Nicolae Ceaucescu

Nicolae Ceaucescu

Nicolae Ceauşescu

Nicolae Ceauşescu
1er président de la
République socialiste de Roumanie
Crop-Nicolae Ceaucescu 1978.jpg

Actuellement en fonction
Mandat
28 mars 1974 - 25 décembre 1989
Depuis le 28 mars 1974
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Élu(e) le
Parti politique Parti des travailleurs roumains
Parti communiste roumain (PCR)
Premier(s) ministre(s) Manea Mănescu
Ilie Verdeţ
Constantin Dăscălescu
Prédécesseur Lui-même
(président du Conseil d'État)
Successeur Ion Iliescu
(Président du Front de salut national)
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Autres fonctions
Secrétaire général du
Parti communiste roumain
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22 mars 1965 - 25 décembre 1989
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Prédécesseur Gheorghe Gheorghiu-Dej

3e président du Conseil d'État de la
République socialiste de Roumanie
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9 décembre 1967 - 28 mars 1974
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Prédécesseur Chivu Stoica
Successeur Lui-même
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Biographie
Nom de naissance Nicolae Andruţă Ceauşescu
Naissance 26 janvier 1918
Flag of Romania (1965-1989).svg Scorniceşti (Roumanie)
Décès 25 décembre 1989
Romania flag 1989 revolution.svg Târgovişte (Roumanie)
Nature du décès Peine de mort (peloton d'exécution)
Nationalité roumaine
Conjoint(s) Elena Petrescu
Enfant(s) Valentin Ceauşescu
Zoia Ceauşescu
Nicu Ceauşescu
Diplômé {{{université}}}
Profession
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Résidence(s) Maison de la République (Bucarest)
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Signature Nicolae Ceauşescu signature.svg

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Présidents de Roumanie

Nicolae Ceauşescu était un homme d'État communiste roumain, né le 26 janvier 1918 à Scorniceşti, mort le 25 décembre 1989 à Târgovişte.

Sommaire

Jeunesse

Ceauşescu à 15 ans en 1933

Il quitte sa famille et s'installe à Bucarest en 1929 à 11 ans. Apprenti cordonnier, il est vite « connu des services de police ». L'histoire officielle veut qu'il ait adhéré au parti communiste de Roumanie dès 1932, qu'il ait été arrêté l'année suivante pour activités séditieuses au cours d'une grève, puis à nouveau en 1934 pour avoir collecté des signatures pour une pétition contre un procès fait à des cheminots, et encore en 1936 pour des activités anti-fascistes. Sa fiche de police présentée de 1972 à 1989 dans tous les musées d'histoire de Roumanie, contenait les appréciations suivantes : « dangereux agitateur communiste » et « activiste de la propagande communiste et anti-fasciste ». Mais après 1989, plusieurs biographies indiquent qu'il aurait été arrêté pour des affaires de droit commun, et que c'est dans la prison de Doftana qu'il aurait connu des communistes et qu'il les aurait rejoints, en 1937 ou 1938, de toute manière avant que le fascisme ne prenne le pouvoir[1].

En 1939, il fait la connaissance d'Elena Petrescu, qui devient son épouse en 1946 et qui va connaître la même ascension et la même chute finale. Son influence et son rôle grandissent avec les années.

En 1940, nouvelle arrestation et nouvel emprisonnement: cette fois son appartenance au PCR est certaine. En 1943 il est transféré au camp d'internement de Târgu Jiu, où il fait la connaissance de Gheorghe Gheorghiu-Dej, dont il devient le protégé.

Ascension vers le pouvoir

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que la Roumanie tombe dans l'aire d'influence soviétique, il devient secrétaire de l'union des jeunesses communistes (1944-1945).

En 1947, après la prise du pouvoir par les communistes et l'abolition de la monarchie, il devient successivement ministre de l'agriculture, puis ministre délégué aux forces armées sous la férule de Gheorghe Gheorghiu-Dej.

En 1952, quelques mois après l'éviction de la ministre des Affaires étrangères Ana Pauker, il est nommé au comité central du parti communiste.

En 1954, il est promu au bureau politique et son influence s'accroît jusqu'à faire de lui le « numéro deux » du parti.

