Paul François de Quelen de La Vauguyon

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Paul François de Quelen de La Vauguyon ou Paul François de Quélen de Stuer de Caussade, duc de La Vauguyon, est né le 30 juillet 1746 à Paris et mort le 14 mars 1828 à Paris.

Descendant d’une famille fort ancienne de l’aristocratie française, fils de Antoine de Quélen de Stuer de Caussade gouverneur de trois futurs rois, Paul François de Quelen de La Vauguyon est gouverneur de Cognac, après avoir fait les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans. Il écrit un Portrait de feu monseigneur le Dauphin et est menin du futur Louis XVI, l’un de ses fils. Pair de France, brigadier, maréchal de camp, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit il est choisi pour être ministre plénipotentiaire près les états-généraux des Pays-Bas.

Ministre plénipotentiaire en Espagne, chevalier de l’ordre de la Toison d'Or, éphémère ministère des affaires étrangères en 1789, il devient ministre du conseil d'État de Louis XVIII à Vérone. Il est son principal intermédiaire auprès de ses agents en France, mais est victime d’intrigues. Du temps de la Restauration, il est lieutenant général et siège à la pairie de France, où il se fait remarquer par sa modération. Sa femme, dame d'honneur de la comtesse de Provence, lui donne quatre enfants, mais c'est avec ses fils que s’éteint cette branche des Quélen.

Biographie

Sa famille

Son père, Antoine de Quélen de Stuer de Caussade (1706-1772) est duc de La Vauguyon (1759), prince de Carency, pair de France, menin de Monseigneur le Dauphin, lieutenant général des armées du roi, gouverneur, premier gentilhomme de la chambre et grand maître de la garde-robe du duc de Bourgogne, du duc de Berry, et des comtes de Provence et d'Artois, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit et de Saint-Louis.

Sa mère, Marie Françoise de Béthune (1712-1799) est la fille du duc de Charost, lui-même fils du gouverneur de la personne du roi Louis XV.

Avant la Révolution (1758-1789)

Le Dauphin, Louis de France (1729-1765), père de trois rois, dont La Vauguyon fait un vibrant éloge dans son livre : "Portrait de feu monseigneur le Dauphin".

Paul François est connu du vivant de son père, sous le nom de duc de Saint-Mégrin. Il entre au service à l'âge de douze ans et fait les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans (1756-1763). Il est nommé après ce conflit gouverneur de Cognac et en profite pour écrire et faire publier un éloge du père de Louis XVI, baptisé Portrait de feu monseigneur le Dauphin.

Son père reçoit la délicate mission de se charger de l’éducation des fils à la mort de ce prince. Paul est lui-même Menin du futur Louis XVI. Il succède à son père dans la dignité de pair de France, en 1773^[1].

En 1776, Louis XVI le choisit à son avènement, sur la recommandation de Vergennes, pour représenter la cour de France, comme ministre plénipotentiaire près les états-généraux des Pays-Bas. À son arrivée, les États sont en quelque sorte sous l'empire du gouvernement britannique; lorsqu'il quitte le pays, une députation solennelle, interprète de la reconnaissance publique, le remercie au nom des États : du zèle constant et éclaire qu’il n'avait cessé de montrer pour les intérêts communs de la France et de la république, le priant d'être auprès de son souverain l'organe de leur rеconnaissance, et d'en obtenir l'honneur d'une alliance défensive^[2].

En 1784, La Vauguyon est nommé à l’ambassade d'Espagne. Cette nouvelle mission lui fournit les moyens de se rendre de nouveau utile à la France. Il est nommé dans le même temps maréchal de camp et le 1^er janvier 1784, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit. Il est fait aussi chevalier de l’ordre de la Toison d'Or

Les évènements de la Révolution viennent bientôt le priver de son titre d’ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire en Espagne.

Pendant la Révolution

La Vauguyon est un des quatre ministres qui composent le conseil d'État de Louis XVIII. Il est victime de son favori le comte, puis duc d’Avaray.

En 1789, La Vauguyon est rappelé d’Espagne par Louis XVI, pour prendre possession du ministère des affaires étrangères. Il ne peut parvenir à faire écouter du roi ses conseils énergiques, et se trouve en butte aux attaques des révolutionnaires^[3]. Le Palais-Royal ne désemplit pas et l’on y déblatère contre les ministres^[4]. L’Assemblée rend les nouveaux ministres responsables des événements du 14 juillet. La Vauguyon donne sa démission le 16 juillet. Il a été ministre du 13 juillet 1789 au 16 juillet 1789... trois jours !

Craignant de payer de sa tête Le court et funeste honneur de son ministère^[3], il se déguise en négociant, prend un passeport sous un faux nom, et s'enfuit au Havre avec son fils, dans l'espoir de passer en Angleterre. Tous deux sont arrêtés au Havre, et l'affaire déférée à l'Assemblée nationale le 1^er août. Il y a une vive discussion, après laquelle la municipalité du Havre reçoit ordre de mettre La Vauguyon en liberté.

