Parthénon

Parthénon

37° 58′ 17″ N 23° 43′ 36″ E / 37.971466, 23.726698

Façade ouest du Parthénon

Le Parthénon — en grec ancien Παρθενών / Parthenṓn (de παρθένος, nom féminin, « jeune fille, vierge ») littéralement « l'appartement des jeunes filles[1] », c'est-à-dire ici « la demeure d'Athéna Parthenos » — est un édifice situé sur l'acropole d'Athènes.

Le Parthénon était consacré à la déesse Athéna, protectrice de la cité et déesse de la guerre et de la sagesse. Il a été conçu tout à la fois pour abriter la statue chryséléphantine de la déesse, Athéna Parthénos, œuvre de Phidias, et pour abriter l'argent de la cité et de la ligue de Délos[2].

C'est probablement le plus connu des monuments grecs classiques. Il a été construit de -449 à -438 par l'architecte Ictinos et décoré par le sculpteur Phidias, à l'initiative de Périclès.

Sommaire

Édification du bâtiment

Le Parthénon a été bâti à l'instigation de Périclès entre 447 et 438 av. J.-C. ; les sculptures extérieures n'ont été achevées qu'en 431 av. J.-C.[3] sur l'emplacement de deux édifices précédemment détruits[4]. Le premier est un temple périptère et hexastyle en pōros (sorte de tuf), souvent qualifié d’Urparthenon (« Parthénon primitif ») ou d’Arkitektur H (« hécatompédon »), probablement bâti au début du VIe siècle av. J.‑C. et consacré vers -656-655 av. J.-C., lors de l'institution des Grandes Panathénées par Pisistrate[5].

Ce premier édifice est remplacé par ce que les archéologues appellent le « pré-Parthénon », dont le chantier commence probablement vers 500 av. J.-C., initialement en pōros[6]. Après la bataille de Marathon, les dimensions du bâtiment sont revues à la baisse (33,68 × 72,31 mètres) et l'on décide d'employer le marbre du Pentélique. Les travaux sont suspendus pendant les guerres médiques, probablement sur décision de Thémistocle[6]. L'édifice est détruit lors du sac de l'Acropole en 480 av. J.-C.

Le troisième bâtiment, le Parthénon actuel a pour architectes Ictinos et Callicratès, Phidias assumant au moins la supervision de l'ensemble des sculptures. Sa construction a nécessité le travail de centaines d'artisans-artistes (les deux notions n'étaient pas clairement séparées chez les Grecs de l'Antiquité). Agatharcos a participé au Parthénon au niveau des perspectives : il y a concrétisé ses recherches[réf. nécessaire].

On possède encore quelques-uns des comptes financiers du chantier. Le Parthénon avec la statue d'Athéna et les Propylées aurait coûté 2 000 talents, somme colossale (certains parlent de 400 talents, somme également colossale : équivalent à 400 navires de guerre tout équipés) qui provenait en partie du trésor de la ligue de Délos. Plutarque rapporte dans sa Vie de Périclès (14, 1-2) que celui-ci proposa de prendre à sa charge les dépenses, pourvu qu'on inscrivît son nom sur le monument. L'anecdote est douteuse, mais témoigne des résistances rencontrées à l'époque face à ce projet pharaonique, y compris parmi les alliés d'Athènes.

Son raffinement architectural, la perfection de ses proportions et la qualité de sa décoration étaient réputés dès l'antiquité.

Données architecturales

Plan du Parthénon.

Le Parthénon est un bâtiment dorique, périptère, amphiprostyle et octostyle, construit sur un stylobate à trois degrés. Il mesure 69,51 mètres sur 30,88 mètres, dimensions qui ne peuvent être comparées qu'à celles de grands temples ioniques, comme l’Héraion de Samos, les temples romains de Baalbeck ou l'Artémision d'Éphèse, qui dépassent la centaine de mètres.

La façade principale ouvre à l'est, ce qui n'est pas habituel dans les temples doriques[7].

La colonnade extérieure (péristasis) est octostyle et non hexastyle, comme c'est l'usage à l'époque. Elle est dessinée selon un plan rigoureusement dorique et compte 8 × 17 colonnes, soit un total de 46 colonnes, chacune composée de 10 à 12 tambours à 20 cannelures. Le conflit d'angle propre aux édifices d'ordre dorique est ici résolu par la réduction du dernier entrecolonnement.

