Parti ouvrier d'unification marxiste

Parti ouvrier d'unification marxiste
Parti ouvrier d'unification marxiste
Image illustrative de l'article Parti ouvrier d'unification marxiste
Logo officiel
Présentation
Chefs Joaquín Maurín
Andreu Nin
Fondation 1935
Disparition 1980
Partis créateurs Bloc ouvrier et paysan
Gauche communiste d'Espagne
Idéologie Socialisme
Communisme
Marxisme

Le Parti ouvrier d'unification marxiste (ou POUM, en espagnol Partido Obrero de Unificación Marxista) était une organisation révolutionnaire espagnole, créée en 1935 et devenue illégale en 1937, qui a participé activement à la Guerre d'Espagne contre le général Franco. Violemment réprimé, le POUM a par la suite survécu en Espagne et en exil, notamment en France, luttant contre la dictature franquiste.

Sommaire

Naissance

Le POUM est né à Barcelone le 29 septembre 1935, de la fusion entre Izquierda Communista (Gauche communiste), parti d'origine trotskiste dirigé par Andreu Nin, et du Bloque Obrero y Campesino (Bloc ouvrier et paysan), dirigé par Joaquín Maurín, ces deux organisations provenant de scissions du Parti communiste d'Espagne (PCE), alors stalinien.

Le POUM a été accusé d'être une organisation trotskiste. C'est en fait faux, le POUM était en désaccord avec Trotski ; il a en particulier refusé d'appliquer les ordres de ce dernier, qui leur intimait de déserter les syndicats afin de créer des soviets. Trotski a d'ailleurs dénoncé le « rôle pitoyable joué par la direction » du Parti.

En revanche, il s'agissait bien d'une organisation marxiste anti-stalinienne, qui a notamment dénoncé les Procès de Moscou dans son journal La Batalla. Du fait de son idéologie communiste indépendante du Komintern, les relations avec les staliniens étaient très conflictuelles.

Au niveau international, le POUM était membre du Bureau de Londres, ultérieurement baptisé Centre marxiste révolutionnaire international. Son organisation de jeunesse était la J.I.C. (Juventud iberica comunista), dirigée par Germinal Vidal puis Wilebaldo Solano.

Le POUM au début de la guerre civile

Au début de la guerre civile, Andreu Nin, secrétaire général du POUM, est ministre de la Justice dans le gouvernement de la Generalité de Catalogne avant de se voir retirer le poste en décembre 1936.

Entre juillet et décembre 1936, les effectifs du POUM augmentent, passant de 6 000 à 30 000 adhérents, principalement en Catalogne et dans le Pays valencien. Cependant, même dans ces régions, le POUM reste minoritaire par rapport aux communistes du PCE et aux anarchistes. L'écrivain anglais George Orwell a combattu dans les rangs du POUM et a relaté son expérience dans son livre Hommage à la Catalogne.

Le POUM défend alors la révolution collectiviste qui se déroule en Catalogne depuis le 19 juillet 1936, considérant, comme la Confédération nationale du travail (CNT), qu'une révolution pouvait se développer.

Cette position, ajoutée aux critiques du POUM envers le Komintern, qui risquait de compromettre les relations entre la république espagnole et son principal fournisseur d'armes, a amené une crise grave dans le camp républicain, plus particulièrement entre le POUM et les anarchistes d'une part, le PCE d'autre part.

Les événements de mai 1937 à Barcelone

Le 3 mai 1937, à Barcelone, le chef de la police barcelonaise, le stalinien Rodriguez Salas, accompagné de 200 hommes, tente de prendre de force le central téléphonique, qui était depuis le début de la guerre sous le contrôle de la CNT. Cet événement déclenche un début de situation révolutionnaire à Barcelone. La CNT résiste et, craignant des attaques contre d'autres bâtiments, distribue des armes pour les défendre. Des barricades sont rapidement élevées dans toute la ville, opposant la CNT et le POUM d'un côté, la police et les staliniens de l'autre. Les dirigeants de la CNT, en particulier les ministres au gouvernement central appellent leurs militants à déposer les armes, bientôt suivis par les dirigeants du POUM. Alors qu'ils étaient militairement maîtres de la ville, les ouvriers quittent donc les barricades.

Le 6 mai les hostilités ont cessé et les barricades ont été démontées, mais le PCE, et à sa suite le gouvernement de Juan Negrín (qui a remplacé Francisco Largo Caballero), va prendre prétexte de ces événements pour réprimer les anarchistes et le POUM, qui est déclaré illégal.

L’interdiction et la répression

Les staliniens, à la suite d'une grande opération de propagande selon laquelle le POUM serait « hitléro-trotskiste » et complice des franquistes pour qui il aurait déclenché les émeutes de mai à Barcelone, exigent et obtiennent son interdiction. Orlov, le chef du NKVD en Espagne, met au point une machination fondée sur la « découverte » de documents censés démontrer la collusion du POUM avec l'ennemi ; le 16 juin 1937, il fait investir le siège du POUM et arrêter ses principaux dirigeants. Bien que la CNT et certains membres du gouvernement protestent avec véhémence, cette opération met quasiment un terme à l'existence du POUM, qui maintiendra tout de même une activité clandestine (poursuite de la publication du journal La Batalla).

