Religion abrahamique

Religion abrahamique
La caravane d'Abraham, par James Tissot vers 1900. Jewish Museum, New York.

L'expression religion abrahamique désigne principalement le judaïsme, le christianisme et l'islam dont les écritures, c'est-à-dire la Bible et le Coran, évoquent la figure d'Abraham[1]. Cette expression est notamment employée dans des études portant sur les liens historiques, géographiques, culturels et doctrinaux entre ces trois religions. Selon que ces travaux se situent dans le champ de l'étude historique des religions, celui d'une théologie inter-religieuse ou bien d'une théologie propre à l'un de ces courants religieux, la portée de l'expression « religions abrahamiques » peut être envisagée de manière sensiblement différente, et la pertinence de l'employer peut être contestée[2].

Les religions abrahamiques se sont progressivement développées depuis un espace géographique compris entre l'Égypte, la Grèce, la Mésopotamie et l'Arabie. Les parentés entre ces religions reposent d'abord sur celles de leurs écritures et de leurs traditions. Le christianisme a conservé le Tanakh judaïque qu'il a complété par le Nouveau Testament. Dans l'islam, le Coran remplace toutes les écritures antérieures. Cependant il reprend des éléments des écritures et des traditions judaïques et chrétiennes, notamment la figure d'Abraham. Les parentés entre le judaïsme, le christianisme et l'islam se perçoivent aussi dans le développement de leurs traditions philosophiques, qui se sont influencées réciproquement tout au long de l'histoire. Ainsi, des auteurs tels qu'Augustin d'Hippone, Anselme, Avicenne, Averroès, Maïmonide, Thomas d'Aquin, Spinoza, etc. ont en commun de faire partie d'un univers philosophique et religieux ayant conservé, transmis et développé la philosophie de la Grèce antique. Entre les auteurs juifs, chrétiens et musulmans, les influences n'étaient pas arrêtées par la barrière des confessions[3].

Actuellement, les cultures et les religions de 3,5 milliards d'individus s'inscrivent principalement dans ce que l'on désigne comme religions abrahamiques.

Sommaire

Étude comparée du judaïsme, du christianisme et de l'islam

De l'islamologie à l'étude des religions

Mahomet conduisant les prophètes de l'islam, dont Abraham, Moïse et Jésus, dans la prière. Illustration d'un manuscrit médiéval persan.

Dans les années 1970-1980 se sont multipliées les initiatives visant à étudier ou à présenter conjointement le judaïsme, le christianisme et l'islam[2]. Cette manière relativement nouvelle d'aborder les traditions judéo-chrétiennes et l'islam apparaît dans le contexte historique de décolonisation et de l'intensification du conflit israélo-palestinien. Les premières initiatives de ce genre sont signées d'islamologues, tels que Henri Corbin (1903-1978), Roger Arnaldez (1911-2006) ou Denise Masson (1901-1994), dont les œuvres avaient été reconnues et saluées des deux rives de la Méditerranée. À la suite de Louis Massignon (1883-1962), ils faisaient partie d'un milieu d'intellectuels catholiques qui se sont engagés pour une meilleure compréhension et estime réciproque entre chrétiens et musulmans[4]. C'est dans leurs écrits que l'on commence à parler de « religions du livre » ou de « religions d'Abraham » pour traiter de ce qui était alors envisagé comme « religions monothéistes ».

Dans les années 1970, un groupement d'universitaires dénommé « Université saint-Jean de Jérusalem » et consacré à la recherche sur les « religions du livre », avait été créé à l'initiative d'Henri Corbin[5]. Le même Henri Corbin a ensuite participé à la création du Centre d'études pour les religions du Livre à l'École Pratique des Hautes Études[6].

En 1983, Roger Arnaldez a publié Trois messager pour un seul Dieu[7]. La même année, Denise Masson faisait elle aussi apparaître le chiffre trois dans le titre de son livre : Les trois voies de l'unique[8]. Elle insistait dans ce livre sur les points communs des révélations, notamment la figure d'Abraham[4]. Cette façon d'envisager trois religions monothéistes à partir des expressions « religion d'Abraham » ou « religion du livre », issues de l'islam dépasse rapidement le cadre des travaux des islamologues et se développe dans des publications de théologie chrétienne. Ainsi, en 1987, le théologien protestant Gérard Siegwalt a proposé de parler de « trois religions abrahamiques » au sens où les trois religions monothéistes comporteraient une référence normative à la foi d'Abraham[9]. La même année était lancée la collection Fils d'Abraham par le centre d'études biblique de l'Abbaye bénédictine de Maredsous en Belgique. Le volume introductif de cette collection porte le titre de Fils d'Abraham. Panorama des communautés juives, chrétiennes et musulmanes.[10] L'expression « religion abrahamique » devient ensuite très fréquente, elle est employée par exemple dans un collectif de 1999 dirigé par Joseph Doré[11]. La proposition de parler de religions abrahamique est renouvelée par le dominicain Claude Greffré dans un essais de « théologie interreligieuse » publié en 2006[12].

Aux États-Unis, ce même thème a été l'objet d'un collectif publié à New-York. Le judaisme, le christianisme et l'islam y sont considérés comme « trois vois vers un seul Dieu ». Douze représentants des trois principales religions monothéistes y cherchaient une compréhension commune de leur foi et s'interrogeaient sur le rôle des religions monothéistes dans la situation géopolitique de l'époque[13] Enfin, il est encore possible de signaler l'ouvrage du psychanalyste Daniel Sibony, auteur issu d'une famille juive marocaine, intitulé Les trois monothéismes, Juifs, chrétiens et musulmans, entre leur sources et leurs destins.[14]. Celui-ci semble le premier à avoir fait paraître l'expression « trois monothéismes » dans un titre de livre[2].

Trois expressions pour désigner trois religions

Symboles de trois religions : le judaïsme (en haut), le christianisme (à gauche) et l'islam (à droite).

Dans Du Dieu des chrétiens, et d'un ou deux autres, Rémi Brague commente les trois expressions les plus couramment employées aujourd'hui pour désigner conjointement le judaïsme, le christianisme et l'islam : « les trois monothéismes », « les trois religions d'Abraham » et « les trois religions du livre »[2]. Ces expressions mettent en avant des caractéristiques communes aux trois religions. Toutes trois ont en effet un livre, elles font référence à Abraham et elle reconnaissent un Dieu unique. Cependant Rémi Brague estime que ces expressions sont « trompeuses et dangereuses » car elles suggèrent que ces trois religions ont en commun ce que visent ces expressions, alors que leur manière d’être monothéiste, de se référer à Abraham ou d’avoir un livre sont précisément des « pommes de discordes ». Ces expressions auraient ainsi tendance à masquer ce qui pose problème dans les rapports entre ces religions en les réduisant aux plus petits dénominateurs communs, ces derniers n'étant d'aucune des trois religions. Inversement, ce qu'il est possible de compter comme religions abrahamiques, religions du livre ou religions monothéiste dépasse largement le cadre des trois religions pour lesquelles ces expressions ont été forgées[2].

