Aristote Onassis

Aristote Onassis
Aristote Onassis
Jamile.jpg
Naissance 15 janvier 1906
Smyrne, Ottoman Flag.svg Empire ottoman (aujourd'hui İzmir, Turquie)
Décès 15 mars 1975 (à 69 ans)
Neuilly-sur-Seine, Flag of France.svg France
Nationalité Flag of Greece.svg Grecque
Profession armateur

Aristote Socrate Onassis (en grec Αριστοτέλης Σωκράτης Ωνάσης / Aristotelis Sokratis Onassis) (15 janvier 1906 à Smyrne, Empire ottoman-15 mars 1975 à Neuilly-sur-Seine, France) est le plus célèbre armateur grec du XXe siècle et l'une des personnalités les plus marquantes de la vie mondaine internationale des années 1950 aux années 1970. Il fut l'amant de Maria Callas et l'époux de Jacqueline Kennedy de 1968 jusqu'à sa mort[1].

Sommaire

Biographie

Enfance et éducation (1906-1922)

Né dans l'Empire ottoman, dans le quartier grec de Smyrne, (aujourd'hui Izmir en Turquie), Aristote Onassis est le fils de Socrate Onassis, un important négociant en tabac qui a fait fortune[2] en s'installant avec ses frères dans cette ville cosmopolite et commerçante. Socrate Onassis est un des plus riches citoyens de la ville : outre ses activités de négociant et banquier à ses heures, il est le Président de la banque locale et de l'hôpital. Si la date de décès d'Aristote Onassis ne pose aucun problème, il en va tout autrement de sa date de naissance. En effet, comme les archives de Smyrne ont brûlé pendant l'incendie de 1922, il est quasiment impossible de retrouver sa véritable date de naissance.

Vue de Karataṣ, faubourg de Smyrne, vers 1900.

Deux suppositions : 1900 (comme inscrit sur son passeport argentin) et 1906 (selon son passeport grec). Plus vraisemblablement, en fonction des témoignages, et par recoupement, on peut penser qu'Aristote Onassis est né en janvier 1906.

La famille habite une grande maison à flanc de colline et sur la côte, dans le quartier de Karatas, au sud de Smyrne. L'enfance d’« Aristo », comme sa famille le surnomme, est heureuse, jusqu'à ce que sa mère meure des suites d'une insuffisance rénale, alors qu'il n'a que 6 ans. Dès lors, il est élevé par sa grand-mère.

Le jeune Aristote ne se montre pas très doué pour les études. Son père avait rêvé pour lui d'un parcours dans les universités les plus prestigieuses d'Europe. Le fils ne veut rien savoir. Il préfère passer son temps dans les bureaux ou les entrepôts paternels. Pour se détendre, il pratique l'aviron, la natation, et devient un sportif assidu.

Jeunesse et commencement de carrière (1922-1931)

Tout cela est remis en cause en 1922. Cette année-là, les Turcs ont décidé de chasser d'Asie Mineure toute présence grecque. Pendant les terribles journées du 8 au 17 septembre 1922, Smyrne est détruite dans le feu et dans le sang par l'armée de Mustapha Kemal. Une partie de la famille Onassis est massacrée, comme beaucoup d'autres. Le père d'Aristote est arrêté et envoyé dans un camp de prisonniers. La maison familiale est réquisitionnée pour y loger un général turc, ce qui entraîne le départ des femmes dans un camp de transfert. Dans cette ville livrée aux massacres, où les hommes âgés de 17 à 45 ans sont déportés dans les camps de travail d'où la plupart ne sont jamais revenus, le jeune Aristote Onassis, qui n'a pas encore dix-sept ans, réussit pourtant à sauver sa vie. C'est lui-même qui a évoqué cet épisode dramatique[3] : resté pour rendre service au général turc et à son aide de camp, il obtient un laissez-passer de James Loden Park, le vice-consul des Etats-Unis à Smyrne, document qui lui permet d'accéder à la zone de la marine américaine. Avec l'aide de Park, sa famille est embarquée sur un navire et transportée à Lesbos ; lui-même trouve un peu plus tard un passage sur un destroyer américain, et s'attache ensuite à faire sortir son père de prison. Noyés dans le flot des réfugiés, Aristote et sa famille arrivent à Athènes, où vit l'oncle Homère Onassis. Ne trouvant pas de travail, en froid avec sa famille, et surtout avec son oncle, Aristote décide de partir[4]. Comme nombre d'autres Grecs, il émigre en Argentine en 1923 à bord du « Tomaso di Savoya », un paquebot chargé d'émigrants italiens.

