois femmes et ses deux fils, dont le plus jeune avait huit ans). La traversée fut mauvaise et les captifs furent très fatigués. Arrivé à Toulon, Abd el-Kader fut déposé au Lazaret, puis transféré au fort Lamalgue. Dans la diligence qui le conduisait de Sète à Pau, l'émir vit: « ces plaines verdoyantes, ces vergers, ces forêts, ces fleuves et ces rivières ; tant d'abondance ! Quel besoin ont les Français d'occuper mon Pays, de sable et de rochers ? »[12]. Il séjourna au château de Pau, sans sortir de ses appartements d'un château fraîchement rénové, refusant la promenade et ne quittant sa Smala que le soir pour aller dormir dans le donjon Fébus. « Je suis en deuil et un Arabe en deuil ne quitte pas sa tente ; je suis en deuil de ma Liberté, je ne quitterai donc pas ma chambre ». L'image romanesque du grand chef vaincu, du patriote inflexible, attirait les curieux en quête d'un frisson romanesque. Abd el-Kader ne refusait pas les visites, bien au contraire. Au cours de ces entretiens, il ne cesse de rappeler à la France son manque de parole et d'en souligner la gravité. Très vite, l'image du chef de guerre exotique cède le pas à celle d'un hôte aimé, révéré. Au moment de partir pour Amboise, le 3 novembre 1848, l'émir se retourne et déclare : « En quittant Pau, je laisse un morceau de mon cœur ».

La parole de la France n'est pas tenue par les régimes et les gouvernements successifs. L'émir est retenu en captivité pendant cinq années. Dès son accession à la Présidence de la République, Louis-Napoléon Bonaparte songe à le libérer. En janvier 1849 il organise une réunion au Palais de Saint-Cloud, le maréchal Bugeaud est présent, mais les difficultés du nouveau président avec la Chambre et son Ministre de la Guerre lui font remettre à plus tard ce qu'il considère comme une affaire d'honneur.

Selon Michel Levallois, l’Interprète militaire Ismayl Urbain fut « l'inspirateur de la politique du Royaume arabe de Napoléon III, [sa route] a croisé et accompagné celle de l'émir Abd el-Kader. Il fut de la Prise de la smala d'Abd el-Kader par le duc d'Aumale (16 mai 1843), il eut la responsabilité de la détention de l'émir en France, il lui rendit visite à Amboise, il l'accompagna à Paris lors de ses visites de 1853 et 1865 »[13].

La libération

Abd-El-Kader à Damas, portant le grand cordon de la Légion d'honneur, 1860.


Au retour d'une tournée en France 16 octobre 1852, le futur Napoléon III vient annoncer solennellement sa liberté à l'émir. Après avoir fait serment, de ne plus perturber les opérations françaises en Algérie (décembre 1852), Abd El Kader part pour Brousse puis Damas. Il y enseigne la théologie à la mosquée des Omeyyades. En juillet 1860, les troubles confessionnels du Mont Liban se sont étendues à Damas. Des musulmans et des druzes attaquent les quartiers chrétiens, tuant plus de trois mille habitants. L'émir intervient pour arrêter le massacre et protège au péril de sa vie la communauté des quinze mille chrétiens de Damas et les Européens qui y vivaient, grâce à son influence auprès des dignitaires de la ville. Il reçut la grand-croix de la Légion d'honneur et d'autres marques de reconnaissance venant du monde entier (notamment du pape, du tsar de Russie, etc.). En 1869, il participa aux festivités de l'inauguration du canal de Suez aux côtés de l'impératrice Eugénie.

L'émir au centre lors du conflit entre chrétiens et musulmans en 1860

Il consacre le reste de sa vie à des œuvres de bienfaisances, à l'étude des textes scientifiques et sacrés et à la méditation jusqu'à sa mort à Damas. Il respecta toujours la parole qu'il a donné de ne pas revenir en Algérie. Son fils et surtout son petit-fils, l'émir Khaled revint en Algérie. Khaled commença une carrière de soldat français, puis entama une carrière politique et milita activement pour l'indépendance de son pays, parmi les premiers opposants politiques. Les cendres d'Abdel El-Kader furent récupérées en 1965 et se trouvent aujourd'hui au cimetière d'El-Alia à Alger. Ce transfert des cendres à Alger a été discuté, car Abd el-Kader avait clairement souhaité être inhumé à Damas auprès de son maître Ibn Arabi[14].