L'expression « religion du livre » peut être considérée comme une extrapolation de celle de « gens du livres » qui se trouve dans le Coran et qui semble y désigner les juifs et les chrétiens[6]. Le livre des « religions du livre » serait alors la Bible, c'est-à-dire un ensemble de livres. Mais puisque l'on qualifie, non pas seulement le judaïsme et le christianisme, mais aussi l'islam de « religion du livre », cette expression ne peut plus faire référence à l'idée coranique de « Gens du livre », car le livre des Musulmans n'est pas la Bible mais le Coran. Comprise en ce sens, l'expression « religion du livre » ne désigne plus seulement les religions qui ont la Bible, mais toutes les religions qui ont des écritures, c'est-à-dire la quasi-totalité des religions postérieures à l'invention de l'écriture[2].

Pour Pierre Gisel, judaïsme, christianisme et islam « présentent trois manières différentes d'être religion du livre. » Non seulement par ce que ni leurs livres, ni leur vision de Dieu, de l'humain, du monde ou de leur rapports ne sont identiques, mais aussi parce que « le statut du livre n'est pas identique dans les trois dispositions religieuses qui y sont liées »[15]. Selon Pierre Gisel, « L'islam est par excellence une religion d'un livre : il naît du Coran et s'appuie sur lui. »[16] Dans l'islam toutes les écritures antérieures ont été supprimées et remplacées par le Coran. Le statut de religion du livre est plus complexe à saisir pour le judaïsme et le christianisme. Ils peuvent être pensés comme religions de la parole plutôt que du livre. S'il fallait trouver des expressions pour le judaïsme et le christianisme qui ait la porté de celle de « religion du livre » pour l'islam, il serait plus exacte de parler de « religion de la Thora » pour le judaïsme et de « religion du Christ » pour le christianisme.

De la même manière l'expression « religions d'Abraham » est ambiguë car elle n'a pas nécessairement la même valeur dans les différentes religions. Dans le Coran, elle désigne clairement le monothéisme[17], et c'est à partir du Coran que se prend l'équivalence entre « religion d'Abraham » et « religion monothéiste ». La figure d'Abraham n'est cependant pas spontanément associable au monothéisme dans le judaïsme et le christianisme. Elle est plutôt de l'ordre de celle du « père du peuple juif » dans le judaïsme[18], tandis que dans le christianisme, interprétée à partir de la Lettre aux Hébreux, Abraham est l'image exemplaire du croyant, la foi relevant ici de la confiance et de l'obéissance, cependant « il ne s'inscrivait encore nullement dans l'exigence monothéiste du Dieu unique de tous les hommes. »[19]

Combien de religions ?

L'expression « religion d'Abraham » peut se comprendre à partir de l'idée d'une descendance d'Abraham. Cette idée est présente dans la Bible comme dans le Coran. Les religions d'Abraham sont alors les religions de tous ceux qui se reconnaissent dans la descendance d'Abraham. Si l'on considère que le champs d'étude des religions dites abrahamiques est celui des religions s'étant développées en rapport et à partir de la tradition juive, il semble nécessaire de considérer beaucoup plus que trois religions. C'est le parti pris de la collection « Fils d'Abraham » qui s'est donnée pour but d'étudier les religions se rapportant au judaïsme, au christianisme et à l'islam. Cette collection réparti des ouvrages chacun consacré à une des « religions d'Abraham » selon un arbre généalogique. Parmi celles considérée comme des religions issues de l'islam figurent : la religion des Druzes, une religion née de l'islam chiite ismaélien entre les IXe et Xe siècles ; le sikhisme, né en Inde au XVIe siècle et qui reprend le monothéisme de l'islam tout en ayant se racines dans l'univers culturel et religieux de l'Inde ; ou encore, le Bahaïsme né au XIXe siècle des écrits et de l'expérience spirituelle de Baha'u'llah[20].

Dans ces religions issues du monde musulman, le Coran n'occupe pas la place centrale et décisive qu'il tient dans le chiisme et le sunnisme. Se pose alors la question de savoir si ces religions peuvent être considérées sans ambiguïtés comme étant de l'islam. La question se pose en particulier pour les Druzes qui sont considérées comme un islam hétérodoxe dans la mesure où on les situe dans l'islam. Le bahaïsme se considère quant à lui comme une religion plus nettement distincte de l'islam, le Coran y étant abolit tout comme la charia. Le Bahaïsme se présente comme religion d'Abraham au même titre qu'il serait religion d'Adam, de Moïse, de Jésus ou de Mahomet, chacune de ces figures étant une « Manifestation » :

« Régulièrement, Dieu envoie à l'humanité une Manifestation adaptée aux besoins du temps et au degrés d'avancement de la civilisation. Adam fut la Manifestation de l'âge préhistorique ; puis vinrent Noé, Abraham, Moïse, Bouddha[21], Zoroastre[21], Jésus, Muhammad et enfin, le Bab et Baha'u'llah. Plus récemment, les Baha'is ont pris l'habitude - un peu curieuse - d'inclure dans cette théorie la figure mythique de Krishna[21]. »

— Christian Cannuyer, Les Baha'is, 1987.

La difficulté de délimiter le champs de ce que seraient les religions abrahamiques se pose aussi pour les religions chrétiennes. Au IIIe siècle, le manichéisme reprenait des éléments du christianisme mais la figure de Jésus y était interprétée en rapport à des révélations reçues par Mani et non reconnues par les chrétiens. À l'époque moderne, suite au mouvement de « confessionnalisation » lié à la Réforme protestante sont nées de très nombreuses Églises[22]. Malgré leurs divisions, la plupart des églises chrétiennes se reconnaissent mutuellement comme chrétiennes, ce qui s'expriment dans le monde protestant par l'appartenance à des Conseils d'Églises, ou entre catholiques, orthodoxes et protestants par la participation à différents instance de dialogue œcuméniques. Il existe cependant des courants religieux qui n'ont pas ou ne cherchent pas cette reconnaissance de sorte qu'elle peuvent être considérées comme d'autres religions. Par exemple, la plupart des église chrétiennes reconnaissent ainsi comme chrétiens ceux qui ont été baptisé « au nom du père, du Fils et du Saint Esprit ». Les baptêmes des Mormons et des témoins de Jéhova sont faits selon d'autres formules. L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a cependant tout ce qu'il faut pour être considérée comme religion du livre ou religion d'Abraham. Fondée par Joseph Smith en 1830, elle dispose d'écritures qui lui sont propres tout en ayant conservé la Bible chrétienne. Les membres de cette Église considèrent les écritures qui leur sont propres comme très anciennes en ce qu'elle seraient des traductions inspirées de manuscrits antiques. Parmi ces textes se trouve le livre de Mormon, d'où vient le nom de Mormons donné aux membres de cette religion, mais aussi le livre d'Abraham, une traduction par Joseph Smith de manuscrits égyptiens tenus pour avoir été écrits par Abraham lui-même.

