Steadicam

Steadicam

Le steadicam est un système stabilisateur de prise de vues utilisé en cinéma et télévision permettant la prise de vue à la volée, en travellings fluides, grâce à un système de harnais et de bras articulé. L'opérateur steadicam peut ainsi marcher ou courir tout en gardant une image stable et réaliser des travellings verticaux et horizontaux ainsi que des panoramiques, sans liaison au sol (rails, chariot...). Il permet entre autres de long suivis, des montées d'escalier, des déambulations en terrain accidenté, etc.

Steadicam est une marque déposée qui appartient à son inventeur, Garrett Brown. La marque est exploitée aujourd'hui par The Tiffen Company.

Sommaire

Histoire

Le Steadicam (de « steady camera », littéralement « caméra stable ») a été inventé par Garrett Brown en 1972, puis perfectionné par la suite. Il se nommait au départ le « Brown's stabiliser » (en français ; le « stabilisateur de Brown », du nom de son inventeur), qui était une perche horizontale. Il met alors au point le fameux bras à ressort et le harnais corporel qui permettent de transposer une grande partie du poids de l'ensemble « caméra/manche » sur le dos et les épaules de l'opérateur.

Son prototype prêt, Brown le propose alors à Ed Di Giulio, le patron de Cinema Products, qui est impressionné par les images filmées par l'opérateur lors d'une projection chez Deluxe. Il signe immédiatement avec lui un accord de développement.

Une fois l'appareil mis au point, Garrett Brown l'expérimente sur des tournages de publicités, puis vient le tour du cinéma avec le film Marathon Man de John Schlesinger en 1976 et Rocky de John G. Avildsen la même année. Il faut attendre le film Bound for Glory de Hal Ashby, toujours en 1976, pour que Brown tourne un premier plan-séquence muni de son invention.

Viendra ensuite le film Shining de Stanley Kubrick en 1980, où Kubrick en fera une utilisation privilégiée permettant par la suite la véritable envolée commerciale de l'appareil.

Garrett Brown remporta un Oscar technique en 1978 pour son invention, qui est devenu partie intégrante de la machinerie cinématographique, au même titre que la Dolly ou la Louma.

Mécanique du steadicam

Appareil Canon EOS 550D monté sur un stabilisateur Glidecam.

Le steadicam est composé de trois parties distinctes :

  1. Le harnais corporel (Vest)
  2. Un bras mécanique (Arm)
  3. Le Sled, ensemble composé ; d'un montant tubulaire (Post) doté d'un support pour la caméra, d'un cardan (Gimbal) positionné près du centre de gravité de l'ensemble, d'un moniteur et de batteries situées dans la partie inférieure.

Le principe de base du steadicam est centré sur le Sled et le bras ; la caméra est fixée sur un support prévu à cet effet, au sommet du Post. À sa base se trouve un contrepoids qui permet au centre de gravité de la caméra d'être « transposé » au niveau du Gimbal.

Le bras vient se fixer sur le Sled et transpose le poids de l'ensemble sur le harnais par un système complexe de poulies et de ressorts (Garrett Brown se serait inspiré d'une lampe d'architecte pour le concevoir). Le harnais est lui-même fixé autour des épaules, des hanches et du dos de l'opérateur, pour répartir équitablement le poids sur tout le corps, mais le dos reste la partie du corps où se concentre la plus grande partie du poids.

Grâce à ce procédé, l'opérateur obtient une grande mobilité de mouvements et l'image reste stable quelle que soit la surface où il opère. Toutefois, le maniement du steadicam reste complexe, et seul un opérateur expérimenté et entraîné pourra obtenir des images parfaitement fluides.

Une marque générique

Parce qu'il y a une très grande diversité de caméras HD de haute qualité, de plus en plus de gens commencent à tourner des films en haute qualité et ont donc besoin d'outils pour stabiliser les mouvements de caméra. Le nom « steadicam » est devenu populaire auprès des réalisateurs indépendants, qui ont commencé à utiliser ce mot comme une expression générique désignant tous les stabilisateurs de mouvement. Steadicam est ainsi devenu une marque générique.

Le fabricant du Steadicam original, la compagnie Tiffen®, continue à produire des modèles très haut de gamme spécialisés. De plus en plus d'autres sociétés se mettent à vendre des stabilisateurs (de gammes très différentes) sous le nom steadicam.

Les différents modèles

Modèles de la marque déposée

Anciens modèles : CP-35, Universal I, II, III

Le CP-35 est le premier modèle à avoir existé, en 1976. La seule caméra utilisable était l’Arriflex IIC. Le moniteur était monté au niveau des yeux. Le CP- 35 pesait tout de même 15 kg.

