Ayahuasca

Ayahuasca
Peruvian Ayahuasca
Liane Banisteriopsis caapi utilisée dans la préparation de l'ayahuasca, province de Pastaza, Équateur.

L’ayahuasca ou yagé est un breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d'Amazonie, utilisé pour sa capacité curative associée aux croyances et pratiques locales.

Par extension, ayahuasca est le nom donné aux lianes du genre Banisteriopsis dont l'écorce sert principalement à la composition de cette boisson.

Sommaire

À propos du nom

Le terme Ayahuasca vient du Quechua et est formé de l'agglutination de aya et huaska. Il est traduit ordinairement par liane des esprits, liane des morts ou liane des âmes (aya : mort, défunt et par extension âme, esprit ; huasca : corde, et par extension liane ; d'après le médecin équatorien Plutarco Naranjo, 1983[1]). En fait aya ne signifie pas l'âme de la personne morte, mais plutôt le cadavre, ce qui implique qu'ayahuasca se traduit plutôt par « corde des cadavres »[2].

D'après Gerald Taylor, linguiste et spécialiste de la langue quechua, le nom le plus probable de cette liane serait plutôt ayaqhuaska ce qui signifie « liane amère »[3].

Le breuvage, en lui-même, est connu sous différents noms en fonction des régions et des groupes ethniques : ayahuasca, ayawaska, yajé (Tukano), jagé, caapi (langues tupi), natema, natem (Jivaro), purga, pinde, Santo Daime.

Historique

Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la préparation et l’utilisation de ce breuvage hallucinogène ont été découvertes par les Européens. La plus ancienne référence à ce sujet semble être celle de Villavicencio dans son étude géographique de l’Équateur, datant de 1858. Quelques années auparavant, en 1851, l’explorateur anglais Richard Spruce avait rencontré la tribu amazonienne Tukano du Río Vaupés, au Brésil, qui utilisait une liane appelée Caapi pour induire un état hallucinatoire, mais ses observations ne furent publiées que beaucoup plus tard. Il expédia, cependant, des échantillons de plantes en Angleterre pour analyse chimique. Trois ans plus tard, il observa l’usage du Caapi parmi les Indiens Guahibo du haut Orénoque de la Colombie et du Venezuela, puis il trouva l’ayahuasca chez les Zápara de l’Équateur et l’identifia comme étant le Caapi. Une des plus importantes contributions de Spruce a été l’identification précise de la source de Caapi comme étant une nouvelle espèce de la famille des Malpighiacées. Dans les années qui ont suivi, d’autres explorations ont montré que les régions d’utilisation de la plante 'Banisteriopsis caapi s’étendent aussi à l’Amazonie péruvienne et bolivienne, et même à certaines régions côtières de la Colombie et de l’Équateur. Pendant le siècle qui suivit cette découverte, de nombreux explorateurs, voyageurs, anthropologues et botanistes ont mentionné cette drogue, souvent sans identification botanique précise en dehors du fait qu’elle était préparée à partir d’une liane. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on commença l’analyse chimique du matériel envoyé par Spruce en 1851[4].

La composition chimique de la potion a commencé à être connue dès 1957 grâce à Average Hochstein et Paradies. Puis en 1965 en France grâce à Claudine Friedberg et Jacques Poisson[1]. Le premier alcaloïde isolé à partir de Banistériopsis caapi fut nommé télépathine car des pouvoirs télépathiques étaient attribués à l’ayahuasca.

L'ayahuasca comme breuvage

Dans diverses communautés indigènes amazoniennes, l’ayahuasca est traditionnellement utilisé pour entrer en transe dans un but divinatoire ou comme outil thérapeutique et comme puissant outil de purification lors de rituels de guérison sacrés. Cette boisson semble être consommée depuis 4 000 à 5 000 ans[5].

Sur un total approximatif de quatre cents peuples indigènes, Luna en comptabilise soixante-douze qui utilisent l’ayahuasca et qui sont concentrés dans la partie occidentale du bassin amazonien[6]. Cette observation ainsi que certaines découvertes archéologiques laissent penser que cette pratique est extrêmement ancienne, sans doute, déjà bien établie à l’époque précolombienne. Des descriptions iconographiques de céramiques et autres objets découverts en Équateur estiment l’âge de ces pratiques à 2 000 ans avant J.-C., au moins[7]. Ce puissant hallucinogène qui sert à la fois à la divination, à la sorcellerie et à la thérapeutique est si profondément enraciné dans la mythologie et la philosophie indigènes que l’on ne peut douter de son antiquité. Il n’existe, toutefois, aucune preuve non équivoque qui permette d’attester l’usage préhistorique de l’ayahuasca.

Composition

Préparation de l'ayahuasca dans la province de Pastaza en Équateur.
Préparation de l'ayahuasca en Équateur.

