Roberto Bolano

Roberto Bolano

Roberto Bolaño

Roberto Bolaño (né à Santiago du Chili le 28 avril 1953 et mort à Barcelone le 14 juillet 2003) est un poète et romancier chilien.

Sommaire

Biographie

Roberto Bolaño est né à Santiago du Chili, fils d'un chauffeur routier (qui était aussi boxeur) et d'une enseignante.[1] Avec sa sœur, ils passent leurs premières années sur la côte Sud du Chili. D'après ses dires, il était un enfant maigrichon, myope et plongé dans les livres, mais peu prometteur. Il était dyslexique et souvent brutalisé à l'école où il se sentait plutôt étranger.

En 1968, il suit sa famille à Mexico City. Renvoyé de l'école, il travaille comme journaliste et devient un militant de gauche.[2]

Un moment clé de la vie de Bolaño, mentionné sous différentes formes dans plusieurs de ses ouvrages, se déroula en 1973, quand il quitta Mexico pour le Chili, dans le but « d'aider à construire le socialisme » en supportant le régime de Salvador Allende. Après le coup d'état de Pinochet contre Allende, Bolaño est arrêté, suspecté d'être un terroriste et passa huit jours en détention[3]. Il fut sauvé par deux anciens camarades de classe qui étaient devenus gardiens de prison[4]. Bolaño décrit cette expérience dans "Carnet de Bal", tiré du recueil les Putains Meurtrières. D'après la version qu'il donne des faits, il ne fut ni torturé ni tué, comme il s'y attendait, mais « au petit matin, j'ai pu les entendre torturer les autres; je ne pouvais plus dormir et il n'y avait rien à lire d'autre qu'un magazine en anglais que quelqu'un avait abandonné là. Le seul article intéressant qu'il y avait, était à propos d'une maison qui avait autrefois appartenu à Dylan Thomas... J'ai pu sortir de ce bourbier grâce à une paire de détectives qui avaient été à l'école avec moi, à Los Angeles »[5][6]. Il reste encore quelques mois au Chili et se souviens du temps de « l'humour noir, l'amitié et le danger de la mort »[7]

Pour l'essentiel de sa vie jusqu'à la fin des années 1980, Bolaño fut un vagabond, vivant de temps à autre au Chili, au Mexique, au Salvador, en France et en Espagne.

Dans les années 70, Bolaño devient Trotskiste et membre fondateur de l'infra réalisme, un mouvement poétique mineur. Il se complait à parodier les attitudes du mouvement dans les Détectives Sauvages.[8]

Après un interlude au Salvador, passé en compagnie du poète Roque Dalton et les guérilleros du Front National de Libération Farbundo Marti[9], il revient à Mexico, mène une vie de poète bohème et d'enfant terrible de la littérature - « un provocateur professionnel craint par toutes les maisons d'édition même s'il n'avait rien à voir avec elles, explosant pendant les présentations littéraires et les lectures », se souvient Jorge Herralde, son éditeur. Son comportement erratique était autant lié à son idéal gauchiste qu'à son mode de vie chaotique.

Bolaño arrive en Europe en 1977 et, finalement, trouve sa place en Espagne où il se marie et s'installe sur la côte méditerranéenne près de Barcelone, travaillant comme plongeur, gardien de camping, groom et éboueur - travaillant le jour, écrivant la nuit. Au début des années 80, il s'installe à Banes, petite ville balnéaire de Catalogne[10].

Il continue avec la poésie, avant de se rabattre sur la fiction au début de sa quarantaine. Dans une interview, Bolaño indiquait qu'il avait pris cette décision car il se sentait devenu responsable du bien-être matériel de sa famille, et il lui était évident que les revenus d'un poète étaient insuffisants. Jorge Herralde le confirme, en expliquant que Bolaño « abandonne son mode de vie de beatnik parcimonieux » car la naissance de son fils en 1990 lui « fait rendre compte qu'il était responsable de l'avenir de sa famille et qu'il serait plus facile de gagner sa vie en écrivant de la fiction ». Malgré tout, il continue à se considérer avant tout comme un poète, et une série de ses vers, couvrant une vingtaine d'années, ont été publiés en 2000 sous le titre de Los perros románticos (les chiens romantiques).