Là, après avoir exercé plusieurs petits métiers pour survivre, il commence par vendre des balles de tabac que son père lui expédie d'Athènes, puis, avec ses premiers gains, ouvre une manufacture de tabac. Grâce à Carlos Gardel, rencontré par hasard dans un café[5], et surtout à la cantatrice italienne Claudia Muzio, de passage à Buenos Aires, qui tous deux achètent régulièrement les cigarettes fabriquées par les employés d'Onassis, l'affaire se développe. En moins de cinq ans, Aristote Onassis gagne son premier million de dollars.

Succès parmi la société maritime (1931-1938)

Passionné par les bateaux, c'est dans ce domaine qu'il investit ses gains en achetant six cargos en 1931 à bas prix au gouvernement canadien. Les débuts sont difficiles. Pourtant, il fait rapidement fortune. Aristote Onassis est aidé par un compatriote nommé Costas Gratsos, rencontré dans une boîte de nuit de Buenos Aires. Gratsos séduit Onassis par sa pondération, et ses connaissances dans le domaine maritime.

Confronté à des tracasseries administratives, Onassis décide de faire immatriculer ses navires au Panama. L'avantage est de réduire dans des proportions importantes le montant des impôts et des taxes. En fait, Aristote Onassis invente là le pavillon de complaisance. L'argent qu'il économise sur les impôts lui permet d'acheter au gouvernement canadien six vieux cargos, il les repeint, les confie à des marins grecs - les moins chers du marché - et commence à faire du fret maritime entre les deux parties de l'Amérique[4]. En 1934, à bord d'un luxueux paquebot de croisière, il fait la connaissance d'Ingeborg Dedichen qui devient sa maîtresse. Le père de cette jeune femme est un riche armateur scandinave, et c'est à Göteborg, qu'Aristote Onassis fait construire un premier pétrolier, l’Ariston, dont le tonnage, 15 000 tonneaux, dépasse tout ce qui se fait à l'époque. Son lancement en 1938 marque une date importante dans l'industrie navale. Le tanker est exceptionnel par ses dimensions et par ses aménagements intérieurs : suite avec deux chambres à coucher et piscine.

Nouvelles associations (1939-1945)

Ari, comme les Américains commencent à l'appeler, pense que le pétrole est appelé à un développement sans précédent. Pendant la Seconde Guerre mondiale, une partie de sa flotte est saisie par les nazis et gardée à quai en Norvège. L'autre partie, localisée dans le Pacifique, est mise au service des Américains pour le transport de pétrole et de marchandises aux armées.

Après la guerre, Onassis rachète, pour des sommes faibles et en utilisant des hommes de paille, des bateaux démobilisés et désarmés par la marine américaine, les Liberty Ship, qui sont des cargos de 11 000 tonnes. C'est le début d'une épopée fulgurante : Onassis a du succès avec les télex et les téléphones. Il est sans cesse en train de parcourir le monde pour négocier des contrats de plus en plus importants. Plus que jamais il croit au pétrole. Il réussit à négocier avec le roi Al Saoud d'Arabie saoudite le monopole du transport du pétrole du royaume mais les Américains font capoter l'affaire. Les relations entre les États-Unis et Onassis vont devenir de plus en plus mauvaises.

La puissance et la gloire (1946-1968)

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, Aristote Onassis pressent les besoins énormes qui se font sentir un peu partout dans le monde en matière de transport et d'énergie. Avec son sens aigu des affaires, il acquiert en 1946, pour 750 000 dollars, dix anciennes frégates canadiennes ; parce qu'il n'a jamais cessé de se sentir Grec, il propose au gouvernement grec de les convertir en paquebots de transport de ligne entre les îles de la mer Égée, se réservant le monopole des liaisons. Mais il ne reçoit pas de réponse.