Si l'on se contente de chercher à comprendre comment l'expression religions du livre pourrait s'appliquer au judaïsme au christianisme et à l'islam comme à trois religions du livre, Rémi Brague propose de considérer plutôt le chiffre de « deux et demi » ce qui évite de compter deux fois le même livre, dans la mesure où le christianisme à en commun avec le Judaïsme, les livres formant l'Ancien Testament dans les Bibles chrétiennes.

Religions occidentales

Carte indiquant la prévalence des religions occidentales et orientales.

En plus des expressions, « religions monothéistes », « religions d'Abraham » et « religions du livre », est parfois employée celle de « religions occidentales », plus particulièrement dans des études nord-américaines[1].

Cette expression désigne elle aussi, principalement le judaïsme, le christianisme et l'islam. Elle a l'avantage de se contenter de signaler leur origine géographique commune[1]. On parle alors de « religions occidentales » comme il est possible de parler de religions orientales pour l'Asie du sud et de l'est[23] ou des religions amérindiennes pour l'Amérique précolombienne, ou encore des religions de l'Afrique subsaharienne. L'inconvénient est que, si aujourd'hui il est possible de parler d'Occident au sens large pour le distinguer de l'Asie du sud et de l'est, d'autres lignes de partage entre Orient et Occident peuvent se concevoir. Celles-ci partagent autant le monde de tradition chrétienne pour lequel ont parle de tradition latine et de tradition orientale, ou bien l'islam qui est envisagé principalement comme étant à l'Orient de l'Europe, bien qu'avec le Maroc et la civilisation arabo-andalouse, il soit aussi possible de considérer un islam occidental.

La religion d'Abraham

Origines

Les origines du judaïsme, ou de la religion abrahamique ancestrale, restent obscures. La seule source considérée par toutes les religions abrahamiques comme canonique à traiter de la question est le Livre de la Genèse, premier livre de la Bible hébraïque, daté selon l'historiographie juive traditionnelle du second millénaire avant l'ère commune (les académiciens, tenants de la critique radicale et s'appuyant sur les données de l'archéologie, penchent quant à eux généralement pour le septième siècle avant l'ère commune au plus tôt).

Selon le récit biblique, le monothéisme fut la croyance originelle du premier couple, Adam et Ève. Ce système fut corrompu à l'époque d'Enosh, leur petit-fils, ne subsistant que chez une poignée d'individus, dont Noé et ses fils, puis, quelques générations plus tard, Melchisédek. Selon la tradition juive, qui entend combler les silences de la Bible sur le sujet, Abraham, fils d'un marchand d'idoles, remet en cause le système de croyance de son époque dès l'âge de trois ans et finit par redécouvrir le monothéisme de lui-même à l'âge de quarante ans. Les principes de l'hébraïsme sont révélés progressivement à ses descendants, Ismael Isaac et Jacob (également appelé Israël) ; cependant, les rituels et le culte ne sont codifiés que lors de la Révélation sur le Mont Sinaï, où Moïse et le peuple reçoivent le Décalogue. L'hébraïsme se constitue en judaïsme au retour de la captivité de Babylone, imprimant à ce rite le message éthique des prophètes de Dieu, ayant prêché entre la mort de Moïse et le retour des exilés judéens en Judée.

Les archéologues n'ont jusqu'ici trouvé aucune preuve directe permettant de confirmer ou infirmer cette version des faits. Les quelques inscriptions comme les stèles de Tel Dan et de Mesha, permettant, selon certains experts, de confirmer une partie des récits bibliques qui font référence à la période de la royauté, bien postérieure à l'époque des patriarches. Il ne subsiste aucun texte complet de la Bible hébraïque qui serait plus ancien que les manuscrits de la mer Morte (IIe siècle av. J.‑C., au plus tôt).
Néanmoins, l'archéologie a démontré que des peuples parlant divers langages sémitiques et pratiquant des religions polythéistes similaires vivaient au pays de Canaan et dans les environs, dès le IIIe millénaire avant l'ère commune. Certains de leurs dieux, dont Baal et Chemosh, sont mentionnés dans la Bible.

Les Patriarches avant Abraham

Il existe six figures notables dans la Bible avant Abraham : Adam et Ève, leurs deux fils Caïn et Abel, Enoch, et son petit-fils, Noé, qui, selon l'histoire, a sauvé sa propre famille et toute la vie animale dans l'arche de Noé. Il n'est pas certain que ces personnages aient laissé un quelconque code moral — avec quelques églises chrétiennes maintenant la foi en livres antiques comme le livre d'Enoch -- mais la Genèse mentionne les lois noahides données par Dieu à la famille de Noé. Pour la plupart, ces patriarches incarnent des archétypes comportementaux, « bons » ou « mauvais » (dans le cas de Caïn).

Le « Tombeau des Patriarches » à Hébron, vu de l'angle sud de la mosquée

Dans le livre de la Genèse, Abraham est spécifiquement chargé de quitter la ville historique d'Ur en Mésopotamie, pour que la volonté de Dieu « fasse de vous une grande nation ».

Selon la Bible, le patriarche Abraham (ou Ibrahim, en langue arabe) a eu huit fils de trois épouses : l'un (Ismaël) de Hagar, la domestique de son épouse, un autre (Isaac) de son épouse Sarah, et six d'une autre épouse, Ketourah.

Moïse, Jésus, Mahomet, et d'autres personnages se réclament être de la descendance d'Abraham par l'un de ces fils : selon les Juifs, Abraham est l'ancêtre du peuple d'Israël, par ses descendants Isaac et Jacob.

Les chrétiens voient en Abraham un exemple de la foi, et une préfiguration du sacrifice de Jésus, fils de Dieu, par son Père, ce même Jésus par lequel Dieu a promis de bénir toutes les familles de la terre.

Les musulmans, et les mouvances qui en dérivent, comme le mouvement Baha'i, le sikhisme et d'autres, se considèrent comme descendants, biologiques ou spirituels, d'Ismaël. En outre, les musulmans se réfèrent aux chrétiens et aux juifs (entre autres) comme les « Gens du Livre » (c'est-à-dire la Bible). Ces Gens du Livre ne peuvent être pris pour esclaves.

