Saintonge

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Blason de la province
D'azur à la mitre d'argent accompagnée de trois fleurs de lys d'or

La Saintonge (en saintongeais Saintonghe, le g est expiré) est une ancienne province française dont les limites ont plusieurs fois varié avec le temps. Partie intégrante de la province romaine d'Aquitaine durant l'antiquité (Saintes devenant la première capitale de ce vaste ensemble), elle est ensuite placée selon les époques dans la mouvance des rois et ducs d'Aquitaine, des comtes d'Anjou puis des comtes de Poitiers ramnulfides, avant d'être de nouveau intégrée au duché d'Aquitaine pour plusieurs siècles.

Apparaissant comme une marche frontalière entre les domaines capétien et plantagenêt durant le bas moyen-âge, elle est secouée par des luttes incessantes entre 1152 et 1451, ses seigneurs hésitant souvent entre l'attachement anglo-aquitain et le lien avec Paris. Tout montre que l'attachement anglo-aquitain y a été prédominant jusque vers la moitié du XIVe siècle. Néanmoins, les erreurs de conduite de Henry de Grosmont, comte de Derby (« chevauchée » de 1346) puis du Prince Noir contribuent progressivement à affaiblir le pouvoir anglo-aquitain, et la province passe définitivement sous le contrôle du roi de France en 1451 (prise de Montguyon) [1].

La Saintonge est aujourd'hui à cheval sur quatre départements, la Charente-Maritime (exceptée sa partie nord-ouest qui appartient à la province d'Aunis et du Pays d'Aulnay, qui appartient au Poitou), un quart ouest de la Charente (les cantons des terres chaudes : canton de Cognac-Nord, canton de Cognac-Sud, Jarnac, Châteauneuf)[2], l'extrême-sud des Deux-Sèvres (Frontenay-Rohan-Rohan) et de la Vendée (elle incluait une partie du Marais Poitevin). Le pays Gabay (nord de la Gironde), bien que de langue saintongeaise, dépendait quant à lui de la Guyenne.

Sommaire

Histoire

10 : la Saintonge

Les origines

Dès le Paléolithique moyen, la Saintonge a été peuplée de Néandertaliens, comme le montrent les découvertes faites tout au long des vallées des affluents de la Charente, et tout spécialement celle du fossile surnommé « Pierrette » à Saint-Césaire.

Au Néolithique, la Saintonge a connu une forte implantation de mégalithes, notamment des dolmens à Cognac, Châteaubernard, Saint-Brice, etc. La civilisation de Peu-Richard a occupé la région entre 3200 et 2200 av. J.-C.

Les Ligures s'implantent en Saintonge vers 1800 av. J.-C. et créent à Meschers un important centre de travail du bronze[3].

Période gauloise et gallo-romaine

Les Gaulois arrivent quant à eux vers le VIIe siècle av. J.-C. en provenance de Germanie. Une tombe de cette époque a été découverte à Meschers contenant un squelette de 1,80 mètres[4].

La tribu gauloise des Santones, présente entre Charente et Gironde, va donner son nom à la future province de Saintonge et y laisser une certaine empreinte. Des traces de fossés et cercles funéraires datant de cette époque ont été retrouvés à Breuillet, Médis, Saint-Sulpice-de-Royan et Belmont, sur la commune de Royan[5].

Pendant la période du Second Age du Fer, les Santons se sont organisés politiquement autour de l'oppidum de Pons qui devient "l'oppidum des Santons de l'indépendance"[6]. Ce centre commercial et artisanal actif est aussi un centre stratégique fortifié[7] que les Romains occuperont activement à partir de l'annexion des territoires en 58 av. J.-C. et surtout après 52 av. J.-C. lors de la défaite d'Alésia où le chef gaulois Vercingétorix est vaincu.

Pendant le Haut Empire romain, la Saintonge constitua une civitas prospère de la Gaule romaine. La capitale de la province d'Aquitaine seconde fut établie à Mediolanum Santonum, l'actuelle ville de Saintes, qui bénéficia d'importants travaux d'urbanisation : amphithéâtre, thermes, pont sur la Charente, arc votif de Germanicus (et non « de triomphe ») marquant l'arrivée de la via Agrippa, partant de Lugdunum (Lyon, capitale de la Gaule romaine).

Saint Eutrope, originaire de Saintes, au IIIe siècle, a christianisé ce territoire qui comprenait aussi l'Aunis. Il fut martyrisé et le blason de la Saintonge représente d'ailleurs sa mitre, celle du premier évêque de Saintes, entourée de trois fleurs de lys, sur fond bleu.

Saintes fut envahie successivement par les Alains, les Vandales au début du IVe siècle et par les Wisigoths en 419. En 507, elle fut conquise par Clovis avec le reste de l'Aquitaine et incorporée au Regnum Francorum. Morcelée en de nombreux fiefs, les seigneuries les plus importantes en étaient celles de Saintes, de Saint-Jean-d'Angély, d'Aulnay, de Cognac, de Jarnac et de Jonzac.

