Sortie du nucléaire civil

Sortie du nucléaire civil
Une centrale nucléaire à Grafenrheinfeld, Allemagne.

La sortie du nucléaire civil est l'arrêt de l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité. Elle comprend principalement l'arrêt des centrales nucléaires.

La sortie du nucléaire civil a été mise en place en Autriche (1978), Suède (1980), Italie (1987), Belgique (1999), Allemagne (2000) et Suisse (2011) et elle a été discutée dans de nombreux autres pays. L'Autriche interdit depuis 1999 (clause constitutionnelle) l'exploitation de l’énergie nucléaire, tout en continuant d’importer de l’électricité d’origine nucléaire[1],[2]. L'Espagne a des lois qui interdisent la construction de nouvelles centrales nucléaires. Dans d'autres pays, ces politiques ont été suspendues, par exemple en Suisse, où le moratoire existant sur la construction de centrale n'a pas été reconduit par le peuple et en Suède.

Les militants antinucléaires montrent du doigt l'insécurité nucléaire, les effets sur l'environnement et leurs conséquences sociales et politiques. À la sortie du nucléaire est souvent associée l'idée d'économiser l'énergie et l'utilisation des énergies renouvelables.

De par ses conséquences, l'accident qui a eu lieu à la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) le 11 mars 2011, a relancé le débat et a provoqué la sortie du nucléaire civil de plusieurs pays (Allemagne, Suisse). Cependant à ce jour, certains pays comme la France, la Finlande, la Suède, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine, le Japon, les Etats-Unis, la Corée du Sud, l’Inde et l'Iran maintiennent l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité.


Sommaire

Pays ayant renoncé à l'énergie nucléaire civile

Allemagne

Un abandon progressif de l'énergie nucléaire a été décidé en Allemagne par le gouvernement de Gerhard Schröder (coalition rouge-verte entre sociaux-démocrates et écologistes). La convention du 14 juin 2000 entre la coalition au pouvoir à l'époque et les exploitants et une modification de la loi sur le nucléaire devaient encadrer cet abandon en limitant la quantité d'énergie totale pouvant être produite par chaque centrale nucléaire allemande dans le futur.

Ce calendrier a cependant été remis en question par le gouvernement suivant et, après plusieurs mois de débat, une nouvelle modification de la loi, adoptée le 28 octobre 2010, augmente le quota d'énergie à produire et prolonge la durée d'exploitation des centrales (pour certaines d'entre elles jusqu'à 2036).

En mars 2011, après la catastrophe de Fukushima, Angela Merkel proclame l'arrêt définitif de la totalité des centrales nucléaires allemandes au plus tard en 2022[3].

Autriche

Après la construction de la centrale nucléaire de Zwentendorf le peuple autrichien s'est prononcé contre sa mise en service lors d'un référendum tenu en 1978. Le Parlement confirma ce choix en 1997 et l'exploitation de l'énergie nucléaire est interdite depuis 1999 par la constitution autrichienne[2]. L'Autriche importe environ 6% de sa consommation en énergie électrique d'origine nucléaire[4],[2].

Pour plus d'information, voir la liste des réacteurs nucléaires en Autriche.

Belgique

L'abandon de l'énergie nucléaire a été décidé en 1999 par le gouvernement de l'époque (la « coalition arc-en-ciel » rassemblant libéraux, socialistes, et écologistes). Une loi exige l'arrêt des réacteurs nucléaires belges des centrales de Doel et de Tihange après 40 ans d'exploitation et prohibe la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.

Après le vote de la loi, il a été dit que cette décision serait retirée dès qu'un gouvernement sans écologistes serait au pouvoir[5].

À l'heure actuelle, la loi n'a cependant pas encore été modifiée, bien que les partis écologistes soient dans l'opposition fédérale depuis 2003 et même si, à plusieurs reprises, il a été question de prolonger la durée légale d'exploitation des centrales.

Ainsi, en 2005, le nouveau gouvernement, toujours dirigé par Guy Verhofstadt mais formé sans les Verts, envisage d'ajouter à la période d'arrêt du nucléaire 20 ans supplémentaires. Cette discussion, suscitée par le coût de l'importation d'électricité depuis l'étranger, ainsi que par les restrictions imposées par l'accord de Kyoto concernant les émissions de gaz à effet de serre des centrales thermiques au fuel ou au charbon, n'a cependant pas été suivie d'effet.

En octobre 2009, le gouvernement Van Rompuy s'est accordé pour repousser de dix ans la première phase de sortie du nucléaire[6]. La chute du Gouvernement Leterme II, en avril 2010, a entraîné la dissolution du Parlement avant que celui-ci n'ait eu le temps d'amender la loi.

En l'état actuel des textes la première phase de sortie reste donc programmée pour 2015 (quarante ans après la mise en route du réacteur Doel I), même si rien n'est prévu pour une mise en œuvre effective à cette date.

Italie

En 1987, soit un an après la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine), il fut décidé par référendum de la sortie du nucléaire civil en Italie. Les quatre centrales nucléaires présentes en Italie furent arrêtées, la dernière en 1990.

Un moratoire sur la construction de nouvelles centrales, tout d'abord adopté pour la période 1987 à 1993, a depuis été prolongé[7].

L'Italie importe de l'électricité nucléaire (notamment de France), et la société italienne Enel SPA participe à la construction de réacteurs nucléaires en France et en Slovaquie, ainsi qu'au développement de l'EPR.

