Succession de Charles IV de France

Succession de Charles IV de France

La succession de Charles IV le Bel fut un grave problème dynastique concernant la couronne de France, qui servit de prétexte au déclenchement de la guerre de Cent Ans.

Sommaire

La fin du "miracle capétien"

De 987 à 1316, chaque roi de France eut la chance d'avoir un fils pour lui succéder. Ainsi, la succession au trône ne soulevait aucune contestation, si bien qu'au fil du temps, l'élection par les pairs du royaume n'eut plus lieu d'être. Philippe Auguste fut le dernier roi sacré roi du vivant de son père en 1179. Depuis 987, les Capétiens avaient toujours transmis la couronne à leur fils aîné, et ce droit d'aînesse devint à lui seul une source de légitimité incontestable. En effet, quarante ans après son sacre du vivant de son père, Philippe Auguste juge l'hérédité suffisamment entrée dans les mœurs pour ne pas se soucier d'associer le futur Louis VIII de France. Louis VIII sera le dernier roi acclamé par les grands avant l'onction sacrée (dernier vestige de l'élection primitive). À partir de saint Louis, en 1226, le roi est acclamé après l'onction. La voix des barons ne faisait plus les rois.

Philippe le Bel, sur ses 45 ans, n'avait pas été préoccupé par le problème de la masculinité. Il avait trois fils, bien mariés, et une fille, Isabelle de France, reine d'Angleterre par son mariage avec Édouard II d'Angleterre.

L'aîné des fils, Louis le Hutin, était roi de Navarre depuis la mort de sa mère. Il serait, à la mort de son père, roi de France et de Navarre. Sa femme, Marguerite de Bourgogne lui avait donné une fille, mais elle était jeune et rien n'interdisait qu'elle ne lui donnât plus tard des fils. Quant à ses deux autres fils, le comte de Poitiers Philippe et le comte de la Marche Charles, ils avaient épousé deux filles de Mahaut d'Artois et d'Othon de Bourgogne, Jeanne et Blanche. Le roi pouvait croire sa succession assurée.

Tout s'effondre au printemps 1314, quand éclate l'affaire des brus du roi. Un peu délaissées par leurs maris, les princesses s'étaient diverties sans eux. Marguerite de Bourgogne avait pour amant un jeune chevalier nommé Gauthier d'Aunay. Le frère de Gautier, Philippe d'Aunay, était quant à lui l'amant de Blanche. Sans participer aux aventures de sa sœur et de sa belle-sœur, Jeanne était au courant de tout et gardait le silence.

La réaction royale fut brutale. Les frères d'Aunay furent jugés sommairement et exécutés avec un raffinement de cruauté, Marguerite de Bourgogne mourut de froid dans la tour de Château-Gaillard, Blanche d'Artois purgea dix ans de prison avant de finir ses jours en religion. Jeanne d'Artois mit elle quelque temps à se tirer d'affaire.

Le coup est dur pour la succession dynastique. La mort de Marguerite, délibérément provoquée[réf. nécessaire], va permettre à Louis de se remarier. Mais dans l'immédiat de cet été 1314, le futur roi de France est sans femme et sans fils. Il avait tout juste une fille, Jeanne, à qui on ne pouvait refuser l'héritage de la Navarre venu au Capétien par une femme. Cette fille fut soupçonnée de bâtardise, étant donné l'adultère de sa mère avec Gauthier d'Aunay, ce qui la disqualifiait pour la couronne de France, vu le risque de crise politique particulièrement grave que ces soupçons d'illégitimité pouvaient provoquer. Quelque prince, pour légitimer sa révolte, pouvait accuser la reine de bâtardise.

L'heure approchait pour le roi Philippe le Bel de faire un choix entre les descendants en ligne féminine et les cousins Valois ou Evreux. La maladie frappe le roi à l'automne sans lui laisser d'illusions. Il est trop tard pour prendre ses dispositions successorales qui eussent requis du temps pour la réflexion et sans doute une assemblée de barons pour confirmer son choix et l'affermir. Le roi de Navarre hériterait de la Couronne et pourvoirait à sa propre succession. Mais Philippe le Bel fit tout de même connaître sa préférence de façon détournée en innovant dans le droit des apanages.

