Santeria

Santeria
Eleggua, divinité (Orisha) du destin

La Santería (Lukumi, La Regla Lucumi ou regla de Ocha) est une religion originaire des Caraïbes dérivée du Yoruba (interdit aux esclaves) et pratiquée à Cuba, en Colombie et au Venezuela[1].

Sommaire

Historique

Certains récits disent que les esclaves dupaient l'Église en laissant croire qu'ils vénéraient les saints catholiques, alors qu'en fait, derrière chaque saint, ils vénéraient un Orisha équivalent. Mais selon Sixto Gaston Agüero (1959), cité par Kali Argyriadis, dans son ouvrage « La Religion à La Havane »[2], c'est le mouvement inverse qui s'est produit : c'est l'Église qui a imposé aux esclaves les saints comme des équivalents aux Orishas. Il cite le synode papal du 16 septembre 1687, où l'Église ordonna aux prêtres d'ajuster les croyances religieuses africaines aux pratiques catholiques[réf. nécessaire]. Il cite également le Bando de Buen Gobierno y Policia qui, en 1792, oblige les Cabildos africains qui se vouent au culte de leurs divinités à « adorer désormais un saint catholique équivalent ». Contrairement à une idée reçue, les prêtres étaient très réticents à évangéliser les esclaves car cela n'était pas rentable[réf. nécessaire]. En effet, cela supposait de construire une église, d'accorder le repos dominical et d'assurer la possibilité de manger maigre, ce qui entraînait des coûts jugés prohibitifs. Les Espagnols ont donc nommé cette pratique Santería, avec un côté péjoratif, mais ses pratiquants préfèrent le terme Lukumi (ou Regla de Ocha).

Croyances

La religion Yoruba est dominée par un Dieu suprême Olodumare (ou Olafin ou Olorun ou Olorian), source de l'ashé - l'énergie spirituelle de l'Univers - qui a envoyé sur Terre des émissaires, demi-dieux humains, appelés Orishás qui sont la personnification de la Nature.

Les Orishás, en outre, veillent pour que chaque mortel accomplisse le destin qui lui a été destiné à sa naissance. Ceux qui ne l'accomplissent pas suivent le cycle des réincarnations successives. Cette croyance est semblable à celle de l'hindouisme et du bouddhisme.

Le « Bembe » est la musique qui célèbre les Orishas.

Un véritable adepte de la Regla de Ocha est une personne qui a été initiée dans la religion. Les prêtres devins (Babalawos) ont déterminé l'orisha qui gouverne sa vie et l'Obba (un autre prêtre qui préside aux initiations) a « installé » cet orisha dans la tête de la personne au cours d'une cérémonie appelée Kariocha (Asiento, Coronacion). À l'issue de cette cérémonie la personne devient un iyawo (novice) et doit se vêtir de blanc et obéir à des règles strictes pendant un an. À la fin de cette période, il accomplit une cérémonie (de confirmation) appelée Ebbo et devient un Omo-Orisha (fils d'orisha). Par exemple, il devient un Omo Obatala si son orisha est Obatala. Il est alors un santero confirmé.

Une fois initié, l'adepte peut progresser dans sa religion. Avec la cérémonie du Pinaldo (recevoir le couteau) il pourra tuer des animaux pour faire des sacrifices. Il peut aussi devenir un Italero et être habilité à lire l'avenir dans les cauris (Ita). Éventuellement, il pourra devenir un Babalorisha « père d'orisha », ou une Iyalorisha, « mère d'orisha », qui aura parrainé de nouveaux adeptes et les aura initiés dans la religion.

Les babalawos sont des prêtres consacrés à Orula (dieu de la divination). Ce sont des devins qui lisent l'avenir au moyen de noix de palmes ou d'une chaîne de 8 demi noix qui selon leur manière de retomber (côté convexe ou concave) déterminent des signes appelés oddus. Il y a 256 oddus ; à chacun correspondent un orisha particulier, des chants, des prières des interdits et des conseils. La cérémonie de la « main d'Orula » (mano de Orula) ou « ikofa » permet de déterminer l'oddu qui va gouverner la vie d'un individu et ainsi l'orisha tutélaire de la personne à laquelle elle pourra plus tard se faire initier.

Les Obbas ou Oriaté sont des prêtres qui se consacrent plus particulièrement à l'initiation de nouveaux fidèles et sont d'ailleurs les seuls habilités à faire la cérémonie de Kariocha. Ils lisent l'avenir dans des coquillages marins (cauris) au cours de la cérémonie de l'Ita.

Les Osainistas sont des prêtres consacrés à Osain orisha des herbes, de la forêt, de la médecine et des poisons.

Un Omo-bata est un percussionniste autorisé à jouer des tambours batá, les tambours sacrés qui ne peuvent être touchés que par des initiés.

Les principaux Orishas

Il y en a 400 en Afrique, une quarantaine à Cuba (l'orthographe peut varier) :

  • Obatalà (le roi au pagne blanc), envoyé par Olodumare pour créer la Terre et sculpter l'Homme. Il personnifie la paix, la sagesse, les songes, la créativité (Saint : Notre Dame des Grâces, couleur : blanc)
  • Yemayà (Yemanja ou Yemoja ou Olocum), femme d'Obatalà, personnifie la merHaïti, elle est une sirène) et la vie (saint : Vierge de la Regla, couleur : bleu) (équivaut à Iemanja pour le candomblé)

Leurs trois enfants[pas clair] :

  • Ochún : personnifie l'Amour, la féminité, les rivières ; maîtresse de Changó, femme d'Orula (Vierge de la Caridad del Cobre,patronne de Cuba, couleurs : jaune et or)
  • Obba : la femme légitime de Chango personnifie le foyer, la maison et le mariage. C'est la gardienne des tombes, la patronne des lacs et le symbole des femmes qui souffrent pour sauver leur foyer. Couleurs : rose et ambre.
  • Oyà ou Yansà : personnifie le vent, la porte du cimetière (ex-femme de Changò, sainte Thérèse, couleurs : marron et blanc)
  • Babalu Ayé  : Dieu de la variole et des maladies en général (saint Lazare, couleurs : blanc et bleu)
  • Oddua : Dieu des morts et des esprits
  • Orula  : Orisha de la divination.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) John Mason and Gary Edwards, Black Gods — Orisa Studies in the New World, Yoruba Theological Archministry, 1985.
  • (en) J. Omosade Awolalu, Yoruba Beliefs & Sacrificial Rites ISBN 0-9638787-3-5.
  • (en) Baba Ifa Karade, The Handbook of Yoruba Religious Concepts.
  • (en) David M. O'Brien, Animal Sacrifice and Religious Freedom: Church of the Lukumi Babalu Aye v. City of Hialeah.
  • (en) James T. Houk, Spirits, Blood, and Drums: The Orisha Religion of Trinidad. 1995. Temple University Press.
  • (en) Baba Raul Canizares, Cuban Santería.
  • (en) Miguel A. De La Torre, Santería: The Beliefs and Rituals of a Growing Religion in America.
  • (en) Mozella G. Mitchell, Crucial Issues in Caribbean Religions, Peter Lang Pub, 2006.
  • (en) Andres I. Perez y Mena, “Cuban Santería, Haitian Vodun, Puerto Rican Spiritualism: A Multicultural Inquiry Into Syncretism.” 1997. Journal for the Scientific Study of Religion. Vol. 37. No.1.

Références

  1. Santeria Religions of the World.
  2. « La Religion à La Havane », Kali Argyriadis, éditions des archives contemporaines

Liens externes


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