Exercice du pouvoir

Le successeur de Gheorghe Gheorghiu-Dej à la tête de l'État

photo de 1966

En mars 1965, trois jours après la mort de Gheorghe Gheorghiu-Dej, il est coopté comme premier secrétaire du parti des travailleurs de Roumanie. L'une de ses premières décisions est de rebaptiser le parti en parti communiste roumain et de déclarer que son pays, plutôt qu'une « république populaire », sera désormais la « République socialiste de Roumanie ».

En 1967, il consolide sa position en se faisant élire, en plus, comme président du conseil d'État. Sa politique étrangère vise à sortir la Roumanie de l'empire soviétique. La Roumanie est le seul pays du bloc de l'Est qui refuse de rompre ses relations diplomatiques avec Israël après la guerre des Six jours.

Sa popularité dans les milieux de gauche européens est alors assez importante, en raison de sa politique indépendante, à l'égard des dirigeants soviétiques. Tout en restant formellement membre du Pacte de Varsovie, la Roumanie cesse de participer à toutes les opérations militaires de l'alliance, et Ceauşescu va jusqu'à condamner l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte en 1968, invasion consécutive au Printemps de Prague. Lorsque les chars du Pacte de Varsovie mettent fin au Printemps de Prague, la Roumanie se tient à l'écart. Ceausescu parle de « grave erreur, une menace sérieuse pour la paix, un moment de honte dans l'histoire du mouvement révolutionnaire ». Il conclut un traité de défense avec la Yougoslavie et refuse de prendre parti dans la querelle intestine communiste qui oppose l'Union soviétique et la République populaire de Chine. Son indépendance lui donne du prestige à l'Ouest. La même année, il reçoit la visite du général de Gaulle, du 14 au 19 mai.

Le culte de la personnalité

Timbre postal à l'effigie de Nicolae Ceauşescu en 1988 pour les 70 ans du président

Comme la plupart des dictateurs, Ceauşescu institue en sa faveur un culte de la personnalité omniprésent, se faisant désigner sous les titres de Conducător (qui correspond en français à guide, en allemand à führer, en italien à duce...) et même de « geniul din Carpaţi » (littéralement : le génie des Carpates), ou encore en se faisant fabriquer un sceptre comme un roi. L'historiographie roumaine de l'époque communiste le comparait d'ailleurs régulièrement avec les grands héros nationaux du passé. La critique sur la personne du Conducator n'est guère appréciée : la presse est muselée, les écrivains dissidents comme Paul Goma et Virgil Tanase fuient à Paris, et même là, ils ne sont pas à l'abri des commandos meurtriers de la Securitate.

Ces excès conduisirent le peintre Salvador Dalí à envoyer un télégramme de félicitations au conducător. Le quotidien du parti communiste Scînteia, sans percevoir l'ironie de la démarche du peintre surréaliste, publia le texte du message dans ses colonnes, croyant y voir un témoignage de la gloire universelle du leader roumain.

Le népotisme, habituel dans de nombreux régimes autocratiques, est également une caractéristique de l'époque Ceauşescu, son épouse Elena, prétendument chercheur universitaire de haut niveau, étant aussi promue à des fonctions ministérielles, tandis que d'autres membres de leurs familles respectives se voient octroyer de multiples avantages matériels et honorifiques. Il fera également nommer un de ses fils Nicu (1951 - 1996) comme Premier secrétaire des Jeunesses communistes. Ses autres enfants furent Valentin (fils présumé adoptif né en 1948) et une fille Zoia (1949 - 2006). Tous avaient des diplômes universitaires en physique ou mathématiques.

En 1974, Ceauşescu ajoute à sa moisson de titres officiels celui de président de la République. Il continue à jouer sur la scène internationale un rôle farouchement indépendant de celui du « grand frère » soviétique, donnant par exemple son aval à la participation de la Roumanie aux Jeux Olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, qui sont pourtant boycottés par l'immense majorité des pays du bloc de l'Est.

La particularité des relations internationales de la Roumanie sous Ceauşescu

Nicolae Ceauşescu et Kim Il-sung en 1971.
Nicolae Ceauşescu en compagnie de Gerald Ford et Richard Nixon en 1973.
Ceauşescu et Erich Honecker en 1988

La Roumanie est le premier des pays de l'Est à entretenir des relations officielles avec la Communauté économique européenne : un accord incluant la Roumanie dans le système de préférences généralisées de la Communauté est signé en 1974 et un autre, sur les produits industriels, en 1980. Cependant, Ceauşescu se refuse à mettre en œuvre la moindre réforme d'inspiration libérale. Suivant en cela la position de Gheorghe Gheorghiu-Dej, il se tient obstinément à une vision « stalinienne », ce qui explique la politique d'indépendance à l'égard des dirigeants soviétiques, à mesure que progresse la déstalinisation chez les membres du pacte de Varsovie. Ceauşescu maintient voire accroît la mainmise de la Securitate sur la liberté de parole dans les médias, et ne tolère aucune opposition interne, même la plus minime.

