Satire Menippee

Satire Menippee

Satire Ménippée

La Satire Ménippée, circulant d'abord sous le manteau en 1593, est imprimée en 1594 par Jamet Mettayer sous la forme qu'on lui connaît : l'alliance de vers et de prose. Elle renferme les deux figures du charlatan espagnol et du charlatan lorrain, avec la procession sous forme de planche dépliante. Elle est décrite dans le livre de Willems, les Elzeviers, sous le N° 2007. Un exemplaire a figuré en vente publique des collections de Trautz-Bauzonnet, de Yemeniniz et de Thouvenin

Sommaire

La forme littéraire

Œuvre collective satirique mêlant prose et vers, elle a pour sujet la tenue des états généraux convoqués à Paris le 26 janvier 1593 par le duc de Mayenne, chef de la ligue hostile à Henri IV, dans le but d’élire un roi catholique. Elle emprunte son titre à une œuvre elle-même en vers et en prose de l'érudit Juste Lipse, inspiré par Varron, auteur de « Saturæ Menippeæ » dont il ne subsistait à la Renaissance que quelques fragments, fort appréciés des érudits et connus de bien des fonctionnaires de chancellerie, formés aux belles-lettres de l'Antiquité. Ménippe était le nom d'un cynique célèbre pour ses railleries.

Le contexte politique

Tandis que Henri de Navarre, le futur Henri IV, cherchait par la force des armes à reconquérir le royaume, les Espagnols proposaient d’abolir la loi salique et de déclarer l’infante d’Espagne reine de France. Certains des ligueurs, refusant une princesse étrangère sur le trône, préparaient le ralliement de la capitale à Henri IV.

La légende veut qu'une réunion de bons citoyens, « demeurés français en politique et gallicans en religion », aient prêté le secours de leur plume à Henri de Navarre, par une œuvre mi-sérieuse, mi-plaisante, afin d’aider à faire revenir dans la voie de la vérité et du bon sens les esprits égarés.

C’est ainsi que serait née l’idée de la Satire Ménippée, lors d’une réunion au quai des Orfèvres, dans la maison de Guillot, chanoine de la Sainte-Chapelle, de quelques hommes d’esprit, réunis pour défendre dans une œuvre commune, les vrais intérêts de la France, qui voulait rester catholique et indépendante.

Le plan de la Satire Ménippée appartient à Pierre le Roy, chanoine de Rouen et aumônier du cardinal de Bourbon. Les sieurs Nicolas Rapin, les poètes Jean Passerat et Gilles Durand, Florent Chrestien en rédigèrent chacun une partie ; Pierre Pithou, jurisconsulte, revit l’ensemble et amena l’œuvre à son point de perfection.

Le contenu

Les passages remarquables de ce livre, dont l’importance historique n’est pas moindre que le mérite littéraire[réf. nécessaire], sont la description de la fameuse procession conduite par le recteur Rose et destinée à passer en revue toutes les forces de la Ligue, les harangues du duc de Mayenne, du légat du pape, du cardinal de Pelvé, et, au dessus de toutes, celle d’Aubray, député du tiers état, et dans laquelle Pierre Pithou peint avec un éloquence les malheurs du peuple français, lui reproche son aveuglement et le rappelle à cette alliance du peuple et de la monarchie nationale qui seule à cette époque pouvait être le salut de la France.

« O Paris, s’écrie-t-il, qui n’est plus Paris mais une spélunque de bestes farouches, une citadelle d’Espagnols, Wallons et Néapolitains, un asyle et seure retraicte de voleurs, meurtriers et assassinateurs. Ne veux-tu jamais te ressentir de ta dignité et te souvenir que tu as esté, au prix de ce que tu es? Ne veux-tu jamais te guarir de ceste frenesie qui, pour un légitime et gracieux roy, t’a engendré cinquantes roytelets et cinquante tyrans? Te voilà aux fers, te voilà en l’inquisition d’Espagne, plus intolérable mille fois et plus dure à supporter aux esprits nez libres et francs, comme sont les français, que les plus cruelles morts, dont les Espagnols se sauroyent adviser ».

Bibliographie

A. Noël, Histoire abrégée de la langue et de la littérature française, Paris, Delalain Frères, 1885.

Satyre Menippee de la Vertu du Catholicon d'Espagne et de la tenue des Estats de Paris, MARTIN Martial (édition critique de), Paris, H. Champion, 2007, "Textes de la Renaissance", n° 117, 944 p. ISBN : 9782745314840

Lien externe

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