Tussilago

Tussilago

Tussilage

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Tussilage
 Tussilago farfara
Tussilago farfara
Classification classique
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Asteridae
Ordre Asterales
Famille Asteraceae
Genre
Tussilago
L., 1753
Nom binominal
Tussilago farfara
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Asterales
Famille Asteraceae
 Tussilago farfara

Tussilago farfara

 Boutons floraux

Boutons floraux

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Le tussilage (Tussilago farfara) est une espèce de la famille des Asteraceae (Composées). Il est encore appelée pas d'âne (allusion à la forme de sabot de ses feuilles)[1]. C'est la seule espèce encore acceptée du genre Tussilago.

C'est une plante vivace à rhizomes. Elle est typique des sols instables riches en base. Elle fait partie des plantes pectorales les plus utilisées en phytothérapie. Cette plante fleurit bien avant la feuillaison, cette particularité lui a valu d'être autrefois appelée, Filius ante patrem, le "fils avant le père".[2]

« Tussilago » provient du latin tussis, "toux" et de agere, "chasser" (allusion à ses vertus médicinales).[3]

Sommaire

Description

Tussilago farfara
Akènes munis d'une aigrette
Tussilago farfara, espèce sociale de terrain instable
Tussilago farfara, feuilles
Tussilago farfara, capitules

Tussilago farfara est une plante vivace de 10 à 30 cm, géophyte dont la souche est composée de rhizomes très courts. La floraison apparait de février à avril, avant la feuillaison. Pollinisée par les insectes, elle est ensuite dispersée par le vent. Le tussillage est une espèce pionnière.[3]

  • Les fleurs, capitules jaunes solitaires de 12-15 mm de diamètre, sont dressées sur des hampes aux écailles pourprées, demi-embrassantes et couvertes de poils cotonneux. Les hampes se penchent après la floraison.
  • Les feuilles sont toutes basales, pétiolées et polygonales, montrant un feutrage blanc à la face inférieure et un vert clair sur la face supérieure. Ces feuilles peuvent atteindre 20 cm de diamètre. Elles apparaissent après la floraison, et feuilles et fleurs ne sont pas présentes en même temps.
  • Les fruits sont des akènes munis d'une aigrette à la manière des astéracées

Confusion possible

Il est possible de confondre[3] Tussilago farfara avec le pissenlit ou les espèces du genre Petasites. En effet ces dernières voient leur floraison apparaitre bien avant la feuillaison mais leur limbe est plus sinué et denté et est vaguement rond ou triangulaire. Autrefois, le genre Tussilago comportait ces espèces mais elles appartiennent maintenant au genre Petasites.

Distribution géographique

Tussilago farfara est une eurasiatique, très commune dans l'Écozone paléarctique. Il aurait été importé dans les Amériques par les colons européen en tant que plante médicinale. Il a dans ces contrées un comportement invasif[4]. En France, le tussilage est assez commun mais manque ça et là (essentiellement en zone acide). Il se déploie jusqu'à 3000 m, soit de l'étage montagnard à subalpin.[3]

Écologie

Le tussilage est une espèce héliophile et pionnière, sociale (souvent trouvée en groupes) et dans un premier temps éliminatrice de la concurrence, mais moins que le pétasite qui peut former 100 % de la couverture végétale sur les bords de fossés où il s'est implanté. Le tussilage apprécie les sols pauvres en humus, riches en bases dont le pH est basique à très légèrement acide. Il apprécie les sols constitués de limons ou d'argile, assez frais voire avec des ruissellements.[3] Il manque ça et là sur les sols siliceux ou très acides.[2]Le tussilage résiste aux embruns.

