Turing test

Turing test

Test de Turing

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Le test de Turing est une proposition de test d’intelligence artificielle ayant la faculté d’imiter la conversation humaine. Décrit par Alan Turing en 1950 dans sa publication Computing machinery and intelligence, ce test consiste à mettre en confrontation verbale un humain avec un ordinateur et un autre humain à l’aveugle. Si l’homme qui engage les conversations n’est pas capable de dire qui est l’ordinateur et qui est l’autre homme, on peut considérer que le logiciel de l’ordinateur a passé avec succès le test. Cela sous-entend que l’ordinateur et l’homme essaieront d’avoir une apparence sémantique humaine. Pour conserver la simplicité et l’universalité du test, la conversation est limitée à un échange textuel entre les protagonistes.

Sommaire

Histoire

Le test a été inspiré d’un jeu d’imitation dans lequel un homme et une femme vont dans des pièces séparées et les invités tentent de discuter avec les deux protagonistes en écrivant des questions et en lisant les réponses qui leur sont renvoyées. Dans ce jeu l’homme et la femme essayent de convaincre les invités qu’ils sont tous deux des femmes.

À l’origine Turing a imaginé ce test pour répondre à sa question existentielle : « une machine peut-elle penser ? », en donnant une interprétation plus concrète de sa question.

Une idée intéressante de sa proposition de test est que les réponses doivent être données dans des intervalles de temps définis. Il imagine que cela est nécessaire pour que l’observateur ne puisse pas établir une conclusion qui soit fondée sur le fait qu’un ordinateur puisse répondre plus rapidement qu’un homme, surtout sur des questions de mathématique.

Objections et réponses

Turing lui-même a suggéré de nombreuses objections qui peuvent être faites au test et en a donné une réponse dans sa publication initiale :

  1. Objection théologique : la pensée serait le fait inné de l’âme dont l’homme serait seul doté, et ainsi la machine ne saurait pas penser. Turing répond qu’il ne voit aucune raison pour laquelle Dieu ne pourrait donner à un ordinateur une âme s’il le souhaitait.
  2. Argument de la conscience : cet argument suggéré par le professeur Jefferson Lister dit que « aucune machine ne peut écrire un sonnet ou composer un concerto à cause de l’absence d’émotion, et même en alignant des notes au hasard, on ne peut pas dire qu’une machine puisse égaler un cerveau humain ». La réponse de Turing est que nous les hommes n’avons aucun moyen de connaître véritablement l’expérience des émotions de tout autre individu que soi-même, et donc que nous devrions accepter le test[1].
  3. Originalité : une autre objection, très controversée, est que les ordinateurs seraient incapables d’avoir de l’originalité. Turing répond que les ordinateurs peuvent surprendre les humains, en particulier lorsque les conséquences de différents faits ne sont pas immédiatement reconnaissables.
  4. Formalisme : cet argument dit que chaque système gouverné par des lois peut être prévisible et donc pas réellement intelligent. Turing répond que ceci revient à confondre des lois du comportement avec des règles générales de conduite.
  5. Perception extra-sensorielle : Turing semble suggérer qu’il y a des preuves de perceptions extra-sensorielles. Cependant il estime que des conditions idéales peuvent être créées, dans lesquelles ces perceptions n’affecteraient pas le test et ainsi seraient négligeables.

Prédictions et tests

Turing a prédit que les ordinateurs seraient un jour capables de passer le test. En fait, il estimait qu’en l’an 2000 des machines avec 128 Mio de mémoire seraient capables de tromper environ 30 % des juges humains durant un test de 5 minutes. Il a prédit que les humains à ce moment-là, ne verraient pas l’expression « machine intelligente » comme contradictoire. Il a aussi prédit que l’acquisition par apprentissage des ordinateurs serait aussi importante pour construire des ordinateurs performants, une affirmation qui est aujourd’hui considérée comme plausible par les chercheurs contemporains en intelligence artificielle.

En 2004, aucun ordinateur n’a réussi le test de Turing en tant que tel. Des programmes de conversation simple tels que ELIZA ont trompé des humains croyant parler à d’autres humains, avec des expressions informelles, comme le bot AOLiza. Malgré cela, de tels « succès » ne sont pas comparables au test de Turing. La plupart du temps, l’homme n’a pas de raison de suspecter qu’il ne parle pas avec un humain, alors que pour le test de Turing le juge essaye de déterminer de façon active la nature de l’entité avec laquelle il converse. Les cas référencés concernent notamment l’IRC, où le fait d’engager une conversation futile et sans signification, est courant. De plus, beaucoup de participants à l’IRC conversent en anglais sans que ce soit leur langue maternelle, ce qui rend encore plus facile le fait d’être trompé par un bot, en pensant ne pas tout comprendre ou encore en n’étant pas suffisamment informé de l’existence même des bots.

Le prix Loebner est une compétition annuelle qui permet de déterminer le meilleur programme capable de réussir le test de Turing. Bien que le prix soit attribué chaque année au logiciel jugé le plus proche de la conversation humaine, dont ALICE a été vainqueur à plusieurs reprises, le prix attribué au système qui passerait le test de Turing avec succès n’a jamais été attribué.

Origine du nom

Dans la publication de Turing, le terme « Jeu d’imitation » est utilisé pour sa proposition de test. Le nom de « Test de Turing » semble avoir été inventé en 1968 par Arthur C. Clarke dans ses nouvelles de science-fiction dont a été tiré le film 2001 : L’Odyssée de l’espace.

Voir aussi

  • Captcha, test public de Turing entièrement automatique ayant pour but de distinguer les humains des ordinateurs
  • Prix Loebner
  • Mark V Shaney (computer program)
  • Test de Turing inversé, aussi appelé Test de Gnirut
  • Computationnalisme

Liens externes

Notes et références

  1. Dans le film I, Robot, le policier émet la même remarque à un robot : « Vous ne pouvez pas écrire un roman ni composer un concerto ». Le robot lui répond simplement : « Et vous ? »
  • Computing machinery and intelligence par Alan Turing, Mind, vol. LIX, no 36, Octobre 1950, p. 433-460. Version en ligne : [1], [2]
  • Il existe une traduction de cet article : Turing (Alan M.), Les ordinateurs et l’intelligence, in Pensée et machine, éd. du Champ Vallon, 1983 [Original : Minds and machine, 1964], p. 39-67.
  • Les Ordinateurs et l’Intelligence, in Alan Turing et Jean-Yves Girard, La machine de Turing, Éditions du Seuil, 1995 [détail des éditions], p. 133-175 
  • (en)The Emperor’ New Mind par Roger Penrose, un livre traitant sur ces sujets
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