La transformation du régime

Le régime de Ceauşescu a subi une évolution particulière. Lors de son accession au pouvoir en 1965, le dirigeant roumain mène une politique qui contraste avec celle de son prédécesseur Gheorghiu-Dej : une modeste libéralisation s'amorce dans le domaine politique alors que le népotisme et le clientélisme sont des phénomènes bien moins présents qu'ultérieurement. Les résultats économiques sont indéniables et les rapports diplomatiques avec des puissances occidentales favorisent un climat international moins tendu. Cependant, le régime se transforme progressivement pour laisser place à une autocratie de plus en plus prégnante. Le début des années 1970 peut être considéré comme le tournant du régime.

En 1971, Ceauşescu se rend en visite officielle en république populaire de Chine puis en Corée du Nord. Il manifeste un grand intérêt pour l'idée de la transformation nationale totale telle que développée dans le programme politique du parti des ouvriers coréens ou telle que l'avait mise en œuvre la Chine durant la Révolution culturelle. Peu après son retour en Roumanie, il commence à imiter la dictature nord-coréenne, influencé par la « philosophie du Juche » du président Kim Il-sung, faisant traduire en roumain, et largement distribuer dans le pays, divers ouvrages consacrés au Juche et à la création idéologique de l'Homme nouveau roumain façonné à la fois par le communisme et l'héritage national.

La systématisation

En 1972, Ceauşescu institue un programme de systématisation, inspiré des écrits d'Engels sur la réduction des différences ville-campagne. Conçue comme une manière de construire une société socialiste multilatéralement développée, cette ambitieuse politique se traduit par de nombreux bouleversements dans toute la Roumanie, et en particulier par la démolition systématique de nombreux villages, avec déplacement de la population dans des petites structures urbaines, souvent sans même attendre l'achèvement des programmes de construction.

La systématisation est la plus visible à Bucarest même, où un bon cinquième de la vieille ville est rasé pour être reconstruit selon ses vues. De nombreux trésors historiques et bâtiments classés disparaissent ainsi, le tremblement de terre de 1977 servant de prétexte à leur démolition pour "vétusté". Un palais du peuple, deuxième bâtiment au monde par sa superficie après le Pentagone, est ainsi édifié en lieu et place d'un quartier ancien de Bucarest.

Malgré le régime totalitaire, la politique étrangère indépendante vis-à-vis de l'Union soviétique suscite l'intérêt des puissances occidentales. Ceauşescu obtient de nombreux prêts des institutions financières occidentales, prêts censés financer des programmes de développement économique, mais qui déséquilibrent gravement les finances du pays. Dans les années 1980, Ceauşescu ordonne l'exportation d'une grande partie des productions industrielle et agricole, afin de rembourser les dettes du pays. Ce qui n'était jusque là que des pénuries courantes dans les régimes des pays de l'Est, se transforme pour de nombreux Roumains en un combat quotidien pour la survie.

Renforcement d'un nationalisme de façade

Avec le président bulgare, Todor Jivkov, en 1979

La symbolique identitaire d'ordre national occupe une place stratégique dans le régime du Conducator : elle permet de légitimer le pouvoir en s'appuyant sur des personnages historiques comme Étienne le Grand, prince médiéval de Moldavie, Burebista, roi des Daces, ou encore Alexandre Ier le Bon, prince médiéval de Valachie, sans oublier le fameux Vlad III l'Empaleur, prince médiéval de Valachie, qui donna à Bram Stoker le prétexte du mythe de Dracula.