L’activité pharmacologique de l’ayahuasca est particulière du fait qu’elle dépend d’une interaction synergique entre les alcaloïdes actifs des plantes qui constituent le breuvage. L’un des constituants - les feuilles de Psychotria viridis ou une espèce apparentée - contient l’alcaloïde N,N-diméthyltryptamine (DMT), qui se trouve être inactif lorsqu’il est ingéré oralement, car il est rapidement dégradé par des monoamines oxydase (MAO) périphériques, naturellement présentes dans l’appareil digestif. L’absorption simultanée de β-carbolines, inhibitrices puissantes des MAO, apportées par le deuxième constituant du breuvage - l’écorce de la liane Banisteriopsis caapi - confère à la DMT une protection contre la dégradation enzymatique et lui permet alors d'exercer son effet sur le système nerveux central. Cette interaction est la base de l’action psychotrope de l’ayahuasca.

Composition végétale

Dans un contexte traditionnel, l’ayahuasca est une décoction préparée à partir de l’écorce et des tiges d’une liane du genre Banisteriopsis et d’un additif nécessaire pour l’effet psychotrope. La composition du breuvage varie grandement selon les groupes ethniques. Deux espèces de Banisteriopsis sont particulièrement importantes : Banisteriopsis caapi et Banisteriopsis inebrians. Localement, on utilise parfois aussi Banisteriopsis quitensis, Mascagna glandulifera, Mascagna psilophylla, Tetrapteris methystica et Tetrapteris mucronata[4]. Toutes ces plantes sont de grosses lianes de la forêt appartenant à la même famille. Banisteriopsis caapi et Banisteriopsis inebrians sont souvent cultivées.
Les additifs les plus courants sont des Rubiacées du genre Psychotria, particulièrement Psychotria viridis. D’autres espèces semblent également être employées, spécialement Psychotria leiocarpa ou Psychotria carthaginensis. Dans le nord-ouest de l’Amazonie, particulièrement dans le Putumayo colombien et en Équateur, les feuilles de Diplopterys cabrerana, une liane de la même famille que Banisteriopsis, sont ajoutés au breuvage à la place des feuilles de Psychotria[4]. Mais ces plantes possèdent le même alcaloïde et l’effet au niveau pharmacologique est le même.

Plantes sources de β-carbolines:

Plantes sources de DMT:

En plus des deux constituants de base, il arrive aussi que l’on y mêle d’autres plantes pour en modifier les effets, selon le contexte magique, médical ou religieux dans lequel la drogue doit être consommée. Des espèces appartenant à la famille des Solanaceae des genres Nicotiana, Brugmansia ou Brunfelsia peuvent être ajoutées. Ces Solanacées sont connues pour renfermer divers alcaloïdes tels la nicotine, l’atropine et la scopolamine affectant la neurotransmission adrénergique et cholinergique des systèmes nerveux central et périphérique. D’autres plantes comme Erythroxylum coca ou Ilex guayusa qui renferment cocaïne ou caféine sont aussi utilisées. Au total pas moins de 97 espèces de plantes sont susceptibles d'être mélangées à Banisteriopsis caapi[8].

Le breuvage de l'ayahuasca est divisé en sous-types dont les mélanges, les effets et les rituels d'utilisations varient d'une société amazonienne à l'autre. Au Pérou il existe par exemple différentes formes d'ayahuasca selon la couleur du breuvage : jaune, rouge, blanc, noir. Ces variations correspondent le plus souvent à l'addition ou non d'autres plantes psychotropes.

Composition chimique

Ayahuasca prête à la consommation après avoir été bouillie pendant plusieurs heures, province de Pastaza, Équateur.

On retrouve généralement, par ordre décroissant suivant leurs proportions, les alcaloïdes suivants : l'harmine, la 1,2,3,4-tétrahydroharmine (THH), la N,N-diméthyltryptamine (DMT), l'harmaline, parfois l'harmol[1]. La concentration en alcaloïde de la mixture ayahuasca est plusieurs fois supérieure à celle des plantes sources utilisées pour la préparation. Cependant, les concentrations et proportions des alcaloïdes peuvent varier significativement dans les différents échantillons d’ayahuasca récoltés, selon la méthode de préparation, les quantités et les proportions des plantes sources[9],[10]. Néanmoins, les concentrations de DMT se situent dans l’intervalle des valeurs d’activité pour une administration par voie i.m[11] ou i.v[12] et les concentrations d’harmine se trouvent au-dessus du seuil nécessaire pour l’inhibition des MAO.
Le DMT et ses dérivés, ainsi que les dérivés des β-carbolines sont largement répandus dans le règne des plantes[13],[14]. En outre, ces deux classes d’alcaloïdes ont été détectées comme métabolites endogènes chez les mammifères, dont l’humain[15],[16],[17]. Des méthyltransférases qui catalysent la synthèse de DMT et de 5-méthoxy-DMT ont été caractérisées dans différents tissus humains, dont le poumon, le cerveau, le sang, le liquide céphalo-rachidien, le foie et le cœur[18]. Le 6-methoxy-tetrahydro-β-carboline a été identifié comme constituant majeur de la glande pinéale (épiphyse) humaine[19]. Le rôle physiologique de ces composés « psychotomimétiques » n’est toutefois pas encore compris.