Les unités combattantes sont dissoutes et la majorité de leurs dirigeants sont emprisonnés, plusieurs sont torturés voire exécutés pour ne pas avoir été dans la ligne politique du gouvernement aux ordres de l'URSS stalinienne. Andreu Nin, notamment, est victime de la vindicte stalinienne : après avoir disparu pendant plusieurs jours, après son arrestation, il est retrouvé mort dans les environs de Madrid, ayant été liquidé par des agents espagnols et russes du Guépéou agissant en toute illégalité[1].

Un procès des dirigeants du POUM, notamment Juan Andrade, a lieu à l'automne 1938 ; ils échappent à la peine capitale.

Le POUM après la guerre civile : l'exil en France

Les détenus du POUM (Julián Gorkin, Wilebaldo Solano, Juan Andrade, Pere Bonet) retrouvent la liberté au moment de la chute de Barcelone : ils sont transférés à la prison de Cadaquès, dont ils réussissent à s'évader. Militants et dirigeants se réfugient en France, comme des centaines de milliers d'autres républicains, et subissent le régime des camps d'internement.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le POUM adopte une position de « défaitisme révolutionnaire », adhérant au Front ouvrier international contre la guerre (créé en septembre 1938). En France, le POUM est assez proche du PSOP (Parti socialiste ouvrier et paysan) créé par l'ex-SFIO Marceau Pivert.

Sous le régime de Vichy, le POUM est interdit et subit la répression de « l'État Français » à l'encontre des organisations espagnoles en exil : en février 1941, plusieurs dirigeants sont arrêtés et condamnés par le tribunal militaire de Montauban à des peines de 1 à 20 ans de prison, notamment Wilebaldo Solano (20 ans), Ignacio Iglesias (12 ans), Juan Andrade (5 ans)[2]. Parmi les dirigeants restés en liberté, se trouve Josep Rovira, ancien commandant de la 29e Division de l'Armée républicaine (constituée de membres du POUM) ; malgré la position défaitiste du parti, Rovira est par ailleurs, à partir de l'automne 1941, responsable d'une organisation de franchissement des Pyrénées : le groupe Martin du réseau Vic, qui reste opérationnel jusqu'à la libération de la France[3].

Wilebaldo Solano est libéré le 17 juillet 1944 de la centrale d'Eysses par les FFI ; avec des codétenus anarchistes, il organise un bataillon Libertad indépendant de l'UNE (Union nationale espagnole, sous contrôle communiste) et délivre Juan Andrade de la prison de Bergerac, dans laquelle il avait été maintenu après la libération de la ville[4].

Le POUM après la Seconde Guerre mondiale

Quelques informations sur le POUM[5] :

La Batalla reparaît officiellement à partir de juillet 1945.

L'objectif du POUM est alors de renverser le franquisme en Espagne, mais les dirigeants (Solano, Andrade) sont dès cette date assez pessimistes, étant certains que les États-Unis et le Royaume-Uni ont intérêt au maintien de Franco au pouvoir.

En 1948, les effectifs militants (en France) sont évalués à 300 personnes par les services de renseignement français.

Wilebaldo Solano est secrétaire général du POUM en exil à partir de 1948.

Le POUM dans la culture populaire

Notes et références

  1. « Les agents soviétiques ont d’abord fait fabriquer de toutes pièces, par un confident de la police espagnole, les "preuves" devant permettre d’accuser Andres Nin d’espionnage […]. Ces fausses preuves, retrouvées aux Archives historiques nationales de Madrid, fourniront le prétexte à l’arrestation […] Nin est torturé durant deux ou trois jours, puis assassiné par les sbires du NKVD. » Derrière l’assassinat d’Andres Nin, Staline, Libération, 10 novembre 1992.
  2. Cf. Geneviève Dreyfus-Armand, L'Exil des Républicains espagnols en France, page 148
  3. Ibidem, page 162
  4. Ibidem, page 178
  5. Ibidem, diverses pages

Voir aussi

Bibliographie

  • Victor Alba, Histoire du POUM, Paris, Champ Libre, 1975 ; éditions Ivrea, 2002.
  • George Orwell, Hommage à la Catalogne, éditions Ivrea.
  • Mika Etchebéhère, Ma Guerre d'Espagne à moi.
  • Wilebaldo Solano, Le POUM, Révolution dans la guerre d'Espagne, Syllepses, Paris, 2002. ISBN 2-913165-83-4.
  • Michel Christ, Le POUM : Histoire d'un parti révolutionnaire espagnol (1935-1952), L'Harmattan, Paris, 2005. ISBN 2-747598-04-7
  • Andrés Suarez, El proceso contra el POUM, Ruedo Ibérico, 1974.

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