Windscale

Windscale

Sellafield

Le site de Sellafield donne sur la mer

Le site de Sellafield est le principal complexe de la filière électronucléaire britannique. Initialement nommé Windscale, il a été rebaptisé Sellafield à la suite d'un grave accident dans l'un de ses réacteurs. Situé sur la côte de la mer d'Irlande dans le comté de Cumbrie au nord-ouest de l'Angleterre, il comprend aujourd'hui 400 bâtiments répartis sur 10 km² et emploie environ 10 000 personnes.

Ce site abrite plusieurs installations :

  • une première usine de traitement du combustible usé ouverte de 1951 à 1964, l'unité B204
  • un réacteur du type graphite gaz accidenté en 1957 et son frère jumeau, les piles Windscale
  • le WAGR (Windscale Advanced Gas-cooled Reactor), exploité de 1963 à 1981, qui est un prototype des réacteurs AGR (Advanced Gas-cooled Reactor)
  • une usine de traitement du combustible des réacteurs Magnox, l'unité B205
  • une seconde usine de traitement des combustibles et d'entreposage des déchets hautement radioactifs, ouverte en 1985, impliquée dans l'accident de 2005, l'unité B570 Thorp.
  • l'usine Sellafield Mox Plant (SMP) ouverte en 1997 pour produire du combustible MOX,
  • les quatre réacteurs Magnox de Calder Hall définitivement arrêtés en 2003,
  • d'autres usines à vocation militaire.

Le site est, entre autres, exploité par le British Nuclear Group (la branche démantèlement de British Nuclear Fuels, BNFL).

Sommaire

Origine

Les deux premières usines sur le site furent construites en 1940 pour fabriquer des explosifs, avant que le site ne soit choisi comme site de production nucléaire en 1947. Le site a été choisi pour fournir la matière première des armes nucléaire britannique, le plutonium. Il commence avec la construction de B204 en 1947, puis B205 en 1964. Au fil des ans, d'autres usines viendront s'y ajouter, comme les piles Windscale pour la production de plutonium d'usage militaire en 1952, une centrale de 200 MW en 1956, des surfaces de stockage pour les déchets nucléaires qui s'accumulent, etc.

Unités notables

Le nom des unités de Sellafield sont officiellement nommées suivant la concaténation de la lettre B et d'un numéro.[1]

SIXEP - Site Ion-Exchange Effluent Plant

SETP - Segregated Effluent Treatment Plant

WAGR - Windscale Advanced Gas-cooled Reactor

Voir Réacteur avancé au gaz

Les piles Windscale

L'expérimentation du premier chargement de combustible dans les piles Windscale a eu lieu en juillet 1950, ce chargement été traité par B204 à partir de juillet 1952 pour en séparer le plutonium de l'uranium.

Contrairement aux premiers réacteurs américains d'Hanford modérés au graphite et refroidis par eau, les piles Windscale sont faites d'un cœur d'uranium métallique modéré au graphite et refroidi par air. Chaque réacteur contient pratiquement 2 000 tonnes de graphite.

Un incendie en 1957 entraine leur fermeture.

Calder Hall

Calder Hall est la plus ancienne centrale nucléaire de production d'électricité dans le monde. Elle est équipée de 4 réacteurs Magnox chacun ayant une capacité de production de 50 MW.

Unité B6 - Pile 1 Chimneys

Unité B16 - Pile 2 Chimneys

Unité B29 - fuel storage pond

Unité B30 - piscine

Grande piscine ouverte de stockage de combustible Magnox irradié et connue pour son mauvais état. Elle fait environ 20 m. de large, 150 m. de long and 6 m. de profondeur. Des oiseaux viennent se poser à sa surface, emportant avec eu un peu de sa radioactivité. Elle a été utilisée de 1960 à 1986.[2] Un mur de confinement est prévu afin de limiter les conséquences d'une rupture du bassin en cas de tremblement de terre. Elle doit être vidée de ses déchets et démantelée dans les années à venir.