En 2003, après une longue période de santé fragile et déclinante, Bolaño meurt, le 14 juillet. Il a été dit qu'il s'était adonné à l'héroïne et que la cause de sa mort était une maladie du foie provenant de l'hépatite C, qu'il aurait contractée à la suite du partage d'aiguilles pendant ses années de "fixes". Mais cela n'est pas certain et est remis en question, autant par sa veuve que par l'un de ses meilleurs amis, Enrique Vila-Matas[11]. « Il a crée son propre mythe », dit la femme avec qui il vivait peu avant sa mort, ce qui peut rendre sa biographie difficile à établir, en particulier sur ce sujet sensible[12]. Quoi qu'il en soit, ses œuvres étaient là, il souffrait d'un grave désordre hépatique et il était sur une liste d'attente de transplantation à sa mort[13].

Six semaines avant sa mort, les romanciers Latino Américains l'acclament comme le plus important romancier de sa génération durant une conférence internationale à Séville. Parmi ses plus proches amis, il y a avait les romanciers Rodrigo Fresán et Enrique Vila-Matas. Fresán y déclarait que « Roberto est devenu écrivain au moment où l'Amérique Latine a cessé de croire aux utopies, quand le paradis est devenu enfer, et que le sentiment de monstruosité et les cauchemars éveillés et l'envol permanent depuis quelque chose d'horrible a permis "2666" et toutes ces œuvres ». « Ses livres sont politiques », observe Fresán, « mais d'une manière qui est plus personnelle que militante ou démagogique, qui est plus proche de la mystique des beatniks que du "Boom" ». Selon Fresán, « il était d'un bloc, un écrivain qui travaille sans filets, qui se donnait à fond, sans freins, et en le faisant, il a crée une nouvelle manière d'être un écrivain Latino Américain »[14]. Larry Rohter du New York Times disait que Bolaño plaisantait à propos du « posthume », disant que le mot « résonne comme le nom d'un gladiateur romain, un de ceux qui est invaincu, et il serait sans doute amusé de voir combien sa cote a augmentée depuis sa mort »[15].

À propos de son pays natal, qu'il n'a visité qu'une seule fois après son exil volontaire, Bolaño a des sentiments contradictoires. Il était célèbre au Chili pour ses attaques féroces contre Isabel Allende et les autres membres de la littérature établie. « Il ne tenait pas au Chili, et le rejet qu'il a connu le laissait libre de dire tout ce qu'il voulait, ce qui est un bonne chose pour un écrivain », commente le romancier et auteur de théâtre chilien Ariel Dorfman.

Bolaño laisse derrière lui sa femme espagnole et leur deux enfants, qu'il a nommés une fois « sa seule patrie ». Dans sa dernière interview, publiée par l'édition Mexicaine du magazine Playboy, Bolaño avouait qu'il se considérait lui-même comme Latino Américain, ajoutant que « mon seul pays, ce sont mes deux enfants et, peut-être, en second lieu, des moments, des rues, des visages ou des livres qui sont en moi ». Bolaño a prénommé son fils Lautaro, d'après le chef Mapuche Lautaro qui résista aux espagnols lors de la conquête du Chili, ainsi qu'il est relaté dans le récit épique La Araucana. Sa fille est prénommée Alexandra.

Œuvre

Bien qu'il se soit toujours senti profondément poète, dans la lignée de Nicanor Parra, sa réputation s'est bâtie sur ses romans et nouvelles[16]. Malgré son style de vie de poète bohémien et d'enfant terrible de la littérature durant toute sa vie, il a commencé seulement ses œuvres de fictions dans les années 1990. Il devint immédiatement un des personnage clé de la littérature espagnole et latino américaine.

Il publie à la suite une série d'œuvres acclamées par la critique, dont les plus importantes sont le roman Los detectives salvajes (Les détectives Sauvages), la novella Nocturno de Chile (Nocturne du Chili), et le roman posthume 2666. Ses deux séries de nouvelles Llamadas telefónicas and Putas asesinas ont été récompensées par des prix littéraires. En 2009, plusieurs romans non publiés ont été découverts dans les archives de l'auteur.