Le sècos (partie fermée de l'édifice), est surélevé de deux degrés. Il est amphiprostyle, c'est-à-dire que sa colonnade est limitée aux petits côtés, et hexastyle (6 colonnes). Le naos, large de 9,815 m, est entouré d'une colonnade faisant un retour derrière la statue.

L'édifice est aménagé de manière à mettre en valeur la statue de Phidias : la péristasis (espace de la colonnade extérieur), le pronaos (vestibule d'entrée dans le naos) et l'opisthodome (symétrique, à l'arrière du pronaos) sont fortement réduits pour ménager de la place. L'opisthodome ouvre sur une quatrième pièce assez rare dans les monuments grecs de l'époque classique : le parthénos (qui donne son nom à l'édifice).

Le Parthénon est construit en marbre du Pentélique. Son toit était couvert de tuiles de marbre, agrémentées d'antéfixes en palmettes polycromes, et figurant des têtes de lions aux angles, faisant office de gargouilles.

Corrections optiques

Façade Sud.

Un système de correction optique très précis permet de donner l'illusion d'une verticalité et d'une horizontalité parfaite alors que les stylobates et les architraves sont incurvés. De plus, les colonnes ne sont pas parallèles mais sont inclinées vers un point de fuite situé en hauteur (ce qui se voit d'autant plus que la colonne est loin du centre de l'édifice). Enfin, les colonnes elles-mêmes sont modifiées pour ces raisons optiques : les colonnes d'angles sont plus épaisses (car, se détachant sur le vide, elles sembleraient sinon trop minces) et elles sont, ce qui est très courant, légèrement renflées au tiers de la hauteur (l'œil ayant tendance à voir à cet endroit un étranglement).

Ces corrections ont, outre l'aspect esthétique, des avantages techniques : elles facilitent l'écoulement des eaux par la courbure du sol et renforcent la structure de l'ensemble par l'élargissement des colonnes d'angle. Cependant, elles rendent aussi plus délicate la taille de chaque bloc de pierre, ainsi que le travail de jointoiement.

Décoration

Phidias montre à ses amis la frise ionique du Parthénon, par Lawrence Alma-Tadema (1868). Socrate et Alcibiade sont à gauche du tableau.

À l'origine, le Parthénon avait une riche décoration de marbre peint, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur du bâtiment.

Le Parthénon est un bâtiment dorique périptère octostyle, avec des traits architecturaux ioniques. Il abritait la statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos sculptée par Phidias et consacrée en -439/-438.

Il a été consacré à Athéna à cette date, même si sa construction s'est poursuivie jusqu'en -432, presque au début de la guerre du Péloponnèse. La décoration sculptée des métopes doriques de la frise surmontant le péristyle extérieur et de la frise ionique située à la partie supérieure des murs de la cella a été achevée en -438.

La richesse de la décoration sculptée de la frise et des métopes du Parthénon est en accord avec sa fonction de trésor. Dans l'opisthodome (salle située à l'arrière de la cella) étaient gardées les contributions financières de la Ligue de Délos, dirigée par Athènes. La décoration en pierre était, à l'origine, très colorée.

Frontons

Fronton est du Parthénon.
Fronton est : naissance d'Athéna et métopes de la Centauromachie, British Museum, salle 18.

Le voyageur Pausanias[8], lors de sa visite à l'Acropole, à la fin du IIe siècle de notre ère, évoque brièvement les sculptures des frontons du temple, réservant l'essentiel de sa description à la statue d'or et d'ivoire de la déesse. Les deux frontons sont actuellement très mutilés.

Fronton est

Le fronton est de l'édifice dépeint l'épisode de la naissance d'Athéna, sortie toute armée du crâne de Zeus, son père. Selon la mythologie grecque, Zeus donne naissance à Athéna après un terrible mal de tête pour lequel il sollicite l'aide d'Héphaïstos, dieu du feu et de la forge. Pour soulager sa douleur, Zeus ordonna à Héphaïstos de le frapper de son marteau de forgeron. Ainsi fut fait, et la tête de Zeus s'ouvrit, faisant surgir la déesse Athéna tout armée. La scène sculpturale représente le moment de la naissance d'Athéna.

