Nina Simone

Nina Simone
Nina Simone
Nina Simone14.JPG
Nina Simone lors d'un concert en France (1982).

Nom Eunice Kathleen Waymon
Naissance 21 février 1933
Tryon, (Caroline du Nord)
Pays d’origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Décès 21 avril 2003 (à 70 ans)
Carry-le-Rouet, (France)
Activité principale Pianiste, chanteuse, compositrice
Genre musical Jazz, blues, soul, R&B, folk, gospel
Années d'activité 1950-2000

Eunice Kathleen Waymon et de nom de scène Nina Simone, née le 21 février 1933 à Tryon (États-Unis) et décédée le 21 avril 2003 à Carry-le-Rouet (France), est une pianiste américaine, chanteuse, compositrice et militante pour les droits civiques et principalement associée à la musique jazz.

Née dans une famille religieuse, la jeune Nina est très attirée par la musique mais les réalités de la pauvreté et les préjugés raciaux ont raison de ses ambitions. Désirant à l'origine devenir une pianiste classique, Simone a finalement joué dans des styles musicaux variés notamment le jazz, le blues, le classique, la soul, le folk, le R&B, le gospel et la pop.

Son parcours musical change de direction lorsqu'elle se voit refuser une bourse d'étude à l'Institut Curtis. Alors qu'elle joue et chante dans un petit club de Philadelphie elle est contactée par le label Bethlehem Records pour un enregistrement et le morceau I Love you Porgy devient un grand succès en Amérique en 1958.

Simone enregistre au cours de sa carrière plus de 40 albums, de ses débuts avec l'album Little Blue Girl en 1958 jusqu'en 1974 environ.

Son style original est issu de la fusion de chansons gospel et pop avec la musique classique. Après vingt ans de scène, elle s'engage dans le mouvement de défense des droits civiques et sa vie change de direction une fois de plus. La musique de Simone est très influente dans la lutte pour l'égalité des droits que mènent les Noirs à cette période aux États-Unis. Sa musique puissante est une source d'inspiration pour cette génération et continue de l'être pour celles qui suivent.


Sommaire

Biographie

Jeunesse (1933–1954)

La mère de Simone, Kate Waymon née Mary Kate Irvin est femme de ménage et observe rigoureusement la foi. Le père de Simone, John Davan Waymon, a ouvert sa propre entreprise de nettoyage et travaille à mi-temps comme coiffeur-barbier et parfois même comme chauffeur de camion pour gagner davantage d'argent[1]. Leur vie devient suffisamment confortable pour que Kate puisse cesser de travailler et se consacrer à l'éducation de leurs quatre enfants. La famille s'installe à Tryon au début de l'année 1929 et John y ouvre son pressing[1]. Kate donne naissance à Dorothy peu de temps après.

Mais la crise de 1929 oblige Kate à travailler comme femme de ménage et son mari à accepter les tâches les plus ingrates. Il subit une intervention chirurgicale qui aggrave davantage leur situation financière, obligeant la famille à s'installer dans un des quartiers les plus pauvres de la ville.

Nina Simone naît à Tryon en Caroline du Nord en 1933. Elle est le sixième enfant du couple qui en aura huit. Elle commence à jouer du piano dès l'âge de trois ans ; la première chanson qu'elle apprend est God Be With You, Till We Meet Again. Elle montre très tôt de grandes dispositions pour le chant et le piano qu'elle pratique à l'église locale et donne son premier concert, un récital classique, à douze ans. Simone raconta plus tard que lors de cette performance ses parents, qui avaient pris place au premier rang, ont dû se déplacer à l'arrière de la salle pour faire place à des blancs. Simone ajouta qu'elle avait refusé de jouer jusqu'à ce que ses parents aient replis place à l'avant[2],[3], l'incident ayant contribué plus tard à son implication dans le mouvement pour les droits civiques.

L'Institut Curtis de Musique : un rêve manqué de Nina Simone.

Simone est remarquée par Mrs Miller qui conseille à sa mère d'encourager ses dispositions et crée un fonds pour recueillir l'argent destiné à financer la formation de Simone[4]. Elle propose également de payer pendant un an ses cours de piano et la présente à Muriel Massinovitch, miss Mazzy, qui devient une seconde mère (la mère blanche) pour Simone. Pendant six ans, tous les samedis matins, elle va chez miss Mazzy. Cette expérience était pour Simone la découverte d'un nouveau monde. Elle a déclaré plus tard que la première fois elle « faillit s'évanouir tellement c'était beau ». A cette période elle joue plus de trois heures de piano par jour.

