Wilhelm Kube

Wilhelm Kube
Wilhelm Kube
Bundesarchiv Bild 183-2007-0821-500, Wilhelm Kube.jpg
Naissance 13 novembre 1897
Glogau (Allemagne)
Décès 23 septembre 1943, (à 55 ans)
Minsk (Union des républiques socialistes soviétiques)
Origine Troisième Reich Reich allemand
Allégeance NSDAP
Grade SS-Rottenführer
Années de service 1924 - 1943
Conflits Seconde Guerre mondiale
Autres fonctions Gauleiter du Brandebourg, Commissaire général pour la Biélorussie
Wilhelm Kube en mai 1943 à Minsk
Wilhelm Kube en 1934
Wilhelm Kube en 1933

Wilhelm Kube, né le 13 novembre 1887 à Glogau en Silésie et mort le 23 septembre 1943 à Minsk en Biélorussie, était un homme politique nazi, député au Reichstag, Gauleiter du Brandenbourg, puis Commissaire général pour la Biélorussie, et à ce titre responsable du Ghetto de Minsk et de sa liquidation.

Sommaire

Un nazi de la première heure

Kube suit des études d'histoire, de théologie et d'économie, pendant lesquelles il est très actif dans le Mouvement völkisch. Il adhère très tôt au parti nazi ; en 1924, il est un des rares députés nazis au Reichstag. Il devient vite un dignitaire du parti et est nommé Gauleiter du Brandebourg en 1928 ; il joue également un rôle important dans l'assemblée du Land de Prusse. En 1939, son autorité s'étend sur Danzig et sur le Wartheland. Soupçonné de détournements de fonds, il se voit privé de toutes ses charges.

Son engagement fervent parmi les nazis ne l'empêche pas de rester un chrétien convaincu. Il joue un rôle central dans la création et de le développement du Deutsche Cristen, les chrétiens allemands, une organisation nazie au sein des Églises protestantes. Kube affirme lui-même que son but est « de prendre le contrôle des Églises », de « prendre les Églises par la main »[1]. Mais ce protestant sincère est convaincu que le national-socialisme sert les intérêts des Églises protestantes allemandes. Kube s'oppose à la signature d'un concordat entre l'Église luthérienne de Prusse et le Land de Prusse parce que le président de ce dernier est un socialiste. Il refuse qu'une communauté chrétienne soit placée sous l'influence d'un gouvernement d'inspiration marxiste[2]. Il est élu surintendant de l'Eglise luthérienne de Berlin-Brandebourg en 1932. Après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, il contribue à la « nazification » des Églises protestantes[3]. Kube rejoint la Schutzstaffel (SS) en 1934 avec le grade de Rottenführer. En 1940, il est brièvement affecté à Dachau. Après avoir été réhabilité, en juillet 1941, il est nommé commissaire général de Biélorussie.

Kube et les Juifs allemands

A Minsk, à la fin de 1941, l'arrivée de Juifs allemands suscite une correspondance entre Kube et les autorités du Reich. Kube écrit d'abord à Hinrich Lohse à titre personnel. Il indique que 6 000 à 7 000 Juifs allemands sont arrivés et qu'il ne sait pas ce qu'il est advenu des 17 000 autres. Parmi les Juifs allemands, certains ont été décorés de la croix de guerre ou sont des demi-aryens. Kube, antisémite notoire, pense que ces Juifs allemands sont plus qualifiés que les Juifs russes et qu'ils sont cinq fois plus productifs qu'eux. Il constate qu'ils sont aussi beaucoup plus propres, mais qu'ils vont mourir de froid, de faim et d'épidémies[4].

Il poursuit en disant : « Des gens qui viennent de notre milieu culturel sont certainement autre chose que les hordes indigènes bestiales. Doit-on charger du massacre les Lituaniens et les Lettons... Je ne le pourrais pas »[5]. Cette lettre, qui émet une différence entre les Juifs allemands et les Juifs russes, rapprochant les premiers du peuple allemand remet en cause l'idéologie nazie dans un de ses fondements, à savoir l'inégalité des races. En fait, Kube est soucieux de productivité économique. Il lutte pied à pied avec les SS pour garder sa main d'œuvre juive qualifiée avec le soutien de son supérieur Lohse, commissaire de l'Ostland[6]. Le 30 octobre 1941, il est averti que le 11ème bataillon de police de réserve s'apprête à massacrer les Juifs de Minsk[7]. Malgré ses efforts pour préserver les Juifs allemands qualifiés qu'il juge indispensables à la production de guerre, la police encercle le ghetto, massacre les Juifs, enterre même les blessés dont certains parviennent à ramper hors de leur tombe, et vandalise les ateliers où ils travaillaient[8]. Kube entre alors dans une colère noire. Il envoie un rapport sévère à son supérieur Lohse avec une copie à Rosenberg. Il trouve répugnant le fait d'enterrer des blessés qui peuvent ensuite sortir de leur tombe et demande qu'on en informe Göring et Hitler. Rosenberg répond que les problèmes économiques ne doivent pas être pris en compte dans la question juive[7]. Kube sait qu'il a perdu la partie. Comme tous les administrateurs civils de Biélorussie, il dresse à partir de janvier 1942 la liste des Juifs irremplaçables pour l'industrie, accélère la formation des non-Juifs[9].