Tous voient Abraham comme l'un des plus importants prophètes envoyés par Dieu. Ainsi Abraham représente pour certains, un point de vulgarisation qu'ils cherchent à souligner au moyen de cette terminologie.

Ainsi, plutôt que d'être la seule « figure fondatrice », Abraham est plus correctement décrit comme le premier personnage de la Genèse qui (a) n'est pas d'origine divine (directe), comme le sont Adam, Ève et leurs enfants -- il descend au contraire d'idolâtres; (b) est accepté par les trois grandes fois monothéistes comme un acteur important dans la fondation de leur civilisation ; et (c) n'est pas présenté comme l'ancêtre génétique de toute l'humanité (comme Adam et Noé).

Abraham

« Tombeau d'Abraham » à Hébron

Selon la tradition juive, Abraham fut le premier individu de l'ère postdiluvienne (c'est-à-dire postérieure au Déluge relaté dans la Genèse, avec le personnage biblique de Noé) à rejeter l'idolâtrie à la suite d'une analyse rationnelle (alors que Shem et Eber ne faisaient que perpétuer la Tradition de Noé). C'est pourquoi il représente tant une étape qu'une figure fondamentales pour les religions monothéistes. En ce sens, religion abrahamique serait synonyme de religion monothéiste, cependant tous les systèmes monothéistes ne sont pas abrahamiques.
Dans l'islam, il est considéré comme le premier monothéiste, et il est souvent mentionné comme Ibrahim al-Hanif, Abraham le Monothéiste.

Dans la Bible hébraïque et le Coran, Abraham est décrit comme un patriarche (la tradition juive le nomme Avraham Avinou, Avraham notre père, et les convertis au judaïsme sont souvent appelés Ploni ben Avraham Avinou), béni par Dieu, qui lui a fait de grandes promesses.

Il est pour les Juifs et les chrétiens l'ancêtre du peuple d'Israël via son fils Isaac, et pour les musulmans, l'ancêtre des Arabes via son fils Ismaël.

  • Dans la tradition juive, Abraham représente la Midat ha'Hassed, l'attribut de générosité, qui parle peu et fait beaucoup.
  • Dans la tradition chrétienne, Abraham est un modèle de foi, et son intention d'obéir à Dieu en offrant Isaac est considérée comme préfigurant Dieu offrant Son fils, Jésus.
  • Dans la tradition musulmane, Abraham (Ibrahim) a obéi à Dieu en voulant offrir Ismaël, et est considéré comme l'un des plus importants prophètes envoyés par Dieu.

Les trois religions abrahamiques

Les religions abrahamiques proviennent plus ou moins directement du judaïsme tel qu’il est pratiqué dans les anciens royaumes d’Israël et de Juda avant l’exil à Babylone, au début du Ier millénaire av. J.‑C. On pense généralement que le judaïsme de l’Israël décrit par la Bible fut réformé au VIe siècle av. J.‑C. par Esdras et d’autres prêtres en Israël revenus d’exil. Le samaritanisme se sépara du judaïsme au cours des siècles suivants.

Le christianisme prend sa source en Judée, à la fin du Ie siècle, en tant que branche complètement réformée du judaïsme ; il s’étend à la Grèce antique et à Rome, et de là à toute l’Europe, puis plus tard au monde entier. Au cours des siècles le christianisme s’est scindé en de nombreuses Églises et dénominations. Un schisme important a lieu au Ve siècle entre les Églises catholiques orientales et l’Église catholique romaine centrée sur Rome. D’autres schismes majeurs survinrent, comme le Grand Schisme d'Orient au XIe siècle, séparant l’Église catholique romaine des Églises orthodoxes ; puis la Réforme protestante au XVIe siècle, qui donna naissance à des centaines de dénominations protestantes.

L'islam débute au VIIe siècle, dans les cités arabes de La Mecque et de Médine. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une branche dissidente du judaïsme ni du christianisme, il affirme explicitement être autant un prolongement qu'un remplacement de ces doctrines, et se fait l'écho de beaucoup de leurs principes. Selon la foi musulmane, le Coran fut le dernier mot de Dieu et son message est celui de tous les prophètes. Comme exemple de similarité entre les fois, les musulmans croient en une version de l'histoire de la Genèse et en la lignée directe des Arabes depuis Abraham via Ismaël, fils de celui-ci et sa servante Hagar.

Identité abrahamique

L'identité abrahamique est explicite dès l'origine dans l'islam: le Coran l'appelle « la religion d'Abraham[24] ». L'islam se présentant comme un retour à la soumission à Dieu, conformément à ce qu'était Abraham, le modèle musulman (c'est-à-dire, soumis à la volonté de Dieu), et par opposition aux juifs et aux chrétiens qui n'auraient pas voulu répondre à son appel. Pour le droit musulman, l'ensemble des héritiers d'Abraham sont juridiquement des gens du livre (arabe : ahl al-kitâb اهل الكتاب), et ont droit à ce titre à un statut spécial.

Le catholicisme n'aurait explicitement accepté le regroupement abrahamique que très tardivement, à partir du concile de Vatican II et de sa déclaration Nostra Ætate. Nostra Ætate rappelle que Allah est le même dieu que celui d'Abraham dans l'Ancien Testament, et que les chrétiens et les musulmans partagent la foi abrahamique ; en conséquence, l'Église catholique déclare qu'elle estime les musulmans pour leur adoration d'un seul dieu qui a parlé aux hommes.

L'identité abrahamique ne semble pas reconnue en tant que telle par le monde juif.

Le monothéisme

Le judaïsme et l'islam rendent un culte à un Dieu unique, dont ils ont une conception strictement monothéiste : un Être Un et Unique. Le christianisme considère Dieu comme Un et trinitaire, conception que les deux autres religions ne partagent pas.

Judaïsme

Article détaillé : Judaïsme.

La théologie juive est basée sur la Bible hébraïque, où la « nature » et les commandements de l'Être suprême sont révélés au travers des écrits de Moïse (la Torah, connue dans le christianisme comme le « Pentateuque » et comme la Tawrat par l'islam), ceux des prophètes, des psalmistes et d'autres écrits canonisés avec la Torah, formant le corpus du Tanakh (l'Ancien Testament pour les chrétiens).

Le judaïsme rabbinique se fonde également sur sa Loi orale, consignée dans la Mishna et les Talmuds; le judaïsme karaïte n'accorde de créance qu'au seul Tanakh.

Ce Dieu est désigné dans la Bible hébraïque de différentes façons, les deux plus fréquentes étant un Tétragramme ineffable formé des lettres Y-H-W-H et souvent rendu par Adonaï pour les usages rituels, HaShem pour les usages profanes; et Elohim. Les Juifs francophones l'appellent aussi tout simplement "Dieu", traduction d'Elohim.