Elle continue de travailler durement afin de devenir la « première concertiste classique noire en Amérique ». Dans ses mémoires, Nina Simone attribue cette phrase à sa mère. Miss Mazzy annonce qu'elle n'avait plus rien à apprendre à Simone, alors âgée de 12 ans. Pour que Simone puisse développer ses talents elle propose le lycée Allen, un pensionnat de jeunes filles situé à 80 kilomètres de Tryon. Elle y reste en pension complète sous surveillance et discipline strictes. Simone y entre en septembre 1945 et en sort major de sa promotion en juin 1950.

Miss Mazy pense que seule la formation à l'Institut Curtis, un prestigieux institut de musique de Philadelphie, peut permettre à Simone de devenir la première concertiste classique noire en Amérique. Pour passer l'examen d'entrée, il est nécessaire d'effectuer une préparation à la Juilliard School of Music de New York. Grâce au soutien financier des personnes qui croient en ses capacités, Simone s'installe à New York pour étudier et se prépare à l'épreuve entre le 3 juillet et le 11 août 1950. Elle est la seule élève noire de sa promotion. Simone n'est pas reçue. Sa déception est très grande et pense que ce refus est directement lié au fait qu'elle soit noire[5]. Sa mère lui trouve une place d'employée chez un photographe à Philadelphie et avec le peu d'argent qui reste elle suit quelques semaines de cours avec celui qui devait être son maitre au Curtis Institute, Vladimir Sokhaloff.

Premiers succès (1954-1959)

Elle quitte peu de temps après son travail chez le photographe pour jouer comme pianiste chez un professeur de piano, nommée Arlene Smith, afin d'accompagner ses élèves. Au bout d'un an, elle décide de s'installer à son compte, emmenant une partie des élèves de son ancienne employeuse. Cette période de sa vie est très dure, mais lui permet d'être indépendante et de continuer à payer ses cours avec le professeur Sokhaloff. Pour financer ses leçons privées, Simone effectue des représentations au Midtown Bar & Grill à Atlantic City, et jouant uniquement du piano, le propriétaire l'oblige également à chanter, menaçant de la renvoyer. Elle choisit le nom de scène “Nina Simone” en 1954, pour cacher cette activité à ses parents. Le mot Nina, qui signifie « petite fille » en espagnol, est le surnom que lui avait donné un petit ami et Simone est emprunté à l'actrice Simone Signoret qu'elle avait vu dans le film Casque d'or de Jacques Becker[6]. Simone impose son style peu à peu. Le mélange de jazz, de blues et de musique classique qu'effectue Simone au Midtown, lui permet d'obtenir un groupe d'admirateurs fidèles[7]. En fin de saison, elle retourne à Philadelphie pour poursuivre ses précédentes activités.

Elle refait en 1955 la saison estivale au Midtown Bar & Grill. Elle y rencontre Tex Axelrod, un passionné de musique qui lui fait découvrir les différents types de musique et lui suggère de chanter I Loves You, Porgy de George Gershwin (à partir de Porgy and Bess)[8]. À la suite de cette saison, elle annonce à ses élèves qu'elle souhaite tenter sa chance dans les clubs de Philadelphie. Elle passe son temps entre les cours chez Sokhaloff et ses engagements. Elle avoue à ses parents d'où vient l'argent qu'elle leur envoie tous les mois. Cette révélation coupe alors les derniers liens avec sa mère qui considère cette musique comme « la musique du diable ».

En 1956, la Cour suprême juge la ségrégation raciale dans les bus contraire à la Constitution.

Nina Simone fait une troisième saison au Midtown Bar & Grill où le propriétaire l'attendait avec impatience, elle lui permet d'afficher complet tous les soirs. Elle y rencontre Don Ross, un fêtard sans ambition, mais qui fut son premier vrai amour.

Un agent artistique new-yorkais, Jerry Fields, impressionné par ses interprétations, lui propose un contrat mais en demande l'exclusivité. Elle accepte et reçoit ensuite des offres d'engagements dans plusieurs clubs. Dans un de ces clubs, elle rencontre le guitariste Alvin Schackman et signe un premier contrat avec Syd Nathan, dirigeant du label King Records. Elle enregistre un premier disque de quatorze titres en une seule journée.