En 1977 et 1979, sortent successivement les modèles I et II. Le sled pesait 10 kg, et pouvait porter toutes les caméras. Le moniteur prend sa place en bas du sled.

IIIA

C’est le Steadicam qui a été le plus utilisé dans le monde. Universel et adapté à toutes les caméras, il pouvait porter jusqu’à 20 kg. C’est aussi la première fois qu’un sled comporte un réglage side-to-side et un post télescopique. Sa configuration est modulaire, tous les éléments peuvent être déplacés.

  • Caméras de 10 à 18 kg
  • Moniteur très lumineux de pouces
  • Batterie 12 V 3,5 A
  • Réglages avec outils
  • Câblage extérieur

Master

La Master fait suite au IIIA. Il apporte de nombreuses modernisations, notamment au niveau de l’électronique. Il possède par exemple un stage motorisé par hautes fréquences.

  • Caméras de 8 à 22 kg selon le modèle (Broadcast, EDTV, Film ou Elite)
  • Batteries 12 V, A, et convertisseur 24 V
  • Moniteur pouces
  • Bras isoélastique, réglages sans outils, plus robuste et puissant
  • Harnais plus ergonomique

Provid

C’est un modèle intéressant pour montrer l’évolution du Steadicam en deux applications différentes ; l’une centrée sur le film, et les caméras lourdes, et l’autre créée spécifiquement pour la vidéo, avec des modèles plus légers. Ce modèle est précurseur de l’Archer.

  • Caméras de 6,8 à 11,8 kg
  • Réglage de l’angle du bras
  • Alimentation par une seule batterie du Steadicam et de la caméra
  • Moniteur pouces
  • Bras isoélastique

ULTRA

Premier Steadicam sorti par Tiffen en 2000, il apporte un nouveau sled télescopique, des réglages sans outils, un calculateur d’équilibre dynamique.

  • Caméras de 9 à 21 kg
  • Bras isoélastique avec un débattement de 76,2 cm
  • Batteries 12 V, A, et convertisseur 24 V

ULTRA2

Dernier modèle sorti chez Steadicam, il augmente considérablement les capacités opérationnelles de l’Ultra.

  • Caméras de 6 à 31,75 kg
  • Réglage de l’isoélasticité du bras
  • Batteries « switchables » 12 V / 24 V, jusqu’à 24 A instantanés

Modèles d'autres marques

Paddock PRO (Paddock Radical options)

Le sled PRO est très apprécié des opérateurs, notamment parce qu’il possède des options et avantages par rapport aux Steadicams de la marque. Il est ultramodulaire. Il peut alimenter n’importe quelle camera en 24 V, grâce à ses trois batteries.

Le gimbal a la réputation d’être plus sensible. Il est plus précis, mais a le travers d’être beaucoup moins souple d’utilisation. Il pardonne moins d’erreurs. Il est étanche, d’une finition impeccable, avec des caches pour chaque connecteur, et il est construit pour durer.

Betz Tools Rig * the steadicam place

C’est un système robuste, plus lourd que les autres marques. Il est fabriqué par Betz Tools. C’est aussi un système modulaire, de 1 à 3 batteries, avec un post télescopique, qui peut porter toutes les caméras. Le Rig bénéficie d’un bon service après-vente et est modulable à l’achat ; Betz Tools propose le choix du moniteur, de la veste, du bras…

Sachtler Artemis

Le sled Artemis a une reputation correcte. Même si le système n’apporte pas d’améliorations au Steadicam, l’ensemble bénéficie tout de même de la qualité de fabrication Sachtler. Sachtler propose une gamme Ciné pour les caméras « film » et une gamme Broadcast pour la vidéo.


L'AIGLEhttp://www.laigleparis.fr/accueil.htm

L'AIGLE est le seul fabricant français de stabilisateurs de caméras et l'un des derniers en France de matériel audiovisuel. La fabrication demeure depuis 2003 localisée en France. Dans un secteur d'activité de niche où il y a peu d'invention ou de créativité et beaucoup de copies ou de suiveurs, la société a la particularité de tracer son sillon de façon indépendante. Le design des produits est particulièrement soigné. La suspension LTX des bras amortisseurs met en œuvre des tendeurs en Latex hyperélastique, au lieu de ressorts comme tous les autres fabricants au monde, ce qui leur confère une souplesse, une iso-élasticité et un silence de fonctionnement impressionnants. Cette suspension fait l'objet d'un brevet international.

Modèles prosumer ou grand public

eemov stabilisateurs

eemov fabrique des stabilisateurs abordables pour des cinéastes indépendants. Leur produits sont légers et faciles à utiliser. Les modèles de base peuvent être complétés par une couleur LCD ou TFT-écran, batteries, télécommandes et autres applications.

