Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc

Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc
Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc
Image illustrative de l'article Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc
Mgr Toussaint Conen de Saint-Luc, dernier évêque de Cornouaille (par Valentin)
Biographie
Naissance 17 juillet 1724
à Rennes
Ordination
sacerdotale
1748
Décès 30 septembre 1790
à Quimper
Évêque de l'Église catholique
Consécration
épiscopale
1er mai 1773
Évêque de Cornouaille
(en) Notice sur catholic-hierarchy.org

Toussaint François-Joseph Conen de Saint-Luc est un religieux français, né le 17 juillet 1724 à Rennes. Nommé abbé de l'abbaye de Langonnet en 1767, il devint le dernier évêque de Cornouaille de 1773 à 1790. Il décéda à Quimper le soir du 30 septembre 1790[1].

Sommaire

Sa famille

Article détaillé : Conen de Saint-Luc.

Toussaint Conen de Saint-Luc est le frère de Gilles Conen de Saint-Luc, né en 1721, conseiller au parlement de Bretagne. Gilles épousa le 25 décembre 1758 Françoise Marie du Bot, née le 17 juillet 1743 au château du Bot en Quimerch. Les Saint-Luc habitent Rennes où naissent sept enfants, dont l'un meurt en bas âge. Gilles se retire dans ses terres, au manoir du Bot [2] à Quimerc'h où Toussaint vient séjourner de temps en temps. En octobre 1793, l'ancien président à mortier, son épouse et Victoire Conen de Saint-Luc, leur fille aînée, religieuse, née le 27 janvier 1762 à Rennes, sont arrêtés et emprisonnés à Carhaix, transférés à Quimper puis à Paris. Ils sont condamnés à mort et guillotinés le 19 juillet 1794. « Victoire a fait montre jusqu'à la fin d'un noble courage »[3]. Un autre de leurs enfants, leur fils Ange, émigré, participa au débarquement de Quiberon en 1795, et fut fusillé à Auray le 31 juillet 1795. Le titre de comte de Saint-Luc fut alors repris par le fils benjamin, Athanase (né le 15 janvier 1769 à Rennes, décédé en 1844).

Athanase Conen de Saint-Luc, officier de marine, après avoir émigré, rentre en France sous le Consulat. Royaliste, il n'agit cependant pas contre l'Empire. Il sera membre du conseil général du Finistère. Nommé préfet du Finistère par Louis XVIII, il n'a que le temps de révoquer quelques maires quand revient Napoléon Bonaparte. Il démissionne, refusant de prêter serment à l'usurpateur. Au retour du roi, il est nommé préfet des Côtes-du-Nord, maintenant Côtes-d'Armor. Il sera encore préfet du Loir-et-Cher, puis député des Côtes-du-Nord. Le comte de Saint-Luc se retire en son manoir du Bot en Quimerch où il s'éteint en 1844.

Les Conen, seigneurs de Saint-Luc, portaient : "Coupé cousu d'argent sur or, à un lion de l'un sur l'autre, couronné de gueules"[4].

Le dernier évêque de Cornouaille

Après des études au collèges des Jésuites de Rennes, il entre au séminaire de Saint-Sulpice de Paris en 1741. Ordonné en 1748, il est nommé chanoine titulaire du chapitre cathédral de Rennes en 1750 avant d'en devenir chanoine honoraire en 1766[5]. Toussaint Conen de Saint-Luc est nommé évêque de Cornouaille le 1er mai 1773 et sacré le 1er août 1773. Il prit ses fonctions le 29 août 1773. Il s’agissait de récompenser, en pleine époque du Parlement Maupeou, une famille fidèle au pouvoir royal (voir le rôle joué par son frère Gilles Conen de Saint-Luc au Parlement de Bretagne à cette époque) en élevant à l’épiscopat un ecclésiastique d’une indiscutable piété[6] et qui se distingue par son action charitable.