Après ses passages dans les petits clubs, elle enregistre en 1957 une interprétation de I Loves You, Porgy de George Gershwin (à partir de Porgy and Bess), qu'elle a appris à partir d'un album de Billie Holiday et interprété pour un ami. Le titre est devenu son unique succès au top 40 du Billboard aux États-Unis et son premier album Little Girl Blue a suivi peu après sur le label Bethlehem. Simone perd plus d'un million de dollars de droits d'auteur (principalement en raison du succès de la réédition de My Baby Just Cares for Me dans les années 1980) et n'a jamais tiré d'avantages financiers de l'album, après avoir vendu ses droits pour 3000 $[9].

Début de popularité (1959-1964)

Après le succès de Little Girl Blue, Simone signe un contrat avec la grande maison de disques Colpix Records, suivi par une série d'albums studio et live. Colpix renonce dans le contrat au contrôle de l'aspect créatif y compris le choix du contenu qui doit être enregistré, en échange elle doit s'engager par contrat avec eux. Simone, qui à cette période joue de la musique populaire afin de se faire de l'argent pour poursuivre ses études de musique classique, est audacieuse avec sa demande de contrôle sur sa musique parce qu'elle était indifférente d'obtenir ou non un contrat d'enregistrement. Elle va garder cette attitude envers l'industrie du disque durant la majeure partie de sa carrière[10].

Simone épouse en 1961 un détective de la police de New York nommé Andrew Stroud, qui deviendra plus tard son manager[11]. Leur fille Lisa Celeste Stroud naît le 12 septembre 1962.

Période des droits civiques (1964–1974)

En 1964, elle quitte son distributeur de disques américain Colpix pour le néerlandais Philips, ce qui entraîne un changement sur le contenu de ses enregistrements. Simone a toujours inclus à son répertoire des chansons qui suggèrent ses origines afro-américaines comme les morceaux Brown Baby et Zungo sur l'album Nina at the Village Gate en 1962. Mais sur son premier album pour Philips en 1964, un enregistrement en public nommé Nina Simone In Concert, Simone pour la première fois aborde ouvertement l'inégalité raciale qui est très répandue à cette période aux États-Unis avec la chanson Mississippi Goddam. Elle est sa réponse à l'assassinat de Medgar Evers et d'un attentat dans une église à Birmingham en Alabama ayant tué quatre enfants noirs[12]. La chanson est parue en single et est boycottée dans certains états du sud[13],[14]. Avec la chanson Old Jim Crow sur le même album, elle réagit aux lois Jim Crow.

Marche de Selma à Montgomery à laquelle participe Simone en mars 1965.

À partir de cet album les enregistrements de Simone intègrent un message pour les droits civiques, qui faisait déjà partie de ses interprétations en public. Simone joue et prend la parole lors de nombreuses grandes réunions publiques sur les droits civils, comme à la Marches de Selma à Montgomery en 1965[15]. Simone soutient la révolution par la violence durant la période pour les droits civiques par opposition à l'approche de non-violence recommandée par Martin Luther King[16] et espère que les Afro-Américains pourront par la lutte armée former un État distinct (Simone n'est cependant pas raciste et écrit dans son autobiographie que sa famille et elle même respectent l'égalité des races)[17]. Elle interprète la chanson Strange Fruit de Billie Holiday sur l'album Pastel Blues en 1965, une chanson sur le lynchage d'hommes noirs dans le Sud et chante le poème Images de Waring Cuney[18] sur Let It All Out (1966), à propos de l'absence de fierté de la femme afro-américaine. Simone écrit également une chanson nommée Four Women qu'elle chante sur l'album Wild Is the Wind (1966), une chanson sur quatre différents stéréotypes de femmes afro-américaines[13]. Cette chanson est interdite sur de nombreuses radios car elle est considérée comme raciste.

En 1967, Simone quitte Philips pour rejoindre RCA Victor. Elle chante Backlash Blues écrite par son ami Langston Hughes sur son premier album RCA, Nina Simone Sings The Blues (1967). Sur l'album Silk & Soul (1967), elle enregistre le titre I Wish I Knew How It Would Feel to Be Free composé par le pianiste Billy Taylor et Turning Point. L'album Nuff Said contient des chansons enregistrées le 7 avril 1968 en public sur le lieu de divertissement(?) nommé Westbury Music Fair à New York, trois jours après l'assassinat de Martin Luther King. Elle lui dédie tout le spectacle et chante Why? (The King Of Love Is Dead), une chanson écrite par son bassiste Gene Taylor, peu après l'annonce de la mort du pasteur[19].