Malheureusement, les pièces du centre du fronton ont été détruites avant même que Jacques Carrey eût exécuté ses précieux dessins de 1674, de sorte que toutes les reconstructions ne sont que conjectures. Les principaux dieux olympiens se tenaient, selon toute vraisemblance, auprès de Zeus et Athéna pour assister au merveilleux événement, avec Héphaïstos et Héra probablement à leurs côtés. Les dessins de Carrey sont déterminants pour la reconstitution des côtés de la scène [9].

Fronton ouest

Le fronton ouest, face aux Propylées, dépeint la querelle entre Athéna et Poséidon pour l'honneur de l'attribution de la ville (voir aussi : Athènes). Athéna et Poséidon figurent au centre de la composition, opposés en diagonale, la déesse tenant l'olivier et le dieu de la mer brandissant son trident pour fendre la terre. À leurs côtés se tiennent deux groupes de chevaux attelés à des chars et toute une foule de personnages légendaires de la mythologie athénienne qui emplit l'espace jusqu'aux extrémités du fronton.

Les travaux sur les frontons se sont échelonnés de -438 à -432, et les sculptures des frontons du Parthénon figurent parmi les plus beaux exemples de l'art grec classique. Les figures sont sculptées dans un mouvement naturel, avec des corps pleins d'énergie qui jaillissent des minces vêtements. La distinction entre les dieux et les humains est floue dans cette composition où se mêlent idéalisme et naturalisme[9].

Frises

Frise dorique : métopes et triglyphes

La frise dorique extérieure est faite de triglyphes (trois bandes verticales) alternant avec des métopes (parties plates) sur lesquelles sont sculptées des scènes traditionnelles :

  • est : Gigantomachie 14 métopes
  • sud : Centauromachie 32 métopes
  • ouest : Amazonomachie 14 métopes
  • nord : Ilioupersis : scène du sac de Troie 32 métopes, dont trois seulement sont conservées
Combat des Lapithes et des Centaures, musée du Louvre.

Les quatre-vingt-douze métopes du Parthénon ont été sculptées en haut-relief, une pratique jusqu'alors réservée aux trésors (bâtiments utilisés pour conserver les offrandes aux dieux). Selon les archives de la construction du Parthénon, les sculptures des métopes datent des années -446 à -440. Leur conception est attribuée au sculpteur Calamis. Chacune des faces est conçue autour d'un thème.

Les métopes conservent des traits du style sévère dans les visages et dans la limitation aux contours des détails corporels, sans indication des muscles, mais avec des veines saillantes bien visibles sur les personnages de la Centauromachie. Quelques-unes de ces métopes sont encore en place sur le bâtiment, mais elles sont gravement endommagées. Certaines d'entre elles sont conservées au musée de l'Acropole, d'autres sont au British Museum et l'une d'entre elles peut être vue au musée du Louvre[10].

Métopes sous le fronton est

Les métopes du côté est du Parthénon, au-dessus de l'entrée principale, décrivent une Gigantomachie (bataille mythique entre les dieux de l'Olympe et les Géants). Zeus (n° 8) figure au centre, suivi de son frère Poséidon (n° 6) jetant l'île de Nisyros sur un géant vaincu. La victoire des dieux est célébrée par le Soleil qui émerge de la nuit avec son char (n° 14), inaugurant une nouvelle ère. Ces métopes du côté est sont en très mauvais état et l'interprétation des leurs figures demeure très conjecturale.

Métopes du côté sud
Centaure combattant un Lapithe, métope sud n° 30, British Museum.

Les métopes du côté sud (1-12 et 21-37), à l'exception de la problématique métope 13-20 aujourd'hui perdue, montrent la Centauromachie ou combat des Lapithes et des Centaures (combat mythique des Lapithes aidés par Thésée contre les Centaures, mi-hommes, mi-chevaux, en Thessalie). Les Centaures sont figurés avec des traits rappelant ceux des masques de théâtre ; ils sont vêtus de peaux d'animaux et sont armés de branches d'arbres. Les Lapithes sont figurés nus ou vêtus de la chlamyde ; ils portent des épées et des boucliers, avec des éléments métalliques véritables qui se trouvaient insérés dans la pierre. On distingue aussi des hydries, qui semblent indiquer une bataille se déroulant à l'intérieur de bâtiments. Contrairement à ce qu'on attendrait d'un point de vue moral, ce sont les Centaures qui semblent l'emporter sur les Lapithes, du moins à cette phase de la bataille.