Le 2 mars 1942, Kube soustrait les Juifs allemands à un massacre conduit par le Sturmbannführer Eduard Strauch durant lequel 3400 Juifs du ghetto sont tués[10]. Il participe pourtant au massacre et est personnellement impliqué dans le meurtre d'un groupe d'enfants de l'orphelinat de la rue Shpalerna[11]. Ces enfants sont emmenés rue Ratomskaya et jetés vivants dans un puits profond. Kube arrive et jette des poignées de bonbons aux enfants terrifiés. Puis tous sont tués[12]. En juin 1942, le Regierungsrat Trampedach écrit à Kube pour lui signifier que la valeur économique d'un Juif est inférieure au danger qu'il représente comme éventuel soutien aux partisans soviétiques. Kube effectue alors une révision de sa liste de travailleurs juifs pour écarter ceux qui ne sont pas absolument nécessaires à l'économie de la région[13].

Son attitude envers les Juifs du Reich lui vaut pourtant une plainte des SS à son encontre, une sévère réprimande d'Heydrich. Kube, soucieux de sa carrière, se soumet sans réserve aux directives de ses supérieurs[14]. Le 31 juillet 1942, il écrit depuis Minsk à Lohse : «  ... nous avons liquidé au cours des dix dernières semaines environ 55 000 Juifs en Biélorussie [...] À Minsk, approximativement 10 000 Juifs ont été liquidés les 28 et 29 juillet, dont 6 000 Juifs russes, en majorité des personnes âgées, des femmes et des enfants ; le reste composé de Juifs inaptes au travail. La plus grande partie d’entre eux avait été déportée à Minsk en novembre dernier, par ordre du Führer, de Vienne, Brünn, Brême et Berlin »[15]. Il continue à exprimer son espoir que les Juifs de la Biélorussie soient complètement liquidés dès que la Wehrmacht n'aurait plus eu besoin de leur force de travail.

La controverse Kube-Strauch

Le 20 juillet 1943, Strauch arrête 70 Juifs travaillant au service de Kube et les exécute. Kube s'emporte alors contre Strauch l'accusant de sadisme et de barbarie, d'avoir un comportement indigne de l'Allemagne de Goethe et de Kant. Il reproche aux SS d'avoir donné au monde, par leurs agissements, une image catastrophique. Il soutient même que les SS de Strauch ont une satisfaction sexuelle à assassiner les Juifs[16]. Les récriminations de Kube ne sont pas motivées par des considérations humanitaires, mais il estime plutôt que ces « actions » des SS et de la police ont été faites sans son approbation et qu’elles ont ainsi affaibli son autorité. Il fait du meurtre de ces Juifs travaillant pour la Wehrmacht une insulte personnelle. Cinq jours plus tard, Strauch envoie un mémorandum à l'Obergruppenführer von dem Bach recommandant que Kube soit relevé de ses fonctions. Strauch décrit le comportement "indigne" de Kube : il a serré la main à un Juif qui avait extrait sa voiture d'un garage en feu ; il a admis aimer la musique de Mendelssohn et d'Offenbach, il affirme qu’« il y avait des artistes parmi les Juifs » ; il a promis la vie sauve à 5 000 juifs allemands expulsés à Minsk[17]. Rosenberg décide d'envoyer à Minsk le Staatssekretär Meyer pour adresser à Kube un sévère avertissement.

Kube est tué dans un attentat le 23 septembre 1943. Une jeune femme, Yelena Mazanik, une domestique, avait caché une bombe dans une bouillotte placée dans son lit. En représailles, les SS tuent 1000 habitants de Minsk[18]. Mazanik parvient à s'enfuir pour rejoindre les partisans russes. Après la guerre, elle est décorée en tant que héros de l'URSS.

Voir aussi

Bibliographie

  • Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe,Tome 1, II et III, Foliohistoire, 2006.

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Richard Steigmann-Gall, The Holy Reich Nazi Conceptions of Christianity, 1919-1945, Cambridge University Press, 2003, p. 71
  2. Richard Steigmann-Gall, p. 72
  3. Biographical information from Ernst Klee, Das Personen-lexikon zum Dritten Reich (Fischer Verlag 2005), p 346
  4. Raul Hilberg, La destruction des Juifs d'Europe, Tome 1, Folio/histoire, 2006 p 636
  5. Raul Hilberg, T.1, p 637
  6. Raul Hilberg, p 655
  7. a et b Raul Hilberg, T. 1, p 681
  8. Raul Hilberg, T. 1, p 680
  9. Raul Hilberg, T. 1, p 682²
  10. Helmut Heiber, "Aus den Akten des Gauleiters Kube," Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte 4 (1956): 87.
  11. M. Gilbert, "The Holocaust", Fontana/Collins, 1987, p. 297.
  12. Les massacres de 1942, consulté le 24 juin 2008
  13. Raul Hilberg, T. 1, p 683
  14. Gerald Fleming, Hitler and the Final Solution. Berkeley: University of California Press. 1987. pp. 116 - 119
  15. Rapport de Kube à Lohse du 31 juillet 1942. Traduit d’après le texte original en Allemand, Tribunal Militaire International de Nuremberg, Procès des grands criminels de guerre devant le tribunal militaire international : Nuremberg, 24 novembre 1945 - 1er octobre 1946, tome XXXII, Doc. PS-3248, p. 280.
  16. Memorandum complet de Strauch, 20 juillet, 1943, NO-4317. On teeth extractions, see report by prison warden Guenther to Kube, May 31, 1943, R-135
  17. La controverse Kube – Strauch, consulté le 24 juin 2008
  18. Reidlinger 1960 p.157 as quoted in Turonek 1989 p.118.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Wilhelm Kube de Wikipédia en français (auteurs)

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