Archiduchesse Sophie

Archiduchesse Sophie

Sophie de Bavière

Sophie de Bavière.
Lithographie de Joseph Kriehuber (1836).

Frédérique Sophie Dorothée Wilhelmine, princesse de Bavière puis archiduchesse d'Autriche, née le 27 janvier 1805 à Munich et décédée le 28 mai 1872 à Vienne, fut la mère des empereurs François-Joseph d'Autriche et Maximilien du Mexique.

Sommaire

Une famille européenne au coeur du gotha

Sophie était également la tante (et belle-mère) de l'impératrice Elisabeth d'Autriche, la célèbre « Sissi », de la reine Marie des Deux-Siciles et de la duchesse d'Alençon. Ses sœurs étaient duchesse de Beauharnais-Leuchtenberg, impératrice d'Autriche (après un mariage annulé avec le roi de Wurtemberg), reine de Prusse, reines de Saxe et (la moins bien lotie) duchesse en Bavière.

Sa mère Caroline, femme d'une grande dignité, était une princesse de Bade, comme ses tantes, la tsarine Elisabeth, l'ex-reine de Suède, la duchesse de Brunswick et le grande-duchesse de Hesse.

Sophie était donc liée par de très proches liens de parenté avec les familles régnantes d'Allemagne et d'Europe.

Un mariage politique

Issue de la maison de Wittelsbach, Sophie est la fille du roi Maximilien Ier Joseph de Bavière et de la reine Caroline de Bavière (née princesse Caroline de Bade). Elle a une sœur jumelle, Marie.

Belle et intelligente, elle épouse à contre-cœur le 4 novembre 1824 à Vienne l'archiduc François-Charles d'Autriche, homme faible et sans charme mais apparemment promis au trône impérial, son frère étant visiblement incapable. Sa mère à qui elle se plaignait lui répondit : "Que voulez vous, cela a été décidé au Congrès de Vienne". Sophie avait alors 19 ans.

Après six années de stérilité et une fausse couche en 1827 - un handicap politique -, le couple aura cinq enfants : François Joseph Charles en 1830, Ferdinand Maximilien Joseph Marie en 1832, Charles-Louis en 1833, Marie Anne Caroline Pia (1835-1840) et Louis-Victor en 1842.

Une jeune femme au coeur tendre

Des rumeurs affirment que le père de son second fils Maximilien n'était autre que l'Aiglon, le fils de Napoléon, avec lequel elle était intimement liée : Sophie fut, dit-on, le grand amour de l'Aiglon. Une complicité amoureuse existait entre eux et, bien qu'enceinte, elle l'assista dans ses derniers jours. Membre à part entière de la Famille de Habsbourg-Lorraine, le duc de Reichstadt était le neveu de son mari et sut éveiller en Sophie des sentiments probablement partagés entre amour romantique et amour maternel. Elle était son aînée de six ans.

Une princesse bonapartiste

La famille paternelle de Sophie était francophile et bonapartiste : son père, le Roi Maximilien, devait son titre royal à Napoléon et sa sœur aînée, la duchesse Augusta de Bavière avait épousé le prince Eugène de Beauharnais, créé duc de Leuchtenberg - mariage d'État devenu véritable union amoureuse ; Sophie ne cacha jamais son admiration pour Napoléon ni son affection pour son beau-frère Beauharnais.

L'homme de la famille

Dès son arrivée à la Cour de Vienne, elle y occupa la première place. Sa demi-sœur, Caroline-Augusta, bien qu'Impératrice en titre, lui laissa volontiers jouer ce rôle qui convenait parfaitement à son intelligence. Il en fut de même à la mort de l'Empereur François Ier, en 1835, la nouvelle impératrice en titre, Marie-Anne de Savoie, ne lui contestant pas ce rôle.

Durant la période Biedermeier, l'archiduchesse Sophie fut une figure éminente du monde viennois. Son salon était réputé ouvert aux artistes et elle y reçut, entre autres Franz Liszt. Johann Strauss lui consacra une valse et une des salles de bals les plus fréquentées de Vienne portait son nom la " Sophiensaal". Bien que quatre de ses sœurs fussent souveraines, deux reine de Saxe et une reine de Prusse, une impératrice d'Autriche, et que son frère Louis Ier fut roi de Bavière, Sophie était la véritable tête de la Famille.