Un apanage est un bien que le roi démembre de son domaine pour le donner à l'un de ses fils cadets, en avance sur l'héritage. Cela permettait d'assurer leur avenir. Par lettres patentes scellées le jour même de sa mort, le 29 novembre 1314, il révise le statut de l'apanage de Poitou. Faute d'héritier mâle, le Poitou reviendrait à la couronne de France. La clause de masculinité fait là son apparition.

"Regardant qu'il pourrait advenir que le dit Philippe V le Long, ou aucun de ses hoirs ou successeurs comtes de Poitiers, pourraient mourir sans hoir mâle de leur corps, laquelle chose nous ne voudrions pas ni que la comté fût en main de femelle, sur ce avons ordonné ainsi comme il s'ensuit, c'est à savoir que, au cas que le dit Philippe ou aucun de ses hoirs comte de Poitiers mourrait sans laisser hoir mâle de son corps, nous voulons et ordonnons que la comté de Poitiers retourne à notre successeur roi de France et soit rejointe au domaine du royaume."

La précieuse chance capétienne (ou miracle capétien) prit fin malgré tout avec Louis X le Hutin, fils aîné de Philippe le Bel. Le jeune Louis X mourut le 5 juin 1316, ayant juste eu le temps de se remarier, après un règne de dix-huit mois, laissant sa nouvelle femme Clémence de Hongrie enceinte.

On attendit donc avec impatience que Clémence de Hongrie donna à la France l'héritier mâle tant espéré. Et, le 15 novembre 1316, on célébra la naissance d'un petit garçon, qui fut tout de suite proclamé roi : Jean Ier le Posthume. Par malheur, l'enfant ne vécut que cinq jours, et le royaume demeura sans héritier direct.

À qui la couronne allait-elle revenir ? À la petite Jeanne, présumée bâtarde, au risque de la voir épouser plus tard un prince étranger ? Les pairs de France ne pouvaient se résoudre à prêter le serment d'allégeance à un homme n'appartenant pas la lignée des lys.

Tandis que Jeanne était soutenue par sa grand-mère maternelle Agnès de Bourgogne, son oncle, « le duc Eudes IV de Bourgogne, voulait défendre le droit au royaume pour Jeanne, sa nièce ». Les arguments qu'ils invoquaient en faveur de Jeanne étaient en parfaite conformité avec le droit féodal qui autorisait, depuis toujours, à une fille à succéder au fief. En effet, la succession féminine avait été une réalité en France. L'Aquitaine avait eu une duchesse, Aliénor, et des comtesses avaient régné sur Toulouse et sur la Champagne, aussi bien que sur la Flandre et sur l'Artois. Mahaut, comtesse d'Artois, siégeait précisément à la Cour des pairs depuis 1302.

Hors du royaume, des femmes ont joué un rôle déterminant dans la dévolution de la couronne anglaise aussi bien que de la couronne du royaume latin de Jérusalem. Et Jeanne de Navarre avait apporté son royaume de Navarre à son époux Philippe le Bel.

L'idée qu'une femme devienne reine de France n'avait en soi rien de choquant pour les barons. On ignorait qu'il y eut une loi salique et les rois avaient toujours été des hommes parce que les fils passaient avant les filles et que les rois avaient jusqu'alors toujours eu des fils.