Certains remplacent le H () par un K (), Elohim devenant Elokim, et écrivent « D'ieu », « D.ieu », « D », etc. en égard au Nom divin. De nombreux rabbins et décisionnaires, en majorité sépharades déconseillent ces pratiques.

Christianisme

Article détaillé : Christianisme.

Les chrétiens croient au Dieu du peuple juif tel qu'il est décrit dans le Tanakh. Mais, selon le christianisme, Dieu a engendré un Fils unique, Jésus-Christ, « Dieu né de Dieu ». La Trinité est formée de trois « hypostases » en grec ancien. Dieu « a pris chair de la Vierge Marie », de par le Saint-Esprit, « et s'est fait homme ».

Cette théologie a été développée par les premiers Pères de l'Église, puis codifiée lors des conciles œucuméniques, notamment ceux de Nicée et de Chalcédoine.

Plusieurs Églises chrétiennes minoritaires ne reconnaissent pas le concile de Chalcédoine et se définissent comme « non chalcédoniennes », ou orthodoxes orientales. D'autres rejettent l'unitarisme.

Selon le point de vue du judaïsme et de l'islam, la Trinité chrétienne est une forme de polythéisme.

Islam

Article détaillé : Islam.

Allah est la traduction arabe standard pour « Dieu ». La tradition musulmane décrit également ses 99 noms.

Les musulmans croient que le Dieu des chrétiens, des juifs et des musulmans est le même : nommé Allah. Jésus est vu comme un grand prophète, mais pas le fils de Dieu. Il n'aurait pas été crucifié, ni tué et serait monté au ciel dans le but de revenir sur la Terre afin de détruire l'Antéchrist le dernier jour. Tous les prophètes descendant d'Abraham du judaïsme et du christianisme sont aussi considérés comme des prophètes dans l'islam. Mahomet serait un descendant direct d'Abraham et le dernier prophète, cependant il descend d'Ismaël, fils d'Abraham et de Hagar. Les prophètes descendant d'Ismaël ou d'Isaac sont tous considérés comme frères.

La Torah et les Évangiles sont vus comme des livres sacrés, mais erronés et modifiés artificiellement (du fait d'erreurs de transmission dus au temps entre l'écriture et la réception de ces paroles, d'une part, et d'autre part de façon intentionnelle ou non par des savants juifs et chrétiens). Les musulmans révèrent le Coran jugée parole divine finale et parfaite, transmise par le dernier prophète, Mahomet. Contrairement aux autres livres, le Coran aurait été écrit à la mort de Mahomet sans modification humaine selon certaines sources, ou même de son vivant selon d'autres, notamment les sources du hadith comme le recueil d'Elboukhari[25],[26]. L'islam est donc perçu par les musulmans comme la continuité du judaïsme et du christianisme, avec l'ultime correction.

Écritures saintes

Les trois religions abrahamiques reposent sur des écrits.

Certains de ces textes sont considérés comme la Parole de Dieu, donc sacrés et ne pouvant être remis en question.

D'autres sont le fruit d'hommes religieux. Ces écrits sont vénérés principalement par la tradition et dans la mesure où ils sont considérés comme inspirés, si ce n'est dictés, par Dieu.

La controverse ptoléméo-copernicienne nécessita, dans la religion chrétienne, des travaux théologiques, et il fallut à la fois revenir aux sources des Écritures et réviser leur interprétation.

Judaïsme

Les Écritures sacrées du judaïsme sont le Tanakh. Ce mot est un acronyme qui signifie Torah (c'est-à-dire les « Cinq Livres de Moïse », intitulés « Pentateuque » pour les chrétiens), Nevi'im (Prophètes) et Ketouvim (Écrits).

Le Tanakh est également connu sous le nom de Bible hébraïque, appellation plus utilisée dans les milieux juifs et académiques que celle d'« Ancien Testament », qui relève des notions chrétiennes de Nouveau Testament et de « Verus Israel ».

Le Tanakh fut étudié et augmenté par une tradition orale : le Midrash, la Mishna, les Talmuds, ainsi que la littérature rabbinique ultérieure, qui fut déclarée faisant autorité à l'égal de la Torah. Cette position ne fut toutefois acceptée que par le pharisaïsme et par les mouvances issues de celui-ci, dont le judaïsme actuel, dit « rabbinique ». D'autres courants, tels le sadduçaïsme puis plus tard le karaïsme, ne reconnaissent pas l'autorité de la Loi orale à l'égal de la Loi écrite. Les samaritains ne reconnaissent pas non plus le Talmud.

Le texte hébraïque du Tanakh, et de la Torah en particulier, est considéré comme sacré jusqu'à la dernière lettre. La transcription ne peut être réalisée qu'au cours d'une procédure excessivement exigeante : la moindre erreur, fût-ce d'une lettre, une ornementation, un symbole sur l'ensemble des lettres (plus de 300 000) qui constituent le texte hébraïque, rend l'ensemble du Sefer Torah passoul (impropre à l'usage rituel).

Christianisme

Les Écritures saintes du christianisme sont l'Ancien Testament, c'est-à-dire la Bible hébraïque et le Nouveau Testament. Celui-ci comprend quatre récits de la vie et des enseignements de Jésus-Christ, attribués à ses apôtres Matthieu, Marc, Luc et Jean ; plusieurs épîtres ; les Actes des Apôtres ; l'Apocalypse.

L'Ancien et le Nouveau Testaments (ou ancienne et nouvelle alliance) forment la Bible des chrétiens, qui est considérée comme inspirée par Dieu. Ainsi les chrétiens considèrent les enseignement fondamentaux de l'Ancien Testament, en particulier les Dix commandements, comme valides ; cependant ils croient que la venue de Jésus, Christos (oint, c'est-à-dire messie, et donc sauveur de l'humanité), ainsi que cela a été prédit dans l' Ancien Testament, et le fait que Jésus fut élevé chez les Juifs et devint un maître du judaïsme, rendrait compte de la véritable relation entre Dieu et l'humanité — en restaurant la force de l'amour universel et la compréhension (comme mentionné dans le Shema Israël) des autres commandements, en enlevant les préceptes les plus "légalistes" et matériels de la loi rabbinique (comme les contraintes sur la nourriture et les rites du temple).
Beaucoup de chrétiens croient que la relation entre l'ancien et le Nouveau Testaments dans la Bible signifie que le judaïsme a été remplacé par le christianisme comme le "nouvel Israel" — et certains pensent que les enseignements de Jésus décrivent Israël non pas comme un endroit géographique mais comme une association avec Dieu et une promesse de salut dans le Royaume de Dieu.

