Église Saint-Pierre-de-la-Tour d'Aulnay

Église Saint-Pierre-de-la-Tour d'Aulnay

Église Saint-Pierre d'Aulnay

Église Saint-Pierre d'Aulnay
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
46° 01′ 22″ Nord
       0° 21′ 19″ Ouest
/ 46.0229, -0.3552
 
Pays France
Région Poitou-Charentes
Département Charente-Maritime
Ville Aulnay
Culte Catholique romain
Type église paroissiale
Début de la construction Après 1120
Fin des travaux Vers 1140
Style(s) dominant(s) roman
Classé(e) Classée monument historique depuis 1840
Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco depuis 1998

L'église Saint-Pierre (officiellement Saint-Pierre-de-la-Tour) est l'une des principales églises paroissiales de la ville d'Aulnay (communément appelée Aulnay-de-Saintonge, quoique située dans l'ancienne province du Poitou), un chef-lieu de canton du département de la Charente-Maritime.

Caractéristique de l'art roman poitevin, l'église doit sa réputation à la richesse de son décor sculpté et à l'équilibre de ses proportions. Classée monument historique dès 1840[1], titulaire du label des trésors de Saintonge[2], elle est inscrite au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France en 1998[3]. Elle est située sur la Via_Turonensis du pélerinage.

Sommaire

Historique

Le sanctuaire actuel succède à un premier édifice dépendant du prieuré Saint-Martial de Limoges, avant d'être confié à la charge des bénédictins de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, puis au chapitre de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers à l'aube du XIIe siècle. L'église n'est que peu touchée par les aléas de l'histoire et ne souffre pas des poussées iconoclastes des guerres de religion.

La seule altération que subit le sanctuaire intervient durant la période révolutionnaire : le 9 décembre 1792, la statue équestre de l'empereur Constantin qui ornait l'arcade centrale de la façade occidentale est ôtée et brisée suite à une décision du conseil municipal proscrivant les symboles de la royauté[4].

Description générale

Le plan de l'édifice est conforme aux dispositions classiques du style roman poitevin : formant une croix latine, l'église se compose d'un triple vaisseau (nef et bas-côtés étant approximativement d'égale hauteur) de cinq travées couvertes d'une voûte en berceau brisé sur doubleaux, d'une abside en hémicycle voûtée en cul de four, précédée d'une travée droite, et d'un transept saillant prolongé de deux absidioles.

La croisée du transept accueille une coupole hémisphérique nervée de huit branches toriques, servant d'assise au clocher rectangulaire, lequel s'élève sur trois niveaux. Couronné d'une flèche en ardoise, il est cantonné d'une tourelle d'escalier octogonale.

Façade occidentale

La crucifixion de Saint Pierre, façade occidentale
Détail des voussures du portail

La façade occidentale s'articule autour du portail, dont les quatre voussures sont ornées de sculptures dépeignant le combat des vices et des vertus, où psychomachie. Ces représentations, plus généralement désignées dans la région sous le nom de « sermon saintongeais », avaient pour but de rappeler les préceptes et les valeurs morales de l'église aux fidèles et aux pèlerins. Des inscriptions latines présentent les vertus à observer et, par opposition, les vices dont il faut se prémunir : ainsi, l'on peut relever : « Fides : Idolatria » (Foi / Idôlatrie) ; « Largitas : Av(aricia) » (Générosité / Avarice) ; « Concordia : Discordia » (Concorde / Discorde) ou encore « (Su)perbia : Humilitas » (Orgueil / Humilité).

La voussure inférieure accueille des anges portant un agneau pascal pris dans un cercle, symbole pour les chrétiens de la perfection divine.

Deux arcades -séparées par des contreforts ajoutés au XVe siècle - encadrent le portail. Le tympan de l'arcade de droite représente le christ en majesté entouré de deux apôtres, vraisemblablement Pierre et Paul ; celui de l'arcade de gauche représente la crucifixion de l'apôtre Pierre, patron de l'église. Des traces de polychromie sont encore visibles par endroit[5], indiquant que l'ensemble devait être entièrement peint afin d'accentuer le relief des sculptures.

Deux lanternons couronné de dômes en « pomme de pin » s'élèvent de part et d'autre de la façade, laquelle présente une arcade monumentale dans sa partie supérieure : elle accueillait jusqu'en 1792 une statue équestre de l'empereur Constantin, mise à bas par décision des autorités révolutionnaires[6].

Façade méridionale

La façade méridionale

Un unique portail occupe la partie inférieure de la façade sud, s'inscrivant à l'intérieur d'un arc de décharge porté par des faisceaux de colonnes. Ses quatre voussures sont ornées de sculptures humaines et animalières s'adaptant à chaque claveau.

La voussure supérieure présente un bestiaire fabuleux inspiré du physiologos : un sphinx y côtoie une sirène, un dragon ou encore un centaure, l'ensemble étant articulé autour d'un âne énigmatique représenté jouant de la harpe. La seconde voussure représente les vieillards de l'apocalypse, tandis que la troisième figure saints, prophètes et apôtres. La voussure inférieure est ornée de centaures, griffons et autres créatures fabuleuses issues de l'imagination des artistes du moyen-âge[7].