Un autre candidat au trône se manifesta immédiatement : Philippe de Poitiers, surnommé Philippe le Long, frère de Louis X le Hutin et oncle de Jean Ier et de Jeanne. Philippe de Poitiers est à Lyon le jour de la mort de son frère. Il revient en juillet et s'impose à tout de suite comme régent au « Conseil des Grands » qui s'était chargé du gouvernement dès la mort de Louis X. Une assemblée de princes, d'évêques et de barons le confirme dans cette « garde » du royaume. Si la reine Clémence de Hongrie accouche d'un fils, Philippe aura la régence jusqu'à sa majorité. On avait ainsi procédé avec Blanche de Castille. Pour le cas où la reine donnerait naissance à une fille, l'assemblée se décharge de toute décision définitive sur une autre assemblée, qu'il faudra réunir quand les filles seront « venues à leur âge », c’est-à-dire 13 ans. La couronne de France demeurerait « en la garde » du régent jusqu'à ce qu'on sache si les filles en veulent. Le duc de Bourgogne, frère de Marguerite et oncle de la jeune Jeanne, proteste déjà au nom de sa nièce contre le fait qu'on ne lui remette pas tout de suite la Champagne qui faisait l'autre moitié de l'héritage de Navarre venu aux Capétiens par une femme. On hésite donc en 1316. On n'ose pas dire que Jeanne aura tout si elle n'a pas de frère mais on n'ose pas dire qu'elle n'a aucun droit non plus.

Philippe de Poitiers se comporte comme si l'affaire est déjà gagnée. Avant même la naissance de Jean Ier de France dit le Posthume, le régent passe commande à un graveur parisien d'un sceau à l'effigie souveraine « en majesté ». À la mort de Jean le Posthume, Philippe assemble sur le champ les grands attirés à Paris par la naissance royale. À son oncle Charles de Valois et son frère Charles de la Marche, qui renâclent, il déclare qu'il se considère comme « le plus droit héritier du royaume ». Dès la fin de novembre, il prend le titre de roi et sort du coffre son beau sceau tout neuf. Il est sacré à Reims le 9 janvier 1317.

Il manque du monde à la cérémonie. Le duc de Guyenne Édouard II s'est excusé. Le duc de Bretagne s'excuse plus tard. Eudes de Bourgogne ne s'excuse pas, lui qui avait quitté Paris avec fracas parce qu'on refusait ses droits à sa nièce. Pendant qu'on sacre le roi à Reims, alors même qu'il songe à devenir son gendre, il coalise les mécontents et complote avec les rebelles flamands. On le calme en donnant l'année suivante à sa nièce Jeanne une rente de 15 000 livres et lui-même obtient pour sa fiancée, fille du nouveau roi, la promesse des comtés d'Artois et de Bourgogne dont le roi était naturellement l'héritier à la mort de sa belle-mère Mahaut.

En échange, Jeanne de Navarre doit d'après l'accord, à sa douzième année, ratifier ce traité qui la déshérite de la Navarre et de la Champagne. Tout l'héritage de Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, est donc soldé pour 15 000 livres.

La masculinité introduite par Philippe le Bel pour un fief, confirmée par Philippe qui vient de détourner la couronne de la tête de sa nièce, tend à s'établir pour le royaume. Mais le problème n'est en rien résolu en 1316. Jeanne avait eu contre elle d'être une fille, une enfant et aussi d'être la fille d'une reine adultère. Elle a fait face à un homme fait, reconnu à la guerre comme dans les arcanes de la diplomatie royale, intelligent, fin et volontaire. Mais Charles de la Marche avait été hostile à l'avènement de son frère, moins influençable au Conseil qu'une reine-enfant qu'il aurait pu dominer.

Pour la première fois, les femmes étaient écartées de la succession au trône de France, « les lys ne filent pas la laine ». « La couronne de France ne saurait tomber en quenouille. » (entre les mains d'une femme).

En 1322, Philippe V le Long meurt après un règne de six ans. Il ne laissa que des filles. C'est donc sans heurts et tout à fait normalement que son frère cadet, Charles de la Marche, devint roi sous le nom de Charles IV le Bel.

Mariage de Charles IV le Bel et de Marie de Luxembourg

Malgré deux mariages successifs avec Marie de Luxembourg et Jeanne d'Évreux, Charles le Bel, tout comme son frère Philippe le Long, ne laissa que des filles lorsqu'il trouva la mort à son tour en 1328.

Ainsi, en moins de quatorze ans, les trois fils de Philippe le Bel, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel sont morts.