Principe actif

La théorie en vigueur aujourd'hui a été avancée par Dennis McKenna en 1984 : les β-carbolines (harmine, THH, harmaline) apportées par l'ayahuasca-liane (Banisteriopsis caapi) permettent, par leur action d'inhibition de la monoamine oxydase (IMAO), enzyme présente à l'état naturel chez l'être humain, d'éviter la dégradation viscérale de la DMT apportée par les feuilles de la chacruna (Psychotria viridis).

Bien que le rôle des β-carbolines, dans l’activation ou la révélation des effets de la DMT, soit actuellement bien admis, il n'en est pas de même du rôle exclusif de la DMT dans la responsabilité des effets psychotropes du breuvage[20]. Pour preuve l'utilisation exclusive de Banisteriopsis caapi par certains groupes amérindiens. Ou le testing neuropsychopharmacologique des combinaisons harmine + DMT et extrait d’ayahuasca-liane + DMT (Cory Freedland et Robert Mansbach, 1999), qui présentent des différences subtiles[1]. Enfin, le rôle des carbolines dans leurs effets psychotropes est insuffisamment connu, voire inconnu (notamment pour THH).

Aspects pharmacologiques

Structure moléculaire de l'harmine.
Structure moléculaire de l'harmaline.
Structure moléculaire de la tetrahydroharmine.
Structure moléculaire du DMT.
Structure moléculaire de la sérotonine.
  • Mode d'action des principales β-carbolines: harmine, harmaline et tetrahydroharmine

L’inhibition des monoamine oxydase (MAO), enzymes présentes chez l'humain et responsable de la dégradation de certains neurotransmetteurs, par les β-carbolines fait augmenter les niveaux de sérotonine dans le cerveau en prévenant sa déamination et donc sa dégradation. A des concentrations élevés ces alcaloïdes exercent un effet psychoactif par eux-mêmes et pourraient contribuer à l’activité psychotrope du breuvage, cependant il n’est pas correct de caractériser les propriétés psychotropes des β-carbolines comme hallucinogènes ou psychédéliques.
Dans l’ayahuasca, l’action principale des β-carbolines est l’inhibition des MAO-A périphériques, en particulier par l’harmine et l’harmaline dont la capacité inhibitrice est plus puissante[21] protégeant ainsi le DMT de la dégradation périphérique, le rendant actif oralement en lui permettant d’atteindre les sites d’actions du système nerveux central sous une forme intacte. La tetrahydroharmine (TTH) ne semble pas jouer de rôle significatif dans l’inhibition des MAO, mais contribue probablement indirectement à l’activité neurologique en inhibant sensiblement la recapture de la sérotonine aux sites pré-synaptiques et dans les plaquettes[22]. En conséquence, la demi-vie du DMT est prolongée car le blocage de sa recapture intra-neuronale empêche son inactivation par les MAO localisées dans les mitochondries à l’intérieur des neurones. D’un autre côté, les hauts niveaux de sérotonine dans la fente synaptique, résultant de l’inhibition de la recapture par le THH, semblent également jouer un rôle par compétition avec le DMT pour la liaison aux sites récepteurs post-synaptiques.


  • Mode d'action de la N,N-diméthyltryptamine (DMT)

Le DMT est un agoniste des récepteurs de la sérotonine, dont la structure s’apparente à ce neurotransmetteur. De manière identique à certains agents psychédéliques bien caractérisés tel le LSD et la mescaline, il se lie sur le récepteur 5-hydroxytryptamine 2A (5-HT2A) dans le système nerveux central et provoque des modifications de perception de la réalité accompagnées d’images mentales complexes[23]. Ordinairement, le DMT est rapidement oxydé en un métabolite inactif par les MAO périphériques fonctionnelles. Pour cette raison, il est inactif lorsqu’il est absorbé oralement, même à des doses supérieures à 1000 mg[24]. Par voie parentérale, cependant, les effets commencent à se manifester à partir de 25 mg. Diverses méthodes d’administration parentérales sont employées par les usagers de DMT. Dans la société occidentale, du DMT de synthèse sous forme de base libre est parfois fumé pour produire un épisode psychédélique intense de courte durée (5-15 minutes). L’effet est caractérisé par l’apparition d’images colorées en mouvement, observées les yeux fermés[25]. Les Indiens Yanomami préparent une poudre à priser à partir de plantes du genre Virola contenant de grande quantités de DMT et de dérivés tel le 5-méthoxy-DMT, lui aussi inactif par voie orale[26].
Cependant le breuvage ayahuasca est le seul psychédélique traditionnel qui utilise le principe d’une enzyme inhibitrice d’une plante pour faciliter l’activité d’une substance hallucinogène présente dans une autre plante. La découverte de cette association synergique par des indigènes vivant dans la forêt amazonienne a beaucoup intrigué nombre de scientifiques et anthropologues et continue encore de surprendre. Dans le texte que Richard Evans Schultes écrit, au milieu des années 80, sur cette incroyable association, il conclut: "Cela reste une énigme[27]."