Ceauşescu évoque même les origines daces de la population de la Roumanie pour régler le problème des Hongrois de Transylvanie, source de tension avec la Hongrie voisine. Ce nationalisme de façade se renforce à partir de 1977 alors que la crise économique se profile à l'horizon et que le régime est mis sous pression. Mais en réalité, la valorisation de l'identité roumaine par le Conducator n'est faite que de festivals, de discours fleuves sur l'histoire du pays ou encore de commémorations comme le 2 050e anniversaire du premier État dace prétendûment "centralisé" en 1980, alors que sur le terrain, le patrimoine culturel, architectural ou paysager de la nation, avec ses spécificités roumaines, est saccagé. Des centaines de localités voient leurs centres historiques démolis et remplacés par des "blocs" en béton fonctionnels, comme on peut en voir n'importe où dans le monde. Les traditions rurales sont réduites à du folklore pour noces ou pour touristes. Littérature, création artistique, histoire: tout est censuré, caricaturé, réinterprété. Certaines villes se voient accoler leur nom antique à leur nom actuel: Cluj-Napoca, Drobeta-Turnu-Severin (imaginez: Paris-Lutetia) alors que par ailleurs de nombreuses communes avaient été privées de leurs noms d'origine au profit de noms tels que "23 august", "6 martie" ou "Gheorghe Gheorghiu-Dej", ou encore avaient vu leurs noms d'origine déformés ("Tatanir" au lieu de "Tatomiresti"...).

Xénophobe, le nationalisme de Ceauşescu s'opposait aux minorités et se méfiait des influences étrangères.[citation nécessaire]

Déclin

La politique sociale mise en œuvre par Ceauşescu contribua à aggraver une situation relativement précaire. Obnubilé par une volonté d'augmenter l'effectif de la population roumaine, Ceauşescu se lança dans une politique nataliste contraignante, interdisant en 1966 par le décret 770, aussi bien l'avortement que la contraception et imposant de sévères restrictions aux modalités du divorce. Les couples sans enfant doivent payer un supplément d'impôts. Plus fort encore, les médecins de village sont tenus pour responsables si un enfant décède avant son premier anniversaire. La population augmenta en effet, mais au prix de l'abandon de milliers d'enfants par leurs familles incapables de subvenir à leurs besoins et placés dans des orphelinats d'État, mal gérés et où sévissait une mortalité infantile surélevée due aux manques chroniques de soins et de médicaments. Ceauşescu se « distingua » également en refusant de reconnaître l'existence de malades du SIDA au sein de la population roumaine, en interdisant les tests de dépistage avant les collectes de sang, et en laissant utiliser, lors de transfusions sanguines faites sur des orphelins, des aiguilles non stérilisées, causant ainsi une forte contamination des enfants orphelins par le virus.

Les conséquences dramatiques de la politique de peuplement de Ceausescu n'apparaîtront au grand jour qu'en 1989, lorsque s'ouvriront les portes des orphelinats roumains.

Chute du régime de Ceauşescu

En 1978, le lieutenant général Ion Mihai Pacepa, vétéran de la Securitate (les services secrets roumains), fit défection et se réfugia aux États-Unis, portant un coup sévère au régime, contraignant Ceauşescu à revoir toute l'« architecture » de la Securitate. En 1986, Pacepa devait révéler, dans son livre Red Horizons: Chronicles of a Communist Spy Chief[2], divers détails sur le régime de Ceauşescu, tels sa collaboration avec des terroristes arabes, ses entreprises d'espionnage industriel aux États-Unis et ses efforts constants et élaborés pour obtenir le soutien des pays occidentaux.

Le régime de Ceauşescu s'effondra après avoir ordonné aux forces armées et à la Securitate d'ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timişoara le 17 décembre 1989. Les manifestations faisaient suite à la tentative d'expulsion, par le régime, du pasteur hongrois László Tőkés, la rébellion qui se propagea à Bucarest, probablement aiguillonnée par la décision peu opportune de Ceauşescu d'y organiser le 21 décembre 1989 un rassemblement de masse, censé confirmer le soutien populaire au régime. La manifestation, diffusée en direct à la télévision, se transforma en une démonstration massive de protestation contre le régime. Huit minutes après le début du discours de Ceauşescu la foule crie « Timişoara » et Ceauşescu interrompt son discours avec inquiétude alors que la transmission télévisée est coupée. Le lendemain les manifestants envahissent le bâtiment du Comité Central où Ceauşescu présidait une réunion. Les époux Ceaucescu rejoignent un hélicoptère sur le toit du bâtiment pour s'enfuir avec deux conseillers et trois hommes d'équipage dans le but de rejoindre un palais de province et de reconstituer les forces encore fidèles au régime. Les manifestants s'attaquent ensuite à la chaîne de télévision publique et à 13h parviennent à en prendre le contrôle. Les forces armées fraternisent spontanément avec les manifestants.