Le 28 décembre 1946, Onassis épouse Athina Livanos, alors âgée de 17 ans, fille de celui que l'on considérait comme le « patriarche » des grands armateurs de l'époque[2], Stavros Livanos, tandis que son rival Stávros Níarchos épouse aussitôt la sœur d’Athina, Eugenia, afin d’éviter qu’Onassis ne s'empare de toute la flotte des Livanós. Onassis a deux enfants avec Athiná : Alexandre, né le 30 avril 1948 à New York et Christina, née le 11 décembre 1950 à New York (elle meurt d’un œdème pulmonaire le 19 novembre 1988 à Buenos Aires).

Les contrats obtenus l'amènent à développer sa flotte. Il s’adresse aux chantiers navals allemands pour la construction de pétroliers de plus en plus gros. En 1953, il lance le Tina Onassis, le plus gros pétrolier du monde[2]. Dès 1953, Onassis et Niarchos possèdent à eux deux une flotte marchande qui se classe au 3e rang mondial, avec un total de 13 millions de tonnes[6].

A l'été 1953, Onassis devient le principal actionnaire de la Société des bains de mer (SBM) de Monaco[2] qui possède ou dirige le célèbre Casino de Monte-Carlo, l'Hôtel de Paris, les jardins et la plupart des affaires de la principauté.

Le yacht d'Onassis, le Christina O.

L'Olympic Maritime, la holding grâce à laquelle Onassis contrôle ses affaires, s'installe au-dessus du port de Monte-Carlo, où va mouiller bientôt le yacht d'Onassis, le fabuleux « Christina O » ; cette société emploie une centaine de personnes qui contrôlent les mouvements de ses navires qui sillonnent les mers du monde entier. Grâce aux capitaux qu'il apporte, Onassis relance la principauté et permet à Rainier III de mener sa politique de développement. C'est à partir de cette date qu’Onassis devient une personnalité en vue de la coterie internationale, apportant à la vie mondaine et luxueuse de la Côte d'Azur sa simplicité, son humour et le prestige dont il est auréolé.

En 1954, Onassis est poursuivi par les autorités américaines pour non-respect d'une loi selon laquelle tous les bateaux américains doivent appartenir à un citoyen américain. Arrêté et humilié par les autorités américaines, il est traité comme un gangster. Un accord est quand même trouvé et Onassis s'acquitte d'une amende de plusieurs millions de dollars. Il gardera à la suite de cet épisode une rancune tenace envers les États-Unis.

En 1957, Onassis crée la société Olympic Aviation, qui devient la compagnie aérienne grecque Olympic Airways.

Le ménage d’Onassis bat de l'aile, et en 1959, il rencontre María Cállas dont il sera l'amant jusqu'en 1968. Il quittera sa femme Athina pour elle. Certains biographes de Callas rapportent que de leur liaison serait issu un enfant, Omerio Langrini, prématuré et mort quelques heures après sa naissance[7]. Mais d'autres mettent en doute son existence[8].

En 1966, Rainier III décide de se débarrasser de lui. Du jour au lendemain, il fait adopter une loi qui permet l'augmentation du capital de la SBM. Onassis devient minoritaire. Là aussi, les négociations sont délicates mais un arrangement est trouvé in extremis[précision nécessaire]. Onassis quitte Monaco. Qu'importe, il préfère séjourner sur son île de Skorpios achetée à l'automne 1964.

Les relations entre Onassis et Maria Callas défraient la chronique. Sur son yacht le « Christina O », il entreprend des croisières chaque été, avec une liste d'invités des plus prestigieuse[9] : ce sont les célébrités du monde entier, entre autres Marlène Dietrich, Greta Garbo, Ava Gardner, mais aussi la Begum Aga Khan, l'ex-roi Farouk d'Egypte et sir Winston Churchill avec lequel il noue amitié. En 1962, il y recevra entre autres Jacqueline Bouvier Kennedy, la veuve du président américain Kennedy. Il délaisse Maria Callas pour elle et l'épouse le 20 octobre 1968.