Le bombardement vénitien de 1687 a gravement endommagé nombre de métopes du côté sud, surtout au centre du mur. Les métopes détruites ne nous sont connues que par les dessins de Jacques Carrey (1674) et par quelques fragments parvenus jusqu'à nous. On ne peut déterminer avec certitudes ce qu'elles représentaient, probablement des scènes de mythes attiques, à mettre en rapport avec la Centauromachie déjà mentionnée.

Métopes et triglyphes, angle nord-ouest.
Métopes sous le fronton ouest

Les métopes de l'ouest montrent le combat contre les Amazones (combat consécutif à l'invasion légendaire d'Athènes par les Amazones en habits perses, en référence aux guerres médiques).

Métopes du côté nord

Du côté nord du Parthénon, les métopes sont mal conservées, mais elles semblent avoir pour thème le sac de Troie.

La frise ionique

Article détaillé : Frise du Parthénon.

Le naos (ou cella) est décoré, de façon inattendue, au-dessus de l'architrave dorique, d'une frise ionique en continu, que l'on nomme généralement « frise du Parthénon » ou « frise des Panathénées », car elle semble représenter la grande procession qui se déroulait au cours de cette fête.

La procession des Panathénées
Frise ionique, British Museum.

De structure complexe, mesurant 160 m de long, comprenant 360 personnages, elle représente une procession comprenant hommes, héros éponymes des tribus grecques, dieux, chevaux d'une cavalcade et divers objets cultuels. De nombreux chars pour les apobatai (pluriel d'ἀποϐάτης / apobátês) sont aussi présents. Ce sont des guerriers en armes sautant en marche des chars pour y remonter après avoir couru à côté ; ces athlètes participaient à un concours et le meilleur d'entre eux recevait comme prix une amphore d'huile tirée des oliviers sacrés. Il est possible que cet exercice d'essence religieuse provienne du fait qu'Érichthonios passait pour l'inventeur du char.

Plaque des Ergastines, musée du Louvre.
Une reconstitution grandeur nature du Parthénon, au parc du Centenaire (1897), à Nashville (États-Unis)

Parmi les mortels se trouvent peut-être — les exégètes ne s'accordent pas — les ergastinai / ἐργαστῖναι, femmes chargées de tisser le péplos dont on habillait une statue de bois d'olivier d'Athéna Polias (Πολιάς, « protectrice de la cité », gardée dans l'Érechthéion) pendant les Panathénées. Il est notable que des mortelles soient représentées : en effet c'est une des rares cérémonies auxquelles elles étaient conviées.

Interprétation de J.B. Connelly

L'archéologue américaine Joan Breton Connelly a proposé une interprétation[11], qui, en général, n'est pas acceptée, du sujet de cette frise.

Elle évoque une légende connue grâce aux bribes d'une pièce d'Euripide retrouvées sur un morceau de papyrus. Il s'agit de l'histoire d'Érechthée, l'un des premiers rois d'Athènes, qui dut repousser l'armée d'un rival, Eumolpe. Il consulte l'oracle de Delphes qui lui dit qu'il doit sacrifier l'une de ses filles, vierge, pour sauver la cité. Il va le faire et ainsi sauver son peuple.

Si l'on suppose que la frise représente cette légende :

  • Le cortège des cavaliers devient alors l'armée d'Érechthée qui se rassemble pour célébrer la victoire.
  • Dans la scène centrale, l'homme portant une robe de prêtre serait Érechthée. Le vêtement plié serait le vêtement funéraire que la jeune fille devra porter lors du sacrifice.
  • Enfin, la femme se tenant à côté d'Érechthée serait son épouse, Praxithée, première prêtresse d'Athéna. Elle se tourne vers une autre de ses deux autres filles qui approche avec un linge ou un couteau de cérémonie sur le coussin qu'elle porte sur la tête.