Selon la version officielle ultérieure, Nicolae et Elena Ceauşescu prirent la fuite en hélicoptère, prétendument en prenant en otage son pilote, menacé à l'aide d'une arme à feu. À cause de manque de carburant, le pilote posa l'hélicoptère dans la campagne, à proximité des bâtiments d'une ferme. S'en serait suivie une fuite erratique du couple présidentiel, au cours de laquelle il aurait notamment été pris en chasse par des citoyens insurgés tentant de les arrêter, avant de parvenir à trouver un répit de courte durée dans une école. Ils auraient finalement été retenus prisonniers pendant plusieurs heures dans une voiture de police, les policiers restant dans l'expectative et écoutant la radio pour deviner dans quel sens le vent allait tourner, avant d'être livrés aux forces armées.

Selon la version des habitants de Bucarest, Nicolae et Elena Ceauşescu se seraient cachés pendant un an dans l'une des onze mille pièces de son gigantesque palais (non achevé mais le plus grand édifice du monde après le Pentagone). Actuellement, le palais est l'un des principaux pôles d'attraction touristiques de Bucarest.

Selon d'autres hypothèses, le général Stanculescu aurait œuvré pour des puissances étrangères (la CIA et le KGB voulant tous deux se débarrasser du dirigeant) et le détournement de l'hélicoptère présidentiel ne serait pas dû au hasard.[citation nécessaire]

Le 25 décembre 1989[3], à la suite d'un procès expéditif de 55 minutes rendu par un tribunal auto-proclamé, réuni en secret dans une école de Târgovişte à 50 km de Bucarest, Nicolae Ceauşescu et Elena Petrescu, coupables de génocide, étaient condamnés à mort et aussitôt fusillés dans la base militaire de Târgovişte.

Le soir même les images des corps exécutés du couple Ceauşescu sont diffusées à la télévision. Les cadavres seront enterrés dans un cimetière de Bucarest dans une tombe sans nom. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, les tombes sont régulièrement fleuries par des fidèles du couple présidentiel.

De tous les pays de l'Est ayant renversé le régime communiste après la chute du mur de Berlin au cours de l'automne et l'hiver 1989-1990, la Roumanie a été le seul où cette métamorphose s'est faite dans le sang : 1 104 morts (dont à Bucarest 564, Timişoara 93, Sibiu 90, Braşov 66, Cluj-Napoca 26) et 3 321 blessés (dont 1 761 à Bucarest).

En 1990, Ion Iliescu, dignitaire du régime communiste reconverti dans la démocratie « à l'occidentale », remportait la première élection présidentielle de l'ère post-communiste. Selon certaines sources, il aurait été à la tête d'un complot visant la prise de pouvoir et l'éxécution du couple présidentiel.

Nicolae Ceauşescu et Elena Petrescu avaient trois enfants : un fils, Valentin, né en 1947, une fille, Zoia (1949-2006), et un fils plus jeune, Nicu (1951-1996).

Liens externes

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Sources

  • Dans sa troisième version du 17 novembre 2004 à 14:44 (CEST), cet article reprenait tout ou partie de la matière contenue dans l'article Nicolae Ceauşescu, sur la Wikipédia en anglais, dans sa version du 16 novembre 2004 à 15:39 (UTC) (voir l'historique de l'article de provenance).
  • Katherine Verdery, National Ideology under socialism. Identity and cultural politics in Ceausescu's Romania, 1990.
  • Pierre du Bois de Dunilac, Ceausescu au pouvoir : enquête sur une ascension, Chêne-Bourg, Georg, 2004, 147 p.

Notes et références

  1. * Edward Behr, Kiss the Hand you Cannot Bite (Embrasse la main que tu ne peux mordre), ISBN 0679401288; Stevens W. Sowards, Twenty-Five Lectures on Modern Balkan History ("vingt-cinq conférences sur l'histoire moderne des Balkans, [3] 1996") : Conférence 24 (en anglais); John Sweeney, The Life and Evil Times of Nicolae Ceauşescu ("La vie et loa terrible époque de Nicolae Ceauşescu", en anglais), ISBN 0091746728 Dennis Deletant, Ceauşescu et la Securitate, Ed. Humanitas 1998, ISBN 973-28-0882-9
  2. publié en France en 1988, sous le titre Horizons rouges (Paris : Presses de la Cité. 323 p.)
  3. http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=CAB02036560 Journal télévisé d'Antenne 2 du 26 décembre 1989 qui relate l'exécution des Ceausescu (Archive INA)
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