Le roi le rappelle à Paris et le renvoie à Madrid comme ministre plénipotentiaire. Il reprend alors ses fonctions d'ambassadeur. Le 16 mai 1790, Charles de Lameth se plaint que des négociations aussi importantes soient dans les mains du duc de La Vauguyon. Des différends s'étaient élevés entre l'Angleterre et la cour de Madrid, la cause en est attribuée aux négociations de M. de la Vauguyon par le ministère britannique. Il est remplacé par Bourgoing, le 1^er juin 1790. Toutefois, il continue de résider à Madrid^[2]. Le roi d'Espagne donne l'hospitalité à cette famille, et la comble de biens pendant les orages révolutionnaires. Il place son fils, le futur général La Vauguyon, encore enfant, dans ses armées^[5].

Vers la fin de 1795, Louis ХVIII appelle Paul François de Quelen de La Vauguyon à Vérone pour être un des quatre ministres qui composent son conseil d'État. Le duc suit ce prince à Blackembourg. Son ministère finit en février 1797, époque où, par suite des intrigues de quelques courtisans, il tombe en la disgrâce du prétendant, celui que son père surnommait "le fourbe". Le comte de Saint-Priest le remplace^[3].

On lui attribuera le plan de contre-révolution qui consiste à recourir aux moyens conciliants et en vertu duquel les royalistes acceptent des emplois publics. Ce moyen paraît trop lent. La Vauguyon avait pourtant rendu de grands services à la cause royale pendant son ministère, et il avait été le principal intermédiaire de Louis XVIII auprès de ses agents en France, notamment lors de la conspiration de La Ville-Heurnois^[2].

Dès qu'il cesse ses fonctions, Paul François de Quelen de La Vauguyon séjourne quelque temps à Hambourg, puis retourne en Espagne, où il demeure jusqu'en 1805. À cette époque, il rentre en France, et y vit dans une retraite absolue jusqu'à la Restauration.

Sous la Restauration (1814-1828)

Le duc de La Vauguyon avait été promu au grade de lieutenant général pendant l'émigration. La pairie de Paul François de Quelen, duc de la Vauguyon, prince de Carency, lieutenant général... est créé par ordonnance royale du 4 juin 1814 et est instituée héréditairement sous le litre de Duc. Il est appelé à siéger à la chambre des pairs, où il y professe les principes conciliants de la modération. Exempt d'ambition, il vit dans la plus grande simplicité, se fait recevoir membre de la société d'instruction élémentaire, dont il est plusieurs fois élu président, et met beaucoup de zèle à propager l'enseignement mutuel.

Une méprise de pharmacien rend mortelle une maladie d'entrailles dont il était atteint, en 1828"^[6].

Mariage et descendance

Paul François de Quelen de La Vauguyon épouse le 27 avril 1766 Marie-Antoinette Rosalie de Pons de Roquefort (1751-1824), dame d'atours de la comtesse de Provence. Selon "L'almanach de Versailles" de 1790, la duchesse de la Vauguyon est nommée dame d'honneur de la comtesse de Provence en 1774.

Marie-Antoinette est la fille de Charles Armand de Pons (1692-1760)^[7] et de Rosalie Le Tonnelier de Breteuil (1725-1792), fille du ministre François Victor Le Tonnelier de Breteuil. Sa mère épouse en deuxième noces en 1771 Louis Armand Constantin de Rohan-Guemené-Montbazon, dit le "prince de Montbazon" (1731-guillotiné 23 juillet 1794).

Dans ses mémoires la baronne d’Oberkirch, nous lit que : L'envoyé de France à La Haye était le duc de La Vauguyon, depuis ambassadeur, dont la mère était une Breteuil. Madame la duchesse ne paraissait pas à la cour de Hollande pour dispute de rang; ce sont des choses sur lesquelles les envoyés du roi ne cèdent guère à l'étranger, et ils ont parfaitement raison. Cela doit être ainsi, et cela a toujours été. Madame de La Vauguyon est mademoiselle de Pons de Rochefort ; elle était dame d'honneur de Madame, et avait ses grandes entrées chez le roi à Versailles. Je ne sais plus sur quelle étiquette la cour du stalhouder ne voulait point céder; ce qu'il y a de sûr c'est qu'elle ne céda pas non plus.