Une corniche à modillons fait la liaison entre le portail et la partie supérieure de la façade, garnie d'un oculus pris dans une arcade à triple voussure[8].

À la recherche de la façade méridionale répond l'austérité de la façade septentrionale, totalement dépourvue d'ornementation et seulement percée d'une baie en plein cintre encadrée de colonnettes à chapiteaux nus.

Décor intérieur

Vue intérieure de la nef

Le sanctuaire conserve des chapiteaux historiés dont l'authentification est encore facilitée par la présence d'inscriptions latines. Sur l'un d'eux est représenté la trahison de Dalila, coupant les cheveux de Samson durant son sommeil : « Samsonem vincit coma vncs crine moratur » (Samson, vaincu par sa chevelure, git lié par les crins) ; sur un autre l'on aperçoit le meurtre d'Abel par son frère Caïn ; plus loin, Adam et Ève sont en proie à la tentation[9].

Aux scènes de l'Ancien Testament répondent également des représentations plus profanes, parfois humoristiques. Certains chapiteaux présentent ainsi des acrobates ou des contorsionnistes, d'autres sont ornés de représentations animalières, tel l'insolite chapiteau des éléphants auquel est adjoint l'inscription : « Hi(c) sunt elephantes » (Ici, ce sont des éléphants). Les représentations de ces pachydermes, bien que peu répandues, se retrouvent pourtant dans le décor de l'église Saint-Nicolas de Civray[10].

L'église conserve dans le croisillon sud une statue représentant l'apôtre Pierre sur le trône pontifical datant du XVe siècle. Haute de 1 mètre 50, elle présente le patron de l'église en habits médiévaux, drapé d'une chape et coiffé de la tiare.

Des fragments de la statue équestre de l'empereur Constantin (XIIe siècle), brisée durant la période révolutionnaire, sont exposées dans le sanctuaire.

L'église accueille également un bénitier en pierre datant du XIIe siècle et une vierge à l'enfant en bois.

Croix hosannière et cimetière

Pierres tombales du cimetière

Les croix hosannières sont des monuments que l'on retrouve souvent à proximité des églises dans les anciennes provinces du Poitou et de la Saintonge, là où s'étendent ou s'étendaient autrefois les cimetières paroissiaux.

Celle d'Aulnay prend la forme d'une colonne ornée de statues de quatre apôtres disposés en fonction des quatre points cardinaux : Jean, au nord ; Paul, au sud ; Jacques le majeur, à l'est et Pierre, à l'ouest. Une croix de pierre surmonte l'ensemble, datant du XIVe siècle et inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1929[11].

Le cimetière entourant l'Eglise, ponctué de cyprès, accueille quelques pierres tombales qui datent pour la plupart du XIXe siècle.

Références

  1. Base Mérimée
  2. Trésors de Saintonge
  3. Aulnay, chef-d'oeuvre de l'art roman, site du département de la Charente-Maritime
  4. in Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, éditions Flohic, page 110-111
  5. L'église Saint-Pierre d'Aulnay, site de la commune
  6. in Société Archéologique et Historique de la Charente - Bulletins et mémoires, M. Favraud, 1901
  7. in Saintonge, guides Gallimard, pages 178-179
  8. Pays des Vals-de-Saintonge: Eglise Romane Saint-Pierre d'Aulnay
  9. in Recueil des actes de la commission des arts et monuments de la Charente-Inférieure, 1860, pages 57 à 60
  10. Église Saint-Nicolas de Civray
  11. Base Mérimée : Croix hosannière

Pour approfondir

Des pages web sur l'Eglise d'Aulnay

Articles connexes

Bibliographie

Livres sur l'Eglise d'Aulnay

  • Rémy Prin,Aulnay d'ombre et de lumière, édition Bordessoules, 2009
  • Jean Chagnolleau Aulnay de Saintonge, photos de M. Muro, éditions Arthaud (1938)
  • Ferdinand Werner, Aulnay de Saintonge und die Romanische Skulptur in Westfrankreich, Worms Ed. (1979)

Livres sur les Eglises romanes dont Aulnay

  • Jacques Lacoste, Aulnay, in La Sculpture romane en Saintonge, Ed. Christian Pirot (1998)
  • Raymond Oursel, Aux portes de la Saintonge enchantée : Aulnay, dans Haut-Poitou Roman, Zodiaque (1975)
  • Anat Tcherikover, High Romanesque Sculpture in the Duchy of Aquitaine, c. 1090-1140, Oxford University Press (1997) (Analyse comparée des différents sculpteurs d'Aulnay et de la région)
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Bientôt une nouvelle page sur l'Eglise d'Aulnay

Il se trouve qu'un habitant de la région a fait un investissement lourd d'étude et de prise de photos de l'Eglise Saint-Pierre d'Aulnay de Saintonge. Il en a fait un livre. Il va progressivement enrichir cette nouvelle section qui pourra remplacer alors la page initiale.

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