La grande majorité des confessions chrétiennes (incluant le catholicisme, le christianisme orthodoxe et la plupart des formes de protestantisme, mais non pas le restaurationnisme) tirent leurs croyances du concile de Nicée en 325, contenues dans un document nommé le « symbole de Nicée » (ou Credo) : Dieu (en tant que Trinité de personnes distinctes avec une seule substance) se fit homme sur la terre, sous le nom de Jésus de Nazareth, accomplit les Écritures de l'Ancien Testament et fut crucifié par l'humanité, puis ressuscita et monta aux cieux, à la droite de Dieu.

Conformément à l'enseignement de Jésus, les chrétiens croient en principe que la foi en Jésus et les œuvres sont les deux manières d'accomplir le salut et d'entrer dans le Royaume de Dieu.

Les chrétiens ne considèrent généralement pas une seule version de leur Bible comme sainte à l'exclusion des autres, et acceptent des traductions et retraductions comme simplement conformes, en principe, à l'original. Ils considèrent que les évangiles sont passés par la tradition orale, puis ont été écrits quelques décennies après la mort de Jésus et de ses apôtres (à l'exception de Matthieu et Jean, qui écrivirent eux-mêmes leurs évangiles), et que les versions existantes sont seulement des copies de ces originaux[27].

De nombreuses variantes des Manuscrits de la mer Morte sont confirmées dans la Septante — indiquant que des changements significatifs au texte massorétique (hébraïque) eurent lieu après le Concile de Yavneh (90 EC).

De même que la Torah est perçue dans le judaïsme comme vivante, et préexistante à tout texte, de même les chrétiens voient la Bible et Jésus lui-même comme le "Verbe" de Dieu (Logos en grec), transcendant les documents écrits.

Les Écritures saintes de la Bible chrétienne sont commentées par un large ensemble de conciles et de théologiens.

Islam

Le livre saint de l'islam est le Coran, comprenant 114 sourates (chapitres). Cependant, les musulmans croient aussi aux textes religieux du judaïsme et du christianisme, dans leur forme originelle, et non actuelle, car elle aurait été selon eux corrompue au fil des âges. Ils possèdent à cet effet leur version propre des Psaumes (le Zabur) et des Évangiles (l'Injil).
Selon le Coran lui-même, les sourates furent révélées par Dieu à Mahomet par l'intermédiaire de l'Archange Gabriel en diverses occasions. Selon Elboukhari, considéré comme l'une des sources islamiques les plus sûres, elles ont été transcrites immédiatement et préservées par ses disciples sur différents supports (bois, feuilles de palmiers, cuire, os, etc.), avant d'être rassemblées du temps du calife Abou-Bakr, puis compilées en un seul livre du temps du calife Othmane Ibn Âaffane. D'autres sources affirment que l'écriture s'est faite à la mort du prophète, avant que le Coran fut compilé dans un livre du temps de Othmane toujours. L'ordre chronologique de la révélation des différentes sourates n'a pas été pris en considération dans ce livre et que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de "Moushaf Othmane, مصحف عثمان". Ce processus aurait duré une vingtaine d'années. À l'exception de Al Fatihah (l'Ouverture), qui est toujours la première sourate, les plus longues sourates apparaissent au début du Coran, tandis que les plus courtes apparaissent à la fin[28],[26].

Le Coran inclut plusieurs histoires fortement similaires à la Bible hébraïque (Notamment la 17e sourate, "Le Voyage nocturne"), et mentionne Jésus à de nombreuses reprises, en tant que prophète divinement inspiré.
Toutefois, les nombreux commandements du Tanakh et les préceptes du Nouveau Testament ne sont pas adoptés tels quels, mais remplacés par de nouveaux commandements directement révélés à Mahomet par Dieu (à travers Gabriel) et codifiés dans le Coran.

Comme les Juifs avec la Torah, les musulmans considèrent le texte arabe originel du Coran comme non corrompu, incréé et saint jusqu'à la dernière lettre. Toute traduction est considérée comme étant une interprétation de la signification du Coran, l'original arabe étant considéré comme le seul texte divin.

De même que les juifs rabbanites possèdent un complément oral à la Loi écrite, le Coran possède les Hadith, un ensemble de livres écrits par des auteurs ultérieurs compilant les paroles de Mahomet. Martin Buber comparait davantage les hadith au Deutéronome, une somme des sermons de Moïse.
Les hadiths interprètent et développent les préceptes coraniques. Il n'y a pas de consensus au sein de l'islam sur l'autorité des compilations de hadiths, mais les érudits de l'islam ont catégorisé chaque hadith selon des degrés d'authenticité (isnad): véritable (sahih), correct (hasan), ou faible (da'if).

Les hadiths et la biographie de Mahomet (sira) forment la Sunnah, un élément scriptural supplémentaire au Coran, et ceux qui y adhèrent sont les musulmans sunnites. Au neuvième siècle, six compilations de hadiths avaient été jugées dignes de foi par les musulmans sunnites.
Les musulmans chiites (adeptes de la shî'at 'alî, le parti d'Ali), ne considèrent aucun Hadith comme sahih, et ne sont acceptés que ceux qui ne semblent pas de désaccord avec le Coran.

Les Collections sunnites sont:

Les opinions légales de juristes musulmans (fiqh) offrent une autre source pour la pratique quotidienne et l'interprétation de la tradition islamique.

Eschatologie

Articles détaillés : Eschatologie et Millénarisme.

Les trois religions abrahamiques attendent un « envoyé » qui annoncera la fin du monde ou la venue du royaume de Dieu sur terre. Le Judaïsme attend la venue d'un Messie juif (le concept du Messie juif diffère sur plusieurs points fondamentaux avec le messie chrétien même si le terme est appliqué de la même manière aux deux). Le Messie Juif n'est pas Dieu mais un mortel qui par sa sainteté est digne d'une telle appellation, il ne fera son apparition que lors d'une période de paix et de sainteté. La chrétienté, elle, attend le retour du Christ. L'islam attend également la venue du Christ (de manière à compléter sa vie et mourir car il est dit dans le Coran qu'il a été élevé vivant vers dieu et non crucifié) de même que le Mahdi dans sa première incaranation pour l'islam Sunnite et le retour de Muhammad al-Mahdi pour les Chiites. La branche de l'islam Al Ahmadiya croit, elle, que le Mahdi et la seconde venue du Christ ont tous les deux étés accomplis dans la personne de Mirza Ghulam Ahmad.

