Védutisme

Le védutisme est un mouvement pictural basé sur les paysages urbains.

Le terme vient de l'italien veduta qui signifie « point où tombe la vue ». Ce mot est aussi un terme d'optique qui désignait autrefois la « perspective naturelle » qui est relié aussi au langage de la perspective artificielle ou géométrique, de la prospettiva pingendi, avec des significations différentes qui varient selon le « point de vue ». Au XVII^e siècle, la « perspective naturelle » et veduta sont reliés à la vision de la réalité qui est reproduite selon les règles déterminées de perspective. C'est à Venise que les peintres du XVIII^e siècle qui s'attachèrent à réaliser des vues (vedute) furent nommés peintres védutistes (vedutisti). Parmi ces peintres on peut citer Canaletto, Bernardo Bellotto ou encore Guardi. Ils furent les principaux représentants d'un genre qui se répandit à travers l'Europe où les peintres hollandais sont devenus les maîtres de cette pratique. C'est le goût pour les souvenirs de voyages induits par la pratique du Grand Tour par l'aristocratie européenne qui a permis le développement de cet art.

La veduta s'oppose à la peinture de paysage, où le décor naturel prédomine, même si quelques éléments architecturaux sont présents. Elle se distingue également du capriccio où le décor architectural se dispose dans un décor imaginaire^[1].

Les origines

La veduta désigne « ce qui se voit » et aussi « comment on le voit ». Les premiers védutistes utilisent des méthodes proches de celles de la cartographie et des projections axonométriques ou obliques dans un but topographique. L'artiste procède par prises de vues panoramiques. La veduta est un paysage historiquement objectif peint avec précision et réalisme. Les védutistes respectent avec une fidélité absolue la perception optique de la réalité. Le peintre sort de son atelier et descend dans la rue pour réaliser des esquisses de vues saisies sur le motif.

La veduta s'apparente à la scénographie (puisque l'artiste met en scène une vue extérieure) et présente des problèmes de recherche spatiale. La pratique de la perspective est très utilisée dans les vedute. Les deux genres se développent simultanément et s'influencent réciproquement. Les artistes ont aussi recours à la chambre noire (camera obscura) qui fut en vogue au XVIII^e siècle ; l'artiste Canaletto avait préparé ses cadrages avec elle pour réaliser ses vues panoramiques.

Des paysages urbains ont été peints par les Hollandais dès le XVII^e siècle, la Vue de Delft de Jan Vermeer (1660-1661) étant un exemple. La Hollande a ainsi pu influencer les premiers védutistes vénitiens par l'intermédiaire des bambochades, petits tableaux de genre, décrivant des saynètes dans un décor urbain, connus par les précurseurs du védutisme que sont Gaspar van Wittel et Luca Carlevarijs^[2].

La fin

le mouvement décline à la la fin du XVIII^e siècle, à la mort de Francesco Guardi, contemporain de la fin de la mode du Grand Tour et la chute de la République de Venise^[3].

Exemples d'œuvres

Les védutistes les plus célèbres sont vénitiens. Ils ont été également romains et napolitains. Certains sont d'origine étrangères, comme Gaspar van Wittel ou Johan Richter, ces deux derniers ayant fait l'essentiel de leur carrière en Italie. D'autres védutistes italiens ont fait des vues de grandes villes européennes (Canaletto à Londres, Belloto dans l'Europe centrale et orientale...)

• Francesco Guardi, La Piazzetta de Saint-Marc, 1775-1785, Toile, 45 x 72 cm, Venise, Ca'd'Oro
• Giovanni Antonio Canaletto, Ruva degli Schiavoni, 1735, Toile, 122 x 201 cm, Londres, Sir John Soane's Museum
• Bernardo Bellotto, Le Panthéon à Rome, Musée des Beaux-Arts, Budapest, Hongrie
• Antonio Canaletto, Régates sur le Grand Canal, huile sur toile, 117 cm x 186 cm, National Gallery, Londres
• Ferdinand Hodler, "la rade de Genève à l'aube", 1918 huile sur toile 61,2 x 128 cm
• Giovanni Paolo Panini (1692-1765).

Notes et références

1. ↑ Philippon C, Paysage, caprice ou veduta ?, Dossier de l'art, n^o 179, novembre 2010, p. 13
2. ↑ Philippon C, l'influence de la peinture hollandaise et des bambochades sur le védutisme italien, Dossier de l'art, n^o 179, novembre 2010, p. 30-31
3. ↑ Beddington Charles, Canaletto et ses rivaux, Dossier de l'art, n^o 179, novembre 2010, p. 3-11