Morgan Tsvangirai

Morgan Tsvangirai
Morgan Tsvangirai
Morgan Tsvangirai Oslo 2009 A.jpg
Morgan Tsvangirai, 2009.

Mandats
2e Premier ministre zimbabwéen
Actuellement en fonction
Depuis le 11 février 2009
Président Robert Mugabe
Prédécesseur Recréation du poste
Biographie
Nom de naissance Morgan Richard Tsvangirai
Date de naissance 10 mars 1952
Lieu de naissance Flag of Southern Rhodesia.svg Gutu (Rhodésie du Sud)
Nationalité zimbabwéenne
Parti politique Mouvement pour le changement démocratique (MDC)
Conjoint Susan Mhundwa (decédée)
Enfants Edwin Tsvangirai
Garikai Tsvangirai
Vimbai Tsvangirai
Rumbidzai Tsvangirai
Milcent Tsvangirai
Vincent Tsvangirai
Diplômé de Université Harvard
Profession Syndicaliste

Coat of Arms of Zimbabwe.svg
Premiers ministres zimbabwéens

Morgan Tsvangirai (né le 10 mars 1952) est un homme politique zimbabwéen, ancien mineur et ancien chef du Congrès des syndicalistes zimbabwéens, président fondateur du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) et candidat aux élections présidentielles de 2002 et de 2008 contre le président Robert Mugabe. Il a finalement été nommé Premier ministre par ce dernier et a pris ses fonctions le 11 février 2009[1].

Biographie

Fils d'un maçon de l'ethnie shona, Morgan Tsvangirai est né à Gutu dans l'est de la colonie britannique de Rhodésie du Sud en 1952. Il est l'ainé d'une famille de neuf enfants. Après de brèves études, il quitte l'école pour aller travailler en tant qu'ouvrier dans une usine de textiles, près de Salisbury, la capitale.

Quelques années plus tard, il est mineur pour une compagnie d'extraction de nickel à Bindura où il vit pendant une dizaine d'années.

Tsvangirai se tint alors à l'écart de la lutte armée contre le régime blanc de Ian Smith. En 1978, il se marie (il aura 6 enfants).

Contremaître de la mine de nickel, Tsvangirai est aussi chef de section du syndicat Associate Mine Workers Union. Il devient ensuite l'un des responsables de la National Mine Workers Union, avant d'accéder à la fonction de secrétaire général du Congrès des syndicalistes zimbabwéens (Zimbabwe Congress of Trade Unions) en 1988.

En 1989, Tsvangirai est accusé d'être un espion sud-africain et est emprisonné pendant six semaines.

Il commence à devenir l'un des représentants de l'opposition politique à Robert Mugabe à la fin de l'année 1997 et au début de 1998, quand il coordonne une série de grèves, dirigées contre le régime pour protester contre la décision du gouvernement d'allouer aux "vétérans" de la guerre d'indépendance des indemnités de retraite, et de financer cette mesure en augmentant les impôts.

En 1999, Morgan Tsvangirai fonde le Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Le nouveau parti fédère quasi immédiatement l'opposition morcelée et quasi inexistante mais aussi les chômeurs, les jeunes, les urbains, les fermiers blancs, les riches industriels et la minorité ethnique ndébélé.

En réaction, Robert Mugabe accuse le MDC et son chef d'être une marionnette de la minorité blanche et du Royaume-Uni. Tsvangirai est alors visé par une campagne de déstabilisation et est la cible d'attentats.

En février 2000, le MDC fait campagne contre le référendum sur la réforme de la Constitution. Avec la victoire du non, Tsvangirai inflige une défaite historique à Robert Mugabe.

En juin, lors des élections législatives, le MDC remporte 57 sièges, contre 62 pour le ZANU-PF de Robert Mugabe, brisant ainsi le monopole du parti au pouvoir depuis 20 ans. Tsvangirai n'est cependant pas élu.

En mars 2002, il se présente à l'élection présidentielle contre Robert Mugabe. L'élection est, selon de nombreux observateurs, entachée de fraudes et Mugabe est réélu avec 57% des suffrages (contre plus de 90% habituellement) contre 43% à Tsvangirai.

En 2003, Morgan Tsvangirai est accusé avec deux de ses adjoints, d'avoir « conspiré pour renverser le chef de l'État » et est poursuivi pour haute trahison. Il sera acquitté.

En 2005, le MDC est laminé lors d'élections jugées frauduleuses. Tsvangirai est lui même contesté au sein du MDC où on lui reproche son manque de pugnacité et son légalisme vis-à-vis de Mugabe.

En mars 2007, il est incarcéré et passé à tabac à la suite d'une manifestation du MDC et d'autres mouvements politiques regroupés dans une coalition dénommée "Save Zimbabwe Campaign" (Campagne pour sauver le Zimbabwe), interdite par le gouvernement. Le rassemblement politique entendait manifester contre l'interdiction des manifestations et rassemblements politiques, contre l'intention du président Robert Mugabe de se présenter à un nouveau mandat en 2008 et pour dénoncer la crise sociale, économique et politique que connaissait le Zimbabwe depuis l'an 2000 (en février 2007, le taux d'inflation atteint les 1 600 % [2]). Une militante du MDC a été tuée par balles alors que plusieurs cadres du parti­ ont été passés à tabac.