Les religions abrahamiques s'accordent à penser que les êtres en général, et les humains en particulier seraient doués d'un corps, "dépouille mortelle", et d'une âme, qui ne suit pas nécessairement la même voie. L'âme, capable de rester vivante après le trépas, porterait l'essence de la personne qui la véhicule, et c'est elle qui comparaît devant Dieu lorsqu'Il juge des actes de la personne après sa mort. L'importance de ceci, l'intérêt qu'on y porte, la nature de l'âme, son indépendance ou non par rapport au corps, partant sa participation à ses actes sont des sujets nettement moins consensuels entre les religions.

La réincarnation et la transmigration sont nettement moins proéminentes que dans les autres religions. Bien que les religions abrahamiques conçoivent une forme de vie au-delà de la mort, elles tendent à la situer sur un autre plan, et dans d'autres conditions, plutôt qu'un retour (ou des retours) sur ce plan physique (ou un autre) pour répéter un nouveau cycle.
Toutefois, la kabbale, système de foi basé sur une tradition d'interprétation ésotérique de la Bible, initialement juif, mais ayant fait des adeptes chez les chrétiens, accepte un concept approchant fortement de la réincarnation, appelé le Guilgoul haneshamot, cycle des âmes. Cette croyance est fort répandue parmi les Juifs hassidiques et ceux des Juifs orthodoxes qui prêtent foi à la Kabbale.

Judaïsme

Article détaillé : Olam Haba.

Il existe plusieurs points de vue dans le judaïsme sur l'au-delà (le Monde à Venir), et ce malgré des traditions assez précises en ce sens dans la Bible hébraïque (voir Naboth et la Sorcière d'Endor), car le judaïsme accorde plus d'importance à la vie en ce monde, et les moyens de la sanctifier envers Dieu, qu'à une future récompense.
Cette attitude, assez développée dans l'Ecclésiaste, est également résumée par cette observation rabbinique qu'au début du Pentateuque, Dieu habille les nus (Adam et Ève), et qu'à la fin, Dieu enterre le mort (Moïse), les Enfants d'Israël le pleurent 40 jours durant, puis continuent à suivre le cours de leurs vies.

L'immortalité de l'âme et la rétribution des actes font l'objet d'un accord général parmi les Juifs (ces croyances, qui distinguaient particulièrement les Pharisiens des Sadducéens, sont communes aux Rabbanites et aux Karaïtes, ce qui prouve que ces derniers ne descendent pas des Sadducéens).
Toutefois, si beaucoup croient que les justes sont promis au Gan Eden (le "Paradis"), le Guehinnom (l'"Enfer") comme lot des méchants et des impies est sujet à controverse et, si c'est le cas, ce n'est pas un lieu de damnation éternelle : rares sont ceux qui y restent plus de douze mois.
La Bible hébraïque, qui n'accorde pas au Guehinnom d'autre statut que lieu de culte idolâtre fortement répugnant (les enfants y sont passés par le feu au milieu d'ordures en combustion), mentionne également le Sheol, la tombe, lot commun des mortels.
Selon la mystique juive, les âmes (ou des étincelles de celles-ci) se réincarnent, au travers du Guilgoul haneshamot cité plus haut.

Des trois grandes religions abrahamiques, le judaïsme est le seul à enseigner que les justes de toutes les nations se retrouvent au ciel, ce qui est l'une des raisons pour lesquelles le judaïsme est peu enclin au prosélytisme[réf. nécessaire].

Islam

L'islam promet un enfer au sens littéral (le jahannam) à ceux qui désobéissent à Dieu et commettent de gros péchés. Bien que les pécheurs soient punis par le feu, de nombreuses formes de punition sont décrites, en fonction du crime commis. Il est divisé en de nombreux niveaux, les supplices s'amplifiant vers le bas, réservés aux plus grands fauteurs.

À ceux qui honorent et se soumettent à Dieu est promis le séjour au paradis (le jannah).
Selon l'islam, les cieux sont divisés en sept niveaux (d'où le terme de 'septième ciel'), cependant, ils ne sont pas rigoureusement équivalents au paradis. Celui-ci, tout comme l'enfer, comporte de nombreux degrés, les plus hauts étant réservés aux plus vertueux, aux prophètes, aux martyrs pour la foi, à ceux qui aident les orphelins, à ceux dont les lèvres n'ont jamais proféré de mensonge, etc. (de nombreuses autres catégories sont citées dans le Coran et les hadiths).

Comme dans le judaïsme et le christianisme, de nombreux péchés peuvent être pardonnés par Dieu si le fauteur, l'impie, le mécréant ou autres se repentent. De plus, les pécheurs croyants peuvent n'être punis que pour un temps, avant de gagner le Jannah; il est dit que quiconque avec "un atome de foi" finira par atteindre le paradis.
Le seul péché au-delà de tout repentir est, selon le Coran, le shirk (l'association de Dieu par n'importe quel moyen, p.e en Le déclarant égal à quoi que ce soit ou en honorant tout autre que lui);

Bibliographie

  • Abou Abd Ellah Mohammad Ibn Ismaîil Elboukhari, " Sahih Elboukhari", Notes de L'Imam Essindi, Tome trois, Dar Elmaârifa, Beyrouth, p. 225-226, [Langue arabe] ( أبو عبد الله محمَّد بن إسماعيل البخاري ، "صحيح البخاري " ، حاشية الإمام السندي ، دار المعرفة ، بيروت ، لبنان. المجلد الثالث ، ص 225 – 226)
  • Amir Abdelâaziz, Études dans les sciences du Coran, Dar Echihab, Batna, 1988, p. 102-108.[Langue arabe] ( أمير عبد العزيز، " دراسات في علوم القرآن، دار الشهاب ، باتنة ، الجزائر،1988 ، ص 102-108 )
  • André Lemaire, La Naissance du monothéisme : Point de vue d'un historien, Bayard, 2003
  • Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2009. (ISBN 978-2-221-09956-8)
  • Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, adaptation en français de l'Encyclopaedia Judaica sous la direction de Sylvie Anne Goldberg, Paris, éd. Cerf/Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2008. (ISBN 978-2-221-08099-3)
  • Claude Geffré, De Babel à la Pentecôte. Essais de théologie interreligieuse, Paris, Cerf, coll. « Cogitatio Fidei », 2006. En particulier chapitre VIII « Le rapport entre Écriture et Parole de Dieu dans les trois monothéismes », pp. 153-163. (ISBN 2-204-08027-6)
  • Rémi Brague, Au moyen du Moyen Âge, Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, Paris, Flammarion, 2006, (ISBN 978-2-0812-1785-0)
  • Joseph Doré (dir.), Christianisme, judaïsme et islam, Fidélité et ouverture, Paris, Cerf, Coll. « Académie internationale des sciences religieuses », (ISBN 2-204-06234-0)