Préparation

Comme sa composition, la préparation varie en fonction des groupes ethniques.

Ainsi l'écorce est préparée en infusion dans de l'eau froide dans la partie extrême occidentale de l'Amazonie alors que dans d'autres endroits cette infusion se prépare par une longue ébullition des tiges et de l'écorce[28]. Dans le secteur de la haute Amazonie Péruvienne, la liane utilisée (Banisteriopsis Caapi) est ajoutée aux feuilles d'une plante contenant du DMT (Psycotria Viridis). Le Caapi se présente sous la forme de copeaux brun clair qu'il faudra réduire en poudre ou en petits morceaux, pour augmenter la surface d'échange avec l'eau. Le Viridis est seulement composé des feuilles de la plante (selon une croyance péruvienne, la feuille de tabac accentue les effets psychoactifs du Viridis, les chamans locaux aspergent donc leurs plantations de leurs consommations de cigarettes en soufflant la fumée sur les feuilles, autant quand la plante vit que quand elle est sèche ou bouillie). Le Caapi en petits morceaux et les feuilles de Viridis séchées sont répartis dans un récipient (suffisamment grand) qui sera rempli d'eau jusqu'à recouvrir totalement le matériel et rajouter la moitié de la première quantité d'eau (2 litres pour recouvrir/1 litre à ajouter). Une recette au vinaigre existe en en ajoutant 20/30ml par litre d'eau. Après avoir couvert le récipient, ils laissent tremper pendant une nuit entière. Le matin, le liquide est chauffé à feu doux pendant 3 heures en remuant de temps en temps. Inutile de vraiment faire bouillir l'eau. Une fois 3 heures écoulées, il est temps de filtrer. Le Caapi et le Viridis humides sont laissés dans le premier récipient pour réitérer l'opération 3 à 4 fois. Le liquide récolté est mis de côté. Une fois les bains terminés, il reste un récipient plein de copeaux et de feuilles humides, et un autre contenant plusieurs litres d'un liquide jaunâtre. Les plantes sont jetées, et le liquide est maintenant chauffé à feux doux pour le réduire. À la fin de ce processus, un liquide brun foncé, relativement boueux selon la filtration, est récolté et enfin ingurgité. Une estimation relate que pour une personne il est nécessaire d'avoir 50 grammes de chaque plante.

Effets

L'ingestion d'ayahuasca qui est purgatif et hallucinogène entraîne une sorte d'ébriété (mareacion), avec des nausées et vomissements. En raison de son amertume, l'écorce fraîche est parfois chiquée ou réduite en poudre pour être prisée comme c'est le cas dans certaines parties de l'Orénoque. La prise de la plante se fait dans un cadre rituel, de préférence dirigé et contrôlé par un chaman. Lorsque l’ayahuasca est consommé en groupe dans un rituel, les vomissements sont considérés comme faisant partie de l’expérience.

Les effets apparaissent rapidement après ingestion (à partir de 30 minutes) et se poursuivent pendant plusieurs heures. On distingue deux types d'effets: les effets psychotropes centraux et les effets périphériques.

Effets psychotropes (centraux)

  • apparition de phosphènes[29] ;
  • modifications de la perception, amplifications des perceptions auditives et visuelles[28] ;
  • hallucinations, incluant des visions multicolores en mouvement[29],[30] ;
  • épisodes de « rêves »[29] ;
  • changements de la perception du soi et de la réalité: processus de pensée complexes et état général de prise de conscience[30] ;
  • sentiments de vigilance et de stimulation[29] ;
  • effets cognitifs non perceptuels: idéations intellectuelles et spirituelles[31] ;
  • expériences mystiques[31] ;

Les effets varient selon les méthodes de préparation, l’environnement, la quantité ingérée, le nombre et les type d’additifs, le propos de son utilisation et le contrôle cérémoniel exercé par le chamane.

En une même cérémonie, les personnes présentes vivent des processus très différents. Selon l’anthropologue Kenneth M. Kensinger,qui entre juillet 1955 et août 1968, a passé plusieurs années de recherches linguistiques et ethnographiques parmi les Cashinahua du Pérou, c'est la pertinence entre les hallucinations et les actions individuelles qui pousse les participants a réitérer l'expérience de consommation, parfois désagréable et effrayante. Les Cashinahua boivent le yage pour apprendre sur les choses, les personnes et les évènements effacés par le temps et/ou l'espace et qui pourraient affecter la société entière[32].

Cet hallucinogène procure des "visions" interprétées comme des phénomènes de clairvoyance et sont souvent considérées par certaines sociétés amazoniennes, comme plus réelles que le monde du quotidien[33]. Selon les Amérindiens, les visions sont généralement induites par le chaman; elles se présentent fréquemment, soit comme des scènes avec des animaux (jaguars, serpents) soit sous forme de paysages ou de villes[34].