Une mémoire controversée

Vu de France, un chef indigène modèle et tolérant

Pour la France coloniale de Louis-Philippe et surtout Napoléon III, l'« Ami des Français », comme aimaient à le qualifier les Européens, fut le modèle de « l'indigène » éclairé et cultivé. Pour l'avoir combattu avec honneur, il fut respecté même par ses propres ennemis. Il a échangé une très prolifique correspondance avec des Français, dont la contribution apportée au livre du général Daumas sur le cheval. Ultérieurement, on souligna son intervention en faveur des chrétiens du Proche Orient.

Cette vision insistant sur la tolérance est sensible dans la relation entre l'émir et Monseigneur Dupuch, évêque d'Alger. Leur relation montre un esprit ouvert et tolérant dans une époque pourtant difficile. Monseigneur Dupuch lui rendit visite lors de son emprisonnement à Pau et à Amboise et fit de nombreuses démarches pour le faire libérer, conformément aux engagements de la France.[réf. nécessaire] Le roman publié par un écrivain algérien, Waciny Laredj[15] évoque cet aspect.

Se pose aussi la question de son appartenance à la franc-maçonnerie. Il semble, en effet, qu'il ait adhéré à la loge Henri IV du Grand Orient. Il existe un échange de correspondances qui paraissent établir cette adhésion, dont le Grand Orient actuel se réclame[16]. Certains Algériens contestent le fait et estiment que les lettres de l'émir doivent s'analyser comme l'expression de la curiosité intellectuelle de l'émir, et non pas comme la preuve d'une adhésion.

Vu d'Algérie, un mystique et un combattant inflexible et trahi

L'émir est aussi considéré en Algérie comme le père de la nation, héros trahi qui ne s'est rendu que pour préserver les Algériens d'un combat inégal et perdu d'avance. En Algérie, depuis quelques années, la figure du héros national s'est enrichie et les Algériens, grâce à toute une littérature mystique découvrent la dimension soufie du résistant à la conquête française. Chef militaire et communautaire, Abd el-Kader est décrit comme le concepteur de la capitale mobile : la Smala et surtout comme l'un des plus grands mystiques du XIXe siècle, qui a laissé un ouvrage d'une profondeur rare sur son propre cheminement intérieur : le livre des Haltes, Kitab al-Mawaqif. René Guénon reconnait en lui bien plus qu'un simple chef de guerre, mû par des principes d'un tout autre ordre, et un personnage d'une éminente stature akbharienne dans l'ordre du Tassawuf.