Il a obtenu le prix Herralde en 1998 et le prix Romulo-Gallegos en 1999.


Bibliographie

En français

Fiction

La plupart de ses œuvres ont été traduites en français chez Christian Bourgois, et sont en cours de réédition en poche dans la collection « Titres » du même éditeur.

  • 2002. Amuleto (Amuleto, 1999) – court roman
  • 2002. Étoile distante (Estrella distante, 1996) – court roman
  • 2002. Nocturne du Chili (Nocturno de Chile, 2000) – court roman
  • 2003. La Littérature nazie en Amérique (Literatura nazi en América, 1996) – nouvelles
  • 2003. Des putains meurtrières (Putas asesinas, 2001) – nouvelles
  • 2004. Anvers (Amberes, 2002, écrit en 1983) – court roman
  • 2004. Appels téléphoniques (Llamadas telefónicas, 1997) – nouvelles
  • 2004. Le Gaucho insupportable (El gaucho insufrible, 2003) – nouvelles (plus 2 essais)
  • 2004. Monsieur Pain (Monsieur Pain, 1999) – roman
  • 2005. La Piste de glace (La pista de hielo, 1993) – roman
  • 2006. Les Détectives sauvages (Los detectives salvajes, 1998) – roman
  • 2008. 2666 (2666, 2004) – roman
  • 2009. Le secret du mal (El secreto del mal, 2007) – nouvelles
  • 2009. Conseils d'un disciple de Morrison à un fanatique de Joyce (Consejos de un discípulo de Morrison a un fanático de Joyce, 1984) - roman

Sources

  • Karim Benmiloud et Raphaël Estève (coord.) Les astres noirs de Roberto Bolaño. Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2007.
  • Patricia Espinosa H. Territorios en fuga: estudios criticos sobre la obra de Roberto Bolaño. Providencia (Santiago), Ed. Frasis, 2003.
  • Celina Manzoni (coord). Roberto Bolaño, la escritura como tauromaquia. Buenos Aires, Corregidor, 2002.
  • Celina Manzoni, Dunia Gras, Roberto Brodsky. Jornadas homenaje Roberto Bolaño (1953-2003): simposio internacional. Barcelona , ICCI Casa Amèrica a Catalunya, 2005.
  • Fernando Moreno (coord.). Roberto Bolaño, una literatura infinita. Poitiers, Université de Poitiers, 2005.
  • Bolaño por sí mismo. Entrevistas escogidas. Santiago de Chile, Ediciones Universidad Diego Portales, 2006.

Références

  1. Goldman, Francisco. "The Great Bolaño", New York Review of Books, 19 July, 2007
  2. Rohter, Larry. 'A Writer whose Posthumous Novel Crowns an Illustrious Career', New York Times, August 9, 2005
  3. Schama, Chloe. 'Dust and Literature',The New Republic, May 8, 2007 Inaccessible actuellement
  4. Unofficial biography of Bolaño at mundoandino.com
  5. American PEN reproduction of "Dance Card"
  6. http://www.lmda.net/itw/itw.html Perdant magnifique
  7. garciamadero.blogspot.com
  8. Account of infrarrealismo by JD Adamski
  9. http://venepoetics.blogspot.com/2007/03/poor-poets-roque-dalton-and-roberto.html
  10. http://garciamadero.blogspot.com/2008/10/in-sonora.html
  11. http://www.conversationalreading.com/2008/12/bolano-and-hero.html
  12. http://slog.thestranger.com/slog/archives/2009/01/28/was_roberto_bola_o_a_heroin_u
  13. http://www.barcelonareview.com/63/e_dl.html
  14. http://www.bookcourt.org/roberto-bolano/
  15. Rohter, Larry. 'A Writer whose Posthumous Novel Crowns an Illustrious Career,' New York Times, August 9, 2005
  16. Account of Bolaño's poetry by Ben Ehrenreich at poetryfoundation.org
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