Un prélat zélé, ultramontain

Il s'est plusieurs fois opposé aux loges maçonniques de Quimper, " La Parfaite Union" et l'"Heureuse Maçonne", et a dénoncé en chaire les 8 et 9 juin 1776 « ces gens sans mœurs, sans scrupule ». L'affaire, qui l'oppose en particulier à Augustin le Goazre de Kervélégan, vénérable maître de la loge "La Parfaite Union", est portée devant le Conseil du roi[7]. Il entre aussi en conflit en 1776 avec Denis Bérardier à propos du mode de renouvellement de la chambre du clergé. L'affaire est portée devant la Chambre du roi au Parlement de Bretagne à Rennes. D'autres conflits éclatent à propos du Jeudi saint et de la bénédiction des Saintes huiles avec le corps professoral du collège de Quimper, imprégné d'idées gallicanes. Mgr Toussaint Conen de Saint-Luc, proche des Jésuites, apparaît dans ces querelles comme un prélat d'Ancien Régime aux principes assez rigides et traditionnels[8].

Il se montre soucieux de la tenue de son clergé en combattant l'ivrognerie: sur 486 prêtres qu'il rencontre au cours de ses visites pastorales, il note pour 48 d'entre eux une faiblesse manifeste envers la boisson.

Sous l'épiscopat de l'évêque Conen de Saint-Luc le logis de Rohan, palais épiscopal des évêques de Cornouaille, est en grande partie démoli pour faire place à un nouveau bâtiment en s'appuyant sur le mur de ville servant de terrasse. C'est l'actuel musée départemental breton de Quimper. Il vit aussi dans la résidence d'été des évêques de Cornouaille, le château de Lanniron[9], situé sur les bords de l'Odet.

La Révolution : de la compréhension au rejet

Le 25 novembre 1789, il signe un mandement qui invite les chapitres, les paroisses, les communautés séculières et régulières de l'un et l'autre sexe, et les confréries, à faire porter à l'Hôtel des Monnaies l'argenterie des églises, chapelles et confréries, qui ne sera pas nécessaire pour la décence du culte divin"[10]. A l'issue de la session électorale qui avait désigné les administrateurs du département du Finistère, il accepte le 29 juin 1790, de célébrer un Te Deum dans la cathédrale[11]. Cependant, le 10 août 1790, il refuse la même cérémonie pour la réception de la bannière provenant de la Fête de la Fédération. En représailles les fédérés de Quimper émirent le vœu que soient effacés les insignes de la féodalité qui figuraient encore sur certaines portes, notamment à l'évêché, ce qu'une bannie du maire de Kerincuff s'empressa d'ordonner[12]. Le 25 septembre, les chanoines sortant de leur salle capitulaire pour aller au palais de l'évêque prirent conscience que les événements qui se déroulaient dans le diocèse et sous leurs yeux n'étaient pas de simples remous et n'auguraient rien de positif pour leur statut [13]: des maçons avaient commencé à détruire les armoiries des anciens évêques qui se trouvaient sur les murs de l'évêché

Dès le 15 septembre Pie VI avait adressé à Mgr Conen de Saint-Luc un bref où il manifestait sa désapprobation de la politique religieuse de la Constituante[14]. Lorsqu'arriva le 26 septembre 1790, à l'évêché de Quimper[15], la signification de la Constitution civile du clergé, Mgr de Saint-Luc était gravement malade et alité: "C'est mon arrêt de mort, dit-il, mais je veux répondre de suite[16]". Très affaibli, il charge l'abbé Boissière de préparer le canevas d'un écrit de protestation qu'il approuve le lendemain. Son chapitre canonial reçut le 28 septembre la notification de sa suppression. Les chanoines, les prêtres Bernetz et Mauduit, les vicaires et l'archidiacre l'Archantel (suppléant de l'évêque) s'empressèrent au chevet de leur évêque qui, moribond, ne put signer leur protestation contre la suppression du chapitre cathédral. Il leur précise à cette occasion qu'en cas de retour à la santé, il refuserait le serment et condamne " tout ce que la Constitution renfermait de mortel pour l'Ėglise, pour la Monarchie, pour tout ce qu'avait établi la sagesse des siècles".

Décédé le 30 septembre 1790, Les funérailles du dernier évêque de Cornouaille eurent lieu le 5 octobre 1790 dans une chapelle tendue de noir et qu'illuminaient mille bougies. Une assistance nombreuse afflue non seulement depuis la Cornouaille mais aussi depuis le Léon. Á cette occasion, après l'absoute, les chanoines lisent publiquement la profession de foi du défunt qui recueille l'adhésion unanime du clergé[17].