Le professeur Boutaleb Chamyl[17] conteste l'image d'un accord et dénonce "la trahison par l'occupant français". La négociation antérieure à l'armistice [18] avec le général Lamoricière montre que les quatre conditions posées par l'Émir pour l’arrêt des hostilités étaient acceptées (départ à Alexandrie ou à Saint-Jean-d'Acre, sort réservé à son lieutenant et bras droit Bouhmidi, possibilité pour ses partisans de le suivre, enfin possibilité pour les expatriés d'emporter leurs biens). La disproportion des forces faisait convenir aux hommes de l'émir qu'ils ne pouvaient pas battre la France, première puissance militaire du moment: le Maroc avait massé 155 000 hommes contre eux, en plus des 125 000 français. Abd El Kader n'avait que 1 200 hommes pour continuer une lutte qui visait à provoquer dans la mémoire collective un esprit de résistance. Le général de Neveu informa ses chefs que la tactique de l'émir était d’aller vers l’usure, et écrivit au duc d'Aumale, gouverneur d'Algérie, fils du roi des Français, qu'il avait accepté les conditions posées par l'émir et donc qu'il lui avait promis qu'il pouvait partir à Saint-Jean-d'Acre. La réaction de louis Philippe, heureux de la fin de la guerre, contrasta avec celle de son ministre de la guerre le maréchal Guizot qui lui aurait répondu : « Sire, vous ne l’avez pas tué, vous ne l’avez pas capturé et il vient de remporter un armistice. C’est une défaite pour la France. Il faut le détourner pour le faire venir en France et qu'on annonce qu’il s’est rendu ». La lettre aurait alors été falsifiée: on aurait laissé l'expression « s’est rendu » et effacé « au rendez-vous » alors que « par » y aurait été remplacé par « à ». Son bateau (le Solon, un caboteur pour Alexandrie) détourné à Mers el-Kebir sous le fallacieux prétexte d'un problème technique, aurait été remplacé par l’Asmodée, un transatlantique qui pouvait donc débarquer l'émir en France, à Toulon. L'émir aurait compris qu’il venait d’être trahi : la France, pays des droits de l’Homme, aurait commis un parjure en l'emprisonnant et pour l’histoire, l’émir Abd el-Kader aurait fait l’objet d’une falsification.[19].

Œuvre

  • L'émir a écrit un livre dont le titre est Écrits spirituels, traduit de l’arabe au français par Michel Chodkiewicz, éditions du Seuil (Paris, 1982).
  • Selon la Présidence algérienne, Dhikrâ al-âqiI, traduit deux fois en 1856 et en 1977 par R. KhawAm et a pour titre lettre aux français réédité par Rahma, Alger.
  • AI-miqràdh aI-hâdd, édition Rahma, Alger. [20]
  • D'après la Présidence algérienne, AI-Sayra aI-dhàtiyya (autobiographie en arabe), édition Dar-al-Umma, Alger.
  • Selon la Présidence, AI-mawâqif (médiations mystiques) édit, ENAG. 1996, Damas et Alger, 3 volumes

Les correspondances non éditées, selon El Mouradia.

Postérité

  • L'émir est considéré par le FLN depuis 1962, comme le fondateur de l’État algérien moderne[21]. Il a désigné un homme de couleur pour diriger les finances de l'État.
  • L'Université islamique et la mosquée de Constantine portent le nom de l'émir.
  • Une ville des États-Unis d'Amérique porte le nom de l'émir : Elkader dans l'Iowa.
  • La Maison de l’émir sera construite à Alger [22].
  • Les billets des Dinar algérien sont gravés de l'image de l'émir.
  • Le film l'Émir Abdelkader est réalisé par Mohamed Latreche [23].
  • La Zaouïa de l’Émir Abdelkader à El Guetna[24].
  • En France à Paris, à Lyon et au Mexique à Mexico , des places portent son nom[25] , Actualité Annabi, source quotideint d'Oran .
  • Un timbre célébrant le bicentenaire de la naissance de l’émir Abdelkader, émis par la poste française, a fait une crise diplomatique entre l'Algérie et la France à cause de l'origine de l'émir[26].
  • Un colloque international s'est tenu sur la vie de l'émir en Algérie dans le mois de mai 2008. Les chercheurs lui attribuent une contribution à la conception des droits humains[27].
  • Un paquebot porta son nom.

Voir aussi

Khaled el-Hassani ben el-Hachemi (dit émir Khaled, petit-fils de l'émir Abd el Kader)