Selon J.B. Connelly, cette proposition permet également d'expliquer la présence des dieux olympiens et la juxtaposition des éléments du sacrifice. Elle relève que de nombreux arguments alimentent cette interprétation, en particulier, le fait qu'Érechthée devait avoir son temple sur l'Acropole.

Copie de la statue chryséléphantine d'Athéna.

Statue chryséléphantine d’Athéna

Les descriptions parlent d'une statue chryséléphantine (d'or et d'ivoire), réalisée par Phidias à l'intérieur du Parthénon, de 12 m de hauteur, composée d'une structure de bois sur laquelle étaient fixées des plaques d'ivoire. Ce matériau fragile et sujet à dessiccation était entretenu à l'aide d'une eau huilée qu'on laissait à disposition dans un bassin, au pied de la statue. La couche d'huile laissait une pellicule protectrice empêchant l'évaporation et donnant un lustre à l'ivoire.

Il existe plusieurs copies en marbre de cette statue : Athéna est figurée en armes, portant un casque et un bouclier orné d'une scène de combat contre les Amazones. Périclès et Phidias y auraient été inclus en tant que personnages, ce qui, pour l'époque, a pu passer pour scandaleux, l'art religieux devant rester anonyme et ne pas glorifier ses auteurs[réf. souhaitée].

La fonction du Parthénon

Bien que le Parthénon reprenne le modèle architectural du temple grec et soit habituellement qualifié comme tel dès l'Antiquité ("néôs"), il n'est pas un temple au sens conventionnel du terme[12]. Un petit autel a bien été découvert à l'intérieur du bâtiment, sur l'emplacement d'un temple plus ancien probablement consacré à Athéna Erganê[12], mais l'Athéna qui fait l'objet du culte principal sur l'Acropole, notamment lors de la célébration des Panathénées, est Athéna Polias, dont la statue cultuelle, un xoanon (statue en bois), est conservée à l'Érechthéion, qui était le véritable temple de l'Acropole[13].

La statue d'Athéna Parthénos qui occupe la salle principale à l'est n'est pas une statue de culte mais une offrande : elle n'a fait l'objet d'aucun rite connu[14]. On ne connaît aucun témoignage de ferveur religieuse à son endroit[13]. Aucune prêtresse n'y était attachée et on ne lui connaît aucun autel ou nom cultuel[15]. Selon Thucydide, Périclès la mentionne comme une réserve d'or : « la statue comport[e] de l'or affiné pour un poids de quarante talents et celui-ci p[eut] entièrement s'enlever[16]. » Il implique ainsi que le métal, obtenu par la fonte de monnaies contemporaines[17], peut être réutilisé sans risque d'impiété[15]. En outre, le Parthénon devrait plutôt s'appeler Parthénion (de la même façon que l'Artémision est le temple d'Artémis, l'Héraion le temple d'Héra, etc.) s'il était le temple d'Athéna Parthénos[réf. nécessaire]. À l'origine, le terme de Parthénon ne désigne que la salle Ouest du bâtiment, qui contient les offrandes et les réserves de métal monnayé, auparavant conservées dans le Vieux Temple d'Athéna Polias. Il n'y a pas pour l'instant d'explication convaincante pour cette appellation.

Le Parthénon a été conçu comme le trésor destiné à accueillir la statue colossale d'Athéna Parthénos[18], œuvre de Phidias, et les réserves de métal monnayé d'Athènes et le trésor de la Ligue de Délos, initialement constitué pour financer la guerre en cas d'attaque perse[2], mais en partie utilisé par Périclès, stratège d'Athènes, pour construire le Parthénon lui-même et embellir la cité. Ce détournement sera d'ailleurs dénoncé par les autres cités-États membres de la ligue de Délos. Le Parthénon est donc du point de vue de sa fonction comparable aux bâtiments votifs de Delphes (le Trésor des Athéniens par exemple), d'Olympie ou de Délos.

De l'Antiquité à nos jours

Histoire du Parthénon jusqu'au XIXe siècle

L'Acropole en 1821 : le Parthénon apparaît très endommagé.

Le Parthénon est demeuré quasiment intact pendant plusieurs siècles. Il l'était probablement au IVe siècle, alors qu'Athènes n'était plus qu'une bourgade provinciale de l'Empire romain. Vers le Ve siècle, la statue d'Athéna aurait été emmenée à Constantinople par un empereur romain. On perd ensuite sa trace : elle fut peut-être détruite pendant le pillage de Constantinople lors de la quatrième croisade, en 1204.