En collaboration avec le compositeur Weldon Irvine, Simone transpose en chanson pour les droits civiques la pièce inachevée intitulée To Be Young, Gifted and Black de la dramaturge américaine Lorraine Hansberry. Hansberry était une amie de Simone avec qui elle reconnaît avoir développé sa conscience sociale et politique. Elle chante la chanson en live sur l'album Black Gold (1970). Un enregistrement studio est paru en single et la chanson a été reprise plus tard par Aretha Franklin sur l'album Young, Gifted and Black sorti en 1972 avec Donny Hathaway[13],[17].

Fin de carrière (1974–2003)

Simone quitte les États-Unis en septembre 1970 en direction de la Barbade, comptant sur son mari et manager, Stroud, pour lui indiquer lorsqu'elle doit reprendre la scène. Stroud interprète cependant la disparition soudaine de Simone (ayant laissé derrière elle sa bague de mariage) comme une indication pour un divorce. En tant que manageur, il est aussi chargé des revenus de Simone. Ainsi après leur séparation Simone ne sait pas précisément de quelle façon ses activités ont été gérées. À son retour aux États-Unis, elle apprend qu'elle était recherchée pour des impôts impayés, l'obligeant à revenir à la Barbade pour se soustraire aux autorités et aux poursuites[20]. Simone séjourne à la Barbade quelque temps et entretien une longue liaison avec le Premier ministre de la Barbade, Errol Barrow[21],[22]. La chanteuse Miriam Makeba, une amie proche, la convainc d'aller au Libéria. Après cela, elle part vivre en Suisse et aux Pays-Bas, avant de s'installer en France en 1992.

Le club de jazz Ronnie Scott's où Simone enregistre un album live en 1984.

Au cours de l'année 1974, Simone enregistre son dernier album pour RCA Records intitulé It Is Finished et n'enregistre pas d'autre album avant 1978 lorsque Creed Taylor, patron de CTI Records la persuade de retourner en studio d'enregistrement. Il en résulte son unique album pour ce label, Baltimore, qui n'est pas un succès commercial et les critiques sont mitigées[23]. Son choix sur le contenu des albums conserve son éclectisme, allant des chansons spirituelles à Rich Girl du duo pop américain Hall & Oates sur l'album Baltimore. Quatre ans plus tard Simone enregistre l'album Fodder on My Wings sur le label français Carrère. En 1978 également, elle est arrêtée puis rapidement relâchée, pour avoir refusé de payer ses impôts de 1970 à 1973, en protestation contre l’engagement de son pays dans la guerre du Vietnam.

Au cours des années 1980, Simone a l'occasion de se produire régulièrement au célèbre club de jazz londonien Ronnie Scott's, où elle enregistre en 1984 l'album Live at Ronnie Scott. En 1987, la renaissance du label Verve lui permet d'enregistrer un album live (Let It Be Me) et de revenir sur le devant de la scène. De plus la version originale du titre My Baby Just Cares For Me datant 1958 est utilisée dans une publicité sortie au Royaume-Uni pour le parfum Nº5 de Chanel. Cela conduit à sa réédition, le plaçant à la 5e position dans le classement des singles au Royaume-Uni en lui offrant une brève et soudaine popularité. L'autobiographie de Nina Simone intitulée I Put a Spell on You paraît en 1992 et elle enregistre son dernier album A Single Woman l'année suivante.

En 1993, Simone s'installe près de Aix-en-Provence dans le sud de la France. En 1998, elle est l'invitée spéciale de l'anniversaire de Nelson Mandela. En 1999, elle est récompensée pour l'ensemble de sa carrière au music award à Dublin et reçoit en 2000 le prix de Diamond Award for Excellence in Music de la part de l'association de la musique afro-américaine de Philadelphie[24]. Sa dernière apparition sur scène remonte à août 2000 en France sur une scène du festival Jazz In Marciac (Gers) et en juillet 2002 en Pologne .

