Seleucos Ier

Seleucos Ier

Séleucos Ier

Bronze au musée national d'archéologie de Naples

Séleucos (ou Séleucus) Ier Nicator, en grec ancien Σέλευκος Νικάτωρ / Seleukos Nikatôr (« le Vainqueur »), né à Europos en Macédoine vers 358 avant J.-C., mort près de Lysimacheia en 280, général d'Alexandre le Grand, satrape de Babylonie puis roi de Syrie (305 à 280), il fonde la dynastie des Séleucides.

Sommaire

Biographie

Diadoque

Fils d'Antiochos, général de Philippe II, Séleucos accompagne Alexandre dans la conquête de l'Asie en qualité d'officier dans la cavalerie des Compagnons. Après s'être notamment distingué en Inde en 326, il est nommé, à la mort d'Alexandre en 323, hipparque de la cavalerie, commandement prestigieux qu'ont exercé avant lui Héphaistion et Perdiccas, il passe, ainsi, à côté de la répartition des diverses satrapies. Membre de l'entourage du chiliarque Perdiccas dont il commande la cavalerie, il fait partie, avec Peithon, du complot des officiers qui l'assassinent en 321 lors de la campagne en Égypte contre Ptolémée. Les satrapes se retrouvent à Triparadisos avec Antipater. À l'occasion de ce second partage de l'empire qui s'ensuit la même année, il reçoit la satrapie de Babylonie, succédant à Archon en place depuis les accords de Babylone (323). Il prend ainsi une satrapie centrale en Asie, pouvant donner quelques ambitions à un homme de talent et opiniâtre.

En 318-317, Séleucos prend parti pour Antigone le Borgne dans le conflit qui l'oppose à Eumène de Cardia, stratège du régent Polyperchon. Eumène lui livre bataille sur les rives de l’Euphrate et s’empare de la citadelle de Babylone. Eumène tente par la suite de traverser le Tigre mais Séleucos fait inonder le passage en rompant les digues d’un canal. Craignant que sa satrapie ne soit occupée, Séleucos finit par proposer une trêve à Eumène. Vainqueur de ce dernier, Antigone occupe la Babylonie en 316[1], affichant l'ambition de reconstituer à son profit l'empire d'Alexandre. Séleucos fuit alors en Égypte et forme une coalition avec Ptolémée, Cassandre et Lysimaque. La défaite infligée par Ptolémée à Démétrios (fils d'Antigone), à Gaza en 312, lui permet de reconquérir sa satrapie et de se lancer dans la conquête des provinces iraniennes. Antigone, après avoir fait la paix avec ses autres adversaires en se faisant reconnaître l'intégralité de l'Asie se consacre exclusivement à Séleucos mais est définitivement repoussé en 308, battu dans une grande bataille par Séleucos, alors que Ptolémée s'attaquait à ses territoires occidentaux ; Séleucos en profite pour étendre sa domination des hautes satrapies d'Asie (Perse, Médie, Susiane, Drangiane, Sogdiane, Arie, etc.), jusqu'à l'Inde (entre 310 et 308). À partir de 308, il engage contre le prince indien Chandragupta Maurya un long conflit qui se règle par un traité de paix en 303 : Séleucos doit abandonner les satrapies indiennes de l'empire (Gandhâra), ainsi que les parties orientales de l'Arachosie et de la Gédrosie, mais il parvient à conserver la Bactriane. Cet échange de territoires s'accompagne d'une alliance scellée par un mariage entre une princesse séleucide (non identifiée) et l'empereur maurya. Séleucos envoie également Mégasthènes en ambassade à la cour de Pataliputra sur le Gange et reçoit un contingent de 500 des éléphants de guerre. C'est traditionnellement à cette période que l'on situe le début de la formation de l'Empire séleucide.

Marbre au musée du Louvre

Basileus Nikatôr

Suivant l'exemple d'Antigone et des autres Diadoques, Séleucos prend le titre de roi (basileus) vers 305 et tournant désormais ses ambitions à l'ouest. Dès 304, il se joint à la coalition réunissant Ptolémée, Lysimaque et Cassandre contre Antigone qui entend établir sa domination sur la Grèce et la Mer Égée. En 301, il parvient à regrouper ses forces avec celles de Lysimaque en Phrygie[2]. Antigone est vaincu à la bataille d'Ipsos ; les 500 éléphants reçus par le traité avec Chandragupta Maurya ont permis à Séleucos d'isoler Démétrios et de remporter une victoire décisive[3]. Le royaume d'Antigone est partagé entre les vainqueurs à l'exceptions de quelques places demeurées dans les mains de Démétrios, fils d'Antigone ; Séleucos reçoit la partie orientale de l'Asie Mineure (la majeure partie de l'Asie Mineure revenant à Lysimaque) et surtout la Syrie. Ce partage est à l'origine des guerres de Syrie entre lagides et séleucides pour la possession de la Cœlé-Syrie. Séleucos, devenu Nikatôr, est alors avec Ptolémée le Diadoque le plus puissant. Il crée un gouvernement général des satrapies orientales dont il confie la direction à son fils Antiochos (déjà présent à Ipsos), qu'il nomme vice-roi en 294, à l'occasion du mariage de son fils avec Stratonice.