Cependant, comme son frère Louis X, Charles IV le Bel laissait sa femme enceinte. Avant de mourir, le dernier fils de Philippe le Bel avait désigné comme régent du royaume son cousin germain, Philippe de Valois. Celui-ci était le fils aîné de Charles de Valois, frère cadet de Philippe le Bel.

La reine Jeanne d'Évreux accoucha quelques mois plus tard d'une petite fille prénommée Blanche.

Qui deviendra roi de France ?

Le roi Charles IV n'est plus. Il n'a pas de descendance mâle. Il est le dernier fils de Philippe le Bel. La situation en 1328 n'est pas celle de 1316. En 1316, un fils de roi était en compétition avec un frère plus jeune et une enfant. En 1328, Philippe de Valois n'est ni le plus proche sur l'arbre généalogique (c'est Isabelle de France, reine d'Angleterre) ni le plus direct, car les derniers Capétiens ont laissé des filles qui ont maintenant des époux. Mais le comte de Valois est le plus proche parent mâle, et il a 35 ans. Il est l'aîné des hommes de la famille.


Qui peut donc prétendre à la couronne ?

Alors que le conseil des pairs de France délibère pour savoir lequel de ces deux puissants seigneurs va monter le trône, une missive arrive d'Outre-Manche. Dans cette lettre, Isabelle, y expose les droits de son jeune fils Édouard III, roi d'Angleterre, à la couronne de France, et qu'il faut le considérer comme le troisième prétendant :

Le conseil des pairs et ses juristes étudient cette question : Isabelle de France peut-elle transmettre un droit qu'elle n'a pas ? Son fils Édouard peut-il prétendre à la couronne des Capétiens ?


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Louis VIII le Lion
†1228
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Saint Louis †1270
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Robert Ier d'Artois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Isabelle d'Aragon †1271
 
 
 
Philippe III le Hardi †1285
 
 
 
 
 
 
 
Marie de Brabant †1322
 
 
Robert II d'Artois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Philippe IV le Bel †1314
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Charles de Valois †1325
 
 
Louis d'Évreux †1319
 
 
 
Philippe d'Artois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Louis X †1316
 
Philippe V †1322
 
Isabelle †1358
 
Charles IV †1328
 
Philippe de Valois †1350
 
 
Philippe d'Évreux †1343
 
Robert III d'Artois
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jeanne †1349
 
Jean I †1316
 
 
 
Édouard d'Angleterre †1377


Isabelle de France est alors dotée d'une réputation détestable. Surnommée la « Louve de France », elle s'est liguée avec les nobles anglais contre son mari, le roi Édouard II, qui a été vaincu et capturé. Après avoir fait mettre à mort son époux, elle s'affichait en public avec son amant régicide, Roger Mortimer. Toutes ces nouvelles étaient bien connues en France. Sans compter que son fils Édouard III était, du point de vue français, un étranger, de surcroît un Plantagenêt.

On apercevait la situation qu'on avait craint en 1316, c'est-à-dire qu'un souverain étranger prenne le pouvoir en France. Cela, les pairs ne le voulaient pas.

Seulement, le raisonnement d'Isabelle était faussé par un détail qu'elle comptait comme quantité négligeable : si, en tant que femme, Isabelle pouvait transmettre ce droit à la couronne bien qu'elle ne puisse en disposer pour elle-même, alors les filles de Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel pouvaient également transmettre ce droit.

Isabelle de France avait tout simplement oublié que ses frères n'étaient pas morts sans postérité, mais sans descendance mâle. Donc, s'il était reconnu que les femmes pouvaient transmettre la couronne de France, ce n'était pas Isabelle de France qui était légitime en tant que sœur du roi défunt, mais la fille aînée de Charles IV en tant que descendante directe.

Cependant, personne ne songea à proposer la candidature d'une des filles des trois derniers rois. Reconnaître le droit des femmes à transmettre le trône, c'eût été considérer de facto que les règnes de Philippe V le Long et de Charles IV le Bel n'étaient rien d'autre qu'une usurpation au détriment de Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin.