Elle semble également avoir été proche de Marie-Antoinette et l’accompagne parfois lors de ses sorties dans les bals parisiens : On chuchote une aventure arrivée au bal que le comte de Viry a donné ; la voici : après le banquet, la reine s'était retirée avec sa suite, et était rentrée, peu de temps après, masquée dans le bal. Sur les trois heures du matin, elle se promenait avec la duchesse de La Vauguyon : ces deux masques furent accostés par un jeune seigneur étranger qui était démasqué, et qui leur parla longtemps, les prenant pour deux femmes de qualité de sa connaissance. La méprise donna lieu à une conversation singulière qui amusa d'autant plus Sa Majesté, que les propos furent légers, agréables, sans être indiscrets. Deux hommes masqués survinrent, se mirent de la partie; après avoir beaucoup ri on se sépara. Les deux dames témoignèrent du désir de se retirer; le baron allemand les conduisit ; un carrosse de remise fort simple se présenta ; quand il fut question de monter, madame de La Vauguyon se démasqua. Jugez de la surprise de l'étranger, et comme elle augmenta quand, en se retournant, il reconnut également la personne qui venait de se démasquer : le respect et une sorte de confusion succédèrent à la familiarité^[8].

La du Barri nous dit que : La duchesse de La Vauguyon était dame d'atours. Beaucoup de sérieux et de gravité, un air imposant et sévère, telle était la base de son caractère. Elle avait beaucoup d'esprit, mais elle le cachait, de peur d'exposer sa dignité en le montrant, et de compromettre ainsi la supériorité de S. A. R. Madame la comtesse de Provence^[9].

Ils ont eu deux fils et deux filles :

• Paul-Antoine (1768-1824), prince de Carency, épouse le 14 septembre 1789 Florence Constance de Rochechouart-Faudoas, fille d’Aimeric comte de Faudoas.

• Marie-Antoinette de Quelen de La Vauguyon (1771-1847) épouse le 13 mai 1787 Alexandre de Bauffremont, prince-duc de Bauffremont.

• Paul-Yvon (1777-1837) est duc de La Vauguyon, prince de Carency, et marquis de Saint-Megrin, pair de France, maréchal de camp, lieutenant général d’abord dans le royaume de Naples. Il combat dans les armées de Napoléon et est aide de camp du grand-duc de Berg. Il suit Murat à Naples et devient général et le colonel général de l'infanterie de sa garde. Sans alliance et sans postérité, avec lui s'éteint la famille de Quelen, ducs de La Vauguyon.

• Pauline-Antoinette de La Vauguyon (1783-1829) épouse Joseph de Savoie-Carignan, comte de Villafranca.

Précédé par	Paul François de Quelen de La Vauguyon	Suivi par
Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem	Ministre français des affaires étrangères 1789-1789	Armand Marc de Montmorin Saint-Hérem

Son œuvre

• Portrait de feu monseigneur le Dauphin, par M. L. O. D. (avec Cerutti); Paris, 1765, 1816, in-8°;
• "Les Doutes éclaircis, ou réponses aux objections de l'abbé de Mably sur l'ordre naturel des sociétés politiques" ; Paris, 1768, in-12. "Cet ouvrage, en forme de lettre, qui parut d'abord dans les Éphémérides du Citoyen pour 1768, est très rare, dit Barbier, l'édition ayant été imprimée à un petit nombre d'exemplaires " ;
• Tableau de la Constitution française, Paris, 1816, in-8 ;
• De la simplification des principes constitutifs et administratifs, ou commentaire nouveau sur la Charte constitutionnelle, Paris, lviO, in-60 ;
• Du Système général des Finances, Paris, in-8° : les trois derniers ouvrages ont paru sons les initiales de M. L. D. D. L. V. L. L

Et sur lui :

• "Duc de Choiseul, Eloge de M. le duc de La Vauguyon, prononcé è la chambre des pairs le 10 avril 1828. "
• Lardier, Histoire biographique de la Chambre des Paires. Barbier, Dict. des Anonymes
• Quérard, La France Littéraire.

Notes et références

1. ↑ "Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter", sous la dir. de Mr. le Dr. Hoefer, p.1008.
2. ↑ ^{a, b et c} " L'Univers, histoire et description de tous les peuples... " p.107.
3. ↑ ^{a, b et c} "Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter" / sous la dir. de Mr. le Dr. Hoefer, p.1008.
4. ↑ Bernard Faÿ, "Louis XVI ou la fin d’un monde", Le livre contemporain, p.409.
5. ↑ " Mémoires" de Anne Jean M.R. Savary", p.191.
6. ↑ "Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter" / sous la dir. de Mr. le Dr. Hoefer, p.1008 et " L'Univers, histoire et description de tous les peuples ... " p.107.
7. ↑ Comte, brigadier des armées du roi.
8. ↑ Correspondance secrète de la cour pendant le règne de Louis XVI, ci-devant ..., de François Métra, Guillaume Imbert de Boudeaux – 1793 et Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France et de ..., p.166.
9. ↑ " Mémoires de Madame la comtesse du Barri", de Étienne Léon Lamothe-Langon, baron, p.399 et 400.

Articles connexes

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Liens externes

• Louis XVI, "Réflexions sur mes entretiens avec M. le duc de la Vauguyon", père de Paul François