Rue Chanoinesse

Rue Chanoinesse
4e arrt
Rue Chanoinesse
Position sur la carte
Carte de Paris
Arrondissements 4e arrondissement
Quartiers Notre-Dame
Début rue du Cloître-Notre-Dame, 6 bis
Fin rue d’Arcole, 9.
Longueur 190 mètres
Largeur 10 mètres
Dénomination arrêté du 19 décembre 1874 réunissant à la rue Chanoinesse la rue des Marmousets
Géocodification Ville de Paris : 1752
DGI : 1748
Nomenclature officielle
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Paris - Rue Chanoinesse 01.jpg


La rue Chanoinesse est une rue de l’île de la Cité, en plein cœur de Paris, dans le 4e arrondissement.

Sommaire

Origine, localisation

Sur la droite, le quartier du cloître Notre-Dame, délimité par la cathédrale, la Seine et l'Hôtel-Dieu de Paris.
Plaque de la rue Chanoinesse.

La rue doit son nom au fait qu'elle était habitée par de nombreux chanoines, dignitaires ecclésiastiques appartenant au cloître de la cathédrale Notre-Dame voisine[1].

Délimité par la cathédrale, l’Hôtel-Dieu de Paris et la Seine, le cloître, dont la rue Chanoinesse était la principale artère, « formait comme une autre île, une autre cité, dans l’île de la Cité » (Charles Lefeuve[2]). Une maison de chanoine construite en 1512 est toujours visible au numéro 24[3].

Histoire

Rue Chanoinesse (anc. rue des Marmousets), Gravure de Maxime Lalanne

La rue Chanoinesse date de l'époque carolingienne. Les propriétés faisant partie de l’ancien cloître étaient exemptées d’impôt en vertu d’un édit de Charlemagne[4]. L'accès au cloître était interdit aux personnes étrangères à la communauté des chanoines et notamment aux femmes. Les nobles ont obtenu au XVe siècle le droit de louer les maisons des chanoines, bénéficiant ainsi d'une immunité face à la justice royale, ainsi que de l’exemption fiscale[5].

L'actuelle rue Chanoinesse a un temps porté, entre la rue de la Colombe et l'actuelle rue d'Arcole, le nom de rue des Marmousets (laquelle ne doit être confondue avec l'actuelle rue homonyme située dans le XIIIe arrondissement). L'une des quatre portes du cloître qui étaient fermées la nuit, la porte Marmouset, s'élevait en effet à l'angle de la rue de la Colombe[6]. Elle était encore visible en 1791[1].

Une anecdote remontant au XIe siècle illustre l'indépendance du cloître vis-à-vis de l'autorité royale[7] : « Louis, fils du roi Philippe Ier, avait fait abattre, de son autorité, partie d'une maison de cette rue des Marmousets près de la porte du cloître qui appartenait au chanoine Duranci : elle saillait trop à son gré et rendait peut-être le passage incommode. Le chapitre de Notre-Dame réclama en invoquant ses privilèges et immunités. Louis reconnut son tort, promit de ne plus rien attenter de semblable et consentit à payer l'amende qui fut fixée d'un commun accord. Ainsi le souverain, dans ce temps qu'on nous représente parfois sous d'aussi étranges couleurs, donnait le premier l'exemple en témoignant de son respect pour le droit[8]. »

Au XVIIIe siècle, ont été découvertes des pierres tombales provenant probablement des nombreuses églises du quartier aujourd'hui disparues. Ces pierres aux inscriptions en partie effacées ont été utilisées pour daller la cour du 26[9]. Ce numéro abrite également les restes de la nef de l'ancienne chapelle Saint-Agnan fondée en 1120[1].

Des vestiges du mur d'enceinte de Lutèce ont été trouvés rue Chanoinesse à la fin du XIXe siècle[10].

Habitants célèbres

Un certain nombre de personnages illustres, notamment des clercs, prêtres ou hommes de lettres, ont marqué la rue de leur empreinte.

Au XIIe siècle, l'emplacement du 10 était occupé par la maison du chanoine Fulbert qui donna pour précepteur à sa nièce Héloïse le philosophe Pierre Abélard[2].

Le poète Joachim du Bellay est mort le 1er janvier 1560 dans une maison qui se trouvait à l'angle des rues Chanoinesse et Massillon[4].