Caractère indicateur

La présence de tussilage indique des sols rapportés ou des sols instables (risques d'effondrements ou de glissements de terrain). Ces sols mouvants sont régulièrement constitués de poches d'eau dans le sols ou la roche mère. Il ne faut y construire ni habitations ni routes, particulièrement s'il est associé à la Grande prêle (Equisetum telmateia). Pour ses capacités de pionnières, le tussilage est cultivé comme fixateur des sols fraichement remués.[3][5]

Biotope

Le Tussilage est une espèce pionnière des chemins, champs, lisières forestières humides (Calystegion pii), rives et talus, jachères (Sysimbrion) toujours sur sols remués ou instables. Il apprécie également les sols ruisselants marneux ou tourbeux à Scripe pauciflore (Caricion davallianae) où il devient volontiers dominant. Dans ce dernier cas il prépare l'installation d'arbres pionniers de bois humides (Saules et Aulnes notamment). Enfin, il peut parfois localement s'installer massivement au sein de végétations alluviales à Bident tripartite (Bidention tripartitae) qu'il concurrence ou fait disparaître en éliminant les annuelles.[3][6]

Usages et propriétés

Tussilago farfara est cultivée en tant que plante ornementale.[3]

Constituants

Teinture

Les feuilles du tussilage teignent la laine en jaune-verdâtre avec de l'alun et en vert avec du sulfate de fer.[7]

Utilisations alimentaires

  • Les capitules floraux sont comestibles crus ou cuits.[5][7]
  • Les feuilles sont également comestibles. Très jeunes, elles peuvent se consommer crues, en particulier leur pétiole qui est juteux. Rapidement, les feuilles deviennent caoutchouteuses et seront meilleures cuites (particulièrement en beignet)[5][7]
  • La cendre des feuilles séchées et brulées créée un succédané du sel. Elle a été utilisée comme condiment.[7]

Plante à fumer

Le tussilage est un succédané passable du tabac. Il est conseillé de laisser fermenter les feuilles après les avoir empilées puis de les sécher. Botan (1935) conseille aux fumeurs un mélange à part égale de feuilles sèches de tussilage, de marronnier et d'aspérule odorante : les faire macérer dans de l'eau fortement sucrée au miel. Les refaire sécher, les comprimer et les découper finement comme du tabac. Deux parties de ce mélanges ajoutées à une partie de tabac ordinaire compose un mélange à fumer délicat. Fumées, les feuilles de tussilage sont conseillées par P. P. Botan contre l'asthme et le coryza. [2][8][9]

Propriétés médicinales

Historique

Depuis plus de 2500 ans, le tussilage est un remède utilisé pour adoucir les muqueuses enflammées lors des affections ORL et pulmonaires ( rhume, laryngite, bronchite, toux et asthme). D'où son nom, déjà mentionné par Apulée dérivé du latin tussis = toux et ago = chasser.[8]

Des praticiens de la fin du XVIIIe siècle (Fuller, Cullen, Hufeland) et du début du XIXième siècle (Bodard, Roques, Cazin) ont relaté les effets puissants de la décoction ou du suc frais des feuilles et racines du tussilage dans la scrofule[10]. Aujourd'hui, malgré des recherches récentes décelant une substance antibiotique, un glucoside amère et du tanin, rien n'explique les guérisons rapportées par ces auteurs.[2]

En Chine, une étude sur les extraits de la plante entière a révélé que les polysaccharides renforceraient les défenses immunitaires et seraient anti-inflammatoires. [8]

Usages médicinaux modernes

Le tussilage est un béchique, un adoucissant, un émollient, un anti-tussif et un expectorant. L'infusions de feuilles ou de fleurs est réputée pour lutter contre la toux, les bronchites, les trachéites et les rhumes. Mais ce sont surtout les fleurs qui sont employées en infusion ou en sirop.[2][8] On utilise également les fleurs en teinture-mère pour soigner les maladies pectorales, bronchites et crises d'asthmes allergiques. La teinture-mère de feuilles, quant à elle est utilisée en usage externe pour soigner les abcès et kystes et en usage interne, les diarrhées.[11]