Après plusieurs mois de maladie, elle meurt le 21 avril 2003 à son domicile, à Carry-le-Rouet dans les Bouches-du-Rhône, où elle vivait depuis huit ans. De nombreux artistes sont présents à ses funérailles dont les chanteuses Miriam Makeba et Patti Labelle, la poétesse Sonia Sanchez, l'acteur Ossie Davis et des centaines d'autres. Ses cendres ont été dispersées selon ses souhaits dans plusieurs pays africains.

Elle laisse derrière elle une fille, Lisa Celeste, devenue actrice et chanteuse qui a pris le nom de scène Simone et a notamment joué à Broadway dans Aida en 2002[25].

Style musical

Standards de Nina Simone

Au cours de sa carrière Simone réunit un ensemble de chansons dont certaines deviennent des standards de son répertoire (en dehors de celles pour les droits civiques). Ces chansons sont ses propres mélodies, des reprises (Simone y effectue généralement avec un nouvel arrangement) ou des chansons spécialement écrites pour Simone. Sa première chanson qui obtient un succès en Amérique est une reprise de George Gershwin I Loves You, Porgy en 1958. Elle atteint la 18e position dans le classement pop de singles et la 2e sur celui des singles R&B[26]. À cette période elle enregistre aussi My Baby Just Cares for Me qui devient son plus important succès des années plus tard en 1987 suite à son utilisation dans un spot publicitaire pour un parfum Chanel.

Les chansons les plus connues de ses albums chez Philips comprennent notamment Don't Let Me Be Misunderstood sur Broadway-Blues-Ballads (1964), I Put a Spell on You, Ne Me Quitte Pas (chantée par Jacques Brel) et Feeling Good sur l'album I Put A Spell On You (1965), Lilac Wine et Wild Is the Wind sur l'album du même nom en 1966[27]. Certaines chansons ont en particulier une grande popularité en termes de reprises comme Don't Let Me Be Misunderstood (la version du groupe The Animals obtient un grand succès), Feeling Good et Sinnerman sur Pastel Blues (1965) ainsi que l'utilisation d'extraits et sur divers films, série-TV ou bandes sonores de jeux vidéo. C'est le cas notamment du titre Sinnerman intégré sur la série télévisée Scrubs, sur des films comme Thomas Crown, Miami Vice et Inland Empire et sampler par des artistes comme Talib Kweli et Timbaland. La chanson Don't Let Me Be Misunderstood est samplée par Devo Springsteen sur le titre Misunderstood du rappeur américain Common en 2007 sur l'album Finding Forever et sur la chanson Don't Get It avec l'album Tha Carter III paru en 2008 du rappeur Lil Wayne.

La période de Simone chez RCA-Victor a produit plusieurs singles et chansons d'albums devenus populaires, notamment en Europe. En 1968, c'est le cas du titre Ain't Got No, I Got Life, un medley de la comédie musicale Hair issu de l'album 'Nuff Said! paru en 1968 qui devient un succès inattendu pour Simone, atteignant la deuxième position des classements au Royaume-Uni, permettant de la faire connaître à un public plus jeune[28]. Le titre se reclasse à nouveau en 2006 dans le Top 30 britannique grâce à une version remixée par Groovefinder. Le single To Love Somebody des Bee Gees sur l'album de Simone du même nom a également atteint le top 10 du classement britannique en 1969. Le morceau House of the Rising Sun présent sur l'album Nina Simone Sings The Blues en 1967 et déjà enregistré précédemment en 1961 sur Nina At The Village Gate (1962), précède les versions de Dave Van Ronk et de Bob Dylan[29]. Le titre est par la suite repris par The Animals et est devenu leur grand tube en 1964.

Style sur scène

Simone est une joueuse de piano, chanteuse et interprète, « séparément et simultanément »[11]. Sur scène, Simone passe du gospel au blues, jazz et folk, à des chansons avec un style classique européen, et aux fugues de type counterpoints à la façon de Bach. Elle intègre aussi au cours de ses apparitions des monologues et des dialogues avec le public et utilise souvent le silence comme élément musical[30]. Simone le compare à « l'hypnose de masse. Je l'utilise tout le temps »[17]. Pendant la plus grande partie de sa carrière musicale, Simone était accompagnée du percussionniste Leopoldo Fleming et du guitariste et directeur musical Al Schackman[31].