De nombreux témoignages font état d'expérience mystique et de transformation des rapports avec le monde, sentiments forts éloignés d’une confusion mentale à l’égard des personnes, de l’espace ou du temps. C'est pourquoi l'ayahuasca est souvent qualifié comme enthéogène, adaptogène ou empathogène.

Effets périphériques

La consommation d'ayahuasca s'accompagne de différents effets périphériques physiologiques:

Chez la plupart des individus, l'ayahuasca cause des:

Il semble que les effets purgatifs soient toniques plutôt que toxiques. Ces effets sont probablement le résultat des niveaux élevés de sérotonine non métabolisés pendant la phase aigüe de l’expérience. Les vomissements, par exemple, résultent de l’augmentation de la stimulation vagale par le système sérotoninergique central, alors que l’augmentation de la sérotonine périphérique peut stimuler la motilité de l’intestin, provoquant des diarrhées[30].

Toxicité à court, moyen et long terme

Aucun cas de décès suite à l'ingestion d'ayahuasca n'a été documenté ou rapporté dans la littérature ethnographique ou médicale[1]. La seule complication aiguë sérieusement documentée et publiée concerne l'interaction entre l'ayahuasca et certains ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine), prescrits dans la médecine occidentale comme antidépresseurs[35]. Le risque étant de voir survenir un syndrome sérotoninergique grave, évènement rare dont l'issue peut être fatale[36].

L'ensemble des études pharmacocinétiques et psychologiques conduites par des chercheurs de différents pays et pratiquées sur des sujets humains ont conclu que l'ayahuasca ne présentait pas de toxicité, ni aiguë, ni à long terme[29],[30],[37],[38]. L'ayahuasca est de plus reconnue comme non addictive. Dès lors, s'il n’est peut-être pas possible de parler de toxicité de l’ayahuasca à ce jour, il n’est pas non plus possible de passer sous silence l’existence de complications aiguës, de crises descriptibles avec les mots de la psychopathologie[1].

Utilisation

L'usage chamanique par les populations amazoniennes

Cet usage traditionnel et lié aux échanges avec les esprits de la surnature, permettrait d'accéder à des fonctions thérapeutiques, mais aussi à celles permettant de se concilier la faveur des esprits. Selon certaines tribus indigènes, l’ayahuasca leur ouvrirait des portes d’une réalité « plus solide » ou « plus complète » que celle que nous laisse entrevoir nos sens à l’ordinaire, leur permettant de communiquer avec les esprits ou les ancêtres. L’idée centrale du chamanisme est d’établir un contact avec le monde surnaturel à travers les expériences extatiques d’un intermédiaire professionnel, le chamane. Dans le nord-ouest de l'Amazonie, l'ayahuasca sert aussi à donner du courage aux jeunes garçons lors d'une cérémonie connue sous le nom yurupari[28]. Son usage le plus important est cependant thérapeutique. Chez les Ese'eja, un peuple chasseur-pêcheur-cueilleur de l’Amazonie péruvienne, les personnes malades sont soignées et traitées par le chamane. Cet acte prend place dans un rituel où l’ayahuasca est consommée. Le chamane et le patient absorbent le breuvage et tout deux tombent dans un état de transe pendant lequel le chamane apprend les causes de la maladie et le moyen d’y remédier par l’utilisation des plantes de la forêt[39]. Chez d’autres tribus, seul le chamane consomme la drogue, avant de diagnostiquer son patient. Le rituel de l’ayahuasca intervient aussi dans l’initiation au chamanisme. Cependant l'ayahuasca n’est pas seulement un outil de chamane, elle touche en fait à tous les aspects de la vie des peuples qui en usent ;

L'usage des guérisseurs

Les conceptions de cet usage strictement thérapeutique sont le fruit entre la rencontre des conceptions chamaniques et celles des guérisseurs espagnols ayant migré dans le bassin amazonien. « L’ayahuasca est pensée comme une purge qui nettoie le corps, le cœur et l’esprit ». Cependant, « plusieurs spécialistes indigènes, « affirment qu’il faut de longues années de pratique, jusqu’à 25 ou 30 ans, pour atteindre une vraie maîtrise de l’ayahuasca et pour être à même de l’administrer dans de bonnes conditions. Les bons ayahuasqueros sont donc rares. Ces spécialistes disent aussi que l’ayahuasca n’a pas que des utilisations positives. Plusieurs « occidentaux ont payé au prix fort leur côtoiement du côté négatif de l’ayahuasca: malaises psychiques et physiques, dépressions aggravées, et même plusieurs suicides », lorsque les séances d'ayahuasca ont mal été administrées[40].