Au VIe siècle, le Parthénon est transformé en église consacrée à la Vierge Marie. La reconversion en église a conduit à la destruction des colonnes intérieures et l'ouverture de plusieurs portes. Certaines statues de dieux païens ont probablement été retirées et détruites délibérément à cette époque.

En 1456, Athènes est conquise par les Ottomans qui transforment le Parthénon-église en mosquée. Hormis un minaret qui lui est ajouté, il est peu modifié à cette époque. De nombreux visiteurs du XVIIe siècle ont témoigné du bon état de conservation du bâtiment. Contrairement à la réputation que leur firent les Européens plus tard, les Ottomans étaient généralement respectueux des monuments anciens qui se trouvaient sur leur territoire.

Le Parthénon, photo du XIXe siècle

En 1674, l'édifice est minutieusement dessiné par, selon les hypothèses un artiste anonyme ou Arnould de Vuez, accompagnateur du marquis de Nointel, ambassadeur de Louis XIV de France auprès de la Sublime Porte. Ces relevés, dits à tort « de Carrey », sont aujourd'hui très précieux pour identifier les nombreux fragments des décors du Parthénon.

En 1687, le Parthénon subit l'une de ses plus terribles blessures. Au cours de la Guerre de Morée, les Vénitiens attaquent Athènes et les Ottomans se fortifient sur l'Acropole, en utilisant le Naos du Parthénon comme poudrière[19]. Le 26 septembre, un boulet vénitien touche le bâtiment, qui explose sur le coup[20]. Les murs du Saint des Saints du temple s'effondrent et ce qui restait du toit est détruit, tout comme vingt et une colonnes[20]. De nombreuses sculptures sont gravement endommagées. De nombreux débris de décor jonchent le sol et sont réemployés ou emportés.

Les « marbres d'Elgin »

Article détaillé : Marbres d'Elgin.

En 1801-1802, Lord Elgin, ambassadeur britannique à Constantinople, envoie à Londres l'essentiel des sculptures en marbre de la frise du Parthénon, des frontons et des métopes. Ils sont aujourd'hui encore exposés au British Museum qui les a acquis en 1816[21]. La Grèce en réclame depuis longtemps la restitution.

Restauration du bâtiment

Un important programme de restauration du Parthénon a été entrepris après un tremblement de terre en 1893. De 1894 et 1933 l'architecte N. Balanos a conduit ce chantier[22].

Une seconde campagne de restaurations, depuis les années 1980, tente de corriger les erreurs commises antérieurement, et surtout, comme dans les autres monuments de l'Acropole, de remplacer les crampons de fer par des éléments en titane[23]. Ce travail s'appuie sur les recherches de l'architecte Manolis Korrès.

Notes et références

  1. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour) (ISBN 2-252-03277-4)  à l'article παρθένος.
  2. a et b Georges Roux, « Pourquoi le Parthénon ? », Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, année 1984, volume 128, no2 p. 315 [301-317].
  3. W.B. Dinsmoor, « Attic building accounts, I: the Parthenon », AJA 17 (1913), p. 53-80.
  4. Wilhelm Dörpfeld, « Parthenon I, II und III », AJA 39/4 (octobre-décembre 1935), p. 497-507.
  5. M.C. Hellmann, L'Architecture grecque 2. Architecture religieuse et funéraire, Picard, 2006, p. 83.
  6. a et b Hellmann, p. 84.
  7. Émile Burnouf, Monuments de la Grèce : le Parthénon, La Revue des Deux Mondes, tome 20, 1847.
  8. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 24, 5-7.
  9. a et b Thomas Sakoulas, Ancient Greece.org
  10. American Journal of Archaeology: Vol. 86, No. 2 (April, 1982), pp. 227–229, jstor.org
  11. J. B. Connelly, American Journal of Archaeology, 100, 1996, p. 58-80
  12. a et b S. Deacy, Athena, Routledge, 2008, p. 111.
  13. a et b Burkert, Greek Religion, Blackwell, 1985, p. 143.
  14. MC. Hellmann, L'Architecture grecque. Architecture religieuse et funéraire, Picard, 2006, p. 118.
  15. a et b B. Nagy, « Athenian Officials on the Parthenon Frieze », AJA 96/1 (January 1992), p. 55.
  16. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], II, 13, 5. Traduction de Jacqueline de Romilly.
  17. S. Eddy, « The Gold in the Athena Parthenos », AJA 81/1 (été 1977), p. 107-111.
  18. B. Holtzmann and A. Pasquier, Histoire de l'art antique : l'art grec, École du Louvre, Réunion des musées nationaux and Documentation française, 1998, p. 177.
  19. François Queyrel 2008, p. 147
  20. a et b François Queyrel 2008, p. 148
  21. François Queyrel 2008, p. 180
  22. François Queyrel 2008, p. 189
  23. François Queyrel 2008, p. 190