Héritage et influence

Musique

De nombreux musiciens ont cité Simone comme un apport important au cours de leur propre apprentissage musical. Notamment[13],[32],[33],[34] :

Van Morrison
Christina Aguilera
Elkie Brooks
Talib Kweli
Mos Def

Kanye West
John Legend
Elizabeth Fraser
Cat Stevens
Peter Gabriel

Cedric Bixler-Zavala
Mary J. Blige
Michael Gira
Angela McCluskey
Lauryn Hill

Patrice Babatunde
Alicia Keys
Ian MacKaye
Kerry Brothers
Jr. "Krucial"

Amanda Palmer
Jeff Buckley

John Lennon a indiqué que la version de la chanson I Put a Spell on You de Simone a été une source d'inspiration pour la chanson Michelle des Beatles[34]. D'autres musiciens ont repris ou réinterprété ses chansons ; c'est le cas du groupe newyorkais Black Rock Coalition, la chanteuse finlandaise Carola, Janis Joplin, Marilyn Manson, David Bowie, Roberta Flack, Jeff Buckley, Muse, Cat Power, Katie Melua, Feist, ou Michael Bublé.

Plusieurs musiques de films ainsi que des bandes-son de jeu vidéo intègrent des compositions de Simone ; c'est le cas notamment des œuvres suivantes :

The Big Lebowski (1998),
Nom de code : Nina (1993),
Coup de foudre à Notting Hill (1999),
L'Enfer du dimanche (1999),
Thomas Crown (1999),
Six Feet Under (2001),

The Dancer Upstairs (2002),
Before Sunset (2004),
Cellular (2004),
Inland Empire (2006),
Sex and the City (2008),
The World Unseen (2008),

Les Noces rebelles (2008),
Watchmen (2009),
The Saboteur (2009 - jeu vidéo),
Repo Men (2011),
Intouchables (2011),

Film

Le documentaire nommé Nina Simone: La Légende est réalisé dans les années 1990 par le cinéaste français Frank Lords[17] ; il se base sur son autobiographie I Put A Spell On You et reproduit plusieurs séquences issues de différentes périodes de sa carrière, des entretiens avec des amis et sa famille, divers entretiens avec Simone lors de son installation aux Pays-Bas ainsi qu'un voyage sur son lieu de naissance. Certaines scènes du documentaires proviennent d'un document biographique de 26 minutes réalisé antérieurement par Peter Rodis et paru en 1969, intitulé simplement Nina[35].

Sa représentation au Montreux Jazz Festival en 1976 est disponible en vidéo chez le distributeur Eagle Rock Entertainment et est projeté chaque année à New York lors d'un événement appelé The Rise and Fall of Nina Simone: Montreux, 1976 organisée par Tom Blunt[36].

Un projet de film biographique sur Nina Simone est révélé à la fin de 2005, devant être basé sur l'autobiographie de Simone I Put A Spell On You (1992) et en particulier sur sa relation à la fin de sa vie avec son assistant Clifton Henderson, qui est décédé en 2006. L'auteur Cynthia Mort (Will & Grace, Roseanne) travaille sur le script et la chanteuse Mary J. Blige devrait jouer le rôle principal. Le film est prévu pour 2012[37].

Distinction

Lors du rassemblement de Human Kindness Day en 1974 à Washington, DC, plus de 10 000 personnes ont rendu hommage à Simone[38],[39]. Simone reçoit deux titres honorifiques de docteur honoris causa en musique et en sciences humaines de l'Université du Massachusetts et du Malcolm X College[40]. Suite à l'attribution de ces honneurs et d'un titre de l'université privée de Amherst College elle a souhaité être appelé « Dr Nina Simone »[41].

Discographie

Article détaillé : Discographie de Nina Simone.

Entre son premier succès avec I Loves You, Porgy paru en 1958 sur son premier album et son dernier enregistrement studio avec A single Woman en 1993, Simone enregistre une quarantaine d'albums. Elle a très régulièrement enregistrée en public, ses interprétations étant souvent comparables à celles effectuées en studio.

Les principaux albums de Nina Simone[42],[43],[44].