En 565, un Waddon est mentionné comme comte de Saintonge.

Au Xe siècle, l'Aunis est séparée de la Saintonge qui va dépendre du sénéchal du Poitou jusqu'en 1360.

Les guerres de cent ans

Aux XIe siècle et XIIe siècle les sires de Châtellaillon jouent un rôle important sur ce territoire, qui passe sous domination anglaise en 1152, par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt. Il fut repris en partie (rive droite de la Charente) à Jean sans Terre entre 1204 et 1210,

En 1270, à la mort d'Alphonse de Poitiers, conformément au traité de Paris de 1259, la partie sud de la Saintonge limitée par la rive gauche de la Charente est rendue au duc d'Aquitaine, roi d'Angleterre . En 1371, elle est reconquise dans sa quasi-totalité par Bertrand du Guesclin, et en 1375, elle est officiellement réunie à la couronne de France par le roi de France Charles V. Cet acte symbolique ne met cependant nullement fin à l'anarchie qui règne dans les campagnes (écumées par des brigands, les Écorcheurs) ni aux combats entre Français et Anglo-Aquitains, qui se poursuivent dans le sud de la province (siège de Montendre en 1402 ; prise de Montguyon - prélude à la conquête de la Guyenne - en 1451, sous la conduite de Jean de Dunois).

Les guerres de religion

De 1542 à 1549, elle connut de sérieuses révoltes contre la gabelle, jusqu'à l'édit de Henri II, roi de France.

À partir des années 1550, les idées de la Réforme se développèrent rapidement et le protestantisme y devint très actif, avec La Rochelle, dans l'Aunis voisin, devenue une des capitales et place-forte des protestants. La paix de Saint-Germain-en-Laye, le 8 août 1570, reconnaît d'ailleurs La Rochelle comme une des quatre places de sûreté accordées aux Protestants.

Les années 1570 à 1590 furent marquées par les terribles guerres de religion, et de 1593 à 1595 eu lieu la première révolte des Croquants.

Signé en 1598 par le Henri IV, roi de France, l'Édit de Nantes apporta une vingtaine d'années de paix, jusqu'en 1620. Saint-Jean-d'Angély tombe en 1621, face à Louis XIII roi de France, et en 1628 après le siège de la Rochelle, la Saintonge est de nouveau regroupée avec l'Aunis dans une Généralité.

Dans les années 1630 à 1650, la guerre de Trente Ans fit des ravages et fut accompagnée de révoltes paysannes contre les nouveaux impôts de 1629 à 1643: les Croquants. De 1650 à 1653, la Fronde des Princes touche la Saintonge et provoque la misère des campagnes.

Les années 1660 connaissent une reprise des persécutions à l'égard des protestants, qui aboutissent en 1685, à la révocation de l'Édit de Nantes, qui verra le début de l'exode de nombreux huguenots vers le Nouveau Monde, et l'arrivée de Fénelon, chargé de la « conversion » des protestants locaux.

L'époque révolutionnaire et napoléonienne

À partir de 1744, des loges maçonniques d'obédience anglaise sont fondées à Saintes, à Rochefort et à La Rochelle, et en 1757 et 1758, les côtes subissent des incursions britanniques. L'année 1785 est marquée par de mauvaises récoltes et la disette, et l'année 1789 par une très forte crise agricole.

De 1790 à 1794, les campagnes sont marquées par des révoltes importantes et par la Terreur (troubles anti-seigneuriaux, révolte vendéenne, menaces britanniques). La plus grande partie de la province rejoint le nouveau département de Charente-Inférieure, avec Saintes comme préfecture, qui sera transférée à La Rochelle en 1810. La partie Est de la province, autour de Cognac devenue sous-préfecture, est rattachée au département de la Charente.

Personnages célèbres

Un parler Langue régionale de France

  • Le saintongeais est devenu officiellement Langue régionale de France en 2007 dans le cadre de la langue d'oïl [8].
    Le saintongeais est une langue attestée depuis huit siècles et toujours vivante. Les plus anciens écrits qui lui sont associés sont deux textes de la première moitié du XIIIe siècle : le Turpin saintongeais et Tote l'istoire de France, appelés Les Chroniques saintongeaises.

Édifices remarquables

Notes et références de l'article

  1. http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article812
  2. Le type saintongeais, Maurice Bures, Le Croît Vif, 1991, Paris, ISBN 2-907967-05-3
  3. R. Etienne, Bordeaux antique (t. I, Histoire de Bordeaux), Bordeaux, 1962, p 54.
  4. J.R. Colle, Une découverte archéologique importante près de Royan, Bull. Off. Mun., Royan n°10, juil. 1968.
  5. J. Dassié, Manuel d'archéologie aérienne, Technip, Paris, 1973, p 243-250.
  6. Ouvrage collectif (sous la direction de Christine Bonneton), Encyclopédies Bonneton - La Charente-Maritime, Christine Bonneton éditeur, 2001, p.11
  7. Fouilles archéologiques à Pons
  8. Délégation générale à la langue française et aux langues de France

Voir aussi

Articles connexes

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