Prieuré

Prieuré
Prieuré de Graville, France

Le terme prieuré désigne généralement un monastère le plus souvent subordonné à une abbaye plus importante ; il est placé sous l'autorité d'un prieur, lui-même dépendant d'un abbé plus important. Mais le même terme désigne également le bénéfice paroissial, c'est-à-dire le revenu d'une paroisse, principalement la dîme.

Sommaire

Prieurés dépendant d'une abbaye

Le prieuré est généralement un établissement religieux créé par une abbaye plus importante sur un domaine foncier qui lui a été donné ; il est desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel sur place et envoient les revenus à leur abbaye. Les prieurés sont dotés d'églises construites et entretenues par l'abbaye-mère.

Le prieur est présenté soit par le « patron », c'est-à-dire l'ayant-droit du fondateur primitif de l'église, soit par un chapitre de religieux, puis nommé par l'abbé dont il dépend. Il peut avoir avec lui un seul ou plusieurs dizaines de religieux.

Toutefois, lorsqu'un prieuré atteint une certaine autonomie tant du point de vue du personnel (nombreux moines, postulants et novices) que dans le domaine économique, le prieuré peut être érigé en abbaye. L'église devient alors abbatiale et un abbé est nommé par la communauté des moines.

Le nombre de moines d'un prieuré est très variable selon les époques et les lieux, depuis un seul désservant qui exerce les fonctions d'un vicaire, jusqu'à une véritable communauté monastique avec un cloître. Dans ce cas, le prieur ne se distingue d'un abbé que par son titre (celui d'abbé devant être érigé de manière canonique). Ces grands prieurés avaient rang d'abbaye et disposaient également de prieurés dépendant d'eux.

Prieuré-cure et prieuré paroissial

Anciennement, un prieuré-cure était une cure dépendant d’un monastère de chanoines réguliers, prémontrés ou autres. Les chanoines acceptaient les charges pastorales et de petits groupes de trois ou quatre formaient des communautés dans les paroisses. Plutôt que « cure », leur résidence s'appelait alors « prieuré ».

À partir du IVe concile œcuménique du Latran (1215) qui interdit la création de nouveaux ordres et de nouvelles églises, les moines sont tenus de rentrer dans leurs cloîtres et la plupart de ces prieurés-cures sont sécularisés pour devenir des paroisses ou des succursales desservies par un prêtre nommé par l'évêque. Les revenus fonciers des censives restent la propriété des abbayes et le nouveau curé perçoit la dîme avec laquelle il est tenu d'entretenir les différentes œuvres de la paroisse, y compris le chœur de l'église. Les autres revenus ecclésiastiques sont administrés par un conseil d'habitants élus, appelé « fabrique ».

Au XVIIIe siècle, en Rouergue[1], le prieuré est le nom donné au bénéfice paroissial. Le prieur est l'ecclésiastique qui perçoit la dîme et les autres revenus du bénéfice. Il peut être séculier (souvent un proche de l'évêque) ou régulier. Lorsque le prieur est chargé de la cure des âmes, il est alors "prieur-curé", à la tête d'un prieuré-cure. Mais dans de nombreux cas, le prieur, titulaire du bénéfice, délègue la charge des âmes à un curé appelé "vicaire perpétuel", qui est rémunéré soit par une part de la dîme (un tiers par exemple), soit par une pension en nature (froment ou seigle, vin, etc.) ou en argent (portion congrue). On dit alors que le prieuré et la cure sont "désunis". Le Prieuré royal est à un prieuré de fondation royale.

Prieurés-fortifiés

Il existe un certain nombre de prieurés-fortifiés, parfois appelés "châteaux". La plupart du temps, ils sont situés près de routes fortement fréquentées, et sont souvent le fait de chanoines de saint Augustin. Ces prieurés peuvent posséder des murs d'enceintes pourvus de structures défensives, telles des archères ou des crénelages.

Vue depuis l’Est du bâtiment conventuel fortifié
Crénelages en façade est du prieuré

Le prieuré de Meillerie, situé en Haute-Savoie, au bord du lac Léman et de la route du Simplon, reliant Genève à l'Italie par les cols du Petit et du Grand-Saint-Bernard et par conséquent un grand axe de commerce, a été fondé par des chanoines réguliers au XIe siècle, et entièrement reconstruit au XIIIe siècle en une forteresse de surveillance et de défense.

Vue de la tour-clocher de Meillerie depuis le sud, le lac Léman en arrière-plan.
La tour-clocher de Meillerie, avec ses archères, ses anciennes latrines, et les traces d'anciennes structures de bois

Ce prieuré possédait une tour de défense, accessible par le deuxième étage seulement, pourvue d'archères à tous les étages (sauf le quatrième, étage "noble") et sur tous les côtés, et de crénelages sous sa toiture. Le mur de la façade nord, orientée vers le lac et la route, est percée de quatre archères, tandis que la façade est (où se trouve le chœur de l'église et une partie du bâtiment conventuel) est percée de crénelages. Le côté ouest était fermé par de grands murs d'enceintes.

L'espace étant occupé par la tour, les murs d'enceinte, et un bâtiment conventuel imposant, ce prieuré ne possédait qu'une petite église et un petit cloître.

Les prieurés-fortifiés ne sont pas facilement identifiables car la plupart du temps, ces fortifications sont les premières à être détruites ou réutilisées (dans ce cas précis, la tour a été réutilisée en clocher, les murs d'enceintes détruits ainsi qu'une partie de l'aile nord pour permettre l'agrandissement de l'église).

Ordres militaires

Un prieuré est également une circonscription administrative, en particulier dans l'organisation des ordres hospitaliers.

Le nom de « prieuré » apparaît parfois dans la toponymie pour désigner des bâtiments utilisés ou ayant été utilisés par un ordre religieux.

Références

  1. Lempereur, Etat du diocèse de Rodez en 1771

Annexes

La congrégation Notre-Dame d'Espérance est constituée d'un ensemble de prieurés dirigés par un prieur local. L'ensemble de la congrégation a pour supérieur un prieur général.

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