L'archiduc François-Charles aurait dû à la mort de son père devenir empereur d'Autriche et Sophie impératrice car le fils aîné de François Ier, l'archiduc Ferdinand, était d'un caractère doux et aimable à la limite de la débilité. Le chancelier Metternich s'opposa, en vertu du principe dynastique, à cette substitution car il voyait dans le monarque plus l'institution que l'homme et il aurait probablement eu à compter avec Sophie, dont le mari était à sa dévotion : avec un empereur faible, marié à une femme sans intérêt pour les affaires politiques, Metternich put conserver la haute main sur la politique autrichienne jusqu'à ce que la Révolution de 1848 le chasse du pouvoir et l'oblige à l'exil.

Ayant conscience que seul un jeune souverain pourrait faire face aux troubles causés par les révolutions nationales de 1848 l'archiduchesse Sophie, avec la complicité de sa sœur, impératrice douairière, veuve de François Ier d'Autriche, et de sa belle-sœur, l'Impératrice Maria-Anna, née princesse de Savoie, obtint de son beau frère l'empereur Ferdinand Ier qu'il abdiquât en faveur de son fils aîné François-Joseph, suite à la renonciation du mari de Sophie, l'archiduc François-Charles, trop faible de caractère pour assumer la fonction impériale. Ce fut le "Complot des Dames".

Mère de l'Empereur

Par son caractère et sa fermeté, ainsi que l'appui des ultramontains, elle assoit les débuts du règne de son fils aîné sur un régime absolutiste et autoritaire, ne s'effaçant progressivement du pouvoir qu'à l'approche de sa mort.

Désillusions

La défaite de 1866 face à la Prusse et le Compromis austro-hongrois de 1867, vécu comme une victoire par l'impératrice Elisabeth, fut ressentie comme une défaite par l'archiduchesse Sophie, qui se retira alors de la vie politique. Le Compromis fut en fin de compte nuisible à la Monarchie austro-hongroise, en donnant aux Hongrois une place supérieure à celle des autres peuples de la Monarchie, notamment les Slaves, ce qui fut une des causes de son démembrement.

La mort de son fils Maximilien, Empereur du Mexique, fusillé en 1867, à Queretaro, fut également une des causes du retrait de l'archiduchesse Sophie de la vie publique. Elle ne pardonna jamais à Napoléon III d'avoir entraîné son fils dans cette aventure puis de l'avoir abandonné et refusa de le rencontrer.

Femme de devoir - elle avait accepté son mariage avec résignation, en se promettant d'être heureuse malgré tout - elle avait renoncé au titre impérial pour la sauvegarde de la dynastie de Habsbourg-Lorraine - elle était également une femme politique dont les idées conservatrices, liées à la supranationalité de la Maison d'Autriche, ne convenaient plus en une période où la souveraineté nationale devenait nouvelle source de pouvoir. Sophie ne pouvait pas comprendre - elle dont le mariage avait été arrangé au Congrès de Vienne - que l'Europe de la Sainte-Alliance avait vécu.

Une femme de devoir

Elle est connue pour son caractère très ferme et très autoritaire, ce qui provoqua de nombreux heurts avec sa fantasque belle-fille, Sissi (qui était aussi sa nièce), dont elle ne comprenait pas le caractère indépendant, hostile à l'accomplissement de son devoir impérial. Elle avait souhaité pour François-Joseph la sœur aînée de Sissi, la princesse Hélène de Bavière, au caractère plus heureux mais elle se résigna, devant la ferme volonté de son fils. Elle fut alors disposée à l'aimer mais l'incompréhension entre les deux femmes rendit la vie familiale intenable à François-Joseph Ier, obligé de choisir entre sa mère qu'il admirait, et sa femme qu'il adorait.

L'archiduchesse Sophie n'était pas la méchante femme présentée parfois : elle voulait la grandeur de l'Autriche et de sa Maison souveraine ce qui explique qu'elle n'hésita pas à inspirer à son fils une politique réactionnaire et autoritaire. Bien que manquant de tact et de patience envers sa belle-fille, elle fut une excellente mère pour ses quatre fils et une excellente grand-mère, proche de tous ses petits-enfants.

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