Il est impossible de déterminer avec précision les quantités de matières stockées, les algues se développant dans l'eau rendent très difficile le contrôle visuel du bassin et les autorités britanniques n'ont pas pu fournir de comptabilisation précise aux inspecteurs d'Euratom. La Commission européenne a poursuivi en conséquence la Grande-Bretagne devant la Cour européenne de justice.[3] [4] Il y aurait environ 1,3 tonnes de plutonium, dont 400 kg sous forme de boue au fond.[5]

Elle contiendrait également des déchets en provenance de la centrale nucléaire japonaise Tokai Mura.[6]

Cette unité est la plus grande préoccupation de l'Autorité britannique de démantèlement nucléaire en Grande-Bretagne, en raison de son très important niveau de radiation. Les radiations sont tellement importantes par endroit qu'il n'est pas possible pour une personne d'y rester plus de deux minutes, d'où la difficulté de son démantèlement ou de son contrôle. Le bassin n'est même pas étanche, le temps fissurant le béton et le froid le contractant, permettant à l'eau radioactive de s'échapper. Ce qui lui vaut le surnom de Dirty thirty, "sale trente" en anglais.[1]

Unité B33 - MDF

Unité B38 - wet silos

Unité B41 - dry silos

Unité B100-B103 - uranium recovery plant

Unité B111 - centre de recherche & développement, accueil des visiteurs

Centre d'accueil de Sellafield

C'est dans cette unité qu'a été mis en place un centre d'accueil des visiteurs.

Ce centre permet d'assister à des expositions interactives, à des démonstrations scientifiques et à des films en immersion. Il a aussi été équipé par le Science Museum (Musée de la Science) de Londres sur le thème des sources d'énergie qui seront disponibles au XXIe siècle.

Unité B203 - plutonium recovery plant

Unité B204 - fuel reprocessing plant

Cette usine de traitement du combustible usé militaire fut construite pour extraire le plutonium du combustible irradié en vue de construire des armes nucléaires. Elle a été exploitée entre 1951 et 1964 pour une capacité de traitement annuelle de 300 tonnes de combustible. Après la mise en place de B205, B204 été utilisée comme usine de préparation du combustible à traiter dans ce nouveau réacteur, avant d'être fermée en 1973.

Unité B205 - Magnox reprocessing plant

Construit en 1964 pour prendre la relève de B204, il est d'abord utilisé pour traiter les barres d'uranium métallique irradiées issues des centrales graphite-gaz et ainsi réutiliser l'uranium dans les centrales Magnox. A partir de 1969, il sera fait de même sur les barres d'oxyde d'uranium irradiées issues des centrales PWR anglaises et des centrales étrangères.

Pour ce faire, un procédé nommé PUREX (plutonium uranium extraction) utilise entre autres de l'acide nitrique et un solvant, le TBP (tributyl-phosphate).

Unité B206 - solvent recovery plant ou THORP miniature pilot plant ou fuel reprocessing plant

Unité B207 - uranium purification plant

Unité B209 - plutonium finishing plant

Unité B211 - Medium Active Concentrate Tank Farm

Unité B212 - Caesium-137 separation plant

Unité B213 - Waste Solvent tank farm

Unité B215

Constituée de 21 réservoirs qui contiennent des déchets de haute activité sous forme liquide. Ces déchets fortement radioactifs dégagent de la chaleur et doivent donc être refroidis en permanence, sous peine d'ébullition et de contamination atmosphérique.[7]

Unité B243

Unité B277 - fuel fabrication plant

Unité B355

Unité B570 - Thorp

Thorp, pour Thermal Oxide Reprocessing Plant, est une usine de traitement de combustible nucléaire irradié. Construite entre 1978 et 1994, elle fut opérationnelle en août 1997.

Elle est conçue pour traiter les combustibles britanniques mais aussi étrangers. Le procédé choisi n'est pas le même que pour B205,

Unité B572

Unité B701

Accidents nucléaires

Le complexe de Windscale/Sellafield a été lieu de plusieurs accidents nucléaires, notamment en 1957 et en avril 2005. Il est considéré comme le site le plus radioactif d'Europe occidentale.