L'usage des adeptes de religions syncrétiques

Au Brésil, de récents mouvements religieux syncrétiques, dont les plus importants et les plus visibles sont l’église de Santo Daime, União do Vegetal (UDV) et Barquena ont incorporé l’ayahuasca dans leurs pratiques rituelles. Dans ces groupes religieux, les traditions indigènes de l’ayahuasca sont couplées avec des éléments culturels judéo-chrétiens et d’autres non indigènes provenant d’Afrique. Pendant leurs cultes, les membres consomment de l’ayahuasca dans des rituels de groupes, à des intervalles réguliers, d’une manière qui ressemble plus à l’Eucharistie chrétienne qu’à l’usage indigène. L'ayahuasca rebaptisée Santo Daime (même nom que la religion elle-même), est utilisée comme sacrement, à l'instar de l'hostie dans la religion catholique. Les cultes sont célébrés sur une base hebdomadaire ou bimensuelle pendant lesquels tous les adultes consomment l’ayahuasca.
Les membres appartenant à ces nouveaux groupes syncrétiques regroupent tous les milieux socio-économiques. Sur les ~ 7000 membres que compte l’UDV, 5-10% sont des professionnels de la santé, tel que des médecins, des psychiatres, des psychologues, etc. La plupart de ces individus sont entièrement convaincus du bénéfice psychologique de ces pratiques et évoquent un grand intérêt pour les études scientifiques sur l’ayahuasca. Ces personnes ne voient pas de conflits entre science et religion. Pour ces raisons, le groupe UDV représente un contexte idéal pour conduire des études sur les effets aigus et à long terme de la consommation de l’ayahuasca[29]. Une étude menée sur des membres de l’UDV, a montré qu’il n’y avait pas d’évidence de toxicité suite à l’utilisation de l’ayahuasca, ni pendant les sessions, ni à long terme. Dans le contexte de l’UDV, le breuvage est consommé régulièrement par tous les hommes et les femmes et apparait être sans effets négatifs pour la santé. Des évaluations et tests psychologiques n’ont montré aucune évidence de diminution cognitive chez les buveurs d’ayahuasca à long terme. Il a été observé, par ailleurs, un changement positif de comportement et de style de vie chez les membres de l’UDV[37], ainsi qu’une diminution significative de symptômes psychiatriques mineurs et un changement d’attitude impliquant une augmentation de la confiance et de l'optimisme chez les membres de Santo Daime[38]. Une étude similaire a été conduite sur une communauté de l'Église Santo Daime de l'État de l'Oregon aux États-Unis. Bien que l'étude présente de nombreuses limitations, les résultats semblent indiquer un état de parfaite santé physique et mental chez les adhérents, ainsi qu'un score d'anxiété relativement faible, et même une rémission chez certains membres qui présentaient des troubles psychiatriques ou d'abus de substances antérieurement à leur appartenance à l'Église[41].

L'usage des occidentaux dans le cadre des concepts du New Age et du développement personnel

Un tourisme lié à l’ayahuasca s’est grandement développé ces 50 dernières années. Actuellement très peu d’études portent sur ce sujet, mais il est évident que l’intérêt du public pour cet hallucinogène émerge dans les années 60, au moment où l’utilisation de substances psychédéliques augmente considérablement dans les sociétés occidentales. En 1963, alors que la popularité du LSD est croissante et que l’on assiste à la naissance d’une contre-culture américaine psychédélique, Les Lettres du Yage de William Burroughs et Allen Ginsberg paraissent et font l’objet d’une publicité très efficace. Il semble que ce soit ce livre qui présente à la culture occidentale le savoir chamanique de l’ayahuasca[42]. Plus tard, d’autres ouvrages comme Food of the Gods, The Archaic Revival, et True Hallucinations de Terence McKenna ou Ayahuasca Visions: The Religious Iconography of a Peruvian Shaman de Luis Eduardo Luna et Pablo Amaringo vont d’avantage exciter l’imaginaire du public et exercer une influence importante sur l’intérêt porté à ce breuvage.

La consommation d’ayahuasca est généralement dépeinte par ses utilisateurs comme une expérience positive, mystique, favorisant l’introspection et permettant une compréhension profonde du monde et de soi[43]. Les éventuels risques psychiques, mentaux et relationnels liés à l'ingestion de l'hallucinogène sont rarement rapportés. Avec un intérêt grandissant des traditions indigènes non-occidentales, on assiste rapidement au développement d’un tourisme en Amazonie recherchant ce type d’expériences, qui de plus en plus s'éloignent de la réalité profonde du terrain et de la véritable pratique socio-culturelle locale. Selon l’anthropologue Marlene Dobkin de Rios, ce comportement de recherche d’expériences servirait à combler un vide résultant de la période post-seconde guerre mondiale[44]. Actuellement le développement croissant de l’information par les médias, et notamment par internet, a permis l’essor de tour-opérateurs ou d’agences de voyages qui organisent des visites de communautés indigènes incluant dans le voyage des pseudo-expériences de chamanisme avec consommation d'ayahuasca sans aucune diète préalable.

Ordinairement, les services d'un chamane sont offerts au sein d'une communauté indigène ou métis à tous ceux qui en ont besoin. Toutefois, avec l'émergence d'un tourisme de masse avide de nouvelles sensations et de développement personnel, sont apparus des chamanes travaillant à leur compte et qui, moyennant un paiement, offrent une cérémonie folklorique destinée à satisfaire la curiosité du client.

