Philibert Besson

Philibert Besson
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Philibert Besson

Parlementaire français
Date de naissance 6 juin 1898
Date de décès 16 mars 1941
Mandat Député 1932-1935
Circonscription Haute-Loire
Groupe parlementaire NI
IIIe République

Philibert-Hippolyte-Marcelin Besson (1898-1941) est un homme politique français, député de la Haute-Loire sous la IIIe République.

Sommaire

Biographie

Débuts

Il naît à Vorey-sur-Arzon, dans le département de la Haute-Loire, le 6 juin 1898. Il devance l'appel en 1917, est blessé, fait prisonnier, s'évade, et est décoré de la Croix de Guerre. Avec deux diplômes d'ingénieur, il devient officier de la marine marchande, mais la quitte pour être interné à l'hôpital psychiatrique de Sainte-Marie au Puy d'où il s'évade. Plus tard, il va passer quelques mois aux États-Unis, où il exerce divers métiers et dont il revient pour ouvrir un commerce de vins. Il est élu conseiller d'arrondissement en 1928, puis maire de sa commune natale en 1929, poste dont il est suspendu par le préfet à cause de son anticonformisme et de démêlés avec un juge dont il aimait se moquer[1].

Carrière de député

Il fait campagne aux élections législatives de 1932 en allant de village en village juché sur une moto, collant lui-même ses affiches et s'exprimant en patois sur les marchés (sa carte de visite se terminait d'ailleurs par cette ligne : « Parle anglais italien, espagnol, portugais, PATOIS »). Sa silhouette, sa tête de professeur Tournesol (lunettes rondes, profil aquilin, crâne dégarni entouré d'une couronne de cheveux fous qui partent à l'horizontale) sont connues dans tout le département. Il est élu député de la Haute-Loire à une confortable majorité. Non inscrit dans les partis politiques de l'époque, il se fait aussitôt remarquer par sa verve et sa personnalité excentrique.

À partir de 1928 à Cizely (dont le maire est son ami et mentor Joseph Archer) puis de manière un peu plus répandue à partir de 1930, il fait circuler des pièces et billets de la monnaie européenne qu'il a créée, l'Europa, « la monnaie universelle, la monnaie de la paix », gagée sur le travail. Conceptuellement, il s'agit d'un troc organisé dans lequel, au lieu de mesurer le prix des marchandises en unités monétaires, la valeur de l'unité monétaire a été fixée, indépendamment de l'offre et de la demande, en fonction de quantités réelles de marchandises : un Europa vaut ainsi, une fois pour toutes, « 2 kilos de blé, 200 grammes de viande, 30 grammes d'or, 100 grammes de cuivre, 2 kilos d'acier, 50 centilitres de vin 10°, 200 grammes de coton, 10 kilowatts-heures, 1 tonne kilométrique, 30 minutes de travail ».

La création de l'Europa n'est d'ailleurs qu'une mise en application partielle du programme fédériste de Joseph Archer[2] dont Besson s'est fait le propagandiste, programme qui prévoit entre autres la création des « États Fédérés d'Europe » et la suppression des barrières douanières et qui se termine par cette phrase : La France, ainsi, ayant résolu tous ces problèmes nationaux, ayant un idéal international, pourra être véritablement la reine de la paix.

Le franc-parler de Philibert Besson et son caractère irascible lui créent de nombreuses inimitiés. Il s'élève contre les « vautours » de l'industrie électrique et des chemins de fer et contre les spoliations dont sont victimes les paysans qui vendent leur blé aux industriels de la meunerie. Il crée avec Joseph Archer 150 dépôts où l'on vend les « pains Philibert Besson » 29 sous au lieu de 39. Quelque temps auparavant, il a arraché des poteaux électriques dans une commune de Haute-Loire. Il organise à Saint-Étienne le 3 mars 1935 un inoubliable meeting où, debout sur une horloge, il harangue 20 000 personnes qui le porteront ensuite en triomphe dans tout le centre-ville. Partout il dénonce les alliances cachées entre les partis, et celles de ces derniers avec le monde financier et les entreprises.

Fin de vie

Il est mis en cause dans une affaire de carnet à souches qui aboutit à sa condamnation pour vol, et se ramifie en d'autres affaires (il aura jusqu'à cinq mandats lancés contre lui, à une époque où les scandales financiers et politiques aboutissaient couramment à des non-lieux), puis l'Assemblée nationale vote, à une écrasante majorité, la levée de son immunité parlementaire, le 7 mars 1935. Après avoir sans succès défendu sa cause à la tribune de l'hémicycle, Philibert Besson s'enfuit ce jour-là du Palais Bourbon pour ne pas être arrêté et réussit à rejoindre sa circonscription du Velay où il «  prend le maquis » et où il va vivre caché pendant près d'un an, recueilli de ferme en ferme par des paysans qui le considèrent toujours comme « leur député ». Il se déguise en curé, en femme[3], traverse la Loire à la nage, etc. pour échapper aux nombreux policiers et gendarmes lancés à ses trousses. Il écrit dans cette retraite un livre-pamphlet, Peuple, tu es trahi.

Cet épisode lui vaut de passer à la postérité à travers la chanson de Georgius Au Lycée Papillon (1936).

Le 9 juin 1935, lors des élections législatives partielles organisées pour le remplacer, c'est Joseph Archer, se présentant en son nom et avec son soutien explicite, qui est largement élu. Finalement, Philibert Besson effectue sa reddition au Président de la République, Albert Lebrun et est emprisonné dans l'attente de son jugement définitif. Lors des élections sénatoriales de 1936, Joseph Archer est battu. Philibert est acquitté lors de son procès. Il affirme se retirer de la politique, mais ne peut la quitter, et est battu à Saint-Étienne, dans une élection où il ne s'était pas présenté, par un nouveau venu en politique, Antoine Pinay.

Mobilisé en 1939 pour la guerre qu'il annonçait depuis des années, en ayant prédit jusqu'à la date, Philibert Besson est arrêté pour avoir tenu publiquement des propos défaitistes (« Nos armées ne peuvent vaincre. Elles sont quasiment trahies. ») dans un café alors qu'il portait l'uniforme. Il est enfermé à la prison de Riom où il meurt le 17 mars 1941, dénutri et tuberculeux, à la suite de véritables séances de tabassage organisées par ses gardiens[1].

Notes et références

  1. a et b cf. René Dumas
  2. programme fédériste
  3. Photo dans le livre de René Dumas

Voir aussi

Bibliographie

  • René Dumas, Philibert Besson, le député terrible, précurseur de l'Europe, Saint-Étienne, Le Henaff éditeur, 1980 
  • Bruno Fuligni, La Chambre ardente - Aventuriers, excentriques et utopistes du Palais-Bourbon, Éditions de Paris, 2001 
  • Bruno Fuligni, Le Feu-follet de la République - Philibert Besson, député, visionnaire et martyr, Guénégaud, 2000 . Préface d'André Santini.
  • Jean Peyrard, La Loi des caciques 
  • Jean Peyrard, Philibert Besson, député trublion 
  • Philibert Besson, Peuple tu es trahi 

Liens externes


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