La plante renferme, en faible quantité un alcaloïde, le pyrrolizidinique, toxique pour la cellule hépatique. Les doses médicinales courantes sont sans risques mais il faut éviter les traitements excessifs et prolongés. C'est pourquoi, elle est déconseillée pendant la grossesse, l'allaitement et ne convient ni aux enfants de moins de 6 ans ni en cas de maladie du foie. D'après F. Couplan, cet alcaloïde serait détruit par l'ébullition.[2][8]

Cueillette des capitules et des feuilles

Les fleurs de tussilage seront récoltées au tout début de leur épanouissement car, trop ouvertes, à l'instar des astéracées, elles murissent leurs fruits au séchage. Elles doivent être séchées très rapidement en couche mince, dans un lieu sec et aéré. Les feuilles demandent moins de précaution.[2]

Abeille et pollen

Les fleurs apparaissant abondamment au mois de février en plaine (au Québec, d'avril à mai selon les régions), elles constituent un apport non négligeable en pollen pour les abeilles. En effet, cet apport conséquent leur permet de développer leur Couvain, les autorisant alors à sortir de leur léthargie hivernale. Ce pollen est de couleur orangé à brun. Le Tussilage ne produit ni nectar, ni propolis à la différence de beaucoup de plantes mellifères [12]

Maladies et Parasitisme

Plusieurs espèces de larve de lépidoptère se nourrissent du tussilage, dont les Gouttes de sang (Tyria jacobaeae) de la famille des Arctiidae, Naenia typica, et Euplexia lucipara, de la famille des Noctuidae ; toutes d'origine européenne.[4]

Us et coutumes

représentation de Koropokkuru

Calendrier

Dans le calendrier républicain, créé pendant la Révolution française de 1789, le Tussilage correspond au 1er Ventôse, ce qui équivaut au 19 Février du calendrier grégorien.

Mythologie

Les Koropokkuru (homme sous les pétasites en langue aïnoue) sont des "lutins" de la mythologie aïnoue, population aborigène vivant au nord du Japon et à l'extrême est de la Russie. Ces êtres mythologiques habitent sous terre et dans les tiges des feuillages du tussilage et des pétasites. De la taille d'un pied d'enfant, ces "lutins" sont à proprement parler des kamuys ("esprits" en langue Aïnue) végétaux. Établis dans les forêts, ils apparaissent au voyageur perdu pour le guider sur sa route.

Notes et références

  1. Elle est apelllé aussitacouné en patois savoyard. Telabotanica
  2. a , b , c , d , e , f  et g Le livre des bonnes herbes; Pierre Lieutaghi, Actes Sud, 1996
  3. a , b , c , d , e , f , g  et h Flore forestière française Montagne ; JC Rameau, D.Mansion G.Dumé, IDF, 1989
  4. a  et b en:Tussilago farfara, article de WP anglophone
  5. a , b  et c Plantes Bio-indicatrices, guides de diagnostic des sols, Gérard Ducerf, Editions Promonature, 2005
  6. Guide des groupements végétaux de la région parisienne ; M. Bournérias, G. Arnal, C. Bock, Belin, 2001
  7. a , b , c , d  et e Le régal végétal, Plantes sauvages comestibles, Vol I ; François Couplan, Ed Equilibres, 1989
  8. a , b , c , d , e  et f Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, les guides du naturaliste, François Couplan et Eva Stinner ISBN 2 603 00952 4
  9. Dictionnaire des plantes médicinales les plus actives et les plus usuelles et leurs applications thérapeutiques, Botan P. P., Ed. Société Française d'éditions Littéraires Et Technique, 1935
  10. Nom ancien d'un état pathologique rattaché à des troubles divers, parfois conjoints (malnutrition, terrains tuberculeux), se traduisant par l'enflure, voire l'ulcération des glandions lymphatiques du cou. cette affection étroitement associée à l'indigence et à l'inobservance des règles élémentaires d'hygiène a pratiquement disparu dans nos sociétés.
  11. Guide éthnobotanique de Phytothérapie, Gérard Ducerf, Editions Promonature, 2006
  12. Le traité Rustica de l'apiculture, ouvrage collectif, Ed. Rustica, Septembre 2002

Liens externes

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