En mai 2008, le nouveau gouvernement de Silvio Berlusconi a annoncé le retour à l'énergie nucléaire dans les cinq ans[8].Ce retour au nucléaire devait être validé par un référendum organisé le 16 juin[9]

En 2009 le gouvernement italien se proposait de poser la première pierre d'un premier EPR d’ici à 2013, pour une mise en service en 2018[10].

Suite à l'accident de Fukushima du 11 mars 2011, à l'opposition grandissante de l'opinion publique et à l'historique sismique de la péninsule italienne, le gouvernement a décidé le 19 avril 2011 d'abandonner le retour au nucléaire[11]. Lors d'un référendum tenu le 13 juin 2011 (taux de participation: 57%) plus de 90% des voix s'opposèrent à la reprise du programme nucléaire[12].

Suisse

La Suisse envisageait la construction de nouveaux réacteurs pour 2020[13],[14],[15].

Mais, suite à l'accident de Fukushima, le conseil fédéral a annoncé, le 25 mai 2011, la sortie progressive du nucléaire civil en décidant de ne pas renouveler les centrales nucléaires en service et opte pour leur arrêt définitif une fois que celles-ci auront atteint 50 ans, c'est-à-dire entre 2019 et 2034.

Article détaillé : Industrie nucléaire en Suisse.

Pays envisageant de renoncer à l'énergie nucléaire

En Espagne un moratoire a été établi en 1983. Le parti socialiste de Zapatero, réélu en 2008, a annoncé dans son programme électoral la fermeture des centrales arrivant à fin de terme dans la mesure où l'approvisionnement énergétique du pays demeurait garanti. Il devait se prononcer en juin 2009 sur la fermeture effective de la centrale de Garona, prévue pour 2011[16].

Pays ayant renoncé à un moratoire sur l'énergie nucléaire

Suède

Après la fusion partielle du cœur d'un réacteur de la centrale nucléaire de Three Mile Island (États-Unis) en 1979, un référendum a eu lieu en Suède et s'est prononcé contre l'utilisation future de l'énergie nucléaire dans le pays. Par conséquent, le parlement suédois décida en 1980 qu'aucune nouvelle centrale nucléaire ne devrait être construite, et que la sortie du nucléaire civil devrait être réalisée avant 2010.

Après la catastrophe de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, la question de la sécurité nucléaire resurgit en Suède. En 1997, le parlement suédois décida d'arrêter l'un des réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Barsebäck le 1er juillet 1998, et un second avant juillet 2001, sous la condition que leur production électrique serait compensée. Le gouvernement suivant, conservateur, essaya d'annuler l'arrêt des réacteurs, mais après de nombreuses protestations, décida d'étendre la limite temporelle à 2010. À Barsebäck, le réacteur 1 a été arrêté en 1999 et le réacteur 2 en 2005.

En août 2006, 3 des 10 réacteurs nucléaires suédois ont été temporairement arrêtés en raison de l'inquiétude générée par l'incident majeur de la centrale nucléaire de Forsmark.

La plus importante centrale nucléaire suédoise, Ringhals, dispose de 4 réacteurs et est située environ 10 km au sud de Göteborg. Elle délivre environ 24 TWh par an, soit 21 % de la consommation électrique suédoise[17].

En février 2009, la Suède lève son moratoire sur la construction de centrales nucléaires. Le gouvernement a décidé d'en autoriser la construction, mais uniquement pour remplacer les anciennes[18].

Pays n'envisageant pas d'avoir recours à l'énergie nucléaire

Certains pays ont inscrit la non-utilisation de l'énergie nucléaire dans leur loi nationale : l'Australie, le Danemark, la Grèce, l'Irlande et la Norvège ont proscrit tout projet de construction de centrale suite à la catastrophe de Tchernobyl.

L'Australie dispose d'un réacteur de recherche (OPAL), inauguré en 2007, dont le champ d'application ne comprend pas la production d'électricité, et la technique Synroc de stockage de déchets nucléaires découle de recherches menées dans ce pays.

Pays n'ayant pas recours à l'énergie nucléaire

Hormis l'Afrique du Sud, la majorité du continent africain n'utilise pas l'énergie nucléaire. Néanmoins, l'Algérie a construit une centrale à Aïn Oussara (réacteur à eau lourde) avec l'aide de la Chine et de l'Argentine, qui est en service depuis 1993. Elle dispose en outre d'un réacteur de recherche à eau légère à Draria.

En Amérique du Sud, seuls l'Argentine et le Brésil disposent de centrales nucléaires. Le président Lula a signé un accord avec son homologue argentin, la présidente Cristina Kirchner, en 2008, pour un programme commun de nucléaire, comprenant un volet d'enrichissement d'uranium.

Au Moyen-Orient, seul l'Iran dispose d'électricité d'origine nucléaire (Centrale nucléaire de Bouchehr). Pour l'ensemble des autres pays, il est difficile de savoir quelle est leur position par rapport à l'énergie nucléaire. En particulier, Israël dispose de 2 centrales nucléaires (Dimona et Nahal Soreq), des tentatives de construire des centrales ont déjà eu lieu en Irak avec Osirak, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan essaie aussi de relancer le programme nucléaire de la Turquie, l'Egypte dispose d'un centre de recherche à Inshas, l'Algérie dispose de 2 centres de recherche …

Notes et références

Articles connexes

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