Papiers du Pentagone

Papiers du Pentagone

Pentagon Papers

Les Pentagon Papers (« papiers du Pentagone») constituent une expression populaire sous laquelle est désigné le document United States-Vietnam Relations, 1945-1967 : A Study Prepared by the Department of Defense (« Relations entre les États-Unis et le Viêt Nam, 1945-1967 : Une étude préparée par le Département de la Défense »).

Il s'agit de 47 volumes totalisant 7 000 pages secret-défense émanant du Département de la Défense à propos de l'implication politique et militaire des États-Unis dans la guerre du Viêt Nam de 1945 à 1971.

Le document, rédigé par trente-six officiers militaires et experts politiques civils, éclaircit en particulier la planification et la prise de décisions propre au gouvernement fédéral des États-Unis. Il fut rédigé à la demande de Robert McNamara, alors au poste de secrétaire à la Défense, en 1967.

Sommaire

Publication

La majorité, mais pas l'intégralité, de ces 4000 pages de texte assorties de 3000 pages d'analyse, pour la période 1945-1967, formant les Pentagon Papers ont été illégalement transmises à la rédaction du New York Times au début de l'année 1971 par un ancien officiel du Département d'État, Daniel Ellsberg, qui fut assisté de son ami Anthony Russo pour les copier.

Leur publication s'avéra une première affaire, dans un contexte immédiatement antérieur à l'éclatement du scandale du Watergate. Le climat général était donc à l'attentisme et à l'opposition à la politique étrangère des États-Unis.

La révélation au public du contenu de ce document acheva de détériorer le soutien de l'opinion publique pour les opérations dans la péninsule indochinoise. Ce fut pour cette raison que Richard Nixon décida de placer en haute priorité les actions visant à discréditer Ellsberg. La cassette enregistrée dans le bureau ovale datée du 14 juin 1971 révèle un entretien entre H. R. Haldeman, son aide de camp pour les questions politiques, et le président à propos de la situation.

Contenu

Les papiers révèlent, entre autres, que le gouvernement américain a délibérément étendu et intensifié la guerre du Viêt Nam en menant des bombardements sur le Laos, des raids le long du littoral vietnamien, et en engageant les Marines dans des actions offensives, avant leur engagement officiel, et alors que le président Lyndon Johnson avait promis de ne pas s'impliquer davantage dans le conflit. Le document exacerbait les invraisemblances inhérentes au gouvernement américain, et donnait l’impression de contrecarrer les efforts déployés par le gouvernement Nixon pour mettre fin à la guerre.

Compte tenu de la contribution d’Anthony Lewis à Ancien Média, nouveau média, recueil de textes étudié dans le cours de James Gooddale à l’école de droit, le New York Times est invité par le conseil intérieur à ne pas publier. Goodale émet un avis différent.

Une des « invraisemblances » révélées par le New York Times suggère qu’un consensus pour bombarder le Nord-Vietnam avait émané du gouvernement Johnson le 7 septembre 1964, avant l’élection présidentielle américaine. Toutefois, selon les mêmes documents, aucune des actions recommandées ce 7 septembre n’impliquait de bombardements sur le Nord-Vietnam. Le 14 juin 1971, le New York Times déclare que le gouvernement Johnson avait entamé les derniers cycles de planification en vue d’une campagne de bombardement le 3 novembre, jour de l’élection de Johnson. Mais les documents affirment qu’au 3 novembre « Le Président n’était pas résolu à approuver un programme de frappes aériennes sur le Nord Vietnam », du moins jusqu’à ce que les alternatives existantes puissent être pleinement et soigneusement réexaminées.

Autre sujet qui prête à controverse, l’allusion faite par le New York Times soutenant que Johnson avait décidé d’envoyer des forces armées américaines au Vietnam le 17 juillet, ce qui créditait la thèse selon laquelle il n’aurait que feint de consulter ses conseillers à partir du 21-27 juillet. Cela était dû à l’existence d’un télégramme qui déclarait « Vance informe McNamara que le président approuve le Plan Bataillon 34 et va tenter de percer par un appel des réservistes ». Lorsque le télégramme fut déclassifié en 1988, il mentionnait : « il y avait une constante incertitude quant à sa décision finale, qui devrait attendre la recommandation du secrétaire McNamara et les avis des leaders du Congrès, en particulier celui du sénateur Russel. »

Lorsque le New York Times commença à publier ses feuilletons, le président Nixon devint fou de rage. Les propos qu’il tînt ce jour-là, à l’intention de Henry Kissinger, Conseiller à la Défense, comportaient des expressions telles que : « Les gens devraient être envoyés au bûcher pour ce genre de choses… » et « envoyons ce fils de pute en prison ». Après avoir failli à faire en sorte que le New York Times arrête de publier volontairement, le procureur général John Mitchell et le président Nixon ont requis et obtenu une injonction de la cour fédérale intimant au journal de cesser de publier des extraits. Il fit appel de la décision émise et l’affaire commença (rapidement) son cheminement à travers le système judiciaire.

Le 18 juin, le Washington Post commença à publier ses propres séries d’articles. Ben Bagdikian, un éditeur du Post, avait obtenu partie des documents de la part d’Ellsberg. Ce jour-là, le Post reçut un appel du procureur adjoint, William Rehnquist, les sommant d’arrêter la publication des documents. Le Post refusa, si bien que le Département de la Justice demanda une autre injonction. Mais le juge du tribunal d’instance américain le débouta de sa demande, dès lors le gouvernement interjeta appel.

Le 26 juin, la Cour suprême des États-Unis accepte de prendre en charge les deux affaires, les réunissant sous l’affaire New York Times Co. c. États-Unis d’Amérique (403 US 713). Le 30 juin, la Cour suprême a statué par 6 voix contre 3 que les injonctions étaient des limitations préalables anticonstitutionnelles et que le gouvernement n’avait pas satisfait à la charge de la preuve pour appliquer de telles limitations. Les juges appelés rédigèrent neuf avis distincts, divergeant ainsi d’opinion sur des problèmes substantiels significatifs. Alors que cela fut généralement considéré comme une victoire par ceux qui revendiquaient que le Premier Amendement consacrait un droit absolu à la libre expression, un grand nombre considérèrent la chose comme, tout au plus, une victoire en pointillés, n’offrant qu’une maigre protection aux futurs éditeurs lorsque des revendications touchant à la sécurité nationale sont formulées.

Thomas Tedford et Dale Herbeck avaient résumé, à l’époque, les réactions des éditeurs et celles des diffuseurs :

« Tandis que dans les salles de presse du Times et du Post on commençait à fredonner la levée de l’ordre de censure, les journalistes des États-Unis pesèrent avec une profonde inquiétude le fait que, 15 jours durant, la « presse libre » de la nation avait été empêchée de publier un document important, et pour la peine qu’elle s’était donnée, ne reçut qu’une décision triste et peu concluante de « charge de la preuve », rendue par une Cour Suprême fortement divisée. Il y eut un soulagement, mais pas de jubilation, dans les rédactions des maisons d’édition et de diffusion des États-Unis. »

— Tedford and Herbeck, pp.225-226

Voir aussi

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