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Article principal : Acropole d'Athènes.

Bibliographie

  • (en) Acropolis Restoration. The CCAM Interventions, éd. R. Economakis, Londres, 1994.
  • (de) Parthenon-Kongress Basel, éd. E. Berger, Mayence, 1984.
  • (fr) J. Baelen, Chronique du Parthénon. Guide historique de l'Acropole, Belles Lettres, 1956 (ISBN 978-2-251-33200-0).
  • (de) E. Berger, The Parthenon in Basel: Dokumentation zu den Metopen, Mayence, 1986.
  • (en) F. Brommer, The Sculptures of the Parthenon, Thames & Hudson, Londres, 1979.
  • (fr) B. Holtzmann, L'Acropole d'Athènes, Monuments, cultes et histoire du sanctuaire d'Athèna Polias, Picard, Paris, 2003 (ISBN 978-2-7084-0687-2).
  • (fr) Laurent Saget, « La Parthénos de Phidias en lumière », dans Chronozones no 11 (2005), UNIL/IASA, Lausanne (ISSN 1422-5247).
  • (fr) François Queyrel, Le Parthénon, Un monument dans l'Histoire, Paris, Bartillat, 2008 (ISBN 978284100-435-5) 

Liens externes


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  • Parthenon — [pär′thə nän΄, pär′thənən] n. [L < Gr Parthenōn < parthenos, a virgin (i.e., Athena)] the Doric temple of Athena built (5th cent. B.C. ) on the Acropolis in Athens: sculpture is attributed to Phidias …   English World dictionary

  • Parthenon — Par the*non (p[aum]r th[ e]*n[o^]n), prop. n. [L., fr. Gr. Parqenw n, fr.parqe nos a virgin, i. e., Athena, the Greek goddess called also Pallas.] A celebrated marble temple of Athena, on the Acropolis at Athens. It was of the pure Doric order,… …   The Collaborative International Dictionary of English

  • Parthĕnon — (gr.), 1) Jungfrauenzimmer; 2) Tempel der jungfräulichen Athene; bes. der berühmte, 150 Ellen lange, 100 Ellen breite Athenetempel auf der Akropolis von Athen, s.d. (a. Geogr. A); darin eine berühmte Bildsäule der Göttin (s. Athene). Unter den… …   Pierer's Universal-Lexikon

  • Parthenon — (griech., der), Jungfrauengemach; insbes. der Tempel der jungfräulichen Athene, det Athene Parthenos, der unter Perikles von den Architekten Iktinos und Kallikrates auf der Akropolis von Athen erbaut wurde und 438 v. Chr. im wesentlichen fertig… …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • Parthenon — Parthĕnon, der Tempel der jungfräulichen Göttin Athene (Athena Parthenos) auf der Akropolis zu Athen [Tafel: Griechisch Römische Kunst I, 1], zur Zeit des Perikles erbaut, mit den plastischen Meisterwerken des Phidias geschmückt; nach dem… …   Kleines Konversations-Lexikon

  • Parthenon — Parthenon, s. Athen, Theil I. S. 309, und Elgin …   Herders Conversations-Lexikon

  • PARTHENON — Graece Παρθενὼν, locus aedium, et quidem Gynaeconitidos pars, ubi Virgines olim habitabant, de quo vide aliquid supra: ubi de Oecuria Atheniensium. Nuptiis; infra, voce Puella, it´. Thalamus, et Virginitas. Item Monasterium Virginum, apud medii… …   Hofmann J. Lexicon universale

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