Les pairs ne voulaient pas prendre le risque de donner le trône à une bâtarde. Et, au lieu de proposer une des filles de Philippe le Long ou de Charles le Bel, afin d'éviter des querelles de droit interminables, ils décidèrent que les femmes devaient être exclues de la succession.

La fameuse loi salique ne sera évoquée qu'en 1358, pour défendre les droits des Valois face aux prétentions du roi d'Angleterre.

Ainsi, quelle que soit la tournure juridique, les droits d'Édouard III étaient très contestables.

« Le roi trouvé »

Au lendemain des obsèques de Charles IV de France, les grands se réunissent. Valois a déjà pris le titre de régent, et en usait déjà alors que son cousin agonisait. L'assemblée ne peut que s'incliner devant les faits. Après avoir un moment reposé la question de la légitimité de l'exclusion des femmes de la succession, la volonté d'écarter l'Anglais fut plus forte:

"Il n'avait jamais été vu ni su que le royaume de France eût été soumis au gouvernement du roi d'Angleterre".

Édouard III fut donc évincé de la compétition, mais il restait deux prétendants au trône, Philippe de Valois et Philippe d'Évreux.

Un accord fut conclu afin de satisfaire tout le monde. Philippe d'Évreux et sa femme Jeanne reçurent le royaume de Navarre et diverses compensations territoriales, en échange de quoi ils reconnaissaient Philippe de Valois comme roi de France.

Le royaume de Navarre appartenait au roi de France depuis le mariage de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Champagne, reine de Navarre et comtesse de Brie. Louis X le Hutin l'avait hérité de sa mère et en 1328, on reconnaissait enfin le titre de reine de Navarre à sa fille Jeanne, malgré les soupçons de bâtardise (cette restitution tardive n'avait pas le moins du monde empêché Philippe le Long et Charles le Bel de s'intituler officiellement roi de France et de Navarre). De plus, Philippe de Valois, n'étant pas lui-même descendant et héritier des rois de Navarre comme l'étaient ses prédécesseurs, restitua sans regret le royaume de Navarre à Jeanne, l'héritière légitime, en échange de sa renonciation à la couronne de France. Ce royaume de Navarre ne reviendra aux rois de France qu'au moment, bien plus tard, où Henri de Navarre, futur Henri IV, accédera au trône de France, instaurant ainsi la dynastie des Bourbons. Dès lors, les souverains français porteront à nouveau le titre de « roi de France et de Navarre ».

Peu après, Philippe de Valois est proclamé roi de France sous le nom de Philippe VI de Valois par les Pairs du royaume. La branche des Valois prenait le pouvoir à la suite des Capétiens directs.

Le surnom de « roi trouvé » lui fut donné peu après son couronnement lors de la bataille de Cassel du 23 août 1328 par les Flamands lesquels, avant la bataille, s'étaient moqué du roi de France en peignant un coq sur leur étendard avec cette inscription : Quand ce cocq icy chantera, le Roy trouvé cy entrera[1].

Les conséquences de la succession de 1328

La dernière élection royale remontait à Louis VIII le Lion, en 1223. Le pouvoir royal en sortait fragilisé et la légitimité du comte de Valois n'était pas aussi inattaquable que celle de ses prédécesseurs sur le trône. On attendait de grandes largesses, de grands cadeaux de la part du nouveau roi. Édouard III vint rendre hommage au « roi trouvé », espérant lui aussi quelques compensations territoriales. Philippe VI de Valois ne comprit pas le danger qui le menaçait et ne fit rien pour s'en prémunir.

La succession de Charles IV le Bel, décidée en faveur de Philippe VI, servit de leitmotiv à un Édouard III avide de conquêtes. Moins d'une décennie après la mort du dernier Capétien direct, éclatait la calamiteuse Guerre de Cent Ans.

Liens internes

Ordre de succession au trône de France en 1328

Bibliographie

  • Ouvrages modernes :
    • Jean Favier, La Guerre de Cent Ans : Le Seuil, 1980.

Note et références

  1. Antonin Roche, Histoire de France, 1867, p. 351

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