En 286, Démétrios Poliorcète, chassé de Macédoine, mène une expédition en Asie Mineure. Il échoue et tombe entre les mains de Séleucos qui l'assigne à résidence et le traite avec le respect dû à son rang : Séleucos a en effet épousé sa fille Stratonice en 300. Il lui reprend néanmoins ses places fortes de Phénicie et d'Asie Mineure. Puis en 282, il entre en guerre contre Lysimaque, encouragé par Ptolémée Kéraunos, réfugié à la cour séleucide depuis le meurtre d'Agathoclès, l'héritier de Lysimaque (et beau-frère de Ptolémée Kéraunos) mis à mort par son propre père. Séleucos redoute en effet les ambitions de Lysimaque qui occupe la Macédoine depuis 288 et forme une alliance avec Ptolémée II Philadelphe. Séleucos envahit l'Asie Mineure et obtient le ralliement de Philétairos, gouverneur de Pergame. Séleucos vainc Lysimaque qui trouve la mort à la bataille de Couropédion (en Lydie) au début de l'année 281. Désireux de régner sur la Macédoine et de - peut-être - reconstituer l'empire d'Alexandre, il traverse l'Hellespont, marche contre la Macédoine, mais il est assassiné en 280, près de Lysimacheia (en Chersonèse de Thrace), par Ptolémée Kéraunos. Ultime survivant des Diadoques, Séleucos laisse l'Empire d'Alexandre entre les mains des Épigones.

Lors des noces de Suse en 324, Séleucos a épousé, selon la volonté d'Alexandre, la fille de Spitaménès, Apama. Elle donne naissance à deux filles, Apama et Laodice, et à deux garçons, Antiochos, héritier du trône, et Achaios. Antiochos est donc le seul des Épigones à être d'ascendance iranienne. À la mort d'Apama vers 300, Séleucos épouse Stratonice, fille de Démétrios Poliorcète, alors âgée de 17 ans. De cette union naît une fille, Phila II. Apprenant par le médecin Érasistrate que son fils se meurt d'amour pour Stratonice, Séleucos s'en sépare et laisse Antiochos l'épouser en 294[4].

Roi fondateur

Le réseau urbain de la Syrie séleucide

Entre 311 et 306, Séleucos fonde, au coeur de la Mésopotamie, Séleucie du Tigre (près de l'actuel Bagdad) et en fait, provisoirement, sa capitale. Elle devient rapidement une grande cité commerciale, supplantant une Babylone en déclin car abandonnée à son profit.

Étendant son empire à la Syrie après la victoire d'Ipsos, Séleucos fonde sur l'Oronte, principal fleuve de la Syrie antique, la cité d'Antioche ainsi que son port Séleucie de Piérie, dans l'objectif de concurrencer l'hégémonie d'Alexandrie dans la Méditerranée orientale. Créée par synœcisme de plusieurs villages avoisinants et peuplée de familles gréco-macédoniennes déplacées d'Antigonie, Antioche connaît un essor démographique rapide pour devenir l'une des grandes villes de l'époque hellénistique. Antioche et Séleucie de Piérie forment, dans un ensemble planifié, la Tetrapolis avec les villes de Laodicée et d'Apamée que Séleucos a refondées. Transférée de Séleucie du Tigre à Séleucie de Piérie vers 300, la capitale semble avoir été installée définitivement à Antioche à la fin du règne.

Séleucos fait aussi bâtir à travers son empire une quinzaine d'autres Antioche de moindre importance, suivi en cela par Antiochos qui poursuit ainsi l'œuvre de son père. Séleucos établit également des cités-forteresses et des garnisons dans des régions plus reculées, comme celle de Doura Europos (sa cité natale), colonisée par des vétérans Gréco-macédoniens.

La fondation de cités de type grec au plan rectiligne (dit hippodamien) est caractéristique des grands souverains de l’époque hellénistique qui reprennent ainsi l’exemple d’Alexandre. Séleucos entend légitimer son pouvoir et affirmer son récent statut royal. Il se doit aussi de fonder des villes nouvelles pour les population grecques amenées en Mésopotamie et en Syrie par les conquêtes d’Alexandre.

Notes

  1. Selon Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], XIX, 55, 3, Séleucos refuse d'abandonner les finances de sa satrapie ce qui entraîne les réprésailles d'Antigone.
  2. Bloqué en Cœlé-Syrie et trompé par de fausses nouvelles annonçant une victoire d'Antigone, Ptolémée n'a pas pu - ou voulu - faire sa jonction.
  3. 400 éléphants sur les 500 sont alignés à la bataille d'Ipsos, les autres étant morts ou blessés en cours de route.
  4. Cet épisode a inspiré David et Ingres.

Bibliographie

  • Pierre Cabanes, Le Monde hellénistique de la mort d’Alexandre à la paix d’Apamée, Seuil, coll. « Points Histoire / Nouvelle histoire de l’Antiquité », 1995 (ISBN 2-02-013130-7)  ;
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Seuil, coll. « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 202060387X) .

Voir aussi

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