L'expérimentation médicale

Telle, par exemple l'usage [45] de l'ayahuasca dans le traitement des toxicomanies, au centre Takiwasi, par le médecin français Jacques Mabit à Tarapoto au Pérou[46], dont la « violence des méthodes utilisées » a suscité cependant une mise en garde de la Mission interministérielle de lutte et de vigilance contre les dérives sectaires[47]. Les recherches réalisées par une équipe internationale de chercheurs à Takiwasi (Jacques Mabit) ont cependant montré l'efficacité de l'ayahuasca dans le traitement des addictions à l'héroïne et à la cocaïne (Chambon: 2009)[48] . Les méthodes de soin de Takiwasi continuent d'être étudiées, notamment depuis une perspective anthropologique (Dupuis : 2009) [49].

Perspectives thérapeutiques

La position prohibitive adoptée par la société occidentale ces dernières décennies face aux psychotropes classés comme stupéfiants a grandement ralenti les recherches et caractérisations des effets de ces substances sur la santé humaine[50]. Dans les années 1970, après l’émergence d’une contre-culture psychédélique sur-consommatrice de drogue, notamment aux États-Unis par la beat generation d’abord, puis le mouvement hippie, l’effort juridique qui survint conduisit à une extension effrénée de la liste des substances prohibées, dans laquelle toutes les drogues furent placées dans « le même sac », sans considérations des caractéristiques et des particularités chimiques de ces substances.
Très récemment, après de nombreuses années de stagnation suite à un moratoire mondial sur la recherche des agents hallucinogènes et à une réticence de financement alloué à ces domaines de recherche, de nombreux pays ont révisé leur position et commencent à approuver l’expérimentation des effets physiologiques et thérapeutiques des hallucinogènes sur des sujets humains[50].
On observe actuellement un nombre croissant de travaux dans la littérature scientifique qui présentant les potentialités thérapeutiques d’alcaloïdes contenus dans l’ayahuasca. Certains principes actifs contenus dans le breuvage sembleraient apporter des effets positifs dans les traitements de la maladie de Parkinson et d’autres pathologies neurodégénératives[51],[52], ainsi que dans les traitements de troubles psychiatriques[53] et de la dépression[54],[55], grâce notamment à leur action sur les transporteurs de la sérotonine qui représentent une cible neurologique importante. Ces études ne sont évidemment qu’un début dans cette approche thérapeutique et ne sont qu’au stade théorique et expérimental, mais déboucheront peut-être un jour sur la découverte de nouveaux traitements et médicaments.

Législation

L'ayahuasca en tant que tel n'est pas réglementé par les conventions internationales. Sa législation est variable d'un pays à l'autre. En revanche, l'alcaloïde N,N-diméthyltryptamine (DMT) qui se retrouve généralement dans la décoction ou breuvage est classée comme stupéfiant depuis la convention de Vienne de 1971 sur les substances psychotropes. Convoquée par l'ONU, cette convention fut ratifiée le 21 février 1971 à Vienne. Comportant 179 signataires au 1er novembre 2005, elle fut mise en application en 1976. Dans son article 32, la convention prévoit cependant que « tout État sur le territoire duquel poussent à l’état sauvage des plantes contenant des substances psychotropes du Tableau I utilisées traditionnellement par certains groupes restreints bien déterminés à l’occasion de cérémonies magiques ou religieuses peut, au moment de la signature, de la ratification ou de l’adhésion, faire des réserves concernant ces plantes sur les dispositions de l’article 7, sauf sur celles relatives au commerce international. »

En France

L'ayahuasca est inscrit depuis 2005 (JO du 3 mai 2005, publication de l’arrêté du 20 avril modifiant l’arrêté du 22 février 1990) au registre des stupéfiants, que ce texte présente comme une liane originaire d'Amérique latine ou comme une décoction.
Un recours, déposé le 4 juillet 2005 devant le Conseil d’État par les associations pour la « Liberté du Santo Daime » et « La Maison qui chante » (Takiwasi), a demandé « d’annuler, pour excès de pouvoir, l’arrêté du ministre de la solidarité, de la santé et de la famille ». « Au regard des préoccupations de santé publique », ce recours a été rejeté par le Conseil d'État lors de sa séance du 3 décembre 2007 (lecture du 21 décembre, communication aux requérants le 4 janvier 2008).

Au Brésil

En 2006, l'ayahuasca a été dépénalisée définitivement au titre d'objet de culte. Le 23 novembre 2006 le compte rendu final du Groupe Multidisciplinaire de travail (GMT) sur l'ayahuasca a été remis au ministre de la sécurité institutionnelle, le général Armando Félix et approuvé lors de l'assemblée plénière du CONAD (Conseil Nationale Anti-Drogues de l'État Brésilien) le 6 décembre 2006. L'utilisation de l'ayahuasca a donc été confirmée légale dans un contexte religieux. Le Bulletin Officiel de l’État brésilien est venu préciser depuis que l’usage de l’hallucinogène est légal, pas sa commercialisation, et qu’il est interdit aux fidèles de quitter le lieu du rite tant que les effets hallucinogènes n’auront pas passé. « Cette exigence provient de ce qu’il y a eu des cas de personnes qui, intoxiquées par cette drogue, et hors du milieu religieux, en sont arrivées au suicide » (El País, 8 février 2010).