Dernières années (1968-1975)

Statue d'Aristote Onassis à Nydri en Grèce.

Néanmoins, malgré cette vie privée tapageuse, Onassis devient l'un des hommes les plus riches et les plus puissants du monde. Promoteur des super tankers, il en possède plus de 100 à sa mort.

Son fils Alexandre, passionné d'aviation, devient le patron d'Olympic Aviation. Sous son impulsion, la société se développe rapidement et devient une compagnie aérienne de tout premier plan. Mais tout s'écroule le 22 janvier 1973 : Alexandre, héritier désigné de l'empire de son père, se tue au décollage de son avion à Athènes. Les conditions de cet accident sont pour le moins étranges. En effet, certains câbles directionnels de l'appareil auraient été sabotés[réf. nécessaire]. Après sa mort, son père, profondément affecté, se retire peu à peu du monde, sa santé se dégradant rapidement. En mémoire d'Alexandre, Onassis met en place la Fondation Alexandre Onassis qui soutient la recherche, les sciences et l'éducation, avec des visées humanistes[2].

Onassis ne parvient pas à faire le deuil de son fils et il se désintéresse progressivement de la vie. La dernière femme venue lui rendre visite lorsque, malade, il est déjà hospitalisé, est Maria Callas. Le 15 mars 1975, à 69 ans, il meurt d'une myasthénie à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine.

Notes et références

  1. (fr)Aristote Socrate Onassis sur www.evene.fr. Consulté le 13 octobre2010.
  2. a, b, c, d et e (fr)biographie sur www.evene.fr. Consulté le 13 octobre2010.
  3. Nicolas Fraser, Onassis le grand, Editions Robert Laffont.
  4. a et b Valéry Coquant : les météores : Gary, Onassis, Citroën. Trois destins au-delà de la fiction
  5. VOX Latina - Paris Latin
  6. Nicolas Fraser, op.cit.
  7. Nicholas Gage Greek Fire : The Story of Maria Callas and Aristole Onassis, Warner Books (Reprint, octobre 2001) (ISBN 0-446-61076-3) (ISBN 978-0-446-61076-6)
  8. Anne Edwards Maria Callas intime, J'ai lu (24 août 2005), J'ai lu Biographie (ISBN 2-290-33777-3) (ISBN 978-2-290-33777-6)
  9. Ces événements servent de source d'inspiration à Hergé pour l'épisode de l'album Coke en stock des Aventures de TintinRastapopoulos, marquis di Gorgonzola, reçoit avec faste du beau monde, dont une diva, la Castafiore, sur son yacht Schéhérazade. Source : Jacques Langlois, « Rastapopoulos nouveau Méphisto », dans Historia, Paris « Hors-série » « Les personnages de Tintin dans l'histoire : Les événements de 1930 à 1944 qui ont inspiré l'œuvre d'Hergé », juillet 2011, p. 38-40 

Bibliographie

  • Nicolas Fraser, Philip Jacobson, Mark Ottaway et Lewis Chester, Onassis le grand, (traduit de l'américain), Editions Robert Laffont, Paris (1978).
  • Christian Cafarakis et Jacques Harvey, Le fabuleux Onassis , Productions de Paris (1971)
  • Peter Evans, Ari : la vie et le monde d'Aristote Onassis, Presses de la Renaissance, Paris (1987)
  • Kiki Moutsakos, Les femmes d'Onassis, Plon (2000)
  • Nicolas Gage, Onassis et la Callas, une tragédie grecque des temps modernes, Robert Laffont (2000)
  • François Forestier, Aristote Onassis, l'homme qui voulait tout, Éditions de la Loupe (2006).
  • Valéry Coquant, Aristote Onassis ou l'Olympe foudroyée, Editions Edite (2011)

Liens externes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Aristote Onassis de Wikipédia en français (auteurs)

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