Le corps de l'évêque, inhumé initialement au seuil de la cathédrale, se trouve depuis 1884 dans un enfeu placé vis-à-vis celui de René du Louët. Un vitrail offert en 1870 par le petit-neveu de l'évêque le surplombe[18]. L'on voit le prélat remettant au pape Pie VI la protestation contre la Constitution civile du clergé. La scène est purement imaginaire [19]. Elle se situe à Quimper (dont les flèches sont les flèches de la cathédrale sont anachroniques) et non à Rome [20]. Un portrait de Toussaint-François-Joseph Conen de Saint-Luc, ainsi qu'un de sa nièce Victoire Conen de Saint-Luc, se trouvent dans l'église Saint-Jacques de Pouldavid à Douarnenez.


Le chapitre s'est chargé de l'intérim alors que la Constitution civile l'avait supprimé. Le Comité ecclésiastique exige sa dissolution et l'élection d'un nouveau titulaire[21]: ce fut donc à Quimper qu'eut lieu la première élection d'un évêque selon les nouvelles dispositions [22] dans un climat de forte résistance de la part du clergé et de la population sur le Finistère et dans toute la Bretagne. Louis-Alexandre Expilly de La Poipe fut choisi, après de multiples incidents et un scrutin douteux. Un grand nombre de prêtres s'embarqua à Bénodet pour passer en Espagne

Le clergé en Cornouaille

L'évêché de Cornouaille était l'un des évêchés les moins riches de la Bretagne ; il comptait en 1787 :

  • 19 prébendes
  • 8 abbayes
  • 17 prieurés
  • 23 communautés
  • 37 chapellenies
  • 1010 fondations dont la plupart étaient formées d'une chapelle et de ses dépendances.

Avant 1789, le nombre des membres du clergé de l'évêché s'élevait à environ 1 500 personnes.

Voir aussi

Articles connexes

Articles externes

Notes et références

  1. Armand du Chatellier - Histoire de la Révolution en Bretagne.
  2. Manoir du Bot [1]
  3. http://patrimoine.landudec.free.fr/Fr/Themes/victoire-de-saint-luc.html
  4. Armorial général de France - Bretagne - Charles René d'Hozier - Edit de novembre 1696.
  5. Olivier Charles, Chanoines de Bretagne. Carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières., Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2004, 456p., (ISBN 2-86847-917-0), p.367-368.
  6. Olivier Chaline, "Familles parlementaires, familles dévôtes, Rennes au XVIIIe siècle", Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, n°117, janvier 2007, consultable http://abpo.revues.org/595
  7. http://www.mairie-quimper.fr/adminsite/photo.jsp?ID_PHOTO=1216906641984
  8. J.-L. Le Floch, "Conflits entre Denis Bérardier et l'évêque de Quimper", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 1980, volume 108, consultable http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=12333408
  9. http://www.evene.fr/culture/lieux/chateau-de-lanniron-5971.php
  10. Toussaint Conen de Saint-Luc, "Mandement de Monseigneur l'évêque de Quimper qui invite les chapitres, les paroisses, les communautés séculières et régulières de l'un et l'autre sexe, et les confréries, à faire porter à l'Hôtel des Monnaies l'argenterie des églises, chapelles et confréries, qui ne sera pas nécessaire pour la décence du culte divin", 1789, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k463300/f3.image.r=Conen.langFR
  11. R. Dupuy, La Bretagne sous la Révolution et l'Empire (1789-1815), p. 61.
  12. René Kerviler, "Recherches et notices sur les députés de la Bretagne aux Etats-généraux et à l'Assemblée nationale constituante de 1789", V. Forest et E.Grimaud, Nantes, 1885, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5840514s/f186.image.r=Conen.langFR
  13. La Révolution à Quimper [2]
  14. Pisani, Paul, L'église de Paris et la Révolution. I, 1789-1792 , p. 169, n. 3.
  15. Voir : Palais des évêques [3]
  16. P. de la Gorce, Histoire religieuse de la Révolution française, T I, pp. 304-305;
  17. La Gorce, op. cit., pp. 304-305.
  18. http://fr.topic-topos.com/conen-de-saint-luc-quimper
  19. Mais néanmoins conforme à ce qu'elle représente : le refus d'accepter la Constitution civile du clergé.
  20. Voir ici le vitrail refusé [4]
  21. R. Dupuy, op cit, p. 63.
  22. "La Bretagne dans la Révolution française : une passion déçue" de Joseph Martray, 1985.

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