Notes et références

  1. L'émir Abd-el-Kader et la formation de la nation algérienne, Abdelkader Boutaleb, p. 283
  2. Éléments d'histoire culturelle algérienne, Abdelkader Djeghloul, p. 43
  3. Algérie, Jacques Simon, p. 256
  4. Abd el-Kader, Écrits spirituels, textes traduits et commentés par Michel Chodkiewicz, Paris, Le Seuil, 2000, p. 23
  5. Rozet et Carette, L'Univers ou histoire et description de tous les peuples, Firmin Didot, 1850, p.193
  6. Complément de l'Encyclopédie moderne, Firmin Didot, 1857, t.5, p.722
  7. Société languedocienne de géographie, Université de Montpellier. Institut de géographie, Centre national de la recherche scientifique (France), publié par le secrétariat de la Société languedocienne de géographie, 1881. Notes sur l'article: v. 4, page 517
  8. Extraits de La vie d'Abd el-Kader de Charles-Henry Churchill (1re édition 1867), introduction, traduction et notes de Michel Habart, seconde édition, Alger, SNED, 1974. Chapitre I, 1807-1828
  9. Œuvre de l'émir
  10. Présentation
  11. Après la Mecque ils étaient passés par Bagdad, au tombeau d'un célèbre marabout Sidi Abd el-Kader el-Djilani (nommé aussi el-Djilali en Algérie), qui a des chapelles (koubbah) à Alger et à travers toute l'Algérie
  12. « Abd el-Kader », Pau.fr, 22 mars 2007.
  13. Michel Levallois, Ismaÿl Urbain (1812-1884): une autre conquête de l'Algérie, éd. Maisonneuve & Larose, 2001 ISBN 2-7068-1533-7
  14. Lire à ce titre Le blanc de l'Algérie d'Assia Djebar, éd. Albin Michel, 1995.
  15. Le livre de l'Émir aux éditions Actes Sud en 2006 qui prend appui sur cette relation
  16. On peut se référer sur ce point aux annexes du petit livre publié par Bruno Étienne et François Pouillon: " Abd el-Kader : le Magnanime." Gallimard Découvertes 2003.
  17. président de la Fondation Émir-Abd-el-Kader et arrière-petit-fils de l'émir, lors d'une conférence à Hammam Bou Hadjar (Algérie),
  18. 23 décembre 1847 du côté de Ghazaouet à Sidi Tahar à 5 km du lieu de la bataille de Sidi Brahim (23 au 26 septembre 1845)
  19. rJournal Liberté Algérie, 12 mars 2009
  20. El Mouradia
  21. Félix Houphouët et la Côte-d'Ivoire : l'envers d'une légende. Par Marcel Amondji. Publié par KARTHALA Editions, 1984 (ISBN 2-86537-104-2), pp. 252
  22. L'expression, R.C
  23. Les film d'ici
  24. El Waten, Par A. Souag
  25. Winrak, source El Moudjahid, 11-09-2008
  26. fdesouche, El Waten, Phil’Info
  27. La Tribune, journal presse algérienne

Source partielle

« Abd el-Kader », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)

Bibliographie

  • Abd el-Kader, Livre des haltes, traduction d'Abdallah Penot, Éditions Dervy, coll. L'être et l'esprit, mai 2008, (ISBN 2-84-454543-2)
  • Abd el-Kader, Écrits spirituels, textes traduits et commentés par Michel Chodkiewicz, Paris, Le Seuil, 1982 ; rééd., Le Seuil, 2000, (ISBN 2-02-021882-8)
  • Abd el-Kader, Lettre aux français, traduction intégrale sur les manuscrits originaux par René R. Khawam, Paris, Édition Phébus, 1977, (ISBN 2-85940-007-9)
  • Ahmed Bouyerdene, Abd el-Kader, l'harmonie des contraires, Seuil, septembre 2008, (ISBN 2020965917)
  • Bruno Étienne, Abd el-Kader, Paris, Hachette, 1994, (ISBN 2-01-015833-4)
  • Bruno Étienne, Abd el-Kader : isthme des isthmes (Barzakh al-barazikh), Paris, Hachette Littératures, 2004, (ISBN 2-01-279117-4)
  • Alexandre Bellemare, Abd el-Kader : sa vie politique et militaire, Paris, Hachette, 1863 ; réédition : Paris, Éditions Bouchène, 2003, Bibliothèque d’histoire du Maghreb, (ISBN 2-912946-51-4)
  • Collectif, L'émir Abd el-Kader : L'épopée de la sagesse, Éditions Zaki Bouzid, 2007, (ISBN 9-96-177107-9)

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