The Poor Man's camera stabilizer, $14 camera stabilizer

Johnny Chung Lee, chercheur chez Microsoft, expose sur son site web un tutoriel permettant de réaliser soi-même un système stabilisateur de prise de vues pour environ 14 dollars[1].

Plans célèbres

Un opérateur steadicam sur le tournage d'un téléfilm

Plusieurs plans ont apporté au steadicam sa renommée actuelle. Il s'agit principalement de plans-séquences :

  • En route pour la gloire (Bound for Glory) (Hal Ashby, 1976) ; opérateur : Garrett Brown. Il s'agit du premier plan-séquence de l'histoire du steadicam, qui dure environ 4 minutes. Le plan débute sur une grue Titan, qui s'abaisse pour laisser Brown marcher sur les pas de l'acteur principal, David Carradine, qui traverse une foule de 900 figurants.
  • The Shining (Stanley Kubrick, 1980) ; opérateur : Garrett Brown. Des plans d'anthologies qui confirment la fluidité des mouvements de l'appareil, comme lorsque le jeune Danny traverse l'hôtel sur son tricycle, lorsque Wendy est poursuivi par Jack dans l'escalier ou la fameuse poursuite finale dans le labyrinthe.
  • Point Break(1991) de Katryn Bigelow (Ex madameJames Cameron) : Fameuse séquence de la course entre le personnage de Johnny Utah Keanu Reeves et Bodhi Patrick Swayze aprés l'avant dernier braquage de banque. Tous les plans sont filmés aux Steadicam sur toute la durée de la poursuite.
  • Brian De Palma apporta beaucoup à l'histoire du steadicam, par ses plans-séquences complexes, notamment dans les séquences suivantes :
    • Le bûcher des vanités (1990) : plan d'ouverture, suivant le personnage de Peter Fallow (joué par Bruce Willis) dans les dédales des sous-sol d'un hôtel (opérateur: Larry McConkey)
    • L'Impasse (1993) : À la gare, lors de la scène finale, le plan se déroule entre le premier étage et le rez-de-chaussée, passant le long de l'escalator mécanique pour finir sa course en bas (opérateur: Larry McConkey)
    • Snake Eyes (1998) : il s'agit ici d'un « faux » plan-séquence, qui en regroupe en fait huit, lors de la scène d'introduction [2]
    • Mission to Mars (2000) : Deux plans-séquences à la suite pour présenter les principaux protagonistes du film dans la scène d'introduction.
  • Pulp Fiction (Quentin Tarantino, Palme d'or 1994) : Long plans suivant (filmé de face) Jules (Samuel L. Jackson) et Vincent (John Travolta) évoluant dans un long entremelement de couloirs avant d'arriver devant la porte d'un appartement.
  • Les Affranchis (Martin Scorsese, 1990) : Plan-séquence qui suit la progression de Henry Hill (Ray Liotta) et de son amie Karen (Lorraine Bracco) à l'intérieur d'un restaurant, en partant de la rue, en traversant les cuisines et en rejoignant leur table (opérateur : Larry McConkey)
  • L'Arche russe (Aleksandr Sokurov, 2002) : Le film est un unique plan-séquence de 96 minutes tourné au steadicam, qui déambule à travers les couloirs du musée de l'Ermitage. Pour réaliser ce plan, Tilman Büttner, qui était chef-opérateur et opérateur steadicam du film, a utilisé une caméra numérique haute-définition, qui permet l'enregistrement du film sur disque dur.
  • L'opérateur Mathias Mesa et le réalisateur Gus Van Sant ont utilisé le steadicam pour tourner la plupart des plans-séquences des films Gerry (2002), Elephant (2003) et Last Days (2005).
  • Magicians (Song Il-gon, 2005) : le film est un unique plan séquence de 90 minutes tourné à la steadycam. La caméra se déplace entre plusieurs décors successifs en suivant les différents protagonistes, ceux-ci jouant à la manière d'une pièce de théâtre. Il s'agissait à l'origine d'un court métrage en plan séquence de 40 minutes dans le cadre d'un appel à projet du Festival International du Film de Jeonju (Corée du Sud) ; le réalisateur a tourné une nouvelle version du film, longue de 90 min, en vue d'un sortie au cinéma en 2008.

Anecdotes

Durant le film Aliens, Le Retour de James Cameron (1986), les armes lourdes des Marines Coloniaux sont en fait des bras de steadicams habillement détournés par les décorateurs.

Notes et références

Bibliographie

  • (en) Jerry Holway et Laurie Hayball, The Steadicam© Operator's Handbook, éditions Focal Press
  • (en) Serena Ferrara, Steadicam, Techniques and Aesthetics, éditions Focal Press

Annexes

Articles connexes

Lien externe


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