Aux États-Unis

Depuis le 21 février 2006, selon une décision de la Cour suprême, l'ayahuasca n'est plus pénalisée dans le cadre strict d'une pratique religieuse ; la Cour a autorisé « l’église O Centro Espirita Beneficiente Uniao do Vegetal » d’origine brésilienne, qui revendiquait alors 140 membres dans l'Union, notamment au Nouveau-Mexique, à utiliser l’hoasca (ayahuasca) pour ses rituels.

Au Pérou

L'ayahuasca est utilisé dans le cadre de la médecine traditionnelle. Cependant, dans ses conseils aux voyageurs, l’ambassade de France au Pérou « met en garde contre l’usage de cette plante utilisée par les chamanes en Amazonie. De nombreux guides touristiques peu fiables en proposent aux étrangers. L’usage de l’ayahuasca peut avoir des conséquences médicales graves. »[56] Les dommages éventuels ne sont pas précisés.

Filmographie

Bibliographie

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  • William Burroughs, Les Lettres du Yage, éd. de L'Herne, 1963.
  • Romuald Leterrier, L’enseignement de l'Ayahuasca : Chamanisme et ADN, 2004.
  • Romuald Leterrier, La Danse du Serpent, 2010.
  • Jeremy Narby, Le Serpent cosmique : l'ADN et les origines du savoir, 1998.
  • Jeremy Narby, Jan Kounen, Vincent Ravalec, Plantes et chamanisme – Conversations autour de l’ayahuasca et de l'iboga, Mama Éditions, 2008.
  • Patrick Dehayes, Les trois mondes du Santo Daime Revue Socio-Anthropologie n° 17/18, 1er semestre 2006
  • Graham Hancock, "Supernatural: Meetings with the Ancient Teachers of Mankind" London: Century (2005)
  • Clara Novaes, L'expérience de l'ayahuasca et ses « états modifiés de conscience » Une étude transculturelle des récits des usagers urbains de l'ayahuasca, master en recherche développement, psychopathologie et psychanalyse option clinique transculturelle, 2005-2006.
  • Laurent Rivier, Ethnotoxicologie de l’ayahuasca (Lire en ligne).
  • Olivier Chambon, "La médecine psychédélique", éditions Les Arènes, 2009.
  • Guy Rouquet,"La médecine psychédélique et le syndrome de Merlin", Psychothérapie Vigilance,2009(Lire en ligne).
  • David Dupuis, "Soigner la toxicomanie avec l'aide des non humains. Une ethnographie de la clinique Takiwasi", Master de recherche Mention Ethnologie et Anthropologie sociale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 2009. (lire en ligne)
  • Benny Shanon, The Antipodes of the Mind; Charting the Phenomenology of the Ayahuasca Experience, Oxford University Press, Oxford, 2002, ISBN 0-19-925293-9.
  • Jan Kounen, Carnets de voyages intérieurs. Ayahuasca médicina, un manuel (2011)

Notes et références

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  45. Voir par exemple Patrick Deshayes, « Que faire avec les drogues des guérisseurs ? », Psychotropes – Vol. 10 n° 3-4 et Jean-Marie Delacroix, « L’ayahuasca, liane des dieux, liane de la mort - Psychothérapie et chamanisme », Psychotropes – Vol. 10 n° 3-4
  46. Jacques Mabit, L’alternative des savoirs autochtones au « tout ou rien » thérapeutique, Psychotropes, Vol. 7 2001/1, p7 à 18
  47. Pages 46 à 49 du rapport annuel 2005 de la MIVILUDES publié le 26 avril 2006
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  49. Voir DUPUIS, David, "Soigner la toxicomanie avec l'aide des non humains. Une ethnographie de la clinique Takiwasi", Mémoire de Master de recherche en Sciences sociales, Mention Ethnologie et Anthropologie sociale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, sous la dir. de Philippe Descola. (lire en ligne)
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  52. Wang Y.H., Samoylenko V., Tekwani B.L., Khan I.A., Miller L.S., Chaurasiya N.D., Rahman M.M., Tripathi L.M., Khan S.I., Joshi V.C., Wigger F.T., Muhammad I. (2010). Composition, standardization and chemical profiling of Banisteriopsis caapi, a plant for the treatment of neurodegenerative disorders relevant to Parkinson's disease. Journal of Ethnopharmacology, 128(3):662-671
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  56. Conseils au voyageurs – Pérou, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes
  57. 1re et 2e partie sur dailymotion
  58. vidéo de la conférence sur Google vidéos

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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