Notes

  1. a, b et c (en) Hillary Rodrigues and John S. Harding, Introduction to the Study of Religion, Routledge, New York, 2009, p.166 : «  » (Religion occidentales : terme principalement appliqué au judaïsme, au christianisme et à l'islam ; désignées aussi comme traditions religieuses abrahamiques en ce qu'elles tiennent Abraham pour père fondateur.) (ISBN 978-0-415-40888-2))
  2. a, b, c, d, e et f Rémi Brague, Du Dieu des chrétiens et d'un ou deux autres, Paris, Flammario, Essais, 2006. (ISBN 978-2-0812-3255-6). « Pour en finir avec les trois trios », pp. 15-17.
  3. Rémi Brague, Au moyen du Moyen Âge. Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam, Flammarion, coll. « Champs essais », 2008, pp. 66-70. (ISBN 978-2-0812-1785-0)
  4. a et b Mohamed Arkoun, recension de Denise Masson Les trois voies de l'Unique, Archives des sciences sociales des religions, 1984, vol. 58, n° 2, p. 288. Consultable sur Persée
  5. Jean-Pierre Laurent. « Université Saint-Jean De Jérusalem. Jérusalem la cité spirituelle », Archives des sciences sociales des religions, 1977, vol. 43, n° 2, p. 310. Consultable sur Persée ; voir aussi Henri Corbin, Lettre à David Leroy Miller sur le nouveau polythéisme. En ligne sur le Site des l'association des amis de Henri et Stella Corbin, p.4.
  6. a et b Site du CNRS, Laboratoire d'études sur les monothéismes, Le Centre d'études des religions du Livre (CERL)
  7. Roger Arnaldez, Trois messager pour un seul Dieu, Paris, Albin Michel, spiritualité vivante, 1983 (rééd. 1991) (ISBN 978-2226053602) ; du même auteur A la croisée des trois monothéismes. Une communauté de pensée au Moyen Âge, Paris, Albin Michel, 1993.
  8. Denise Masson, Les trois voies de l'unique, Paris, Desclée de Brouwer, 1983, (rééd. 1988) (ISBN 978-2220024363)
  9. Dogmatique pour la catholicité évangélique, I/2, Cerf/Labor et Fides, 1987, pp. 452-500. (ISBN 2-204-02577-1)
  10. Joseph Longton, Fils d'Abraham. Panorama des communautés juives, chrétiennes et musulmanes, Brepols, Maredsous, 1987, (ISBN 2-503-82344-0).
  11. Joseph Doré (dir.), Christianisme, judaïsme et islam, Fidélité et ouverture, Paris, Cerf, Coll. « Académie Internationale des sciences religieuses », 1990. (ISBN 2-204-06234-0)
  12. Claude Geffré, De Babel à la Pentecôte. Essais de théologie interreligieuse, Paris, Cerf, coll. « Cogitatio Fidei », 2006. « Le rapport entre Écriture et Parole de Dieu dans les trois monothéismes », pp. 153-163. (ISBN 2-204-08027-6)
  13. Abdoldjavad Falaturi, Jacob J. Petuchowski, et Walter Strolz (dir.), Three Ways to the One God. Faith Experience of Judaism, Christianity and Islam, New-York, Crossroad, 1987 (réed. 1993). (ISBN 978-0860121589)
  14. Daniel Sibony, Les trois monothéismes, Juifs, chrétiens et musulmans, entre leur sources et leurs destins. Paris, Seuil, Point essais, 1997 (réed.) (ISBN 978-2020322102)
  15. Pierre Gisel, Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam, 145 propositions. Genève, Labor et Fides, 2006, p. 34. (ISBN 2-8309-1183-0)
  16. Pierre Gisel, Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam, 145 propositions. Genève, Labor et Fides, 2006, p. 47. (ISBN 2-8309-1183-0)
  17. Pierre Lory, « Abraham », in Mohammad Ali Amir-Moezzi (dir.), Dictionnaire du Coran, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2009, pp.9 ss. (ISBN 978-2-221-09956-8)
  18. Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, adaptation en français de l'Encyclopaedia Judaica sous la direction de Sylvie Anne Goldberg, Paris, éd. Cerf/Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2008, « Abraham » pp. 6-7. (ISBN 978-2-221-08099-3)
  19. Joseph Ratzinger, Foi, vérité, tolérance. Le christianisme et la rencontre des religions, Paris, Parosle et Silence, « Le Dieu d'Abraham », p. 154. (ISBN 2-84573-299-6)
  20. Christian Cannuyer, Les Baha'is. Peuple de la triple unité, Maredsous, Brepols, coll. Fils d'Abraham, 1987. (ISBN 2-503-82347-5)
  21. a, b et c Christian Cannuyer, Les Baha'is. Peuple de la triple unité, Maredsous, Brepols, coll. Fils d'Abraham, 1987, p. 50. (ISBN 2-503-82347-5), Cannuyer précise que Bouddha et Zoroastre ne figuraient pas dans la doctrine des Manifestations de Baha'u'llah, ils y ont été intégré par Abdu-l-Baha'.
  22. Le concept de « confessionnalisation » a été développé depuis les année 1980, surtout par des chercheurs allemands, pour décrire la multiplication des confessions suite à la réforme protestante. Cf, Jean-Claude Monot, Sécularisation et laïcité, Paris, PUF, Philosophies n°193, 2007, « La diversification des voies nationales, sécularisation, confessionnalisation, laïcité, religion civile... » pp.75-112, (ISBN 978-2-13-054180-6) ; voir aussi Wolfgang Reinhard, Papauté, confessions, modernité, trad. Florence Chaix, Paris, Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, coll. Recherches d'histoire et de sciences sociales n°81, 1998. (ISBN 2-7132-1256-1)
  23. Rédaction de la revue Sciences Humaines,« Les religions orientales », in La religion. Un enjeu pour les sociétés, Sciences Humaines, hors série n°41, juin-juillet-août 2003.
  24. Le Coran, Les femmes, IV; 125
  25. Abou Abd Ellah Mohammad Ibn Ismaîil Elboukhari, Sahih Elboukhari, Notes de l'imam Essindi, Tome trois, Dar Elmaârifa, Beyrouth, pp225-226.
  26. a et b Amir Abdelâaziz (1988), Etudes dans les sciences du Coran, Dar Echihab, Batna.
  27. La version de la Bible considérée comme la plus "valide" (dans le sens d'une meilleure transmission de la signification de la Parole de Dieu a varié : la LXX (Septante) en grec, la Vulgate latine, the English King James Version of the Bible (cette version à vérifier), et la Bible synodale en russe ont fait autorité pour différentes communautés à différentes époques.
  28. Abou Abd Ellah Mohammad Ibn Ismaîil Elboukhari, Sahih Elboukhari, notes de l'imam Essindi, Tome trois, Dar Elmaârifa, Beyrouth, pp225-226.

Articles connexes

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