Le cardinal de Retz, archevêque de Paris de 1654 à 1662, célèbre mémorialiste et homme politique qui fut le chef de l'opposition à Mazarin pendant la Fronde, aurait fait du numéro 17 son quartier général[11],[12],[13].

Entre 1673 et 1676, le dramaturge Jean Racine habite au deuxième étage de l’hôtel des Ursins, situé au numéro 7 de la rue du même nom, donnant sur le 16 rue Chanoinesse[14],[15].

Le célèbre prédicateur Henri Lacordaire et le prêtre et écrivain Henri Brémond ont vécu respectivement aux numéros 17 et 16[16].

Dans le roman d'Honoré de Balzac L'envers de l'histoire contemporaine (1848), le héros, Godefroy, est logé chez Madame de la Chanterie, rue Chanoinesse[17].

Le journaliste Hubert Beuve-Méry, fondateur du quotidien Le Monde, passa son enfance au numéro 16[11].

Au XXe siècle, la partie Nord du numéro 12 a été louée à l’Aga Khan et à sa famille. Cet immeuble abrite une construction médiévale, laquelle a été remaniée au cours des années 1920[5].

Le numéro 8 abrite les locaux parisiens de l'École nationale de la magistrature (ENM).

Fait divers au Moyen-Age

La rue est connue pour avoir abrité, en 1387, les établissements voisins d'un barbier et d’un pâtissier, ce dernier vendant des pâtés en croûte préparés avec des morceaux de chair humaine fournis par le barbier[18]. Les deux criminels furent jugés et brûlés vifs à l'emplacement des deux échoppes. Cette histoire a fait l'objet d'une chronique en 1612[19].

La légende de Sweeney Todd, passée dans le folklore anglais, rappelle l'histoire de la rue Chanoinesse. Sweeney Todd est un personnage de fiction inspiré de faits plus ou moins avérés. Barbier londonien du XIXe siècle, il commettait des meurtres froidement et faisait disparaître les corps avec la complicité de sa maîtresse qui préparait des friands à base de chair humaine[20].

Notes et références

  1. a, b et c Félix et Louis Lazare, Dictionnaire des rues et monuments de Paris, 1855 : consulter en ligne.
  2. a et b Charles Lefeuve, Histoire de Paris rue par rue maison par maison, 1875 : consulter en ligne.
  3. Le 24 rue Chanoinesse sur parisavant.com.
  4. a et b La rue Chanoinesse sur parisrues.com.
  5. a et b Historique du restaurant le Bougnat.
  6. Histoire de la nomenclature des voies de Paris
  7. Bathild Bouniol, Les Rues de Paris : Biographies, portraits, Récits et Légendes. Bray et Retaux, Paris, 1872.
  8. Bathild Bouniol, Les rues de Paris; biographies, portraits, récits et légendes, 1872, texte intégral en ligne.
  9. Photographie des tombes effacées.
  10. Commission du Vieux Paris, Procès-verbal de la Commission du Vieux Paris, 28 janvier 1898, p. 6.
  11. a et b [PDF] Michel de Saint Pierre, Sous le soleil de Dieu, 1984, p.26.
  12. Marquis de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris - 4e arrondissement, 1910 : consulter en ligne.
  13. Société historique et archéologique des IIIe, IVe, XIe et XIIIe arrondissements de Paris : consulter en ligne.
  14. Le Cloître – Rue des Chantres, d'après Paris, 450 dessins inédits d'après nature, paru en 1890
  15. Charles Lefeuve, Histoire de Paris rue par rue maison par maison, 1875 : lire en ligne
  16. Marquis de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris - 4e arrondissement, 1910.
  17. « Sur les pas des écrivains Jean Racine à La Ferté-Milon et Paris » sur paris-pittoresque.com.
  18. Nathalie Tournillon, Légende et récits de Paris, p.87.
  19. Jacques du Breul, Le théatre des antiquitez de Paris, ou est traicté de la fondation des Eglises & Chapelles de la Cité, Université, Ville et Diocèse de Paris: comme aussi de l'institution du Parlement, fondation de l'université & collèges & autres choses remarquables. Paris, Chevalier, 1612.
  20. « « Sweeney Todd » : l'Edward de Burton revient en barbier sanglant » sur rue89.com.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Rue Chanoinesse de Wikipédia en français (auteurs)

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