Accident de 1957

L'accident se produit dans l'un des réacteurs graphite gaz à uranium naturel du site. Lors d'une opération d'entretien du graphite, un incendie se produit et dure plusieurs jours, pendant lesquels des produits de fission, essentiellement 740 téra-becquerels (740 mille milliards de becquerels) d'iode 131, sont rejetés à l'extérieur. Le nuage radioactif parcourt ensuite l'Angleterre, porté par les vents, puis touche le continent sans que la population ne soit avertie. L'accident de Windscale se classe au niveau 5 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES). Voir Liste des accidents nucléaires d'exploitation civile des années 1950.

Après cet accident, Windscale est débaptisé et devient Sellafield.

Accident de 2005

Le 19 avril 2005, 83 000 litres de matière radioactive furent découverts dans une pièce en béton armé (conçue afin de recueillir les fuites) à l’usine de traitement de Thorp suite à une fuite dans une canalisation. Étant donné la quantité de 200 kg de plutonium présente, il y avait un risque élevé de déclenchement d'un accident de criticité.

L'enquête a montré[8] que cela faisait probablement 9 mois que la fuite avait commencé : une incohérence entre la quantité et le poids de matière entrant et sortant du système de traitement ayant été notée pour la première fois en août 2004, mais n’a pas été transmise au gestionnaire approprié. Par la suite, l’augmentation de la température et la découverte de liquide radioactif dans le puisard indiquèrent aussi un problème, mais cela fut ignoré. L’épanchement ne fut formellement détecté qu’après un autre audit qui suggéra que de la matière manquait, amenant les opérateurs au bout de quelques jours à envoyer une caméra robotisée sur la canalisation défectueuse afin de mesurer le volume du liquide dans le puisard.

L'usine THORP a été fermée jusqu'en juillet 2007 où l'une des cuves a été remise en service, avec des recommandations de l'autorité de sûreté. Un rapport de 28 pages a été publié et mis en ligne[9], concluant l'enquête demandée par l'autorité de sureté britannique (HSE/ND[10]). Les gestionnaires responsables ont été sanctionnés. Un audit interne a été fait par l'entreprise BNFL qui a plaidé coupable lors de son procès et a du payer trois amendes imposées le 16 octobre 2006 par la cour royale de Carlisle, pour non-respect de trois autorisations concernant respectivement la « sûreté, les mécanismes, appareils et circuits », les « instructions opératoires » et les « fuites et pertes de matériaux radioactifs ou de déchets radioactifs » (soit au total 500 000 £ d'amendes plus environ 68 000 £ de procédures).
Quelques 19 tonnes d’uranium et 160 kilogrammes de plutonium (sur 200 kg selon l'IRSN) dissous dans de l’acide nitrique ont été pompés du puisard dans un réservoir hors de l’usine désormais fermée de Thorp. Les niveaux de radiation dans le réservoir empêche toute entrée d’humains et la réparation de la fuite par un robot serait trop difficile. Les responsables envisagent un détournement afin d’éviter le réservoir pour continuer l’exploitation. Selon l’exploitant le niveau de criticité n'aurait pas pu être atteint durant le temps où la solution a été présente au fond du bâtiment abritant les cuves.

Selon les experts français de l'IRSN, il semble qu’un "excès de confiance" dans la conception de l’usine et qu’une culture de sûreté insuffisante soient à l’origine de ces défaillances." Ils ont classé cet accident au « niveau 3 » de l'échelle INES. Côté français, suite à ce retour d'expérience et à deux "pertes d'étanchéité" survenues en 1997 dans l'ex-usine UP2-400 et en 2001 dans son usine UP2-800, AREVA a du mettre à jour dans son usine de La Hague (usines UP3 et UP2-800) ses procédures de sécurité. En particuliers des contrôles visuels périodiques seront faits pour parer au risque des fuites de matière radioactive pulvérulente, ou liquide et susceptible de cristalliser ou s'évaporer en raison d'une forte ventilation, d'une paroi ou d'un substrat chaud ou d'une surface d’étalement assez vaste pour que la solution puisse s'évaporer ; ces types de fuites n'étant pas nécessairement détectés par les systèmes situés en fond de léchefritte ou de puisard. En octobre 2007, l'INRS a précisé que des moyens de surveillance vidéo et des appareils de mesure neutronique ont été ajoutés au dispositif existant.

Sources

Références

Voir aussi


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