Session Nom de l'album Notes
1958 Little Girl Blue Album studio, paru en Europe avec le titre Jazz As Played in an Exclusive Side Street Club.
1959 The Amazing Nina Simone Deuxième album studio, orienté jazz.
1959 Nina Simone at Town Hall Album live, un mélange de piano classique avec une voix folk et jazzy.
1962 Nina Simone at the Village Gate Album live, plus intime, incluant une version de House of the Rising Sun.
1963 Nina Simone at Carnegie Hall Album live.
1964 Nina Simone in Concert Album live, un quartet jazzy avec le chant de fierté d'être une femme afro-américaine.
1967 Nina Simone Sings the Blues Album studio. Simone au sommet, un classique.
1984 Live at Ronnie Scott's Album live.

Notes et références

Notes

Références

  1. a et b (en) Nadine Cohodas, Princess Noire: the tumultuous reign of Nina Simone, Pantheon Books, 2010, 449 p. (ISBN 0375424016 et 9780375424014), p. Chapter 1: Called For and Delivered ~ June 1898–February 1933 ~ .
  2. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 26.
  3. S. Hampton, D. Nathan, Nina Simone, p. 15.
  4. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 21.
  5. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 41-43.
  6. S. Hampton, D. Nathan, Nina Simone, p. 17.
  7. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 48-52.
  8. p. 19Erreur dans la syntaxe du modèle Article(en) Jessie L. Freyermuth, « An analysis of the musical interpretation of Nina Simone », dans [[Thesis; Kansas State University|]], 2008 [texte intégral] .
  9. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 60.
  10. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 65.
  11. a et b (en) L'hommage Nina Simone biography sur high-priestess.com. Consulté le mars 2011.
  12. R. Feldstein, “I Don't Trust You Anymore”.
  13. a, b, c et d (en) Mark Anthony Neal, « Nina Simone: She Cast a Spell and Made a Choice » sur seeingblack.com. Consulté le mars 2011.
  14. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 90-91.
  15. (en) The Nina Simone Database -Timeline sur boscarol.com. Consulté le mars 2011.
  16. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you...
  17. a, b, c et d (en) Frank Lords, « Nina Simone: La légende (documentaire, 1992) » sur imdb.com. Consulté le mars 2011.
  18. (en) Brian Gilmore, « Waring Cuney » sur washingtonart.com. Consulté le mars 2011.
  19. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 114-115.
  20. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 120-122.
  21. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 129-134.
  22. D. Brun-Lambert, Nina Simone: The Biography, p. 231.
  23. (en) Joseph McCombs, « Baltimore -review » sur allmusic.com. Consulté le mars 2011.
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  26. (en) Little Girl Blue -Billboard Singles sur allmusic.com. Consulté le mars 2011.
  27. S. Hampton, D. Nathan, Nina Simone, p. 196-202.
  28. S. Hampton, D. Nathan, Nina Simone, p. 47.
  29. S. Hampton, D. Nathan, Nina Simone, p. 202-214.
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  31. N. Simone, S. Cleary, I put a spell on you.., p. 58-59.
  32. (en) Jennifer Vineyard (2005), « Mary J. Blige Wants To 'Bring Nina Simone Back To Life... » sur mtv.com. Consulté le mars 2011.
  33. (en) Raymond Fiore (2006), « Opening Doors » sur ew.com. Consulté le mars 2011.
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  42. p. 198, (en) Scott Yanow, The jazz singers: the ultimate guide, Music Dispatch, 2008, 263 p. (ISBN 0879308257 et 9780879308254) 
  43. (en) Discography Nina Simone -Main album sur allmusic.com. Consulté le mars 2011.
  44. p. 237-238, (en) Randall Grass, Great spirits: portraits of life-changing world music artists, Univ. Press of Mississippi, 2009, 244 p. (ISBN 1604732407 et 9781604732405) 

Sources principales

  • (en) Nina Simone, Stephen Cleary, I put a spell on you: the autobiography of Nina Simone, Da Capo Press, 2003, 181 p. (ISBN 0306813270 et 9780306813276) .
  • (en) Ruth Feldstein, « “I Don't Trust You Anymore”: Nina Simone, Culture, and Black Activism in the 1960s », dans Journal of American History, vol. 91, no 4, 2005, p. 1349-1379 [texte intégral (page consultée le mars 2011)] .
  • (en) Sylvia Hampton, David Nathan, Nina Simone: break down & let it all out, Sanctuary, 2004, 233 p. (ISBN 1860745520 et 9781860745522) .
  • (en) David Brun-Lambert, Nina Simone: The Biography, Aurum, 2009, 368 p. (ISBN 1845134303 et 9781845134303) .

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