Poursuivi en justice avec une cinquantaine d'autres opposants, il comparait au surlendemain de son arrestation, en boitant, avec une blessure à la tête, un œil enflé et en partie fermé. Il est hospitalisé peu de temps après[3].

Il est candidat de nouveau à l'élection à l'élection présidentielle du 29 mars 2008 contre Robert Mugabe, alors âgé de 84 ans. D'après les résultats officiels proclamés le 2 mai (plus d'un mois après le premier tour), Tsvangirai obtint près de 48% des suffrages devançant Mugabe (43% des voix). Un second tour était nécessaire pour départager les 2 candidats. Le MDC affirma que Tsvangirai avait obtenu 50,3% des voix, que les résultats avaient donc été truqués, et que les partisans de Mugabe avaient commis de nombreux actes de violences destinés à intimider les électeurs du MDC[4].

Le 22 juin, cinq jours avant le second tour, Tsvangirai annonce qu'il se retire de l'élection, cédant ainsi par avance la victoire à Mugabe. Il explique:

« Nous, le MDC, nous ne pouvons pas leur demander de voter le 27 juin en sachant que voter pourrait leur coûter leur vie. Nous avons décidé que nous ne participerons plus à cette simulation de processus électoral, violente et illégitime. Nous ne jouerons pas le jeu de Mugabe. »[5]

Tsvangirai ajoute à cette occasion que les partisans de Mugabe ont tué 86 personnes et chassé 200 000 autres de leurs foyers. Il accuse le gouvernement d'avoir interdit les rassemblements et manifestations en faveur du MDC, d'avoir arrêté et harcelé les dirigeants du parti, de n'avoir pas fait parvenir d'aide alimentaire aux régions où Tsvangirai avait obtenu de bons résultats au premier tour, et d'avoir interdit la diffusion de messages en faveur du MDC dans les médias[5].

Les autorités zimbabwéennes ont confirmé que le second tour aurait bien lieu, même avec un seul candidat[6],[7]. Or, de nombreux juristes internationaux estiment que ce second tour, organisé hors délai, n'avait aucune valeur au regard de la loi électorale du pays et qu'en respect de celle-ci, Morgan Tsvangirai ayant obtenu une majorité simple des suffrages lors du premier tour, était d'ores et déjà vainqueur[8] et le président légitime du Zimbabwe. Le 29 juin, les résultats officiels donnent 233 000 voix à Tsvangirai à l'issue du second tour, soit 9,8% des suffrages exprimés[9].

Le « Prix MEDays 2008 », la plus haute distinction attribuée par le Forum international MEDays, organisé par l'Institut Amadeus, à une personnalité politique, de la société civile ou du monde de l’entreprise ayant, par son action, joué un rôle déterminant dans la construction de la démocratie ou le développement économique dans le monde, a été remis fin novembre 2008 à Morgan Tsvangirai pour son courage et son obstination à œuvrer pour la démocratie et le pluralisme politique au Zimbabwe. Morgan Tsvangirai a profité de cette occasion pour dénoncer devant les médias internationaux l'instabilité qui sévit sur son pays et le développement de l'épidémie du Choléra.

Le 6 mars 2009, il est victime d'un accident de voiture au cours duquel son épouse est décédée[10]. Le chauffeur d'un camion estampillé USAID[11] aurait percuté le 4x4 des époux Tsvangirai qui arrivait sur la voie d'en face en tentant d'éviter un nid de poule[11], ou bien se serait endormi. Morgan Tsvangirai est hospitalisé dans une clinique privée à Harare puis au Botswana. Tsvangirai a nié la possibilité qu'il puisse s'agir d'un attentat contre lui[12], ainsi que son parti, qui a toutefois rappelé qu'il était conscient que nombre des opposants de Mugabe « sont morts lors d'accidents de la route suspicieux impliquant des camions de l'armée. » [11]

Notes

  1. (fr) Tsvangirai à la tête d'un gouvernement d'union, AFP, 11 février 2009
  2. Survivre au Zimbabwe, malgré les pénuries et la répression, article de Fabienne Pompey dans Le Monde du 14 mars 2007
  3. Morgan Tsvangirai hospitalisé après sa comparution, article de MacDonald Dzirutwe dans Libération du 13 mars 2007
  4. (en) Zimbabwe announces poll results, BBC, 2 mai 2008
  5. a et b (en) Mugabe rival quits election race, BBC, 22 juin 2008
  6. (fr) Inquiétude après le retrait de Tsvangirai, France 24, 23 juin 2008
  7. (en) "http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/7468849.stm", BBC, 23 juin 2008
  8. (fr) D'après le droit zimbabwéen, le second tour de la présidentielle est "illégitime", Le Monde, 25 juin 2008
  9. (en) Mugabe sworn in after Zimbabwe's one-man election, AFP, 29 juin 2008
  10. (en) Zimbabwean prime minister's wife dies in crash, New York Times, 6 mars 2009.
  11. a, b et c Mike Pflanz, Morgan Tsvangirai's wife 'killed by US aid truck', Telegraph, 9 mars 2009.
  12. (en) Tsvangirai's wife is to be buried , BBC News, 11 mars 2009.

Voir aussi


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Morgan Tsvangirai de Wikipédia en français (auteurs)

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